Recruteurs : ces 5 red flags à ne pas louper à la lecture d'un CV
19 feb 2025
5 min
Dans la course contre la montre du recrutement, la lecture d’un curriculum vitae fait encore souvent office de passage obligé. Pour gagner en efficacité, savoir repérer rapidement les signaux d'alerte devient crucial. Mais comment bien s’y prendre ?
7,4 secondes. Voilà le temps qu’un recruteur passe en moyenne à la première lecture d’un CV, avant de décider s’il mérite ou non un examen approfondi. Un temps record qui implique, pour les équipes en charge du recrutement, la nécessité d’aiguiser leur œil, face au volume conséquent de candidatures pour les postes les plus attractifs. Car, si le CV se voit parfois remis en question, il conserve bien sa place de chouchou dans le cœur des recruteurs. À condition, néanmoins, de savoir lire entre les lignes. Mais quels sont ces points d’attention à prendre en considération pour minimiser toute marge d’erreur ? Comment interpréter ces red flags, sans tomber dans les travers des biais cognitifs et autres préjugés ? Et surtout, comment transformer ces points de vigilance en opportunités de dialogue constructif avec les candidats ?
Red flag n°1 : quand la chronologie joue à cache-cache
Ce que ça peut cacher
D’une légère exagération à un véritable mensonge, il n’est pas rare que certains candidats enjolivent leur CV pour augmenter leurs chances de faire bonne impression. Pas moins de 65 % des CV comporteraient ainsi des informations trompeuses. Et parmi elles, les dates d’emploi figurent souvent en bonne place. Pratique pour cacher un licenciement délicat, une période de chômage ou un échec professionnel.
Ce qui doit vous mettre la puce à l’oreille
- Des dates imprécises du type « 2020-présent » qui peuvent masquer une période d’inactivité
- Des périodes qui se chevauchent mystérieusement
- L’utilisation exclusive des années sans les mois
La bonne attitude à adopter
Les incohérences chronologiques ont de quoi soulever des interrogations sur le véritable parcours professionnel du candidat. Mais la plupart du temps, elles ne dissimulent, en réalité, rien de suspect. Aidance, formation, maladie longue durée, année sabbatique… Bon nombre de candidats préfèrent gommer ces « trous dans leurs CV », encore peu appréciés ou compris des employeurs. Ainsi, une étude Insee de 2023 constate que 41 % des actifs ont connu au moins une période de transition professionnelle. Pour bien faire, prenez soin de noter les zones de flou que vous constatez, afin de les aborder en entretien et de clarifier la situation, grâce à des questions factuelles sans a priori. L’objectif ? Rester ouvert aux carrières non-linéaires et permettre au candidat d’expliquer plus clairement son parcours.
Red flag n°2 : les compétences en mode « copier-coller »
Ce que ça peut cacher
Les compétences les plus demandées évoluent rapidement. À tel point que 44 % des aptitudes clés changeront dans les cinq prochaines années. De quoi se montrer prudent face aux CV qui semblent sortir tout droit d’un générateur de mots-clés, susceptibles de dissimuler un manque d’expertise réelle ou la volonté de vouloir répondre à tout prix aux critères de l’offre.
Ce qui doit vous mettre la puce à l’oreille
- Une liste interminable de compétences sans hiérarchisation, ni niveau de maîtrise précisé
- Des buzzwords en pagaille sans exemple concret d’utilisation
- Des compétences contradictoires ou trop éloignées du coeur de métier
La bonne attitude à adopter
Un CV « trop beau pour être vrai » a de quoi susciter la méfiance, surtout lorsque les compétences ressemblent à un copier-coller de l’offre d’emploi concernée. Pour autant, il ne faut pas voir le mal partout : le candidat en question peut avoir suivi une formation en autodidacte. En cas de doute, mieux vaut préparer des questions techniques ciblées et demander des exemples concrets de mise en pratique en vue d’un entretien. Sans oublier qu’un diplôme ou une certification ne sont pas, à eux seuls, l’assurance des compétences réelles du candidat, et cela de nombreux recruteurs l’ont bien compris. Désormais, 65 % d’entre eux privilégient la capacité d’apprentissage aux compétences techniques figées, considérant qu’elle est plus prédictive de la réussite à long terme, selon une étude de l’APEC de 2023.
Red flag n°3 : quand le diable se cache dans les détails de la description des expériences
Ce que ça peut cacher
Durant l’analyse des CV d’un candidat, les recruteurs passent 80 % de leur temps sur le nom, les postes actuels et précédents, les dates d’emploi et la formation. Il n’est pas rare que ces derniers soient alors confrontés à un périmètre de responsabilités copieusement exagéré, des réalisations collectives présentées comme individuelles ou encore des missions ponctuelles qui apparaissent comme permanentes.
Ce qui doit vous mettre la puce à l’oreille
- Des descriptions vagues / trop génériques ou des titres de postes ambigus ou grandiloquents
- L’absence de données chiffrées ou de résultats concrets
- Une incohérence entre les responsabilités et le niveau d’expérience
La bonne attitude à adopter
Si la prise de références reste un moyen sûr de venir confirmer les dires d’un candidat, elle demeure une pratique marginale : 19 % des recruteurs l’exerce systématiquement, 43 % parfois et 9 % jamais, d’après une étude menée par RegionsJob en 2017. Et 84 % d’entre eux apprécient tout particulièrement que les candidats puissent quantifier leurs réalisations. Quelle que soit votre position, n’hésitez pas à leur demander des exemples précis de leurs réalisations, ou encore de développer le contexte de leurs missions (taille d’équipe, budget, objectifs…). Vous pouvez également creuser avec eux leur compréhension des enjeux métier du poste, afin de vous assurer que vous êtes sur la même longueur d’ondes.
Red flag n°4 : l’évolution professionnelle en montagnes russes
Ce que ça peut cacher
Jusqu’à présent, un salarié français occupe, en moyenne, 4,5 emplois différents dans sa vie. Mais certains parcours atypiques, marqués par des changements fréquents d’emploi (d’autant plus lorsqu’ils ne sont occupés que sur une courte période), peuvent témoigner d’une difficulté à se stabiliser ou à s’adapter, d’ un manque de projet professionnel clair, d’une recherche d’opportunisme salarial, ou encore de conflits récurrents avec la hiérarchie.
Ce qui doit vous mettre la puce à l’oreille
- Des changements sectoriels fréquents sans logique apparente
- Des régressions hiérarchiques non expliquées
- Une durée d’emploi systématiquement inférieure à la moyenne du secteur
La bonne attitude à adopter
Si les parcours non linéaires peuvent faire peur, ils ont vocation à devenir la norme. France Travail estime ainsi que, ces prochaines années, les jeunes actifs changeront en moyenne 13 à 15 fois de job au cours de leur carrière. Si la mobilité professionnelle progresse fortement, elle doit cependant rester cohérente. À vous d’explorer avec le candidat, les motivations de chaque changement, afin de mieux comprendre sa vision de carrière à moyen terme. L’important étant d’évaluer sa capacité d’adaptation et d’apprentissage, mais aussi d’identifier les compétences transférables de ces expériences antérieures. Un tel échange vous permettra également de bien mesurer l’adéquation entre ce talent et votre culture d’entreprise.
Red flag n°5 : le soin apporté à la construction du CV
Ce que ça peut cacher
Pour bon nombre de recruteurs, la première impression visuelle du CV influence considérablement son analyse. 73 % d’entre eux estiment ainsi sa présentation comme un indicateur du professionnalisme et de la capacité du candidat à se projeter dans l’entreprise, selon une étude de l’APEC de 2023. Aussi, une mise en forme problématique peut révéler un manque de rigueur, une faible capacité de synthèse et d’organisation, une méconnaissance des codes professionnels du secteur, ou encore une candidature envoyée au débotté.
Ce qui doit vous mettre la puce à l’oreille
- Des fautes d’orthographe récurrentes et/ou une mise en page désordonnée
- Des informations manquantes ou mal hiérarchisées
- Une photo inappropriée ou de mauvaise qualité
La bonne attitude à adopter
Dans un contexte où 57,4 % des recrutements sont jugés difficiles, il convient d’évaluer l’importance de ce signal par rapport à la fois au poste visé, au niveau de responsabilité ou encore aux exigences du secteur. Mieux vaut se concentrer sur le fond plus que sur la forme si cette dernière reste acceptable, et proposer des feedbacks constructifs si nécessaire. Quoiqu’il en soit, si certains points peuvent être rédhibitoires -à l’image des fautes d’orthographe récurrentes pour 82 % des recruteurs-, il reste primordial de ne pas surpondérer les aspects cosmétiques, notamment pour les profils pénuriques.
En tant que recruteur, vouloir réduire les risques d’un mauvais casting sont plus que légitimes. Néanmoins, il demeure important que les red flags soient envisagés intelligemment dans une approche réellement constructive, où ils apparaissent comme des outils d’aide à la décision et non comme des critères d’élimination automatique. Si soulever certains points par le biais de questions pour l’entretien s’impose, vous avez tout intérêt à chercher des explications avant de tirer des conclusions trop hâtives. En vous concentrant sur le potentiel plus que sur les « imperfections », vous offrez à votre entreprise la possibilité de trouver les talents qui lui correspondent.
Article rédigé par Mélissa Darré et édité par Matthieu Amaré, photo par Thomas Decamps.
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