4 signes qui prouvent que votre nouveau job ne tient pas ses promesses
05. 9. 2023
4 min.
Nouvelle boîte, nouveau poste, nouveaux collègues. En théorie, une nouvelle aventure professionnelle se profile et avec elle des projets, des rencontres et des perspectives excitantes. Sauf que voilà : après quelques semaines, vous réalisez doucement que vos attentes ne collent pas avec la réalité vécue. Quels signaux d’alerte doivent être pris au sérieux ? Faut-il s’écouter, quitte à prendre la porte aussitôt arrivé ?
C’est à l’issue de sa période d’essai de deux mois que Marie, fraîchement débarquée dans une entreprise de prêt-à-porter, a commencé à déchanter. « Lors de mon entretien d’embauche, on m’a décrit un poste stimulant, varié et à responsabilités. Mais aujourd’hui, mon job n’est pas challengeant d’un point de vue intellectuel et les responsabilités sont inexistantes. Il y a un énorme décalage entre la fiche de poste, la description que ma supérieure a pu me faire et la réalité », décrit-elle. Comme de nombreux employés déçus par un nouveau poste dont ils attendaient beaucoup, la coordinatrice de ventes a d’abord préféré ignorer les red flags, jusqu’à être forcée d’admettre la réalité : son nouvel emploi ne correspondait pas à ce qu’on lui avait vendu. Onze mois après son arrivée, Marie signe une rupture conventionnelle et abandonne définitivement les espoirs qu’on lui a fait miroiter.
Pour la coach de carrière Sarah Zitouni, attendre un changement de température a de grandes chances de ne faire que reporter le problème. « Notre culture professionnelle tourne beaucoup autour de la méritocratie et nous sommes nombreux à penser que si l’on donne le meilleur de nous-mêmes nous serons jugés à la lumière de ces efforts et donc que nous pouvons faire mieux si quelque chose cloche. Mais finalement, il est assez rare que des gens surinterprêtent des facteurs et décident de partir trop tôt », pose-t-elle. Plutôt que de camper dans votre nouveau poste en espérant que votre quotidien professionnel s’adoucisse, voici quelques signaux qui méritent toute votre attention.
Signe n°1 : un rapport de confiance rompu
Cela peut être un décalage entre une fiche de poste et la réalité, des conditions de travail embellies sur le papier ou en entretien d’embauche, une opacité concernant les critères de rémunération… Autant d’éléments qui jouent potentiellement un rôle au moment de rejoindre l’entreprise, mais s’avèrent erronés une fois sur place. « Si lors de votre entretien on vous promet un espace de travail personnel et que dès votre premier jour vous réalisez que le bureau est un opportunity office où chacun doit trouver sa place chaque matin, cela tient de la désinformation », illustre Sarah Zitouni.
Ce mensonge, ou a minima cette désinformation, peut d’emblée refroidir l’ambiance, et à juste titre. « C’est un signe que cela risque de ne pas très bien se passer parce que vos employeurs n’ont pas été transparents avec vous au moment de vous convaincre de les rejoindre. C’est un moment que les gens réinterprètent souvent plus tard à la lumière d’autres faits, parce qu’il représente une première impression de tromperie », insiste encore la coach de carrière.
Signe n°2 : les promesses qui n’aboutissent jamais
Dans la gamme des mensonges et des mots doux censés vous convaincre, il y a aussi ces promesses qui tardent à se concrétiser. Comme quand vous rappelez à votre N+1 qu’on ne vous a pas recruté pour corriger les dossiers des autres, mais pour mener vos propres projets, et que celui-ci vous promet un changement d’ici quelques semaines. Cela peut également concerner un employé qui est directement plongé dans une période de rush et à qui on fait miroiter un rythme plus tranquille.
« Ce genre de promesses favorise l’abus et crée souvent une sensation de malaise chez les employés. Bien qu’ils souhaitent quitter l’entreprise, ils attendent ou reportent ce départ en attendant ce re-paramétrage dont on leur parle, mais qui n’arrive jamais », poursuit Sarah Zitouni. La démarche non affichée ? Vous faire nager dans le grand flou pour vous garder, sans davantage répondre à vos attentes.
Signe n°3 : une ambiance délétère
« Deux mois après mon arrivée, ma supérieure a radicalement changé de comportement avec moi. D’une relation décontractée et presque amicale, nous sommes passées à une relation tyrannique et toxique. Elle contrôlait tous mes faits et gestes, m’infantilisait, s’appropriait mon travail… J’étais là pour exécuter et elle pour récolter les lauriers », ajoute Marie. Les relations professionnelles dégradées font pleinement partie des signaux à prendre en compte et peuvent vous impacter sans que vous en soyez directement la cible.
Cela peut être un management toxique, des bruits de couloirs constants, une compétitivité malsaine, des scandales qui éclatent en réunion… « Nous connaissons rarement l’ambiance globale de l’entreprise avant d’y avoir mis les pieds, confirme Sarah Zitouni. On peut tenter de prendre la température en visitant les locaux ou en contactant d’anciens employés, mais il existera toujours une asymétrie informationnelle entre l’employé et l’entreprise.* » Si cela ne vous concerne pas directement dans un premier temps, n’oubliez pas que les rapports conflictuels que vous observez pourraient arriver jusqu’à vous, que ce soit dans quelques jours ou dans quelques mois.
Signe n°4 : les signaux de votre corps
Outre les critères objectifs et observables, le corps est lui aussi un bon indicateur de la façon dont vous vivez votre nouvel emploi. Si quelque chose dysfonctionne, il est possible que cela se manifeste par une boule au ventre à la fin du week-end, des insomnies, une irritabilité exacerbée… « Aller mal dans son job est un continuum, ce n’est pas binaire, pose Albert Moukheiber, docteur en neurosciences et expert du Lab. Cela peut aller d’une démotivation à une difficulté à dormir en passant par une sorte de dépersonnalisation. Il faut prendre conscience de ces signaux physiologiques et psychologiques qui n’auront pas les mêmes conséquences selon leur intensité. »
Une fois ces signes identifiés, le spécialiste conseille de faire quelques ajustements en termes d’hygiène de vie, afin d’identifier clairement la cause du mal-être : « Si je mange sain, je fais du sport, je dors tôt et que ces symptômes persistent après quelques semaines, il vaut mieux prendre ça en charge et consulter ou en parler au travail. » Quitte à quitter l’entreprise ou à trouver un moyen de se protéger si vous n’avez pas la possibilité ou les moyens de partir tout de suite.
Pour la coach Sarah Zitouni, il ne faut pas oublier que la période d’essai constitue un test pour l’employeur comme pour l’employé. « Il faut interpréter les signes, les comprendre et agir dessus. Si l’on se rend compte que notre nouveau travail ne nous convient pas pendant la période d’essai, on peut se quitter en bons termes et éviter de perdre du temps sur ses recherches d’emploi et son quotidien au travail », conseille-t-elle. Et si l’on est pas certain de vouloir continuer, rien n’empêche de demander à prolonger la période d’essai afin de s’octroyer un délai supplémentaire avant de se jeter ou pas dans le grand bain !
Article édité par Mélissa Darré, photo par Thomas Decamps.
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