De stagiaire à Directeur UX Design : le parcours de Noé chez Castor & Pollux

17 févr. 2018

6min

De stagiaire à Directeur UX Design : le parcours de Noé chez Castor & Pollux
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Noé Melon a 30 ans, il est aujourd’hui dans l’équipe dirigeante de Castor & Pollux, une agence digitale basée à Montreuil forte d’une quarantaine de collaborateurs. Il a commencé comme stagiaire et coordonne désormais le pôle de l’UX Design. Il raconte sa progression au sein de la boite, et donne des conseils de parcours aux stagiaires qui souhaitent apprendre le métier d’UX Designer.

Comment s’est déroulée ton arrivée au sein de Castor & Pollux ?

« Je ne voulais pas faire un stage dans une grosse boîte, donc c’était un peu comme un pari (…) Et à la fin de mon stage quand ils m’ont proposé de signer un CDD, j’ai dit oui, banco ! »

Je suis arrivé en 2011 pour faire un stage de fin d’études de six mois après mon école de commerce. L’ agence n’avait qu’un an et ne comptait que deux personnes : Stéphane Clousier et Julien Cocquerel, les deux fondateurs. Je suis tombé sur une annonce de stage chez Castor & Pollux qui sortait un peu de l’ordinaire : chef de projets avec de la communication et de la gestion clients. C’était assez excitant car il y avait plein de choses à faire avec eux. Je ne voulais pas faire un stage dans une grosse boîte, donc c’était un peu comme un pari. Et à la fin de mon stage, quand ils m’ont proposé de signer un CDD, j’ai dit oui, banco !

J’ai fait un Master 2 de e-marketing, donc j’avais déjà quelques notions dans le web et dans le graphisme. Je connaissais des outils et des logiciels comme Keynote à l’époque ou Sketch. Et puis, j’aimais bien bidouiller sur Wordpress, c’était la grande époque des sites Internet qui peuvent se mettre en ligne très facilement. Mais je ne connaissais pas du tout le milieu de la communication digitale ou de la publicité.

Comment expliques-tu ton évolution ?

« La notion du self-made-man, je n’y crois pas. Je ne crois pas au génie qui sort de terre, je crois aux moments, aux rencontres et à l’équipe. »

J’étais au bon moment au bon endroit tout en faisant des hiérarchies dans mes envies. J’ai rencontré des personnes qui m’ont inspiré et qui m’ont donné envie de travailler ici. Je pense qu’il faut accepter de ne pas savoir tout le temps où on va, de ne pas forcément avoir de plan de carrière. J’ai une relation très difficile avec la méritocratie et la notion du self-made-man, je n’y crois pas. Comme dirait Édouard Baer, « la vie c’est avant tout des rencontres » (rires). Je ne crois pas au génie qui sort de terre, je crois aux moments, aux rencontres et à l’équipe.

Ma chance a été aussi d’arriver à une époque de rupture du digital. Stéphane et Julien venaient de quitter des grandes entreprises de publicité et se rendaient compte qu’il y avait un tournant à faire au sein des agences. Et c’est ce vers quoi je me suis tourné naturellement.

Quelles ont été tes difficultés, quels challenges as-tu dû surmonter pour en arriver là ?

« Comme tout était à inventer, je ne savais pas par où commencer, j’ai tout appris sur le tas et me demandais souvent si je faisais les bons choix. »

Ma progression ne s’est pas faite facilement. J’ai commencé comme Chef de projet, ensuite je me suis spécialisée sur la gestion de projets et du graphisme, puis j’ai pris la direction de projets et la gestion du planning de production. Ce n’est qu’à partir de 2016 que j’ai pris le développement du pôle UX Design à plein temps. Aujourd’hui, je fais partie des cinq associés de Castor & Pollux.

À chaque étape, chaque changement de poste, il faut tout recommencer, tout réapprendre, et ce n’est pas toujours facile. On va d’échecs en échecs au début. Au départ je ne savais pas ce qu’était le métier de Chef de projet, je ne savais même pas rédiger un mail à un client, je n’avais pas la fibre commerciale… J’ai eu la chance d’être toujours accompagné par mes associés, mais il y a toujours des moments où on se demande si on va bien dans la bonne direction. Et encore plus avec l’UX Design. C’était un métier tout nouveau quand j’ai commencé, il n’y avait pas vraiment de point de comparaison. Comme tout était à inventer, je ne savais pas par où commencer, j’ai tout appris sur le tas et me demandais souvent si je faisais les bons choix.

Qu’est-ce qu’un bon stagiaire selon toi ?

« Un bon stagiaire, c’est quelqu’un qui sort de sa zone de confort et de sa condition de stagiaire. »

C’est quelqu’un qui sort de sa zone de confort et de sa condition de stagiaire. Je ne crois pas aux stagiaires comme on les connaît dans les grandes entreprises. Le stagiaire qui fait une petite tâche dans un grand tout, qui reste au niveau de ses responsabilités. Les stagiaires que je gère aujourd’hui ont les mêmes responsabilités qu’un UX confirmé. Chez Castor & Pollux, on est dans l’optique que les stagiaires restent dans notre équipe, parce qu’on les forme et que les formations en UX n’existent pas. Donc pour moi, un bon stagiaire c’est non seulement quelqu’un qui a compris ce qu’on attend de lui mais qui, surtout, le devance. Il doit prendre des responsabilités et des risques, quitte à échouer.

Comment le métier d’UX Designer a vu le jour et a évolué ?

À l’époque, c’était un métier qui était fait par les Chefs de projet. Mais avec la complexification des outils du digital et avec les coordinations des différents services et des différents outils, on s’est rendu compte que l’expérience était aujourd’hui au cœur du sujet. On a compris que c’était un vrai métier de penser et concevoir de l’expérience utilisation, et pas seulement une tâche à faire avant de passer à la créa’.

« Un bon UX Designer, c’est quelqu’un qui n’a pas d’idées préconçues. C’est quelqu’un d’empathique qui arrive à se mettre à la place de l’autre. »

Qu’est-ce qu’un bon UX Designer ?

Un bon UX Designer, c’est quelqu’un qui est au centre de toutes les compétences, qui sait dialoguer avec les graphistes et les développeurs, et surtout comprendre leurs attentes et leurs contraintes. Un bon UX Designer, c’est quelqu’un qui n’a pas d’idées préconçues. C’est quelqu’un d’empathique qui arrive à se mettre à la place de l’autre. Souvent les UX designers mettent beaucoup d’eux dans les interfaces qu’ils créent : ils se demandent s’ils les aiment ou pas, alors qu’en fait ce n’est pas à eux qu’ils doivent plaire, mais à leurs clients. En fait, un UX Designer doit savoir retranscrire sous forme d’expérience les besoins de ses clients.

« On peut être le meilleur exécutant et maîtriser les outils, si on a la flemme de réapprendre un nouveau métier à chaque nouveau projet, on ne peut pas être UX Designer. »

Qu’est-ce qui fait la différence dans une candidature ?

Je choisis quelqu’un qui a une vraie envie de travailler ici, et qui a une certaine maîtrise des outils. En UX Design, si quelqu’un me dit : « Je connais bien Sketch, je m’amuse dessus le week-end » c’est évidemment un “plus” pour l’entretien. Mais ce n’est qu’une petite partie de l’équation, la grande partie c’est le feeling, et c’est aussi de savoir comment réfléchit la personne, quel est son appétit à apprendre de nouvelles choses. On peut être le meilleur exécutant et maîtriser complètement les outils, si on a la flemme de réapprendre un nouveau métier à chaque nouveau projet, on ne peut pas être UX Designer.

« L’image de l’informaticien des années 90 a été dépoussiérée. Cela a contribué à rendre mainstream la culture tech, démystifier les diplômes et montrer que tout était possible. »

Votre méthode de recrutement est assez originale, vous ne demandez pas de CV mais vous proposer de faire des exercices. Est-ce que tu as l’impression que quelque chose est en train de changer en termes de recrutement ?

Je pense qu’on est en train de sortir du système d’embauche d’après guerre dans lequel un diplôme = un poste en entreprise = un parcours de vie. Et je pense que ça vient du digital parce qu’il y a un gros aspect technique à maîtriser pour y travailler, notamment pour les développeurs. Pendant longtemps, ces derniers étaient d’ailleurs vus par la société comme des “geeks”, isolés dans un petit placard et dont personne ne comprenait le travail. Et finalement, il se trouve que ces mecs là ont monté les plus belles entreprises de la Silicon Valley. Ils ont dépoussiéré l’image de l’informaticien des années 90. Cela a, je pense, contribué à rendre mainstream la culture tech, démystifier les diplômes et montré que tout était possible. À l’ère du digital, tout le monde peut potentiellement réussir, peu importe d’où il vient.

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Photo by WTTJ @ Castor & Pollux

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