Cris, pleurs et insultes : la fois où ils ont pété un câble au bureau
Oct 25, 2023
6 mins
Au travail, c'est bien connu : on doit rester professionnel en toute circtonstance, tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler, et surtout maîtriser ses émotions... Ou pas ? Quoi de plus spectaculaire qu'un bon gros craquage en public devant tous ses collègues ?
Règlement de compte en public
Un manager m’a poussé à bout quand il a su que je partais. J’ai fini par lui dire qu’il était la seule et unique raison de mon départ et de celui de cinq autres personnes. Le tout, devant un open-space plein à craquer. J’estime que j’ai été soft : j’aurais pu lui coller un bon poing dans la figure.
Bastien, 27 ans, Développeur back-end
Au placard !
Le jour où j’ai pété les plombs ? C’était dans un placard, au boulot. Assaillie de requêtes de tous les côtés, les larmes se sont mises à couler. Ma responsable, au lieu de me calmer, m’a lancé un « cache-toi et pleure », en me montrant le placard. Je m’y suis engouffrée.
Julie, 33 ans, Assistante de production
Le mauvais bouc-émissaire
Alors qu’on m’avait proposé un CDI, j’ai intercepté un mail qui le refusait en mon nom. Selon moi, cela ne pouvait être qu’une de mes collègues, qui convoitait le même poste. J’ai immédiatement pris mon téléphone pour l’incendier, jusqu’à la faire pleurer : ce n’était pas elle. Fail.
Laura, 28 ans, Chargée de communication
Le feu sur le dancefloor
Lors d’une soirée bien arrosée, j’ai sauté au cou d’un de nos partenaires, avec qui je me marrais bien depuis le début. Le truc, c’est que les gins to ont eu raison de ma discrétion : au lieu de nous mettre à l’écart, on est restés au milieu de la piste de danse. Le lendemain, mon boss m’a dit qu’il appréciait que je m’entende avec nos clients, mais qu’il y avait des limites. Oups.
Agnès, 28 ans, Conceptrice-rédactrice
Crise aux urgences
Les urgences, sur les coups de 2h00 du matin, 20 patients en attente. En face d’eux, moi, seule. Et là, entre les plaies à suturer, les fractures à plâtrer et les familles à rassurer, une femme, ici pour une simple entorse, se met à me crier dessus : elle en a marre d’attendre. Ma patience aussi est à bout et j’explose en pleine salle d’attente : moi aussi, je suis fatiguée ! Entre les cris et les larmes, j’ai livré une prestation qui aura bien distrait l’assemblée. Bienvenue aux urgences.
Camille, 26 ans, Interne aux urgences
Un refus cinglant
Alors que j’avais refusé de refaire une tâche qui m’avait pris 3h, mon patron m’a convoquée pour que je m’explique. J’ai donc osé lui dire que selon moi, tout recommencer était une perte de temps. Sa réponse ? “Je ne vous paye pas pour réfléchir.” C’en était trop : j’ai riposté que j’allais réfléchir ailleurs, avant de prendre mes affaires et de partir, sans me retourner.
Margaux, 38 ans, Responsable de boutique
En venir aux mains
J’ai passé un marché avec un agent. Je lui vendais un produit, qu’il revendait uniquement à certains clients : je gérais déjà les autres en direct. Un mois plus tard, un de mes clients fidèles m’apprend que cette même personne lui a proposé mon produit, moins cher. Je lui ai donné rendez-vous au restaurant avec son patron, pour qui c’était un simple malentendu. Alors que mon coupable partait fumer une cigarette, l’air de rien, mon sang n’a fait qu’un tour et je l’ai suivi. Comme dans un film, j’ai saisi sa veste à deux mains et lui ai fait une bonne morale. Je me suis moi-même surpris !
Edward, 54 ans, Global key account manager
Il faut que tu respires
Ma cheffe de stage me réprimandait à la moindre erreur. De son côté, la belle vie : elle s’échappait souvent pour “respirer”, me laissant tout gérer seule. Au bout de deux mois sur six, alors qu’elle me criait encore dessus, je lui ai répondu que moi aussi j’avais besoin d’air, que je partais, et pour de bon.
Capucine, 36 ans, Responsable communication
Partir en live
Animer une matinale, ça veut dire entendre tous les matins les mêmes publicités. Et franchement, parfois, on sature. Comme la fois où, vers 6h15, ma co-animatrice m’a fait pleurer de rire en imitant une voix pendant une pause. En reprenant le micro, impossible de retrouver mon calme ! Au bout de deux minutes de rires ininterrompus en direct, assez gênants, on a dû s’expliquer aux auditeurs pour que ça s’arrête.
Olivier, 21 ans, Animateur radio
Jamais mieux servi que par soi-même
J’avais fait livrer des lampes de designer à un commerçant. Au bout d’un mois, le designer en question se plaignait toujours de ne pas avoir été payé pour la commande. En tant qu’intermédiaire, je suis moi-même allée récupérer les lampes, une par une, à bord d’une camionnette, devant les yeux interloqués du commerçant.
Sophie, 53 ans, Agent commercial
Comme un cheveu sur la soupe
Alors que je débutais en restauration j’ai mal expliqué un plat à un client. Le patron, qui ne me lâchait pas, m’est tombé dessus devant lui : « Tu ne dis que de la merde, t’es pas foutu de retenir le menu ! » La salle entière était choquée. De nature plutôt calme, j’ai rétorqué qu’il n’avait qu’à leur répondre lui-même et suis partie en courant, sans jamais revenir.
Arthur, 34 ans, Serveur
Contrôle Z
Un de mes premiers clients m’avait commandé un site internet. Des semaines après sa finalisation, toujours rien sur mon compte en banque, mais de nombreuses demandes de modifications à faire sur le site. Un jour, après un échange houleux, j’ai tout supprimé. L’intégralité de mon travail disparaissait sur un coup de tête, mais je retrouvais ma dignité.
Lauren, 22 ans, Graphic designer
Rentrer se calmer
Un vendredi, à bout de nerfs, j’ai fondu en larmes dès 8h : tout me semblait une montagne impossible à gravir. Mes responsables m’ont dit de rentrer chez moi et d’éteindre mes téléphones pour la journée, que j’ai passée à flâner. Quand je suis retournée travailler le lundi, mon n+2 m’a demandé si j’allais bien : j’ai répondu oui et nous n’avons plus jamais évoqué l’incident.
Pauline, 25 ans, Community Manager
Impro totale
Depuis des mois, l’anxiété montait en moi. Un jour, n’en pouvant plus, j’ai envoyé un mail à mon responsable, pour lui annoncer ma démission. Il m’a répondu que ça n’était pas professionnel. Gonflé à bloc le lendemain, je l’ai regardé droit dans les yeux et lui ai répété mon envie de départ, tout en lui balançant ses quatre vérités à la figure. Ça, ça n’était pas prévu et pas plus professionnel, mais quel pied !
Alexandre, 28 ans, Auditeur financier
Criera bien qui criera le dernier
Mon ex-responsable ne savait pas parler : elle criait. Un jour d’été, alors qu’on partait en vacances, elle m’a dit de laisser les clés du bureau sous le paillasson en partant, ce que je trouvais inconscient. Mon objection ne lui a pas plu et elle s’est (encore) mise à hurler, toutes fenêtres ouvertes. Quand nous sommes rentrées, nous avons retrouvé la porte ouverte et le bureau dévalisé. Un passant avait sûrement entendu que nous partions. Face à sa bêtise, c’est moi qui ai crié mon départ.
Charlotte, 25 ans, Commerciale BtoB
Des fleurs ont volé
Associée à un ami depuis quelques mois, je n’arrivais pas à lui dire que j’en avais marre qu’il me prenne pour son assistante et me fasse faire toutes les missions ingrates. Un jour, j’ai décidé de lui en parler, correctement, sauf que ça n’est pas du tout sorti comme prévu. Au lieu de lui exprimer calmement les choses en rentrant du marché, j’ai explosé. Des cris ont fusé, des vases se sont cassés, des fleurs ont volé… mais pour le mieux : depuis, je communique au fur et à mesure ! Et surtout j’ai décidé de me mettre seule à mon compte.
Pauline, 30 ans, Fleuriste
Punie de CDI
Stagiaire en graphisme, j’étais celle à qui on demandait de faire des mises à jours sans arrêt. Au bout de la 42e version d’un livret, j’ai pété une durite en plein open-space : « Vous commencez à me faire chier avec votre livret de merde ! » Ma boss, bouche-bée, ne m’a rien dit sur le moment. Mais lorsqu’il a fallu parler de l’éventualité d’un CDI, c’était foutu !
Lucie, 34 ans, Directrice artistique
J’ai cassé la machine
Ce jour-là, j’aurais pu frapper n’importe qui. Heureusement, c’est tombé sur le distributeur de boissons. Après une nuit blanche et deux heures de trajet, grèves obligent, j’avais vraiment, vraiment besoin de ce café. Je savais bien, au fond, que rouer la machine de coups ne la débloquerait pas. Et pourtant, c’était plus fort que moi : je l’ai fait. Résultat : un distributeur à rembourser, et pas de café.
Alexis, 44 ans, Responsable d’antenne
Je hurle, donc je suis
Je dirais plutôt « le jour où j’ai tenté de rester calme ». M’énerver, crier, c’est ma manière de communiquer. La fois où un collègue a fui lors d’une réunion encore trop orageuse, j’ai réalisé qu’il était temps de revoir mon caractère… Malheureusement, ça n’a pas duré.
Clémentine, 36 ans, Styliste
Sous la menace
Un soir, exténuée, j’ai menacé de démissionner dans l’heure qui suivait. Je n’étais pas loin d’hurler, mais il était déjà 21h : nous n’étions plus nombreux pour admirer mon spectacle. Indulgent, mon n+1 m’a proposé des solutions à chaque problème soulevé. La semaine suivante a sans doute été l’une des plus efficaces de ma carrière !
Marion, 31 ans, Attachée de presse au cabinet d’une collectivité locale
Cet article a été initialement publié dans le magazine n°5 de Welcome to the Jungle, paru en mars 2020.
Article édité par Clémence Lesacq, photographie par Thomas Decamps
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