Télétravail : 7 idées reçues démontées par la science
02. 12. 2024
9 min.
Productivité en berne, managers débordés, culture d’entreprise en péril… À l'heure du rappel (forcé) des troupes au bureau, et si on démêlait le vrai du faux sur le télétravail ? Voici sept idées reçues passées au crible de la science, avec des solutions concrètes pour en tirer le meilleur parti.
Depuis son essor durant la pandémie, le télétravail traîne derrière lui une ribambelle d’idées reçues. Certains le voient comme un remède miracle à tous les maux du travail moderne, d’autres comme une catastrophe pour la productivité, les relations humaines ou même la survie des entreprises. Entre ces deux extrêmes, une question demeure : qu’en est-il vraiment ? Et si, au lieu de se fier à des impressions ou des peurs infondées, on s’appuyait sur des faits concrets ? Passage en revue des principales critiques adressées au télétravail, confrontées à la science et aux chiffres, afin de décortiquer ce qui relève du mythe ou de la réalité. Et mieux, on vous propose des solutions concrètes pour tirer le meilleur parti de cette pratique, désormais incontournable.
Idée reçue n°1 : « Le télétravail rend les employés moins productifs »
Traduction : « Franchement, s’ils bossent de chez eux, c’est sûr qu’ils finissent par plier leur linge ou regarder Netflix, non ? » Ou la fameuse inquiétude du manager qui imagine ses salariés à distance alterner entre travail, sieste et une partie de Candy Crush.
Ce qu’en dit (vraiment) la science : à l’inverse, une étude de la Banque de France de 2021 a observé une hausse de productivité de 20 % chez les télétravailleurs. Plus concentrés, moins interrompus par les discussions autour de la machine à café, ils abattent plus de travail en moins de temps. Même son de cloche d’après une étude de l’INSEE de 2023, selon laquelle le télétravail à long terme pourrait améliorer la productivité de 10 %. En 2024, le Fonds Monétaire International enfonce le clou également en précisant que le télétravail réduit le temps de trajet, offrant aux salariés plus de flexibilité pour se consacrer à leurs missions. Résultat : un meilleur équilibre et des performances accrues.
Pourquoi c’est une bonne chose : cette idée reçue repose souvent sur un biais, celui de confondre « présence physique » et « productivité » en présentiel. Or, les heures passées au bureau ne signifient pas forcément plus de tâches réalisées. En télétravail, les salariés adaptent leur rythme, se concentrent sur leurs priorités, et, bonus, ils évitent le stress du métro ou des routes bondées. Et si on mesurait enfin la productivité avec les objectifs cochés et non avec une pointeuse ?
Notre conseil pour en tirer parti dans votre boîte : pour maximiser les avantages du télétravail, fixez des objectifs clairs et concentrez-vous sur les résultats, pas sur le temps passé. Utilisez des outils collaboratifs pour suivre l’avancement des projets et maintenez des points réguliers pour garder le lien. Et surtout, faites confiance à vos équipes ! Certains sortiront sûrement leur linge à 15h37 entre deux réunions, mais est-ce vraiment si grave que ça ?
Idée reçue n°2 : « Les managers ne peuvent pas gérer à distance »
Traduction : « Comment vais-je savoir s’ils bossent vraiment si je ne peux pas passer derrière leur écran ? » Vous avez probablement entendu, pensé, voire prononcé cette phrase. Dans l’imaginaire collectif, le manager à distance est celui qui risque juste de perdre le contact et « l’autorité » nécessaire à son bon travail de manager ! Et pourtant, la réalité est tout autre.
Ce qu’en dit (vraiment) la science : pas d’inquiétude, la gestion à distance marche, et même plutôt bien avec les bons ajustements. Selon l’ANACT, les managers peuvent rester efficaces en développant de nouvelles compétences, comme l’écoute active ou la communication à distance. Résultat ? Une supervision adaptée et des équipes qui fonctionnent. La chercheuse Clara Laborie a démontré que le management à distance peut même améliorer les performances individuelles et collectives, à condition d’instaurer un climat de confiance et de bien-être. Une analyse menée par Michael Page met également l’accent sur l’importance d’une communication transparente et claire, couplée à des règles de fonctionnement spécifiques. En favorisant l’autonomie des collaborateurs, on renforce leur engagement, même à distance.
Pourquoi c’est une bonne chose : le télétravail pousse les managers à sortir du schéma traditionnel du contrôle permanent. Au lieu de surveiller, ils apprennent à déléguer, à écouter et à valoriser l’autonomie de leurs équipes. Cette évolution est bénéfique pour tout le monde : les collaborateurs gagnent en responsabilité, et les managers se concentrent sur ce qui compte vraiment, comme le développement des talents ou l’atteinte des objectifs stratégiques.
Notre conseil pour en tirer parti dans votre boîte : formez vos managers aux compétences spécifiques du management à distance : maîtrise des outils numériques, organisation d’objectifs SMART, et surtout, renforcement de la confiance. Mettez en place des rituels simples (points hebdomadaires, moments d’échange informels…) pour maintenir la cohésion. Et rappelez-vous, un bon manager n’a pas besoin d’être physiquement présent pour avoir de l’impact.
Idée reçue n°3 : « Le télétravail détruit la culture d’entreprise »
Traduction : « Si on ne se voit plus, c’est sûr, on perd notre esprit d’équipe. » On a tous entendu ce refrain : le télétravail mettrait en péril l’âme même de l’entreprise. Mais est-ce vraiment le cas ?
Ce qu’en dit (vraiment) la science : une étude menée par Klaxoon en 2023 explique que la culture d’entreprise peut non seulement survivre, mais aussi s’épanouir à distance, à condition de miser sur des outils collaboratifs efficaces. L’intégration et la valorisation des employés à distance renforcent leur engagement. Selon une analyse de Psico Smart de la même année, le télétravail peut même être une opportunité d’évolution. 82 % des dirigeants interrogés envisagent de maintenir des formes de télétravail, y voyant un atout pour réinventer les relations professionnelles. Enfin, une étude menée par Cisco en 2022 montre que le télétravail, bien accompagné, peut avoir des effets positifs sur la productivité et le bien-être. Deux piliers essentiels d’une culture d’entreprise saine.
Pourquoi c’est une bonne chose : le télétravail oblige les entreprises à redéfinir leur culture, non plus autour de l’espace physique mais des valeurs et des objectifs partagés. Il pousse à une collaboration plus réfléchie, centrée sur le sens donné au travail, plutôt que sur des rituels d’équipe parfois vides de substance. Les travailleurs à distance, bien intégrés, se sentent plus impliqués car leur contribution est valorisée de manière intentionnelle.
Notre conseil pour en tirer parti dans votre boîte : investissez dans des outils qui facilitent la communication et la collaboration (plateformes de gestion de projet, visioconférence, chat d’équipe…). Renforcez les moments d’échange informels, même à distance : cafés virtuels, team buildings hybrides ou encore réunions ludiques. Enfin, faites vivre vos valeurs au quotidien, peu importe où se trouvent vos collaborateurs. Car la culture d’entreprise, ce n’est pas un bureau mais ce qui unit vos équipes autour d’un projet commun.
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Idée reçue n°4 : « Le télétravail isole socialement et provoque des troubles psychologiques »
Traduction : « Le télétravail, c’est un aller simple pour la solitude et la déprime. » C’est une inquiétude légitime, à prendre évidemment au sérieux, compte tenu d’expériences parfois très douloureuses du premier confinement. Mais cette généralisation est-elle vraiment fondée ?
Ce qu’en dit (vraiment) la science : les études nous montrent une réalité bien plus nuancée. Selon l’INSEE (2019), les télétravailleurs intensifs n’ont pas un état de santé mentale différent de celui des autres salariés, et leurs relations conviviales avec les collègues restent intactes. La distance physique ne signifie pas nécessairement une perte de lien social. Une recherche de l’Anses de 2023 souligne que l’impact du télétravail sur la santé mentale dépend des conditions dans lesquelles il est mis en place. Ce n’est donc pas le télétravail en lui-même qui pose problème, mais parfois son organisation. En 2023, Santé publique France va plus loin en expliquant que des éléments tels que l’aménagement de l’espace de travail et le soutien social permettent de prévenir les troubles psychologiques liés au télétravail.
Pourquoi c’est une bonne chose : le télétravail peut devenir un outil pour améliorer le bien-être mental, s’il est bien pensé. Il offre une flexibilité qui permet de mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle. De plus, les entreprises ont aujourd’hui les moyens de recréer des moments de socialisation à distance, grâce aux outils numériques et à des initiatives adaptées.
Notre conseil pour en tirer parti dans votre boîte : encouragez un équilibre sain en proposant des semaines de travail hybride, combinant télétravail et présentiel. Assurez-vous que les collaborateurs disposent de ressources pour aménager un espace de travail ergonomique. Enfin, maintenez le lien social : cafés virtuels, séances de co-working ou même des activités en ligne comme des quiz ou des formations collectives. L’idée ? Faire du télétravail une option qui booste le bien-être, pas un facteur d’isolement. Ainsi, laissez celles et ceux qui le souhaitent vraiment avoir accès aux bureaux tous les jours s’ils en ont besoin !
Idée reçue n°5 : « Les opportunités de carrière diminuent en télétravail »
Traduction : « Privilégier le télétravail, c’est dire bye bye aux promotions et augmentations ! » C’est une peur bien ancrée : sans la visibilité quotidienne qu’offre le bureau, les télétravailleurs seraient invisibles aux yeux de leurs managers. Mais est-ce réellement justifié ?
Ce qu’en dit (vraiment) la science : les données montrent que le télétravail n’est pas un frein à la progression de carrière, à condition que l’organisation s’adapte. Une étude de l’Université de Stanford de 2015 a révélé que les employés en télétravail augmentent leur performance de 13 %, et que leur taux de promotion est similaire à celui des employés en présentiel. La qualité du travail prime donc sur la présence physique. Un rapport de l’OIT de 2020 met aussi en lumière que le télétravail peut offrir des opportunités équivalentes, à condition que les entreprises adoptent des politiques inclusives et des outils de communication adaptés. Enfin, une enquête menée par Buffer en 2021 révèle que 45 % des télétravailleurs estiment que cela n’affecte pas leurs opportunités de carrière, et 23 % pensent même que cela les améliore, grâce à une meilleure visibilité de leurs résultats.
Pourquoi c’est une bonne chose : le télétravail redéfinit les critères de reconnaissance professionnelle. Les promotions ne se basent plus uniquement sur le fait d’être vu au bureau, mais sur les résultats, les compétences et l’autonomie. Cela permet d’éliminer certains biais liés à la présence physique et de valoriser le travail réel, peu importe où il est réalisé.
Notre conseil pour en tirer parti dans votre boîte : mettez en place des outils et des processus pour évaluer les performances de manière équitable, qu’il s’agisse d’employés sur site ou à distance. Par exemple, utilisez des indicateurs clairs pour mesurer les contributions individuelles. Organisez des bilans réguliers pour discuter des objectifs de carrière et des aspirations des collaborateurs, où qu’ils soient. Et surtout, assurez-vous que les télétravailleurs participent aux moments clés de l’entreprise, comme les réunions stratégiques ou les séminaires. L’engagement compte, peu importe d’où il vient !
Idée reçue n°6 : « Le télétravail coûte plus cher à l’entreprise »
Traduction : « Avec tout ce matériel à fournir, les logiciels à sécuriser… c’est sûr qu’on va exploser le budget ! » Le télétravail aurait la réputation de grever les finances des entreprises. Mais est-ce une réalité ou simplement une mauvaise addition ?
Ce qu’en dit (vraiment) la science : le télétravail est loin d’être une charge insurmontable pour les entreprises. Au contraire, il peut même leur faire économiser de l’argent. Une étude de Global Workplace Analytics de 2020 estime qu’une entreprise moyenne peut économiser jusqu’à 11 000 dollars par an par employé à distance à mi-temps. Ces gains proviennent de la réduction des coûts immobiliers, des dépenses en électricité ou chauffage, et des frais liés aux absences. Un rapport de la Banque de France de 2021 met également en avant que le télétravail favorise l’adoption de technologies innovantes, augmentant ainsi la productivité globale, ce qui compense largement les investissements initiaux. Une analyse de l’INSEE de 2023 montre, quant à elle, que le télétravail peut améliorer la productivité de 10 % à long terme, avec des gains financiers directs pour les entreprises.
Pourquoi c’est une bonne chose : le télétravail pousse les entreprises à rationaliser leurs coûts, notamment en réduisant les espaces de bureau inutilisés ou en optimisant leur consommation énergétique. De plus, les investissements dans des outils numériques ne sont pas une dépense perdue : ils renforcent la compétitivité et la flexibilité des entreprises, que ce soit en présentiel ou à distance.
Notre conseil pour en tirer parti dans votre boîte : commencez par évaluer vos besoins : combien d’espaces de bureau sont réellement utilisés ? Quels outils numériques sont essentiels ? Envisagez des modèles hybrides pour limiter les charges fixes et optimiser l’organisation. Et surtout, ne considérez pas les dépenses technologiques comme un coût, mais comme un investissement dans l’avenir de votre entreprise. Une dépense bien pensée aujourd’hui pourrait se traduire par des économies significatives demain.
Idée reçue n°7 : « Le télétravail ne fait pas “pro” devant les clients »
Traduction : « Si on leur dit qu’on est en télétravail, ils vont nous imaginer en pyjama, non ? » C’est la peur du discrédit : le télétravail rendrait les entreprises moins sérieuses aux yeux des clients. Mais la réalité est toute autre, surtout avec les habitudes prises ces dernières années.
Ce qu’en dit (vraiment) la science : les études prouvent que le télétravail, loin d’entamer le professionnalisme perçu, peut même renforcer la satisfaction client. Selon une étude d’Eloquant de 2021, les consommateurs apprécient la flexibilité et la réactivité offertes par le télétravail, notamment dans les services clients. Ils ne le voient pas comme un frein, mais comme une adaptation à leurs attentes. Une analyse de TalenCo de 2022 souligne notamment que le télétravail améliore souvent l’efficacité des collaborateurs, ce qui se traduit par une meilleure qualité de service. La généralisation des outils de visioconférence renforce également la collaboration, et donc la satisfaction client. Le rapport de l’IFOP de 2021 précise que l’évaluation du télétravail par les clients est largement positive, l’efficacité des services prenant le pas sur d’éventuels biais liés à la distance.
Pourquoi c’est une bonne chose : le télétravail permet aux entreprises d’être plus réactives et d’adapter leur offre aux besoins spécifiques des clients. Grâce à des équipes connectées et flexibles, les entreprises gagnent en agilité, un atout précieux dans un environnement concurrentiel. Ce modèle offre également aux collaborateurs un cadre de travail optimisé, qui peut se traduire par une meilleure relation client.
Notre conseil pour en tirer parti dans votre boîte : mettez en avant les outils que vous utilisez pour rester connectés : mails, plateformes de visioconférence, messageries instantanées… Assurez une communication fluide et rapide avec vos clients pour leur montrer que le télétravail ne limite pas votre disponibilité. Enfin, formez vos équipes pour qu’elles maîtrisent parfaitement les interactions à distance. Avec une bonne organisation, vos clients ne verront qu’une chose : votre efficacité, où que vous soyez !
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Article rédigé par Sarah Torné et édité par Clémence Lesacq, photo par Thomas Decamps.
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