Job hopping VS stabilité, vaut-il mieux s'engager ou multiplier les experiences pro ?
06. 2. 2025
5 min.
Vous avez travaillé deux ans dans une entreprise, acquis de nouvelles compétences, relevé des défis professionnels, mais voilà… une offre d’emploi tombe dans votre boîte mail. Un poste plus stimulant, un salaire plus alléchant, un environnement différent. L’envie de changer vous titille, mais une petite voix (peut-être celle de votre grand-oncle qui a fait 40 ans dans la même organisation) vous souffle : « La stabilité, c’est mieux pour ta carrière. »
Alors, faut-il pratiquer le job hopping, comme on swipe sur Tinder, ou rester fidèle à une entreprise pour bâtir une carrière solide ? D’un côté, le job hopping vous promet une montée en salaire, un développement rapide des compétences et une intégration à de nouveaux environnements. De l’autre, travailler longtemps dans une organisation permet de gagner la confiance des employeurs, d’obtenir des promotions internes et d’être perçu comme un collaborateur fiable.
Dans la jungle du marché du travail, qui a vraiment l’avantage ? Spoiler alert : il n’y a pas de réponse universelle, mais on va vous aider à décoder cette stratégie et à faire les meilleurs choix pour votre évolution professionnelle.
Le job hopping : une fusée pour votre carrière ou un piège ?
C’est quoi, exactement, le job hopping ?
Le job hopping, c’est l’art de passer d’un job à un autre en quelques années (voire quelques mois pour les plus impatients). Le terme émerge dans les années 1970-1980, surtout aux États-Unis, où les employeurs commencent à voir apparaître des travailleurs qui ne restent plus 10 ou 20 ans dans la même entreprise. À l’origine, le terme était péjoratif. Les employeurs l’utilisaient pour désigner des travailleurs qu’ils jugeaient instables et peu fiables. Mais au début des années 2000, avec l’essor des start-ups et du digital, le job hopping devient un phénomène assumé, notamment dans la tech et le marketing, où l’idée de “fidélité à vie” à une entreprise disparaît peu à peu. Aujourd’hui, le phénomène s’est normalisé. Avec l’évolution du marché du travail, les lignes ont bougé, et ce qui était autrefois un défaut est devenu une stratégie. Selon une étude Gallup, 21 % des millennials, nés entre 1981 et 1996, ont changé d’emploi au cours de l’année écoulée.
Mais trop de job hopping tue-t-il le job hopping ?
« On est peut-être allés un peu trop loin, admet Sandra Bareil, fondatrice de l’agence de recrutement spécialisée dans le recrutement digital Les Pepites. Tous les employeurs regardent les durées de CDI des candidats maintenant. Ça fait partie des sujets sensibles. Je sais que si je propose des candidats qui changent trop régulièrement d’entreprise, ça risque de coincer. »
Et pour cause : un turnover trop élevé inquiète un employeur. Il y voit un risque en termes de fidélisation, d’investissement en formation et de stabilité dans l’organisation. « La mobilité peut être un atout, mais du côté des entreprises, recruter et former a un coût. Si le salarié part trop vite, l’investissement est perdu », souligne Sandra Bareil, qui estime que la durée idéale d’une expérience dans une organisation se situe entre 3 et 5 ans.
Alors avant de rêver à votre prochaine augmentation express, voyons ce que le job hopping implique vraiment.
Les (gros) avantages du job hopping
Un boost salarial quasi automatique (mais pas garanti à tous les coups)
Chaque changement d’entreprise est une opportunité de renégocier. Et contrairement aux augmentations annuelles minuscules (coucou les +2 %), une transition bien gérée (et une négociation efficace) peut vous faire gagner entre 10 et 20 % de salaire en plus. Mais attention : ce n’est pas parce qu’on change de job qu’on décroche forcément une hausse de salaire. « Tout dépend de la durée passée sur les postes précédents et de la valeur ajoutée que l’on peut justifier, complète Sandra Bareil. Si un candidat part après seulement 9 mois, il lui sera difficile de réclamer une rémunération plus élevée dans sa nouvelle entreprise, faute d’expérience significative ou de résultats probants. »Un CV qui en impose
Travailler dans différentes boîtes, c’est accumuler des expériences variées et montrer que vous savez vous adapter. En gros, vous devenez le MacGyver du monde pro, capable de dégoupiller des situations inédites.Un réseau qui explose
Changer d’entreprise, c’est multiplier les contacts. Et on ne va pas se mentir : dans le monde du travail, avoir le bon carnet d’adresses peut être plus puissant qu’une tonne de diplômes.
Les (gros) inconvénients du job hopping
– Le risque d’être perçu comme instable
Un CV avec une ligne différente tous les ans, ça peut inquiéter les recruteurs, qui pourraient se demander si leur candidat restera plus de six mois. « Tous les job hoppers ne se ressemblent pas, commente Sandra Bareil. Il y a les volontaires, qui choisissent de changer régulièrement et les involontaires, qui enchaînent les CDD ou les missions courtes sans que ce soit un choix stratégique.» Si vous avez enchaîné des contrats temporaires, indiquez-le clairement sur votre CV : cela montre que ce n’est pas de votre fait et justifie la courte durée des missions. « Même chose pour les freelances ou les managers de transition, dont la mobilité professionnelle est inhérente à leur métier, ajoute-t-elle. Si vous ne précisez rien, le recruteur en CDI risque de prendre peur en voyant une succession de postes courts sans explication. »
– Un sentiment d’être toujours en phase d’adaptation
Chaque nouvel emploi \= nouvelle entreprise, nouvelles règles, nouvelles têtes. Excitant ? Oui. Épuisant ? Aussi. Certains finissent par regretter de ne jamais aller au bout des projets qu’ils commencent.
– Moins d’accès aux postes stratégiques
Les promotions internes, ça existe. Et souvent, les rôles les plus influents sont donnés aux personnes qui ont su s’ancrer dans l’entreprise.
Verdict : Le job hopping peut être une stratégie payante si elle ne tombe pas dans l’extrême et reste maîtrisée. « L’essentiel est de pouvoir expliquer votre parcours, conclut Sandra Bareil. Tout se joue dans votre force de conviction. Les recruteurs sont devenus méfiants et voudront savoir pourquoi vous avez autant bougé. »
L’emploi à long terme : stabilité ou routine mortelle ?
Si le job hopping est un sprint, rester longtemps dans la même boîte, s’apparente davantage à un marathon. Mais un marathon qui, s’il est bien couru, peut vous mener loin.
Pourquoi miser sur la stabilité ?
Construire une vraie expertise et accéder à des rôles stratégiques
Les entreprises apprécient les profils qui connaissent la maison sur le bout des doigts. À force de creuser un sujet, vous pouvez devenir LA personne incontournable, celle qui pèse vraiment dans les décisions.Profiter de promotions internes (et d’une vraie reconnaissance)
Contrairement aux job hoppers qui doivent sans cesse prouver leur valeur, les salariés fidèles montent souvent en responsabilité. On vous confie des missions stratégiques, vous gagnez en leadership… et hop, vous visez le poste de direction.Plus de sécurité et d’avantages
Stock-options, mutuelle béton, prime d’ancienneté, congés supplémentaires… Les employeurs chouchoutent les salariés qui restent. En changeant trop souvent, vous passez à côté de tous ces petits plus.
Le revers de la médaille
– Une progression salariale plus lente
Miser sur l’ancienneté, c’est bien… mais attention aux augmentations au compte-gouttes. Si vous restez dans une entreprise où les hausses de salaire flirtent avec l’inflation, vous risquez de stagner.
– Le risque de tomber dans une routine étouffante
Répéter les mêmes process encore et encore… Certains adorent, d’autres s’ennuient à mourir. La question à se poser : ai-je encore quelque chose à apprendre ici ?
– Un choc en cas de départ
Plus vous restez dans une entreprise, plus un changement peut être brutal. Un CV trop monolithique peut aussi vous desservir si vous voulez partir après 10 ans au même poste. « Des gens qui restent plus de 8 ans dans la même entreprise, ça intrigue les recruteurs. Ils se demandent si ce candidat est assez curieux. Ils craignent qu’il veuille rester dans une zone de confort. »
Verdict : Un emploi à long terme peut être une voie royale pour évoluer… si vous êtes dans une bonne entreprise. Sinon, c’est parfois le chemin le plus direct vers une zone de confort qui anesthésie. Quand vient le moment de changer, la transition peut être brutale. « Pour éviter de se retrouver à la traîne, anticipez votre départ. Formez-vous régulièrement, remettez à niveau vos compétences, notamment en langues, et surtout, personnalisez votre profil en fonction des évolutions du marché du travail », recommande la recruteuse.
Alors, job hopping ou stabilité : comment choisir ?
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise stratégie, mais voici quelques clés pour y voir plus clair :
→ Vous voulez maximiser votre salaire et apprendre vite ? → Le job hopping est votre ami du moment que vous ne changez pas de travail tous les 4 matins et que vous pouvez justifier chaque étape de votre parcours.
→ Vous visez un poste stratégique dans une boîte qui vous plaît ? → Restez, mais négociez vos augmentations, tout en continuant à vous former et vous mettre à niveau afin de rester attractif sur le marché du travail.
→ Vous voulez un mix des deux ? → Alternez périodes de stabilité et phases de changements calculés.
En fait, l’essentiel est de maîtriser son narratif. Un parcours, aussi atypique soit-il, doit raconter une histoire cohérente. Que vous soyez un explorateur ou un stratège de l’interne, ce qui compte, c’est la façon dont vous valorisez votre choix si demain vous devez le justifier en entretien d’embauche.
Articlé écrit par Geoffroy Bresson, édité par Aurélie Cerffond, photographie par Thomas Decamps
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