Dans cette interview, Thomas Péjout, Responsable Communication Interne et Engagement Collaborateur, vous explique comment se matérialise concrètement la gamification et l'engagement collaborateur chez Eleven Labs : l’animation du système planétaire, la construction des challenges slack et comment susciter l’engagement au quotidien.
Qu’est-ce que l’engagement collaborateur selon toi ?
Dans un podcast j’ai entendu quelqu’un résumer l’engagement comme étant “tout ce qui lie un employé à son entreprise en plus du simple lien contractuel”, et je trouve ça pas mal. Si on se base là-dessus, l’engagement collaborateur c’est la somme de plusieurs choses dont les frontières sont plutôt fines : la motivation, l’implication, et la satisfaction. Et je suis sûr qu’on pourrait trouver encore d’autres éléments.
Comment ça marche concrètement la vie d’entreprise gamifiée chez Eleven Labs ?
Concrètement, quand un nouvel astronaute arrive dans l’entreprise, il tourne une roue, qui le fait rejoindre une des 4 planètes du système Elevenien. Chaque planète a une identité propre, une histoire et un animal totem.
Ensuite au quotidien, les contributions techniques (comme la rédaction d’articles, l’animation de talks, de workshops) ou les contributions à la vie interne (organisation d’une soirée jeu de société, présence à un événement…) sont récompensées par des points.
À côté de ça, toute l’année est ponctuée de challenges, qui prennent la forme de jeux de rôles collaboratifs ou de jeux de stratégie par équipe par exemple, qui sont des occasions supplémentaires de gagner des points.
Ces points ont plusieurs utilités : à titre individuel ils permettent à l’astronaute de monter en grade et de gagner des trophées, et d’un point de vue “équipe”, l’ensemble des points gagnés par une planète est ensuite transformé en Euros, qui sont remis chaque fin d’année à une association au choix.
Comment tu suscites l'engagement des collaborateurs afin qu’ils contribuent ?
Je pense qu’il y a un engagement déjà lié au concept même de contribuer. Les astronautes ont en commun ce plaisir d’échanger, de progresser, et de partager leurs connaissances. Donc le simple fait de rendre ça possible est déjà un levier d’engagement en soi, car ça répond à un vrai besoin de leur part.
Le fait de donner à ces contributions une valeur dans le jeu en récompensant les contributeurs par des points ne marche que car il y a déjà ce plaisir de contribuer, ça vient rajouter une gratification et un plaisir supplémentaires.
De quelle manière et par quels biais tu entretiens et alimente le jeu au quotidien ?
Alors côté fréquence on est volontairement pas sur quelque chose de quotidien. On ne veut pas que ça devienne une routine, on voit plutôt le jeu comme un prétexte à passer de bons moments ensemble, à intervalles réguliers. Il y a un jeu ou un challenge une fois par mois environ, et le reste du temps il y a uniquement le récapitulatif des points gagnés grâce aux contributions et les passages de grades qui apparaissent sur Slack. Les jeux sont généralement très liés au calendrier de l’entreprise, et permettent d’annoncer un événement à venir, ou le lieu de rendez-vous d’une soirée, ce qui est un relais de communication très efficace.
Les jeux sont majoritairement diffusés sur Slack, bien qu’on ait aussi déployé des sites dédiés plus récemment. Je privilégie pas mal Slack car tout le monde utilise et maîtrise l’outil. De cette manière je m’assure assez facilement que tout le monde puisse accéder au jeu depuis son ordinateur ou son téléphone s’il le souhaite.
Comment tu construis la mécanique de jeu autour des challenges slack ?
Faire le choix de Slack simplifie le côté accès au jeu et contact avec les joueurs, malgré quelques contraintes côté mécaniques et Game Design. Côté joueurs, il faut déjà prendre en compte qu’ils ne peuvent pas tous se connecter à la même fréquence et au même moment, et qu’ils n’ont pas non plus tous la même “culture du jeu” ni les mêmes références par exemple. Côté mécaniques ensuite, il faut exploiter au mieux ce que permet Slack. Les interactions des joueurs sont principalement textuelles ou sous forme d’émojis, et ça marche plutôt bien : le texte leur permet de se concerter par équipe ou de fournir des réponses détaillées à certains puzzles, et les émojis permettent une prise de décisions sous forme de vote par équipe.
Avec ces mécaniques simples et un peu d’idées, on a créé plein de styles de jeu différents : des escape games, des “jeux dont vous êtes le héros”, des concours de lancement de fusée, des batailles de boules de neige… Et on compte bien continuer à trouver de nouveaux concepts !
Au fil des années et avec la crise covid, les habitudes de travail ont changé pour beaucoup. Comment as-tu su t’adapter et rebondir pour maintenir l’engagement ?
À l’origine, on se reposait beaucoup sur les rendez-vous en physique pour proposer des challenges ou des animations. On faisait des concours de lutte déguisés en Sumos, des batailles de coton-tiges gonflables géants, des escape games…
Mais avec le Covid on a dû un peu tout repenser, et permettre aux gens de passer du temps ensemble même sans être physiquement au même endroit. On a donc mis l’accent sur les challenges via Slack, en créant par exemple un jeu de rôle dont vous êtes le héros par équipe, où les astronautes de chaque planète doivent se concerter et voter au moyen d’émojis pour des choix à faire afin de se tirer de telle ou telle situation et avancer dans l’histoire.
Conclusion : maintenir l’engagement dans la durée, un challenge sans fin ?
Oui c’est sans fin, car l’engagement c’est quelque chose d’organique, de vivant. Il y a donc pas mal d’enjeux pour arriver à le préserver et le développer. Il faut d’une part réussir à le comprendre, et le pôle RH fait un travail remarquable là-dessus en sondant régulièrement l’avis des astronautes et en allant chercher du feedback, puis il faut faire perdurer et améliorer ce qui marche tout en testant et en proposant de nouvelles choses. Le tout en essayant de toucher le plus de monde possible.