MISE AU POINT : Immersion en photos au sein de la cellule d'identification criminelle

02. 11. 2022

3 min.

MISE AU POINT : Immersion en photos au sein de la cellule d'identification criminelle
autor
Thomas Decamps

Photographe chez Welcome to the Jungle

La série « Les Experts » a rendu mondialement connue une section particulière de la police : la police scientifique. Blouses blanches, appareils photos et kits du parfait laborantin à la main, cette cellule créée au début du siècle dernier en France n’a cessé de se développer autour des traces ADN et des empreintes digitales, pour condamner ou innocenter des présumés coupables.

Pendant plusieurs mois, le photographe Idriss Bigou-Gilles a décidé de s’immerger dans cette Cellule d’Identification Criminelle (CIC) de la gendarmerie de l’Aude, où la science est au cœur du processus de résolution d’enquêtes criminelles. Plongée dans cet univers fascinant.

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À la suite de tes études de photographie, tu t’es lancé dans les shootings en studio pour faire des packshots pour la publicité et des photos de mode. Comment en es-tu venu à faire du reportage photo ?

Quand je travaillais dans un studio, en région parisienne, j’étais enfermé toute la journée sans voir la lumière du jour. C’était tout de même une super expérience qui m’a appris à être efficace et à maîtriser la lumière. Avant mon passage par Paris, j’ai eu la chance de pouvoir voyager et travailler à l’étranger, au Québec pendant 6 mois, ou encore au Vietnam pendant 2 mois dans une ONG américaine. Cette seconde expérience de terrain a été particulièrement révélatrice pour moi. Alors quand j’ai eu la possibilité de revenir dans le Sud de la France, j’ai décidé de retourner à ma première passion, la photographie de terrain. Cela ne m’a pas empêché de garder de mon travail à Paris l’amour du portrait. Je me suis donc équipé d’un studio mobile, autonome en batterie, que je transporte sur le terrain.

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Si les photo-reporters ont tendance à être de grands pigeons voyageurs, de ton côté, tu as finalement décidé de t’établir dans ta région d’origine : L’Occitanie. Est-ce une façon de lui rendre hommage en la documentant au quotidien ?

J’ai eu la chance de voyager, mais j’aime dans mon métier parler de ma région et plus particulièrement de mon département, l’Aude. Je m’efforce donc de mettre ce dernier en avant sur des thèmes de sociétés et d’actualités. Aujourd’hui, on peut vivre à la campagne, être un photographe de territoire, tout en traitant de l’actualité nationale ou internationale. Il arrive aussi parfois qu’elle s’invite à côté de chez nous : je pense aux inondations de 2018 ou aux attentats de Carcassonne et de Trèbes. Je n’ai donc aucun mal à traiter de différents thèmes forts tout au long de l’année.

Peux-tu nous parler de ton reportage sur la Cellule d’identification Criminelle de la Gendarmerie de l’Aude ? Qu’est-ce qui t’a poussé à réaliser ce projet ?

Depuis longtemps, je suis passionné par les histoires d’enquêtes et notamment par ces gendarmes qui arrivent sur les scènes de crimes et qui arrivent à reconstruire une histoire qui s’est déroulée dans le passé grâce à leurs connaissances scientifiques. C’est pour ça que j’ai souhaité faire un reportage plutôt généraliste sur la gendarmerie. Puis, au fil de mes rencontres, on m’a présenté l’équipe de la cellule d’investigation criminelle. Je me suis tout de suite dit que j’allais angler mon travail sur celle-ci. J’ai eu l’autorisation de les suivre pendant plusieurs mois sur le terrain, aussi bien lors d’enquêtes de trafic de drogues que lors de la découverte d’une plantation de Cannabis, en passant par des vols, des agressions ou encore des incendies. C’était une expérience incroyable de pouvoir me retrouver avec eux, la meilleure manière de comprendre leur fonctionnement.

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Qui sont ceux•celles qui incarnent ce métier ? Est-ce qu’ils•elles se considèrent davantage gendarmes que scientifiques ?

Ce sont avant tout des gendarmes, mais qui se sont spécialisés pour devenir T.I.C., soit Techniciens d’Identification Criminelle. Les compétences scientifiques leur sont nécessaires pour résoudre des affaires criminelles. Ils ont une lourde responsabilité, car dans leurs interventions dépendent le dénouement d’enquêtes souvent dramatiques. Par exemple, ils se rendent sur le terrain pour constater, rechercher et prélever des indices mais interviennent aussi en laboratoire pour effectuer de très nombreuses analyses pour trouver ne serait-ce qu’une empreinte ou une trace d’ADN. C’est un scope très large qui demande beaucoup de compétences. Il peuvent aussi prendre part à des procédures juridiques très longues, où la moindre erreur pourrait innocenter un criminel pour vice de procédure.

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Cette section a été très médiatisée dans le monde, notamment via le succès de la série américaine Les Experts. Dans la réalité, les pratiques appliquées sur le terrain sont-elles similaires à celles utilisées dans ce show ?

Il existe de nombreuses idées reçues sur ce métier, qu’il n’y a que l’ADN ou les empreintes mais il existe tout un tas de techniques que le grand public ne connaît pas, notamment à cause de cette série. C’est aussi pour ça que j’ai voulu montrer, à travers ce reportage, le vrai quotidien professionnel des Techniciens d’Identification Criminelle. Il faut dire que la technique scientifique qu’utilisent ces gendarmes est très impressionnante et aussi en constante évolution. La différence qu’il pourrait y avoir entre la réalité et la fiction est principalement le matériel électronique, où dans la série ils ont souvent tout un tas de matériel qui en réalité n’existe pas, même si la frontière est souvent mince.

Article édité par Gabrielle Predko
Photos Idriss Bigou-Gilles

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