Avoir fait « le tour » de son poste : ces 4 signes qui ne trompent pas !

18 juin 2024

6min

Avoir fait « le tour » de son poste : ces 4 signes qui ne trompent pas !
auteur.e
Sarah Torné

Rédactrice & Copywriter B2B

contributeur.e.s

Le réveil sonne et la journée qui vous attend ne suscite plus l’enthousiasme
d’autrefois. Empreint d’une certaine lassitude, vous êtes un peu comme Bill Murray dans « Un jour sans fin », revivant le même quotidien encore et encore. Un sentiment que vous êtes loin d’être le/la seul·e à éprouver : selon une étude Robert Half d’avril 2024, 28 % des professionnels sont en recherche d’emploi parce qu’ils pensent avoir « fait le tour » de leur poste actuel. Mais comment savoir si vous êtes dans une phase temporaire de désintérêt ou si vous avez réellement épuisé toutes les possibilités de votre job ? Nos experts Anaïs Vega, coach de carrière experte en transition socio-écologique et Albert Moukheiber, docteur en neurosciences et psychologue du travail, vous dévoilent leurs idées sur la question.

Signe n°1 : quand la routine vous donne l’impression de stagner

Il arrive un moment dans votre vie professionnelle où tout semble rouler sans accroc : vos tâches sont maîtrisées, les deadlines toujours respectées et chaque projet clôturé avec une précision chirurgicale. Bref, vous avancez en pilote automatique. Agréable, n’est-ce pas ? Peut-être pas tant que ça à en croire Julien, développeur, pour qui la flamme du début a finalement laissé la place à un ronronnement routinier. « Quand on démarre dans la vie, on a l’impression d’avoir un monde entier à conquérir, un nouveau langage à apprendre, explique-t-il. Au début, j’étais ravi de sentir que je maîtrisais, que je pouvais anticiper et régler chaque problème, chaque bug. Mais après un moment, j’ai commencé à me sentir un peu vide. »

Le conseil de l’expert : selon Albert Moukheiber, « beaucoup d’employés confondent maîtrise et stagnation. Ils pensent avoir atteint le plafond de leur poste simplement parce qu’ils exécutent leurs tâches efficacement. Ce sentiment peut être trompeur. Maîtriser son poste n’implique pas forcément que vous ne pouvez plus y croître ». Pour l’expert, il est vital de distinguer le manque de défis du confort de la maîtrise : « Se demander si c’est vraiment problématique d’avoir tout exploré dans son poste est important. Prenez l’exemple d’un chirurgien qui maîtrise parfaitement ses interventions : il n’a pas besoin de devenir cardiologue pour se sentir accompli. Parfois, atteindre une complète maîtrise est en réalité une opportunité pour partager son savoir, plutôt que de le voir comme un signe de stagnation. Il y a une différence significative entre ne plus rien avoir à apprendre et être si à l’aise dans son rôle que tout semble facile. » Là où le premier est un signal d’alarme, le second pourrait simplement signifier que vous êtes prêt pour d’autres responsabilités ou pour transmettre vos connaissances, sans pour autant quitter votre poste actuel. « C’est une occasion d’évaluer comment vous pouvez vous pousser davantage, peut-être en prenant en charge des projets plus complexes ou en mentorant des collègues moins expérimentés », propose notamment le psychologue du travail.

Signe n°2 : lorsque votre motivation est en chute libre

Si vous est difficile de vous lever pour aller travailler, que vos dimanches soirs sont devenus source d’angoisse, ou encore si chaque tâche vous semble une montagne insurmontable, il est important de prêter attention à ces signaux d’alerte. Camille, responsable marketing, a vu certains de ces voyants s’allumer. « Chaque matin était devenu un combat. L’idée même de démarrer mon ordinateur me rendait anxieuse. Je savais que quelque chose n’allait pas, mais je ne pouvais pas mettre le doigt dessus. Après plusieurs mois à me sentir coincée et sans énergie, j’ai senti que mon manque de motivation venait en partie de ne pas avoir suffisamment de défis au travail. Mais c’était aussi lié à des tensions persistantes à la maison qui drainaient mon énergie. C’était un cercle vicieux où le stress personnel alimentait mon stress professionnel et inversement », se remémore-t-elle.

Le conseil de l’experte : si la démotivation au travail est un problème fréquemment rencontré, elle demeure néanmoins souvent incomprise. « Elle peut être un symptôme de problèmes plus profonds, non seulement professionnels, mais aussi personnels. Tout est interconnecté. Un conflit non résolu à la maison, par exemple, peut influer sur votre performance au bureau, et vice-versa », explique Anaïs Vega. Pour se poser les bonnes questions (et trouver les réponses adéquates), la coach de carrière propose d’adopter une approche globale. « Si vous vous sentez démotivé, c’est un signal important qui indique qu’il y a quelque chose à considérer. Il est essentiel d’investiguer un peu ce qui se passe en vous. Vous pouvez également engager un processus de feedback à 360 degrés avec vos collègues, managers, proches et même clients. Discuter avec d’autres, écouter leurs expériences de vie peut s’avérer très efficace pour obtenir un nouveau regard sur notre propre situation », décrit plus amplement l’experte. Ainsi, rendre le temps de réfléchir à ce qui vous motive ou vous démotive réellement peut vous aider à identifier des solutions spécifiques, que ce soit demander de nouvelles responsabilités, résoudre des conflits personnels ou même chercher un soutien psychologique si nécessaire.

Signe n°3 : quand la frustration devient votre nouvelle compagne de bureau

Le sentiment d’être bloqué, comme si chaque tâche ressemblait à une montagne infranchissable, non pas par sa difficulté, mais par son inutilité apparente, est un signe que vous n’évoluez plus dans votre rôle actuel. Une situation que Karim a bien connu il y a quelques années. « Après deux ans passés au même poste, à appeler des gens toute la journée avec le même pitch, chaque jour a fini par ressembler au précédent. Je ne trouvais plus aucun sens à mes projets. En plus, on me faisait miroiter une promotion qui ne venait jamais, j’ai commencé à me sentir vraiment frustré. J’étais souvent de mauvaise humeur et j’avais tendance à mal répondre à mes supérieurs… », confie l’ex-sales development representative.

Le conseil de l’expert : pour Albert Moukheiber, le manque d’apprentissage et de développement professionnel sont souvent à l’origine du sentiment de frustration au travail. « Lorsqu’un employé ne voit plus de progression, ni d’opportunités de se développer, il peut rapidement ressentir une frustration qui vient miner son engagement et sa satisfaction au travail », précise-t-il. Un sentiment qui, bien souvent, ne tient pas lieu du simple malaise passager, mais peut avoir des implications profondes sur l’état psychologique de la personne concernée. Dans un tel cas, le psychologue du travail conseille de « discuter de ses ressentis avec ses supérieurs ». Ouvrir le dialogue avec son manager ou ses RH reste le moyen le plus efficace d’expliquer clairement son besoin de défis et de croissance. « Avant de décider de changer de poste, il est crucial d’explorer toutes les possibilités de développement au sein de votre rôle actuel ou de votre entreprise. Parfois, le changement dont vous avez besoin peut être réalisé en prenant de nouvelles responsabilités ou en modifiant légèrement vos tâches actuelles », renchérit Albert Moukheiber. Une stratégie qui a payée pour Karim : « Quand mon manager s’est rendu compte que j’étais à deux doigts de partir, j’ai finalement obtenu ma promotion à un poste avec plus de responsabilités. Ça a ravivé mon enthousiasme. »

Signe n°4 : lorsque l’envie d’ailleurs se fait de plus en plus forte

Quand le sentiment d’avoir « fait le tour » de son poste commence à s’imposer, il n’est pas rare que nos pensées se tournent vers de nouveaux horizons professionnels. Mais est-ce forcément LA solution de changer de poste ? Julien, recruteur de 34 ans, se décrivait comme « le roi du “deux ans et puis s’en va” ». « J’avais l’habitude de quitter mes jobs tous les deux ans parce que je finissais toujours par me sentir inutile et plus du tout stimulé par les enjeux. Jusqu’à ce que je rejoigne une entreprise qui valorise vraiment la montée en compétences et encourage activement les transitions internes vers des postes différents. Au lieu de changer d’air, j’ai changé de poste… sans changer de badge. Cela a complètement changé ma perspective sur la croissance professionnelle », décrit-il.

Le conseil de l’experte : Anaïs Vega observe que l’envie d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs est souvent le signe que l’employé cherche à combler un vide ou à satisfaire un besoin qui n’est pas encore réalisé dans son rôle actuel. « Cette sensation est très subjective et dépend largement de notre perception personnelle, influencée par nos croyances et notre expérience de vie. Avant de conclure que l’on a fait le tour, il est important de s’interroger sur ce que cela signifie pour nous et ce que cela révèle de nos besoins », défend la coach de carrière. Elle suggère que ce sentiment peut être une opportunité pour repenser ses aspirations et motivations professionnelles, plutôt qu’un signal pour quitter son emploi. Quoi qu’il en soit, le besoin de changer n’implique pas nécessairement qu’il faille changer de poste. Ce peut être le moment idéal pour discuter avec votre manager des manières d’ajouter de la complexité et de l’engagement à votre rôle actuel. Envisager des tâches qui vous mettent au défi de manière nouvelle et excitante peut renouveler votre engagement et révéler des aspects de votre poste que vous n’aviez pas explorés auparavant.

En somme, avant de faire le grand saut vers un nouveau poste, il est sage de considérer des ajustements internes qui pourraient revitaliser votre intérêt pour votre job. Une conversation honnête sur vos aspirations de carrière et vos besoins non satisfaits peut souvent ouvrir des portes inattendues au sein même de votre organisation actuelle.

Article rédigé par Sarah Torné et édité par Mélissa Darré, photo par Thomas Decamps.