« Se lancer en freelance à la sortie de ses études : c'est possible ! »
03 nov. 2021
6min
Fondatrice de Vocation, le média pour trouver sa voie.
Jasmine Manet a terminé son cursus en école de commerce il y a un an. Fondatrice de Vocation, média spécialisé sur les questions liées à l’orientation professionnelle suivi par 15 000 étudiants et jeunes diplômés, elle nous explique s’il est possible de se lancer dans le freelancing lorsque l’on manque encore d’expériences professionnelles et nous donne des clés pour y parvenir.
Je m’appelle Jasmine, j’ai 25 ans. Je fais partie de la génération “pandémie”, celle qui a été diplômée en 2020. Je finissais mes études quand soudain, tout s’est arrêté. Comme vous pouvez l’imaginer, trois mois avant d’obtenir mon diplôme, tous mes plans professionnels se sont retrouvés chamboulés et j’ai été un peu “coupée dans mon envol”.
Mais si l’on fait abstraction du contexte sanitaire, il est important de rappeler que je me suis toujours posée beaucoup de questions sur le travail : vers quel métier me tourner ? Quel genre d’entreprise ? Quel contrat ? Étudiante en école de commerce, je ne me reconnaissais pas du tout dans les parcours les plus mis en avant comme la finance ou le conseil. Pour réussir à me projeter, j’ai donc créé Vocation, un podcast qui décrypte des intitulés de poste. Ce side-project d’école a pris plus d’ampleur et a muté en un média dédié à l’orientation professionnelle, suivi par plus de 15 000 étudiants et jeunes diplômés. Finalement, un an après ma sortie d’école, j’ai été entrepreneure, salariée et freelance.
Aujourd’hui, beaucoup me demandent s’il est possible de se lancer en tant que freelance en sortant tout juste d’école, et même si cela dépend du parcours de chacun, dans cet article, je vous donne quelques conseils pour y arriver malgré le manque d’expérience.
Les étapes clés
Oser se lancer
Après avoir échangé avec beaucoup d’étudiants et jeunes diplômés, je me suis rendue compte qu’on était nombreux à ne pas connaître le freelancing, ou plutôt qu’on le connaissait mal. Pour moi, freelance rimait avec précarité et instabilité, pas métier à plein temps. Sans surprise, en école de commerce particulièrement, le CDI reste le Graal. Jamais je ne m’étais imaginée y déroger.
Pourtant, six mois après l’obtention de mon diplôme, six mois d’entrepreneuriat intense, ne pas gagner ma vie est devenu une telle charge mentale que je n’arrivais plus à avancer. J’avais rencontré une dizaine d’indépendants et en mars 2021, j’ai décidé de me lancer à mon tour pour gagner ma vie. Mais autant le dire tout de suite : se lancer à son compte directement à la sortie de ses études, c’est dur. Il faut pouvoir affronter le regard des autres, assumer son choix auprès de ses proches, de ses camarades d’école et peut-être plus tard, de son employeur.
C’est un choix fort certes, mais je ne connais aucun freelance qui regrette sa décision. Premièrement, se lancer leur a permis entre autres de mieux gagner leur vie, se consacrer à leurs passions, créer leur propre métier, apprendre… Ensuite, ils m’ont tous dit qu’au pire si ça ne leur convenait pas, ils pouvaient toujours changer !
Après avoir récolté ces témoignages, j’ai créé mon statut d’auto-entrepreneur, fait ma demande d’ACRE (Aide aux Créateurs et Repreneurs d’Entreprises) et ouvert un compte bancaire dédié. Si vous vous lancez, je vous conseille les sites de Shine et StaffMe, très didactiques sur les étapes administratives à suivre. Il ne me restait plus qu’à trouver des clients ! Là, je me suis pris quelques murs avant de me rendre compte que j’avais sauté une étape indispensable : définir mon positionnement.
Trouver son positionnement
Comme lorsqu’on cherche son premier job, il faut savoir ce que l’on veut faire ou vendre en tant que freelance. Et croyez-moi, ce n’est pas un exercice facile pour un profil généraliste ! Copywriter, graphiste, consultant SEO, chef de projet… Les possibilités sont infinies. Pour y voir un peu plus clair, le mieux est de parler à ceux qui se sont déjà installés comme indépendants. Dans ce que vous avez ciblé, demandez-vous ce qui vous intéresse le plus et là où vous avez (déjà un peu) des compétences. Je vous conseille de vous concentrer sur une niche pour commencer (tant sur le choix de métier que le type de client), quitte à élargir ou en changer par la suite.
Par exemple, dans mon cas : j’avais goûté à la production de contenu et au conseil avec Vocation. Assez naturellement, j’ai cherché des missions pour valoriser mon expertise : rédaction d’articles, production de podcasts, conseil en stratégie éditoriale…
Trouver des missions et se vendre
Par nature, les étudiants ou jeunes diplômés ont peu d’expérience à vendre. Ce n’est pas grave, le freelancing permet d’en acquérir rapidement ! Pour commencer, capitalisez sur vos projets d’école, vos passions et side-projects. Demandez-vous qui dans votre réseau (anciens collègues de stage, alumnis d’école, professeurs…) pourrait être intéressé par votre offre.
De mon côté, comme j’avais déjà quelques réalisations à montrer et un petit réseau grâce à Vocation, j’ai réussi à vendre mes premières missions. Et surtout, très vite, j’ai travaillé en binôme avec des freelances plus expérimentés que j’avais contactés – j’ai adoré, je ne peux que recommander ce format qui peut être un super moyen de mettre le pied à l’étrier ! Mon conseil ? Commencer avec des missions simples et courtes pour se faire la main et identifier son client idéal. Vendre une mission c’est un peu comme chercher un job : il faut s’entraîner pour trouver le bon discours et le bon client.
Enfin, un sujet dont je n’ai pas encore parlé : le prix. Gros écueil pour nous les jeunes qui avons tendance à nous dévaloriser ! Pour fixer votre prix - souvent établi avec un Taux Journalier Moyen (TJM) -, pas de secret : renseignez-vous sur les prix usuels et surtout faites vos calculs en fonction de ce que vous voulez gagner (sans négliger les impôts et autres charges qui tombent ensuite). Au pire on vous dira que c’est trop cher et vous baisserez votre prix !
Vous l’aurez compris, tout le monde peut se lancer en tant que freelance, même quand on manque d’expérience professionnelle. Pour certains clients, vous manquerez de crédibilité, mais pour d’autres votre âge sera une force. Par exemple, dans mon cas, mes clients me mobilisaient sur leurs enjeux de communication auprès des jeunes, voulant comprendre ma génération !
Ce mode de vie a aussi ses inconvénients : peu de visibilité sur le futur (sur la charge de travail et les revenus notamment), pas de vacances (les congés payés n’existent pas en freelance), plus de difficultés à trouver un appartement ou à contracter un prêt (même si les mentalités évoluent, le CDI reste très apprécié par les agences immobilières et les banques). Si je pense que tout le monde peut se lancer en freelance, la question est plutôt de savoir si l’on doit le faire. Ce n’est peut-être pas adapté à sa personnalité, ses objectifs et son ambition !
Mes conseils quand on se lance
1. Se Fixer des objectifs
Quand on se lance, il est important de se poser certaines questions pour bien fixer ses objectifs : de combien ai-je besoin pour vivre ? Combien je veux gagner ? Combien de temps est-ce que je souhaite passer à travailler sur ce projet ? Qu’est-ce que je veux apprendre ? Avec qui je souhaite travailler ? En équipe ou seul ?
Par exemple : gagner plus qu’en CDI, gagner assez pour se consacrer à un projet entrepreneurial, pour vivre de sa passion, voyager, développer une expertise de niche… Je vous conseille de faire l’exercice au moins tous les semestres, en vous projetant à un, trois et six mois.
Demandez-vous aussi : au bout de combien de temps allez-vous encaisser vos premiers revenus ? Comme il peut y avoir un décalage de plusieurs mois – gardez le bien en tête pour ne pas vous retrouver en difficulté.
2. Rencontrer ses pairs et trouver des mentors
Tous les freelances que j’ai rencontrés sont unanimes : entourez-vous ! À la fois de pairs qui exercent le même métier, de freelances qui partagent votre mode de vie, mais aussi de mentors qui sauront vous guider et vous former. Pour les rencontrer, identifiez-les, puis contactez-les sur Linkedin (ou d’autres plateformes plus adaptées en fonction du métier ! Par exemple en illustration et graphisme, Instagram est un canal génial).
3. Profiter de sa liberté
Être freelance, c’est pouvoir choisir avec qui, sur quoi et comment on travaille. C’est pouvoir (et non devoir !) décider de ses horaires et de ses jours de travail. C’est pouvoir dire non, dire stop. Personnellement, j’ai mis beaucoup de temps à m’en rendre compte ! Profitez de ce statut pour expérimenter une façon de travailler différente de celle que vous avez expérimentée en stage ou en CDI.
4. Se lancer n’est pas forcément une décision radicale
S’il y a une chose à retenir de mon témoignage, c’est que je ne me suis pas lancée du jour au lendemain. Tout comme les freelances que j’ai rencontrés, tous se sont lancés progressivement. Trouver des clients et gagner assez pour vivre de son activité, ça prend du temps.
Mon conseil : commencez quand vous êtes encore étudiants à identifier votre niche, préparez votre portfolio et surtout évaluez si ce mode de vie vous plairait – au pire, ça sera un peu d’argent de poche ! Si vous êtes déjà en poste, essayez le soir ou le week-end. Démissionnez seulement quand vous sentez que vous êtes prêts à sauter le pas et que vous avez assez de clients !
In fine, CDI, CDD, freelance de temps en temps ou freelance à plein-temps… peu importe, tant que vous êtes alignés avec votre décision. Pour ma part, après un an et demi de tâtonnement, je pense avoir enfin trouvé mon équilibre : un CDI en 4/5ème (parce que je voulais travailler en équipe, avoir un revenu stable et des moyens pour mener un projet qui me tenait à coeur) et le reste du temps, mon projet et mes clients en freelance.
Oui, la crise nous a freiné. Mais j’ai foi en notre génération, en notre capacité à nous préparer, nous former et nous armer pour mener les transitions environnementales et sociales qui nous attendent. À vous de décider si être freelance sera votre façon de le faire. Et au pire, vous changerez !
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Photo par Welcome to the Jungle
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