Étudiants et juniors : ne faites pas l'impasse sur la lettre de motivation !

05. 9. 2024

5 min.

Étudiants et juniors : ne faites pas l'impasse sur la lettre de motivation !
autorpřispěvatel

Faut-il enterrer la lettre de motivation ? C’est la question que nous nous sommes posée en constatant son déclin auprès des candidats, et encore plus auprès de ceux qui sont encore en études ou à la recherche d’un premier emploi. Il n’en fallait pas plus pour que Fabien Lalanne, talent acquisition partner et coach en recherche d’emploi, se fende d’un plaidoyer en faveur de la lettre de motivation.

La lettre de motivation se meurt… et ce n’est pas nouveau ! J’observe son délitement depuis quelques années, la voyant réduite à un simple copié-collé que les candidats reproduisent à l’infini. La situation est encore plus alarmante chez les étudiants, qui délèguent de plus en plus sa rédaction aux intelligences artificielles. Après 10 ans à travailler dans le recrutement et à accompagner des étudiants dans leur recherche de stage, d’alternance ou de première embauche, je pense sincèrement qu’en délaissant la lettre de motivation, les candidats se tirent une balle dans le pied. Bâcler l’exercice ou le confier à ChatGPT - ce qui, pour moi, revient au même -, c’est condamner son dossier à se noyer dans le flot de CV qui arrivent dans les boîtes mail des recruteurs.

D’une certaine manière, je les comprends. Il faut dire qu’avec mes confrères, nous avons notre part de responsabilité dans le déclin de la lettre de motivation. En ne lui accordant pas toujours l’intérêt qu’elle mérite et en ne rebondissant pas sur son contenu lors des entretiens, nous avons incité les candidats à ne plus la considérer. Il est donc normal qu’ils aient fini par diminuer leurs efforts sur sa rédaction, et que nous nous soyons retrouvés avec des textes insipides dépourvus d’intérêt. Dans un inévitable cercle vicieux, la lettre de motivation est malheureusement tombée en disgrâce.

Il est temps que les candidats se réapproprient la lettre de motivation et en particulier les étudiants pour qui elle peut jouer un rôle prépondérant au cours de leur recherche de stage, d’alternance ou de premier emploi. En effet, s’insérer dans le monde professionnel lorsqu’on a peu ou pas d’expérience, ou lorsque l’on souhaite découvrir un nouveau métier ou un nouveau secteur, est une épreuve ardue pour ces profils « juniors » qui possèdent peu d’armes pour sortir de la masse. C’est dans ce contexte que la lettre de motivation peut devenir un véritable atout.

La lettre de motivation, le petit plus des candidatures d’étudiants

La lettre de motivation sert à compléter le CV… ou à le compenser ! Une bonne nouvelle pour les étudiants dont les projets professionnels sont encore en construction.

À ce titre, je me souviens du cas d’Amandine, une étudiante en finance que j’ai accompagnée cette année. Son objectif était de rejoindre un très gros cabinet de fusion-acquisition, mais sa première expérience avait eu lieu dans une très petite structure, et elle craignait que la marche soit trop haute en rejoignant une grosse entreprise dès le stage suivant. C’est pourquoi elle a décidé de cibler une organisation de taille moyenne, comme une étape intermédiaire dans sa progression vers l’objectif final. Or seul, son CV n’était pas suffisant pour décrocher un stage dans ces cabinets prestigieux car la cohérence ne sautait pas aux yeux. Mais grâce à sa lettre de motivation, elle a pu démontrer aux recruteurs la cohérence de son projet et donner du relief à son CV. En somme, une belle illustration d’à quel point la lettre de motivation est un excellent outil pour apporter la preuve que vous méritez d’être rencontré.e.

Dépoussiérez la lettre de motivation

Si la lettre de motivation est un atout précieux dans une candidature, il n’en reste pas moins qu’elle mériterait sûrement un léger lifting. Qu’on se le dise : le modèle de lettre A4 sous format PDF, en pièce jointe d’un mail, avec en prime le paragraphe qui recopie la page « À propos » de l’entreprise en guise d’introduction, c’est un peu dépassé. Certaines entreprises conservatrices y tiennent toujours, il est vrai. Mais je pense qu’une lettre de motivation gagne en efficacité en s’adaptant intelligemment à l’instantanéité et la spontanéité que l’on retrouve dans nos communications actuelles et cela pourrait s’exprimer de trois manières :

  • Tout d’abord, parlons de la forme. Au lieu de « lettre de motivation », je pense qu’il serait plus exact de parler de « mail de motivation ». C’est-à-dire que le fichier joint n’existe plus et que le texte apparaît directement dans le corps de mail. Il faut avoir en tête que les recruteurs reçoivent des centaines de candidatures pour chaque offre. Il faut donc leur simplifier le plus possible la tâche et absolument faire ressortir l’information importante. Ce serait dommage que votre lettre ne soit pas lue parce que le recruteur n’a pas le temps d’ouvrir la pièce jointe.

  • Ce changement d’aspect devrait, selon moi, s’accompagner d’une évolution dans le style, pour aller vers une rédaction beaucoup plus cash, droit au but. Les phrases pompeuses et toutes faites n’ont aucun intérêt. Pensez votre texte sur le principe d’une phrase par idée, cela facilitera nettement la lecture. Ce qu’attendent les recruteurs, ce sont bien plus les faits que les envolées lyriques. Expliquez par exemple pourquoi vous postulez dans cette entreprise et mettez l’accent sur les points de l’annonce qui correspondent à vos compétences ou à vos ambitions.

  • Enfin, je l’allègerais des passages mielleux et rébarbatifs mentionnant l’entreprise. Pas besoin de rappeler à l’entreprise ce qu’elle sait déjà - mieux que vous d’ailleurs - et concentrez-vous sur ce que vous pourrez lui apporter de nouveau.

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Qu’est-ce qui fait le sel d’une bonne lettre de motivation ?

J’espère avoir su vous convaincre de l’importance de la lettre/mail de motivation, mais encore faut-il se mettre d’accord sur ce qui doit apparaître sur ladite lettre, et ce qui vous permettrait d’en tirer le maximum.

Tout d’abord, sachez qu’un des principaux objectifs de cet outil est de prouver votre compréhension du besoin de l’entreprise. Elle vous permet de décrire les enjeux du poste avec vos mots et de mettre en perspective ce que vous serez en mesure d’apporter à l’entreprise. Le mail de motivation est aussi l’occasion de raconter des expériences concrètes qui n’apparaissent pas sur le CV. Le moment par exemple d’aborder toutes les notions vues en cours, les cas pratiques ou les projets personnels qui vous pousseront à la réussite lorsque vous serez embauché.

Au-delà des éléments purement professionnels, le mail de motivation est également un formidable moyen de laisser transparaître votre personnalité. Celle-ci a d’ailleurs une grande importance puisqu’elle permet de se différencier et peut aider le recruteur à se projeter facilement quant à une future collaboration. Parler de vos passions et centres d’intérêts, qu’ils soient sportifs ou associatifs, en dit beaucoup sur la personne que vous êtes et sur votre capacité à vous inclure dans un groupe, ainsi que d’autres soft skills très valorisés en entreprises.

Enfin, n’oubliez pas que la syntaxe et l’orthographe ne sont pas à négliger. Même si ce n’est pas grâce à cela que vous tirerez votre épingle du jeu, vous risquez de perdre gros en présentant une lettre de motivation imprécise et bourrée de fautes. Certains secteurs où l’écrit et la créativité sont très importants peuvent toutefois être particulièrement attentifs à la construction de votre mail de motivation.

J’aimerais dire à tous les étudiant.es qui me lisent : croire en la lettre de motivation, c’est croire en vous ! Si votre projet est cohérent et solide, votre lettre/mail de motivation sera bien plus facile à écrire que vous ne le pensez et vous augmenterez nettement vos chances d’être sélectionné.e pour les entretiens. Gardez ChatGPT pour d’autres tâches fastidieuses. Puisez en vous les ressources qui vous permettront d’aller chercher le Graal du stage, de l’alternance ou du premier poste dont vous rêvez !

Article rédigé par Alexandre Nessler, édité par Aurélie Cerffond, photographie par Thomas Decamps