Non, les CV traditionnels ne sont pas morts !
22 janv. 2021
3min
Autrice, consultante et conférencière sur le futur du travail, spécialiste de la productivité, de l’âge et du travail des femmes
Alors que le chômage risque de connaître une hausse importante en 2021, de nombreuses entreprises pourraient recevoir beaucoup plus de CV. Quand on recrute dans un contexte de crise de l’emploi, on a parfois tendance, en tant que recruteur.se, à se replier vers ce qui est familier, et ce que l’on sait déjà faire. C’est bien connu, la crise, ça rend conservateur.trice !
Depuis des années, on lit et on entend que le CV traditionnel se meurt, ou bien que le CV se transforme avec l’usage de la vidéo et des réseaux sociaux. C’est vrai qu’il se transforme, le vieux CV. Mais au-delà du conservatisme souvent associé aux périodes difficiles, il y a encore de (vraies) bonnes raisons de le défendre.
Dans notre livre 100 idées innovantes pour recruter des talents et les faire grandir (Vuibert, 2020), nous avons consacré un chapitre à la défense du CV avec des arguments qui ne sont peut-être pas ceux que vous croyez. Nous publions ici ce chapitre en accès libre.
Le livre Welcome to the Jungle
100 idées innovantes pour recruter des talents et les faire grandir
On n’a cessé de répéter que les CV classiques ont vécu : le CV sur papier semble si morne comparé au numérique… Les traces numériques qu’un candidat laisse derrière lui – sur LinkedIn, les blogs ou d’autres médias – fournissent des informations plus fiables et plus pertinentes que le CV le mieux conçu. Nombre d’employeurs éprouvent de la frustration en parcourant un CV traditionnel, car il ne leur donne qu’un aperçu unilatéral des réalisations passées et des aptitudes du candidat. Ils estiment indispensable de recourir à d’autres sources d’information pour avoir une idée précise de ses compétences et de son potentiel.
Même en passant un CV au crible, manuellement ou en s’aidant d’un logiciel, on peut commettre des erreurs. Compte tenu de l’allongement des carrières, les CV deviennent trop longs et indigestes : ils ne sont pas toujours correctement structurés et font perdre un temps considérable à celui ou celle qui les lit. Nombre d’employeurs utilisent donc des logiciels intégrés et des plateformes de recrutement qui exigent moins d’efforts et offrent un meilleur résultat. Ils apprécient les candidats qui adaptent leur CV et qui se démarquent par une présentation et un contenu plus originaux.
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Pourtant, le format classique est encore largement utilisé : les bons vieux CV contiennent paradoxalement un type d’information introuvable ailleurs. Ils fournissent un exposé unique et une synthèse appréciable des données pléthoriques que l’on peut consulter en ligne. Ils restent de fait pertinents.
Le CV tel que nous le connaissons n’est pas en train de disparaître. Il évolue. Les recruteurs (et les candidats!) doivent le comprendre et changer d’approche.
Voici quelques indications utiles :
Exploitez la coopération entre l’humain et la machine. L’usage des logiciels de repérage de candidats pour filtrer les CV est devenu si répandu que les chercheurs d’emploi ont appris à porter une grande attention aux mots-clés. (L’utilisation de machines à sélectionner les CV « a progressé de 202 % en un an » depuis avril 2018, selon CNBC.) Ces systèmes se concentrent sur les mots-clés indiquant si la candidature présente un intérêt ou non, sans prendre en compte ce qui relève du storytelling. Voilà pourquoi les recruteurs humains ont encore un rôle à jouer, en particulier aux étapes finales du processus. Ils prennent en compte tous ces éléments que la machine ignore.
Acceptez l’idée qu’une carrière comporte forcément des lacunes. Sachant que de plus en plus de gens risquent de devoir travailler au-delà de 70 ans et de changer plusieurs fois de métier et d’emploi, leur CV affichera des lacunes. Certains auront pris des congés pour se perfectionner, d’autres se seront accordé du temps libre pour explorer de nouveaux choix de vie. Si vous voulez que leur CV reflète la vérité et donne des informations précises, ne censurez pas les candidats qui avouent sincèrement les ruptures intervenues dans leur carrière. Considérez au contraire qu’elles sont une preuve de courage et d’audace. Valorisez les nouvelles compétences acquises par les candidats au cours de ces périodes (à travers le bénévolat, une formation, des voyages…).
Focalisez-vous plus sur les compétences que sur l’expérience acquise. « Les compétences sont la nouvelle monnaie du monde du travail », écrit Alistair Cox, PDG du cabinet de recrutement international Hays. Les CV servent de plus en plus souvent à mettre en valeur l’acquisition de compétences. « Compte tenu de l’évolution du monde du travail, le potentiel devient un facteur qui prime sur les années d’expérience pour évaluer si le candidat convient », déclare un autre responsable de Hays. À l’évidence, aucun candidat ne peut avoir plusieurs années d’expérience dans une compétence acquise depuis quelques mois ! Sachez apprécier ces CV qui témoignent d’un potentiel plus qu’ils ne parlent du passé.
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