Premier salaire : 5 conseils pour déterminer votre valeur

31 oct. 2023

4min

Premier salaire : 5 conseils pour déterminer votre valeur

Premiers amphis, premiers cafés noisette, premiers partiels… Après les études vient une toute autre nouveauté : le premier job, et le salaire qui va avec. Mais en tant que vierge du métier pour lequel vous êtes désormais formé, comment savoir à quelle fiche de paie prétendre ? Et par la même occasion, éviter de vous vendre au rabais à un patron n’étant pas réputé pour son éthique ?

À peine sorti des études, vous voilà de nouveau projeté dans le rôle du petit nouveau dans la cour des grands. Vous avez déjà survécu au passage en 6ème, qui s’accompagnait alors d’un Eastpak pesant la moitié votre poids et d’une cour de collège agencée selon la popularité de ses occupants. Des années plus tard, vous voilà dans la posture du futur jeune actif en prise quotidienne avec les offres d’emploi, les mails de relance et les formules de politesse lourdes de cordialité. Aussi, avoir glané quelques informations peut s’avérer vital dans la jungle du monde du travail, notamment lorsqu’il s’agit de chiffres : comment se situer sur la grande – et souvent opaque – échelle des salaires ? Sarah Zitouni, coach de carrière et autrice de Comment réussir ta vie pro sans y laisser ta peau, livre ses astuces pour vous aider à déterminer le salaire auquel vous pouvez prétendre pour votre premier emploi.

1. Enquêtez sur le marché du travail

Le marché du travail est régi par la loi de l’offre du marché et vous n’échappez malheureusement pas à cette loi. Un peu comme le safran et ses prix exorbitants pour des quantités microscopiques – la production d’un kilo de cette épice nécessite 150 000 fleurs, voilà pourquoi – votre salaire peut varier selon que vous ayez choisi un métier rare, recherché, ou particulièrement apprécié en ce moment. « Comme nous vivons dans une société capitaliste, il faut bien comprendre que le travail est organisé comme un marché. Connaître le fonctionnement de ce marché permet d’éviter d’être payé en dessous de cette valeur. Par exemple, en ce moment, les product owners et les data analyst ont la côte parce qu’ils sont peu nombreux à sortir des écoles, donc ils sont très bien rémunérés », illustre Sarah Zitouni.

Pour avoir une idée de votre poids en pesos, arpentez les sites spécialisés sur le marché du travail et qui mettent régulièrement à jour leur données. Parmi eux, les fiches métiers du classique Onisep, un site destiné aux étudiants ou futurs étudiants, celles du cabinet de recrutement Michael Page ou encore le site de Cadremploi qui possède une rubrique “Conseils salaire”… Menez vos recherches !

2. Nourrissez-vous de statistiques

Toujours dans les données chiffrées, les statistiques restent un moyen efficace d’obtenir des informations sur un métier. Certaines écoles ou institutions recensent des chiffres sur leurs anciens étudiants devenus jeunes actifs, tandis que des syndicats rendent publiques des données chiffrées concernant leurs adhérents. « Il y a aussi les statistiques de l’Insee ou de l’Apec (l’Association pour l’emploi des cadres, ndlr) pour les cadres, qui permettent de suivre l’évolution des salaires », détaille la coach de carrière. Bien que généralistes et donnant des valeurs médianes ou moyennes, les statistiques ont le mérite de s’appuyer sur des données concrètes et souvent actuelles.

3. Parlez-en aux personnes concernées

Passée la partie documentation, reste à aller directement à la rencontre des personnes qui détiennent des informations concrètes, à savoir les personnes exerçant le métier que vous avez appris. Cela peut être des professionnels dont vous avez suivi le parcours, des anciens de votre école, des personnes employées dans l’entreprise de vos rêves… Inutile de vous présenter LinkedIn pour mener votre chasse aux professionnels et établir un contact avec eux. N’oubliez pas non plus les associations ou collectifs qui peuvent exister autour du métier en question, ni les groupes Facebook qui regorgent souvent de personnes opérationnelles pour discuter et s’entraider.

4. N’oubliez pas que l’argent est tabou

Une fois que vous avez établi un contact, allez-y en douceur : « Évidemment, la première question à poser n’est pas “Combien tu gagnes ?” Pour que ça passe, on peut commencer par se présenter, expliquer que l’on aimerait exercer le métier de la personne et lui demander si elle a 30 minutes à nous accorder au téléphone ou pour un café virtuel », conseille Sarah Zitouni. À partir de là, on peut évoquer les missions, demander à la personne ce qu’elle changerait si tout était à refaire… et terminer par la fameuse question : « Si je postule pour ce métier, à votre avis, quel salaire est-ce que je peux en attendre en tant que junior ? » ; « C’est une façon de ne pas demander directement le salaire de la personne, sachant qu’elle a peut-être dix ans d’expérience donc ce sera faussé. Mais elle aura suffisamment de recul pour vous dire ce à quoi vous pouvez prétendre en entrée de poste. »

5. Défendez la valeur de votre travail

Après avoir épluché les sites internet et les réseaux professionnels, vous aurez sans doute retenu un chiffre ou a minima, une fourchette de salaire. Des impératifs matériels ou financiers peuvent évidemment vous pousser à accepter un salaire moindre, mais essayez autant que possible de défendre votre travail et la valeur de celui-ci. « La négociation de salaire est malheureusement une compétence cumulative, c’est-à-dire que si vous ne négociez pas d’entrée, un décalage risque de se créer vis-à-vis de vos collègues. Comme on travaille beaucoup à partir de pourcentages, la valeur de base de vos augmentations dépendra du premier montant fixé. Cela signifie non seulement que vous aurez une part du gâteau plus faible que vos collègues, mais aussi que cet écart risque de continuer de se creuser avec le temps », alerte la coach.

Aussi, vous aurez sans doute remarqué que le prix d’une chose participe mentalement à conditionner sa valeur : les vins rouges à deux euros terminent généralement dans des sauces. Il s’agit certes d’un biais cognitif puisque le prix n’est pas un indice fiable de qualité, mais il peut être intéressant de le prendre en compte au moment de combattre son syndrome de l’imposteur. Si vous étiez un vin, vous préféreriez être au cellier ou en cuisine ?

Documentation, réseautage, interviews… Avoir connaissance de sa valeur sur le marché du travail demande un travail d’enquête qui ne s’arrête pas à de simples lectures. L’objectif est en effet de croiser vos sources, pour vous faire l’idée la plus précise possible du salaire auquel vous pouvez prétendre. Et dans le même temps, de comprendre les mécanismes dont dépend la valeur monétaire de votre travail, afin d’argumenter au mieux lors de potentielles négociations.

Article édité par Gabrielle Predko, photo Thomas Decamps pour WTTJ

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