Course aux cadeaux, rush au bureau : comment gérer la fatigue en période de fêtes ?
Dec 19, 2024
7 mins
Entre la pression des derniers projets à boucler au boulot et l’énergie que demande la préparation des festivités (au travail comme à la maison), nombre de salariés sont rincés en fin d’année ! Conseils pour gérer au mieux le stress et la fatigue générés par cette période intense, voire retrouver un peu la magie de noël.
« Sapins et décorations scintillantes ont beau orné l’open space, impossible de se relâcher en cette fin d’année », déplore Titouan, développeur web. Ce salarié de 32 ans, exténué, admet volontiers puiser dans ses dernières ressources pour « tenir » jusqu’à ses congés. Et il est loin de faire exception : 71% des salariés français se disent plus fatigués en fin d’année qu’aux autres périodes d’après une étude Ifop de novembre 2023. Il faut dire que le mois de décembre, aussi dense sur le plan personnel que professionnel, a de quoi mettre les actifs sur les rotules. Course aux cadeaux, organisation stratégique pour faire plaisir aux (multiples) familles, préparation de somptueux dîners… tombent en même temps qu’une accélération de l’activité en entreprise pour clôturer les derniers projets et la préparation des entretiens annuels. « On doit vite dépenser nos queues de budget et faire valider un maximum d’éléments si on veut que nos projets de 2025 voient le jour, raconte Claire, communicante dans la fonction publique. Dans l’administration, les process sont lents, donc impossible de rater le coche, surtout que les personnes décisionnaires partent toutes en vacances mi décembre », détaille la bientôt quarentenaire. Une lourde charge de travail, largement perturbée par les événements festifs des organisations : « Je dois participer à un secret santa entre collègues, un dîner de noël avec mon département et une journée escape game avec mon équipe, recense la cadre. Bien sûr, ce sont des bons moments qu’on apprécie tous, mais il n’empêche : on a encore moins de temps pour bosser. Sans compter, que l’on doit se montrer joyeux, quitte à se forcer un peu pour ne pas gâcher la fête, quand bien même on a d’autres chats à fouetter en fin d’année. »
À cette charge de travail et aux préparatifs des fêtes de famille, s’ajoutent d’autres facteurs qui peuvent aggraver notre état de santé à cette période d’après la psychologue Johanna Rozenblum :
- Le cumul de la fatigue annuelle : « Après une année de travail, le corps et l’esprit ressentent le poids des efforts accumulés. »
- Les attentes sociales et familiales : « Les fêtes génèrent des attentes parfois irréalistes, ce qui peut créer de la pression ou des tensions familiales. »
- La fatigue physique : « Le manque de temps pour se reposer, combiné à des journées d’hiver plus courtes et au froid, aggrave la sensation d’épuisement. »
C’est ainsi que de nombreux patients de la thérapeute confient se sentir « au bout du rouleau » en cette période charnière. Elle observe alors des symptômes courants incluant :
- Un sommeil de mauvaise qualité ou des insomnies.
- Des signes de burn-out chez certains : irritabilité, démotivation, fatigue chronique.
- Un sentiment d’être submergé face à des responsabilités multiples et peu de temps pour soi.
- Des retours de baisse d’humeur, voire d’anxiété accrue liée aux attentes liées aux fêtes de fin d’année.
Le père noël est une femme
À ce grand bingo de l’épuisement devinez qui sont les grandes gagnantes ? Les mères de famille bien sûr ! D’après une étude récente de l’Ifop, 70% des mères déclarent assumer la majorité des préparatifs des fêtes, contre seulement 30% des pères. Plus de 60% des femmes disent ressentir une charge mentale accrue pendant cette période, notamment à cause du multitâche et de la planification, et elles sont aussi beaucoup plus nombreuses que les hommes à déclarer un épuisement physique et émotionnel lié aux fêtes. Ce que semble confirmer l’expérience de Claire : « Évidemment que c’est moi qui m’occupe du repas et d’acheter tous les cadeaux, y compris ceux de ma belle-famille, quitte à y sacrifier toutes mes pauses déjeuners ! » La cadre a beau être féministe, elle reconnaît que les clichés ont la vie dure, et que son mariage n’y échappe pas : « Mon mari est du genre à se réveiller trois jours avant noël et à acheter n’importe quoi (en claquant un budget sans limite), je me sens donc obligée de tout prendre en main. » Cadeaux mais aussi décorations, invitations, menus, gestion des enfants… « Tout repose souvent sur les mères », déplore Johanna Rozenblum. À cela s’ajoutent des attentes culturelles et sociales qui pèsent lourd, explique t-elle : « Il existe une pression implicite pour que les fêtes soient parfaites, pour que tout soit pensé dans les moindres détails afin d’offrir à la famille des moments magiques. Beaucoup de mères ressentent la nécessité d’être “l’architecte des souvenirs”, ce qui peut être mentalement et émotionnellement épuisant. »
Pour les mères qui travaillent, la double pression - familiale et professionnelle - est alors éprouvante : « Ce cumul de responsabilités impacte directement leur bien-être. Beaucoup ressentent de la fatigue chronique, du stress et parfois un sentiment d’injustice face à une répartition inégale des tâches, commente la psychologue. À la fin de l’année, il est fréquent que ces mères se sentent submergées. Cette réalité, encore trop peu prise en compte, met en lumière des inégalités persistantes. » Prendre conscience de cette charge mentale est alors essentiel pour pouvoir rééquilibrer les responsabilités et alléger cette pression.
Guide de survie pour gérer cette période intense
« Débordé, je n’ai plus le temps de lire, de faire du sport, de cuisiner… bref de prendre soin de moi. Le seul truc que je fais pour souffler est d’aller boire des bières en sortant du boulot ! », confesse Titouan. Un moyen de décompresser qui, malheureusement, peut accentuer son sentiment d’épuisement. Alors pour tenter de se faire du bien autrement, la psychologue Johanna Rozenblum nous donne ses conseils pour surmonter la fatigue et alléger la surcharge de travail et émotionnelle des fêtes de fin d’année :
1. Prioriser et accepter de lâcher prise
La fin d’année impose souvent des attentes irréalistes : faites le tri entre ce qui est essentiel et ce qui est accessoire. En matière d’organisation professionnelle ou personnelle, il est important de hiérarchiser vos tâches et d’accepter que tout ne sera pas parfait. Osez déléguer, simplifier ou dire « non » lorsque c’est nécessaire. Lâcher prise sur certains détails vous permettra de vous concentrer sur ce qui compte vraiment pour vous. À l’instar de Claire qui en temps normal privilégie les boutiques de quartier aux grandes enseignes mais s’autorise à le faire exceptionnellement : « Je ne suis pas fière de moi mais j’ai commandé certains cadeaux sur Amazon que je boycotte d’habitude pour gagner du temps ».
2. S’accorder du temps pour soi
Même dans cette période chargée, accordez-vous des moments de pause. Que ce soit une courte promenade, un moment de lecture, ou simplement quelques respirations profondes, ces pauses permettent de souffler et de mieux gérer le stress. Prendre soin de soi n’est pas un luxe mais une nécessité pour garder son énergie. Un sommeil de qualité est également crucial pour surmonter la fatigue : essayez de maintenir un rythme régulier malgré l’agitation des fêtes.
3. Impliquer son entourage et rééquilibrer les responsabilités
Si la charge mentale des fêtes repose sur vos épaules, n’hésitez pas à impliquer votre entourage dans l’organisation. Que ce soit pour les cadeaux, les repas ou les décorations, répartir les tâches permet de réduire la pression et favorise un esprit d’équipe. Vous pouvez également simplifier les attentes familiales en communiquant sur ce que vous êtes prêt à faire et sur ce qui est réalisable. « Pour le soir du 24 j’ai demandé à chaque membre de famille d’amener quelque chose, une entrée, le fromage etc. Tout le monde participe et je suis allégée d’un poids », confie Claire. Quand Titouan, plus radical, a même opté pour un Noël loin de sa famille : « J’ai beaucoup de travail à finaliser la semaine de noël et je sais que cela aurait été impossible chez mes parents. Je m’épargne le trajet et je rendrais visite à mes proches juste après les fêtes, pour en profiter autrement. »
4. Se recentrer sur l’essentiel et cultiver la gratitude
Les fêtes sont avant tout un moment de partage et non une course à la perfection. Reconnectez-vous à ce qui a du sens pour vous : la présence de vos proches, un moment de repos, ou des plaisirs simples. Cultiver la gratitude en prenant quelques instants pour noter les moments positifs ou les petites victoires peut également aider à apaiser les émotions négatives et à traverser cette période plus sereinement. Ce qui compte le plus pour Claire ? « La joie de mes filles qui baignent dans la magie de noël. Je revis mes propres bons souvenirs d’enfance et c’est bien le plus important. »
Des vacances peu reposantes
Ironie du sort : alors que la plupart d’entre nous misent sur les congés à venir pour se requinquer, les vacances de fin d’année ne sont bien souvent pas aussi relaxantes qu’espéré ! « Entre les trajets, les réunions familiales, les repas copieux, la gestion des enfants et parfois des tensions familiales, ces vacances deviennent une source de fatigue supplémentaire plutôt qu’un vrai temps de récupération », analyse Johanna Rozenblum.
De là à revenir encore plus fatigués au travail en janvier ? Pour l’éviter, la psychologue clinicienne nous livre ses préconisations :
1. Intégrer de vrais moments de pause dans le programme
Même pendant les fêtes, il est essentiel de s’octroyer des moments de repos pour souffler. Prévoyez des plages horaires sans sollicitation : une petite sieste, un moment de lecture ou une balade. Ne cherchez pas à remplir chaque minute. La déconnexion, même courte, permet de recharger les batteries.
2. Éviter la surenchère et alléger les festivités
Il n’est pas nécessaire que tout soit parfait. Simplifiez les repas, les préparatifs et les cadeaux pour éviter le stress inutile. Par exemple, privilégiez des plats faciles à préparer, optez pour des cadeaux symboliques plutôt que de vous lancer dans une course effrénée. En allégeant l’organisation, vous vous laisserez plus de temps pour vous reposer.
3. Se ménager du temps « hors famille » si possible
Même si les fêtes sont souvent familiales, il est important de préserver des moments pour vous-même ou avec des proches avec qui vous vous sentez réellement à l’aise. Cela permet de souffler et d’éviter la saturation liée aux obligations sociales.
4. Maintenir un rythme équilibré
Les fêtes peuvent bouleverser le sommeil et les habitudes. Essayez de conserver un minimum de régularité dans vos heures de coucher et de lever pour éviter le décalage. Limitez les excès d’alimentation et d’alcool qui peuvent aggraver la fatigue et nuire à votre énergie. Un peu d’activité physique, comme marcher au grand air, permet aussi de mieux récupérer.
5. Se fixer une vraie coupure professionnelle
Beaucoup de personnes gardent un œil sur leurs mails ou sur des dossiers pendant les vacances, ce qui empêche une vraie déconnexion. Posez-vous des limites claires : coupez les notifications et acceptez de décrocher. Une vraie coupure est indispensable pour revenir en janvier avec un esprit reposé et plus disponible.
Entre deux dîners copieux essayez donc de vous préserver dans ce tourbillon des fêtes. En allégeant vos attentes, en prenant soin de vous et en vous accordant de vraies pauses, vous pourrez profiter davantage des vacances et retrouver un peu d’énergie pour démarrer la nouvelle année sereinement.
Article édité par Gabrielle Predko ; Photo de Thomas Decamps
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