L’AssurTech, la tech au service d’une assurance plus transparente

26 avr. 2018

5min

L’AssurTech, la tech au service d’une assurance plus transparente
auteur.e
Nora Leon

Communications & content manager

Longtemps considéré comme opaque et hermétique, le secteur canonique de l’assurance est en train, grâce aux innovations technologiques de ces dernières années, de radicalement changer de visage… Et de dynamique. Car pas de doute, l’AssurTech (InsurTech en anglais) a le vent en poupe.

En 2017, les financements ont atteint 2,29 milliards de dollars au niveau mondial, et quelques pépites françaises ont mené des levées importantes. Shift Technology a levé 23,8 millions, +Simple.fr a levé 11 millions, et Alan vient en ce début avril d’annoncer une série A de 23 millions, la plus importante du secteur à date. Et qui dit levées de fonds et innovation, dit postes passionnants à pourvoir.

Nous avons donc voulu en savoir plus sur ce secteur en plein boom. Jehan de Castet, Président et fondateur de Fluo, et Jean-Charles Samuelian, Président et co-fondateur d’Alan, nous ont aidé à y voir plus clair. Suivez le guide !

De quoi parle-t-on exactement ?

On pourrait définir l’AssurTech comme « l’utilisation des nouvelles technologies pour permettre à l’assurance de gagner en simplicité, clarté et efficacité. » explique Jehan. Jean-Charles renchérit en arguant que ces technologies transforment une industrie très réglementée, avec deux tendances de fond :

  • « Des entreprises AssurTech qui servent les utilisateurs finaux. Elles refondent les industries en reprenant la chaîne de valeurs, à la fois côté B2B et B2C.
  • D’autres qui sont du côté des fournisseurs, qui créent des outils et services qui aident les grandes assurances à devenir plus efficaces : on pourrait citer Shift Technology, qui œuvre dans la détection de fraudes. »

En pratique, cela donne quoi ?

Quels sont les secteurs clés de l’AssurTech, ses problématiques principales, et ses avancées technologiques majeures ? En un mot, si l’on devait dresser le portrait chinois de secteur…

Les terrains de jeux de l’AssurTech seraient…

  • L’assurance vie, retraite
  • L’auto et la mobilité
  • L’habitation
  • Le travail
  • La santé
  • La cybersécurité
  • Les sinistres
  • La gestion des fraudes

Ses problématiques principales seraient…

La numérisation, l’innovation : premier enjeu de l’AssurTech, car c’est ce qui porte ses innovations les plus radicales, et nous y consacrons d’ailleurs une partie juste après.

La transparence, la confiance : « c’est un vrai enjeu de recréer de la confiance auprès de ses assurés, en étant les plus transparents possibles », assure Jean-Charles.

L’expérience utilisateur. Toujours selon Jean-Charles, « Ce sont des métiers très complexes, que nous voulons rendre simples et transparents. Nous souhaitons que nos utilisateurs sachent pourquoi ils paient et comment ils sont remboursés, à quelle échéance, et faire en sorte que toutes les interactions soient 100% en ligne, pour leur faire gagner du temps et leur ôter des périodes inutiles de stress. »

« Dans l’AssurTech, on trouve des métiers très complexes que nous voulons rendre simples et transparents. C’est un vrai enjeu de recréer de la confiance auprès des assurés. » Jean-Charles Samuelian, co-fondateur d’Alan

La mise en place d’un service client irréprochable : chez Fluo, cela se traduit par le fait d’apporter des réponses rapides, claires et précises sur toutes les questions que peuvent se poser les clients : « Suis-je couvert avec mes enfants dans mon assurance habitation, comment économiser sur mon assurance auto, que faire en cas de sinistre ? etc. » C’est aussi, assure Jehan, « Mettre à disposition des conseils personnalisés pour faire de meilleurs choix, obtenir de meilleures garanties à des prix plus compétitifs. »

Et Jehan de conclure : « Je suis convaincu que l’assurance de demain sera un service beaucoup plus clair, qui apportera une meilleure expérience aux clients, et du confort dans la gestion de l’imprévu. »

Les principales technologies utilisées et les évolutions attendues

Jehan insiste, ces technologies couvrent tous les aspects de l’assurance : la gestion des sinistres, des fraudes, des coûts, l’amélioration de l’expérience utilisateur.

Elles peuvent être catégorisées en quatre grands ensembles :

  • Les technologies 2.0 et mobiles. Aujourd’hui, être un meilleur assureur, cela signifie proposer des interfaces plus lisibles, plus “user-friendly”. C’est ce qu’explique Jehan quand il déclare : « Nous nous concentrons sur du mobile. C’est une opportunité pour ré-engager les assurés, leur offrir un service plus lisible et accessible. »
  • Le Machine Learning et l’Intelligence Artificielle, qui permet, toujours selon Jehan, « d’automatiser au maximum les tâches qui peuvent l’être, pour que l’humain se concentre sur celles à haute valeur ajoutée. »
  • Le Big Data, pour regrouper la data à grande échelle, notamment pour détecter les fraudes.
  • La BlockChain, qui permettra, selon le CEO d’Alan, à court terme « d’assurer un service à l’échelle du marché : par exemple, pour assurer un passage fluide d’un contrat à un autre, à l’aide de data transparente, instantanée et automatisée. De nombreuses initiatives existent déjà, et les applications sont multiples et appelées à se diversifier encore. »

Quant au futur de l’IA, Jean-Charles imagine que les transformations vont se porter non plus sur des objets fixes mais sur les usages des assurés : « On ne va plus assurer une voiture, on va assurer le transport, car que se passe-t-il quand une voiture est louée ? On ne va plus non plus assurer l’habitation, car avec le couchsurfing, les Airbnb, et autres locations qui impliquent des étrangers, il va falloir repenser le rapport au risque. De même, avec la multiplication des indépendants, nous devrons réinventer l’assurance au travail. Enfin, il faudra aussi s’adapter aux grandes ruptures technologiques qui vont profondément modifier le paysage de l’assurance, l’exemple le plus proche de nous et le plus parlant étant probablement celui de la voiture automatique. »

« Avec le Couchsurfing, les Airbnb, et autres locations qui impliquent des étrangers, il va falloir repenser le rapport au risque. » Jean-Charles Samuelian, co-fondateur d’Alan

Les métiers emblématiques pour y travailler

Dans le top 3 : Développeur, Data Scientist et Expert en conseil en assurance.

  • Les métiers autour de l’assurance. Chez Alan, « On recrute des gens en opérations des assurances, en actuariat, on débauche des professionnels en risques & compliance chez des assureurs. »
  • Les métiers autour de l’innovation : Ingénieurs, spécialistes en machine learning et en data
  • Les métiers produit : Product Manager, Designers, Développeurs
  • Les métiers du marketing (notamment le Growth Hacking) et des Sales.

Côté expérience, chez Alan, on embauche des gens assez seniors : « On recherche plutôt des profils pointus et seniors, en moyenne on est plus âgés que dans d’autres start-up. » déclare Jean-Charles. Mais Jehan tempère : « Des gens formés à un métier tech ou à l’assurance, il y en a de très expérimentés et pertinents dès 25 ans. En assurance, ils sortent souvent de bonnes écoles : l’IFPASS, l’ENASS, l’AFAA, ou des universités de type Paris Dauphine, qui ont des cursus très valables, qui préparent vraiment les gens à leurs métiers. »

« Des gens formés à un métier tech ou à l’assurance, il y en a de très expérimentés et pertinents dès 25 ans. » Jehan de Castet, Président et fondateur de Fluo

Côté mindset, c’est net et ça fuse quand on demande son avis au CEO de Fluo, ils recherchent « des gens très entreprenants, avec l’esprit d’équipe, à l’aise dans les métiers numériques et tech, avec un sens de l’initiative et de l’enthousiasme pour mettre en application leurs bonnes idées. » D’ailleurs, Jehan résume cela en quelques mots: « Il faut avoir faim. »

Eh, mais attendez… C’est vous ça, non ? Voici quelques entreprises qui vont vous plaire.

Quelques entreprises AssurTech françaises à suivre en 2018

Alan, la première boîte à avoir un agrément d’assurance santé indépendante en France, depuis 1986. C’est l’assurance qui rend la santé simple, et apporte la technologie et son expertise au service de ses utilisateurs.

Allianz propose à présent un parcours de souscription de son assurance emprunteur 100% en ligne, avec un système d’acceptation médicale en temps réel porté par un questionnaire.

AssurUp est un courtier d’assurance dédié aux start-up.

DeuxièmeAvis permet d’obtenir un avis d’un spécialiste de la santé.

Fluo veut redonner ses lettres de noblesses à l’assurance (leur dicton : “Make insurance great again”) ils le font en rendant l’assurance plus user-friendly, simple et claire. Fini les doublons d’assurances (voyage, location de voiture, ski, dans les cartes CB), Fluo compare les garanties et les prix.

LeJeuneConducteur est un comparateur d’assurances auto dédié aux jeunes conducteurs.

Otherwise, WeCover ouInspeer proposent des offres santé et automobile calibrées par rapport aux usages des individus.

+Simple.fr, lauréate des Assurtechs Awards Aurexia 2017, est un courtier en assurance pour les professionnels.

Shift Technology crée des outils pour aider les assureurs à détecter la fraude.

Spixii est un chatbot spécialisé dans l’assurance et disponible en cinq langues.

Yomoni est un courtier en assurance vie et en gestion financière sous mandat, pour mieux investir, tout comme WeSave,Nalo, Grisbee, Fundshop, Advize.

WeMind est l’assureur spécialisé pour les freelances (santé, logement, comité d’entreprise).

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Photo by Carlos Muza

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