Partir travailler à Bruxelles

06 janv. 2021

6min

Partir travailler à Bruxelles
auteur.e
Anouk Renouvel

Freelance @ Communication numérique

“C’était au temps où Bruxelles rêvait” disait Jacques Brel dans sa chanson hommage à la capitale belge, en 1962. Pourtant, c’est en ce début de XXIᵉ siècle que BXL, comme on la surnomme parfois, fait le plus rêver. Et c’est notamment grâce à des artistes comme Angèle, Stromae ou encore Virginie Efira que la capitale européenne bénéficie depuis quelques années d’une hype qui donne envie à plus d’un de partir s’installer au plat pays. Si vous avez pour projet de vous y installer prochainement, ou si vous n’avez encore rien décidé mais vous n’excluez pas de l’envisager, on vous a réuni toutes les infos essentielles pour devenir un néo-bruxellois.

Le marché de l’emploi

On ne va pas y aller par quatre chemins, le taux de chômage de Bruxelles est assez élevé puisqu’il tourne autour de 15%. Mais notons tout de même, qu’il a globalement baissé ces dernières années (il s’élevait à 20% en 2010), ce qui est plutôt bon signe, malgré une recrudescence fin 2020 en raison du Covid-19. S’il est possible de trouver un emploi en ne maîtrisant que la langue française, gardons en tête que Bruxelles est depuis 1997 la capitale de l’Europe, et accueille donc en son sein de nombreuses institutions et agences européennes : le Parlement Européen, le Conseil de l’Union Européenne, l’Agence européenne de Défense, l’Agence européenne pour l’Education, l’Audiovisuel et la Culture… Il est évident que les candidats polyglottes (français, flamand, anglais, allemand… sky is the limit !) seront fortement privilégiés. « J’ai mis 10 mois à trouver un VIE (Volontariat International en Entreprise) » raconte Diane, qui a sauté le pas en 2016, « j’ai essuyé beaucoup de refus car je n’étais pas bilingue français/néerlandais. Je pense que ce sont les deux premières langues à parler, avant même l’anglais, du moins dans le domaine du marketing. » Si les langues ne sont vraiment pas votre fort, tournez-vous vers les 2 500 implantations de filiales, succursales ou autres bureaux de représentation français. On retrouve sur place BNP Paribas, la Fnac ou Carrefour, entre beaucoup d’autres.

Pour nos amis entrepreneurs, sachez qu’on commence à parler de Silicon Belgium, et oui. Même si la ville ne se hisse pas (encore) au niveau de Paris, Londres ou Berlin, la tech belge commence à placer ses pions. Betacowork fait figure de pionnier du mouvement : le premier espace de coworking belge a vu le jour il y a déjà 10 ans, et a été depuis rejoint par d’autres. On peut citer Co.Station ou DigitYser, des incubateurs incontournables de la capitale, ou encore BeCentral, un campus numérique. Ils ont permis l’émergence de plusieurs licornes, comme Collibra, qui aide les entreprises à gérer et utiliser leurs données, ou Aproplan, une application spécifique au secteur du BTP qui permet une meilleure organisation des chantiers. Maintenant, c’est à vous de vous lancer !

Les secteurs qui recrutent

Notons qu’il existe un un site Internet belge qui référence tous les secteurs et emplois en pénurie de recrutement. Si vous êtes dans la liste, ça ne peut qu’être une bonne nouvelle ! Vous y trouverez par exemple :

  • La finance : un Finance Manager gagne environ 60K par an
  • L’ingénierie : les ingénieurs gagnent en moyenne un peu moins de 5 000 euros par mois
  • L’informatique : un développeur Web peut gagner jusqu’à 4000 euros mensuels
  • Le commerce : un représentant commercial gagne en moyenne 31K par an, même si les salaires varient beaucoup en fonction de l’entreprise et des contrats signés.
  • Le secteur médical : les infirmiers touchent 1 500 euros mensuels

La vie en entreprise

Des semaines plus longues - 38 voire 40 heures, « et même 50 » précise Diane - mais moins stressantes qu’en France, voilà comment on peut résumer la vie des working boys and girls à Bruxelles. Vous vous lèverez tôt car on arrive au travail avant 9h, mais ça vous permettra aussi de partir plus tôt, avant 18h, et de profiter des commerces, car ces derniers ferment souvent à cette heure-là (excepté les grandes surfaces). « Les horaires peuvent quand même être flexibles, et il n’y a pas de problème avec le télétravail » explique Diane. L’ambiance de travail est d’ailleurs souvent décontractée, voire informelle dans les entreprises belges. « Ils sont plus détendus que les Français : ils savent relativiser et se prennent moins au sérieux », confirme Diane.

Les plus

Les moins

  • Même si l’ISF n’existe pas, le taux d’imposition est plus élevé qu’en France si vous n’êtes pas Rothschild
  • Les allocations chômages sont plafonnées et dégressives
  • Vous n’avez droit qu’à 20 jours de congés payés par an, et les RTT ne sont pas obligatoires
  • Vous avez le droit à 15 semaines de congé maternité (6 semaines prénatales et 9 semaines postnatales), rémunérées à 82% les 30 premiers jours, puis à 75%. À partir de janvier 2021, les pères ont le droit à 15 jours de congé paternité. Si les papas sont mieux lotis en France, la Belgique semble tout de même vouloir suivre la même voie, puisque la loi prévoit d’augmenter le nombre total de jours de congés paternité à 20 jours en 2023.
  • « Il y a beaucoup de voitures et la ville est souvent embouteillée » ajoute Ana, une psychomotricienne qui a déménagé sur place il y a 8 mois.

Pour qui ?

Attention, on vous voit venir : ce n’est pas parce que les Belges parlent français que vous ne serez pas dépaysé… « C’est vraiment différent, vous n’aurez pas du tout la même vie au quotidien » explique Diane. Donc faites comme partout, adaptez-vous ! La ville, du fait de son statut de capitale européenne, est particulièrement cosmopolite, et ça se ressent au quotidien : on y entend toutes les langues, on y côtoie plein de cultures différentes, et on a finalement l’impression que tout le monde vient d’ailleurs. L’atmosphère y est particulièrement conviviale, les Belges ayant l’humour facile, un sens de l’hospitalité opposé à celui des Parisiens, et préférant régler leurs conflits par des compromis trouvés autour d’une petite mousse.

C’est donc une ville à taille humaine pour les bons vivants, et pour les marcheurs et cyclistes du dimanche : ce n’est pas le plat pays pour rien, pas une côte en vue, vous pouvez y aller. Par ailleurs, la taille du centre-ville de Bruxelles vous permet de n’utiliser que vos gambettes pour vous déplacer. « J’adore le fait d’être dans une petite capitale » s’enthousiasme Diane, « on cumule les avantages de la grande ville - ambassade, culture, transports… - et ceux d’une ville moyenne, on peut tout faire à pied et même aller se promener en forêt. » Vous trouverez toujours un acolyte pour sortir faire la dernière exposition en vogue, ou pour découvrir un nouveau restaurant : « Il y a de nombreux évènements culturels, tout au long de l’année », souligne Ana. Elle ajoute aussi que « Bruxelles est une ville verte ! » : vous pouvez profiter de parcs et d’espaces verts pour vous détendre.

Infos pratiques

Loyer

Si la situation de l’immobilier à Bruxelles n’est pas aussi calamiteuse qu’à Paris ou à Londres, la capitale Belge connaît une hausse soutenue des prix (+5,7% en un an). En moyenne, la location d’un appartement coûte aux alentours de 1 100 € mensuels, tandis que celle d’un studio s’élève à 600€ par mois. Vous pouvez faire appel à une agence, les frais sont uniquement à la charge du propriétaire ! Soyez vigilant au moment de l’état des lieux, très pointilleux : il est finalement assez rare que le locataire retrouve sa caution, appelée garantie locative, qui peut aller jusqu’à trois mois de loyers quand même.

Santé

Si vous êtes salarié, vous devez vous affilier à une mutuelle dans les 6 mois après votre arrivée. Il y en a plusieurs, qui proposent des avantages différents : faites vos jeux ! Vos consultations chez le médecin sont remboursées à 75%.

Transports

Vous pouvez prendre un forfait mensuel ou annuel à la RATP locale, soit la STIB. Pour Bruxelles ville, comptez 49 euros/mois ou 499 euros à l’année. Pour Bruxelles la région, ce sera 55,50 euros mensuels ou 583 euros annuels. Vous pouvez aussi utiliser le réseau de vélos en libre-service Villo! : il vous en coûtera 35,70 euros l’année, la première demi-heure gratuite, puis 50 centimes pour une demi-heure supplémentaire, un euro pour la suivante et deux euros si vous pédalez pendant deux heures.

Internet et téléphonie mobile

Vous trouverez des forfaits téléphoniques pour moins de 10 euros, mais aussi des bien plus élevés : il y en a pour tous les goûts et tous les besoins ! Par contre, comptez minimum 50 euros pour une box Internet-TV, quand ce n’est pas plus de 90 euros mensuels…

Visas

Demandez une attestation d’enregistrement une fois arrivé - vous avez trois mois pour le faire - et vous voilà avec un permis de résidence de 5 ans maximum. Deuxième formalité : procurez-vous votre numéro national, qui vous sera demandé à chaque fois que vous voudrez vous lancer dans une procédure administrative. Et une fois que vous aurez séjourné 5 ans de manière ininterrompue en Belgique, vous pourrez obtenir une carte de résidence permanente.

Voilà, vous êtes maintenant paré pour vivre l’aventure belge, une fois ! (Oui, il fallait bien le placer quand même)

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Photo d’illustration by WTTJ