Le métier de Product Strategist, un révélateur de créativité

22 nov. 2017

5min

Le métier de Product Strategist, un révélateur de créativité
auteur.e
Cécile Nadaï

Fondatrice de Dea Dia

Qu’est-ce qu’un Product Strategist ? Quel est son rôle et que fait-il au quotidien ? Pour le savoir, nous avons rencontré Simon Joliveau, Product Strategist chez Thiga, un cabinet de conseil spécialisé en Product Management.

La première vie de Simon avant Thiga

Diplômé de l’ESSEC, avec une spécialisation médias et culture, Simon s’est formé chez Orange et Ubisoft avant de rejoindre le cabinet de conseil Greenwich, spécialisé en média et télécom, où il a passé trois ans. Un métier passionnant et très varié, mais parfois trop éloigné de l’aspect opérationnel des entreprises et des problématiques numériques.

En rejoignant Thiga, Simon a conservé la dimension variée et sans cesse renouvelée de son métier de consultant tout en y ajoutant une dimension beaucoup plus concrète et orientée produit: « En tant que Product Strategist, on aide les entreprises à créer leurs produits. On ne se contente pas de leur dire ce qu’il faut faire, on a aussi chez Thiga les compétences nécessaires pour les aider à prototyper puis développer ce qu’on préconise. On a l’impression de vraiment faire une différence. »

Product Strategist : faire émerger les idées

Le Product Strategist a un objectif : aider ses clients à concevoir le bon produit. Pour cela, il travaille main dans la main avec les équipes en interne. « Il y a souvent beaucoup d’idées dans les entreprises mais elles ont du mal à émerger. Notre rôle consiste à accompagner le client dans la définition de son produit. On aide les équipes à accoucher de leurs idées, à révéler leur créativité pour permettre la conceptualisation d’un produit qui prendra en compte tous les besoins et toutes les contraintes du client. »

Ce rôle implique de nombreuses compétences car un Product Strategist doit pouvoir :

  • comprendre les besoins utilisateurs, les qualifier et les prioriser,
  • animer des ateliers de créativité pour déterminer le produit à créer,
  • définir le contenu du produit et le détail de ses fonctionnalités,
  • Prioriser les différentes fonctionnalités et les différents parcours possibles,
  • écrire une roadmap pour savoir ce qu’on va livrer et quand.

« Notre approche est orientée design thinking et lean start-up, notre méthodologie est agile et collaborative. On apporte une vision extérieure, une expertise sur les technologies et les méthodologies produit dans une logique de co-création. Les idées existent souvent chez le client qui a autant à apporter à son produit que nous. »

Concrètement, à quoi ressemble le quotidien d’un Product Strategist ?

Il n’y a pas de mission type, encore moins de journée type, lorsqu’on est Product Strategist. Tout l’enjeu consiste justement à s’adapter à chaque situation et à renouveler sans cesse ses méthodes de travail pour qu’elles correspondent à chaque entreprise, à chaque équipe, à chaque secteur d’activité. La durée des missions varie aussi en fonction des enjeux et du type de produit à créer. En revanche, la définition d’un nouveau produit passe souvent par les mêmes phases.

Phase 1, l’analyse

Il s’agit d’abord de comprendre les enjeux de la mission et les problématiques produit à aborder. Pour cela, il faut identifier les besoins réels du client (qui diffèrent parfois de ses demandes initiales), les attentes des utilisateurs, les contraintes des différents acteurs du projet et les contraintes marché, réaliser des benchmarks et un audit de l’existant.

Phase 2, les ateliers de créativité

Il s’agit de créer les conditions idéales qui permettront de faire émerger des idées et d’établir une story map, c’est-à-dire la fiche d’identité du produit découpée en blocs fonctionnels, qu’on peut ensuite commencer à développer. Pour cela, le Product Strategist réunit autour d’une même table toutes les parties impliquées afin de définir avec eux le bon produit à créer en partant des besoins utilisateurs identifiés précédemment et grâce à différentes méthodes permettant de libérer la parole.

« Notre méthodologie est à renouveler sans arrêt sinon les ateliers de créativité perdent en efficacité. Il faut inventer des façons de faire émerger la créativité : gamification, jeux de rôles, mises en situation, brainstorming sous contrainte… Il faut mettre du fun, pousser les gens à sortir de leur cadre habituel de réflexion et de leur zone de confort pour avoir des idées intéressantes. Le client s’étonne parfois lui-même ! »

Il faut également prendre en compte différentes dimensions comme le tempérament de chaque participant et leur lien hiérarchique qui peut avoir des effets négatifs : « Si le chef d’équipe est là, ça peut être compliqué pour certains d’oser critiquer ses idées ou mettre les participants en compétition et inhiber certaines personnes timides alors qu’on veut justement permettre à toutes les idées d’émerger. Tout le monde doit donc être sur un pied d’égalité. »

Phase 3, la formalisation et le travail de synthèse

Lorsque les ateliers sont terminés, il faut en extraire le meilleur et le formaliser. Il s’agit de transformer les idées en un plan d’action concret, réaliste et compréhensible par tous. Il y a alors une grande importance de la valeur conseil. « Il faut prioriser les choses à développer, effectuer un benchmark autour de toutes les idées proposées, synthétiser la pensée des participants… Tout cela doit ensuite être formalisé dans des livrables convaincants, présentables à la direction et compréhensibles par les équipes techniques qui devront les développer. »

Phase 4, le développement et le test des produits

Lorsque cette phase de cadrage est terminée, le Product Strategist passe le relai au Product Owner qui s’assure que le projet soit mené à bien. Dans l’idéal, celui-ci est d’ailleurs impliqué dès le début du processus. Son travail consiste ensuite à superviser le développement du produit et à piloter une boucle d’amélioration “Construire - Mesurer - Apprendre”. Quand on travaille en mode Agile, le test est en effet une étape très importante qui permet de savoir si les idées retenues sont bonnes ou s’il faut les réajuster. « Il vaut mieux se tromper vite et réajuster le tir, plutôt que de passer beaucoup de temps à concevoir puis développer quelque chose qui se révélera inutile.»

Les atouts du métier de Product Strategist

La variété des missions

Product Strategist, c’est un métier à la croisée de différentes expertises qui permet d’évoluer dans de nombreux secteurs d’activité. Variété des missions, des clients, des produits : en tant que Product Strategist, on découvre sans cesse de nouveaux secteurs, de nouvelles problématiques et on apprend sans cesse de nouvelles choses.

La valeur ajoutée

Le Product Strategist joue un rôle central dans les entreprises où il intervient mais aussi dans la vie des gens qui utilisent ses produits. « Quand on conçoit un produit, on le voit partir en développement, sortir et impacter la vie des gens. On a souvent l’impression d’apporter du concret, de faire une vraie différence. »

La confiance et la montée en compétences

Thiga encourage ses consultants à développer leurs projets et leurs propres idées. Tout le monde peut proposer des choses à mettre en place : publier un livre sur le Design Thinking, organiser un évènement autour de l’Agile, développer de nouveaux outils ou de nouvelles offres… « Par exemple, des collègues ont monté une offre de design sprint, d’autres organisent des conférences thématiques autour du produit. » Il est donc possible de se construire une expertise en montant des projets en-dehors des missions.

Le profil idéal pour devenir Product Strategist

« Il n’y en a pas vraiment. Il faut être très curieux, passionné de digital, un peu geek, aimer créer des produits et s’intéresser à l’utilisateur. Il faut également un bon sens de la synthèse et une capacité à fédérer les énergies dans une direction commune. » Ainsi, les parcours sont très variés : diplômés de sciences politiques, de masters universitaires, d’écoles d’ingénieurs ou d’écoles de commerce.

« Il n’y a pas de recrutement sur la base d’un diplôme. Ce qui compte, c’est l’expérience. Il y a beaucoup de gens touche-à-tout. » Certains ont travaillé dans le marketing, d’autres à des postes plus techniques, certains ont déjà créé leur start-up et ont donc développé leur propres produits.

Le dénominateur commun de tous ceux qui travaillent chez Thiga, c’est la passion du digital et la volonté de créer des produits qui auront un réel impact positif sur ceux qui les utiliseront.

Photos by Thiga