8 salariés sur 10 sont inquiets face à l’IA : 5 conseils pour bien les former

05. 9. 2024

4 min.

8 salariés sur 10 sont inquiets face à l’IA : 5 conseils pour bien les former
autor
Laure Ott Libera

Rédactrice et créatrice du podcast « Dis, c’est quoi ton travail ? »

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L'IA représente une révolution technologique aussi majeure qu'Internet. Quelle est la situation de l'acculturation à l'IA en France ? Pourquoi et comment les entreprises devraient-elles structurer la formation de leurs salariés dans ce domaine ?

Aujourd’hui, seules 38 % des entreprises forment leurs collaborateurs aux usages de l’IA (étude LinkedIn). Pourtant, les IA, qui seront intégrées dans tous les logiciels à l’avenir, transformeront la façon de travailler et le quotidien de chaque individu disposant d’un ordinateur. Il est donc crucial de s’approprier ce sujet et ses enjeux, et de mettre en œuvre des actions concrètes pour accompagner les salariés dans la compréhension du fonctionnement et des réactions des IA, afin de les utiliser de manière optimale. Mais où en sont réellement les entreprises en France ? Et quelles bonnes pratiques adopter pour encadrer la formation de leurs collaborateurs sans se laisser dépasser ? On fait le point.

Former et acculturer ses collaborateurs à l’IA : une urgence en 2024

Pour Quentin Amaudry, CEO de Mendo, se saisir du sujet signifie plusieurs choses. « La première, c’est d’avoir une relative trajectoire d’entreprise sur quels outils utiliser. Faut-il choisir ChatGPT, ou cette IA est-elle un peu trop sensible niveau données ? Microsoft Copilot, qui aujourd’hui est l’alternative la plus viable pour les très grandes entreprises car elle garantit un bon outil et un bon niveau de sécurisation des données ? »

Une fois son outil sélectionné, il est indispensable de déployer une solide communication en interne, pour encourager les équipes à l’utiliser. « Demain, tout le monde utilisera l’IA. Elle réalisera une grande partie de nos actions. Ce sera plus efficace. L’idée sera d’apporter ensuite sa spécialisation, sa touche humaine à la technologie, pour qu’elle puisse nous accompagner au mieux. » Au-delà de l’IA générative stratégique, il y a beaucoup de temps à gagner sur des tâches de tous les jours. Analyse de données, gestion de mails et de tâches administratives, personnalisation de l’expérience client, etc. Nous n’en sommes qu’aux prémices : une transition qui prendra du temps. Mais c’est aujourd’hui que le virage doit être amorcé.

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« Malgré les efforts de communication et de réassurance, beaucoup de collaborateurs qui ne connaissent pas l’IA générative ont peur. Et quand ce n’est pas le cas, ils ne savent pas bien l’utiliser, n’en voient pas l’intérêt pour eux, ou ont eu une expérience déceptive en se mesurant à elle. De vrais freins à l’adoption », explique Quentin Amaudry.

Concrètement, si 48 % des salariés sont encouragés par leur entreprise à utiliser les IA génératives dans leurs routines de travail, 72 % d’entre eux considèrent ne pas avoir les compétences pour et disent manquer de formation. 79 % se sentent même inquiets (baromètre Ifop, 2024). Il est donc fondamental de ne pas laisser ses salariés démunis face à l’IA, livrés à eux-mêmes pour se former, sans guidage ni suivi adéquats dans l’appropriation et la bonne utilisation de la technologie et de son langage (le prompting).

5 conseils pour bien encadrer la formation de vos collaborateurs à l’IA

1. Une acculturation que doit initier le COMEX… avec le soutien des managers

Avant toute chose, aucune accélération n’est possible si les décideurs ne sont pas convaincus des avantages de l’IA. Pour Quentin Amaudry, « la stratégie d’investissement doit venir des décideurs, du COMEX, qui doivent embarquer par ailleurs les managers opérationnels. C’est la condition sine qua non ! ». D’où l’importance de prendre conscience que la transition vers l’IA demande un peu plus qu’une formation initiée par l’entreprise : « Les organisations aiment beaucoup cocher la case “C’est bon, on vous a formés”. Or, tout le monde est lucide vis-à-vis des statistiques : ce n’est pas une formation qui fera changer la façon dont 10 000 salariés travaillent. C’est toute une culture qu’il faut transformer ! », insiste Quentin Amaudry. Selon Adecco aussi, pour faire face aux bouleversements de l’IA, c’est aux dirigeants qu’il appartient d’adopter un mindset adaptatif et rapide.

2. Investir dans les outils de développement des compétences liées à l’IA

Commencez par sensibiliser vos collaborateurs à l’IA : qu’est-ce que l’IA ? Quelles sont les différentes IA ? Comment fonctionnent-elles ? Quels sont leurs avantages individuels et collectifs (automatisation des tâches à faible valeur ajoutée, efficacité des processus, nouvelles opportunités, prise de décisions plus éclairées…) ? Ensuite, vous pourrez mettre l’accent sur l’identification de cas d’usage très concrets. Aussi, n’hésitez pas à investir dans des outils pour encourager vos salariés à saisir les pleins potentiels de l’IA. « Certaines entreprises optent pour Copilot 365, d’autres pour ChatGPT Premium », précise Quentin Amaudry.

3. Créer des rituels qui donnent du sens

« Former les équipes n’est qu’un premier pas, insiste l’expert. Seules 12 % des personnes formées appliquent ce qu’elles ont vu en formation dans leur travail. Pour éviter de perdre de l’argent, il est important de créer des rituels qui donnent du sens autour de l’IA : ouvrir des créneaux à booker (entre 20 et 40 minutes par semaine), durant lesquels les gens vont pouvoir jouer avec la technologie, l’expérimenter, trouver des cas d’usage dans leur métier, les mettre en place, créer les bons prompts, et les sauvegarder pour les réutiliser. » C’est le meilleur moyen pour inciter à adopter l’IA.

4. Miser sur une approche « test and learn »

Il est également essentiel de faire prendre conscience aux salariés qu’ils commettront des erreurs, et que l’utilisation de l’IA au départ ne se fera pas sans accroc. Quentin Amaudry est clair : « Avec la technologie, il faut échouer. Il y a un vrai principe d’expérimentation : des choses vont être testées, ne vont pas fonctionner, vont devoir être améliorées. Mieux vaut sanctuariser du temps et permettre aux salariés d’expérimenter l’IA sur le long terme, pour créer des habitudes, une nouvelle façon de travailler, et accompagner le changement petit à petit ».

5. Comprendre l’étendue des possibles via les cas d’usage

Enfin, place au volet pratico-pratique. « Chez Mendo, l’accompagnement dure au moins 1 an, car la technologie et les possibilités évoluent. Ce qui est aujourd’hui ne sera pas forcément ce qui sera demain. Quand nous arrivons dans les entreprises, le seuil d’adoption est inférieur à 20 %. En 3 mois, nous parvenons à un seuil de 70 %. La clé ? La profondeur d’utilisation des cas d’usage. Sachant que chaque métier en a entre 10 et 20 ! », conclut Quentin Amaudry. Utiliser l’IA c’est bien, trouver plusieurs applications concrètes c’est encore mieux.


Article écrit par Laure Ott Libera, édité par Ariane Picoche ; photo : Thomas Decamps pour WTTJ

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