MISE AU POINT : le premier jour au travail, vu par le photographe Frank Schinski

29. 9. 2021

3 min.

MISE AU POINT : le premier jour au travail, vu par le photographe Frank Schinski
autor
Thomas Decamps

Photographe chez Welcome to the Jungle

Vous vous rappelez de votre premier jour dans votre travail actuel ou dans un précédent job ? On parie que vous étiez à la fois stressé et excité par la découverte de ce nouvel environnement, de nouveaux visages et de nouveaux rituels… C’est vrai que bien souvent, ce premier jour a une saveur particulière, comme la première gorgée de bière.

C’est exactement ce qu’a voulu capturer le photographe allemand Frank Schinski à travers sa série “The First Day at work“. Tel un anthropologue, il examine ce phénomène social au moyen de la photographie et nous invite à observer les réactions et l’attitude de ceux qui débarquent pour la première fois dans leur futur quotidien. On vous montre ?

Avant d’être photographe, vous étiez maçon, deux métiers qui n’ont rien à voir sur le papier. Qu’avez-vous puisé dans votre formation initiale pour faire aujourd’hui de la photo ?

J’ai effectivement été maçon et il se trouve que l’expérience que j’ai pu gagner dans ce métier m’a beaucoup aidé dans mon travail de photographe. Quand je suis dans une usine industrielle aujourd’hui, je comprends parfaitement ce qui préoccupe les gens qui y travaillent. J’ai une idée de ce dont ils ont pu parler lors de leur dernière pause, de leurs valeurs et de la manière dont ils regardent le monde extérieur. Je me sens connecté à eux. C’est donc très simple pour moi de leur parler avec un ton juste avant de les photographier. Même si cela fait plus de douze ans que je ne travaille plus en tant que maçon, j’ai grandi dans ce milieu et je sais qu’une partie de moi appartiendra toujours à cette classe ouvrière.

image

Au premier regard, on pourrait penser que vos photos sont mises en scène, préparées. Alors qu’elles sont prises sur le vif. Comment faites-vous pour capturer l’instant avec tant de précision ?

Je n’ai absolument pas besoin de mettre en scène mes photos parce que nous, les humains, nous sommes tous naturellement des acteurs : on glisse de rôle en rôle plus ou moins consciemment chaque jour. C’est une sorte de rituel que nous avons acquis pour surmonter la vie de tous les jours dans toute sa complexité. C’est exactement ça qui m’intéresse quand je fais des photos. À travers mes photos, je ne cherche pas tant à traduire ce qui se passe, mais plutôt la façon dont cela se produit.

En général, les personnes que je photographie m’acceptent très rapidement. Enfin… c’est peut-être parce que je ne suis pas très impressionnant physiquement : je ne suis ni imposant, ni grand alors je peux rester discret. Au bout d’un moment, les personnes que je photographie s’habituent à moi, ce qui me permet de les observer de plus près, sereinement. Je trouve ça très excitant de pouvoir les découvrir dans leur vie quotidienne, en totale immersion.

image

Pourquoi le premier jour de travail est-il si spécial à vos yeux ? Un premier jour en particulier vous a-t-il marqué ?

Me concernant, je ne pense pas qu’un premier jour m’ait spécialement marqué. Mais je suis toujours intéressé par les moments uniques de nos vies, ce qui est clairement le cas ici. Ce que je trouve passionnant, c’est observer des gens qui n’ont pas encore vraiment trouvé leur place : il n’y a pas de routine installée, ils ne sont pas vraiment arrivés, ne connaissent pas tout à fait leur rôle… Prenez, par exemple, la photo de l’homme en costume qui est assis devant son ordinateur, pour moi, il ne s’agit pas “juste” d’un homme face à son outil de travail, c’est surtout un nouvel employé qui tente rapidement d’établir quelque chose de normal : d’avoir les bons gestes et les bons réflexes.

image

Vous avez également réalisé une série sur le dernier jour au boulot, pouvez-vous nous expliquer la différence visuelle que vous avez pu constater entre ces deux jours ?

Je ne sais pas s’il y a une véritable différence. En tant que photographe, je ne cherche pas forcément à distinguer les choses ou les situations. Je préfère mettre le doigt sur ce qui nous unit, ce que nous avons en commun, notre essence.

image

Suivez Welcome to the Jungle sur Facebook, LinkedIn et Instagram ou abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir, chaque jour, nos derniers articles !

Édité par Éléa Foucher-Créteau