Boost Étudiants | Comment faire son entrée sur le marché du travail en 2020 ?
21 juil. 2020
9min
Journaliste
Diplômé en 2020, vous avez sûrement fait la chaotique expérience des cours à distance et des stages et examens annulés. Maintenant, comme si cela ne suffisait pas, il vous faut chercher un travail sur fond de crise généralisée. Vous faites déjà la tête, convaincu que votre diplôme ne vaudra pas grand chose et que la concurrence sera rude… Ôtez ce défaitisme et filez vers la vie active, gai comme un pinson ! Pour dégoter ce premier emploi tant attendu, Welcome to the jungle a recueilli les confidences de deux RH qui ont vu passer de nombreux jeunes débutants dans leurs carrières. Grâce à elles, vous saurez bientôt comment postuler efficacement, vous démarquer, et maximiser vos chances d’entrer dans la vie active avant l’arrivée de vos premiers cheveux blancs.
Deux intervenantes apportent leur éclairage :
Karine Barreteau, Responsable des Ressources Humaines chez Havas Sports & Entertainment, l’une des branches d’Havas Group, une agence de communication présente dans le monde entier.
Delphine Teil, Talent Acquisition Team Leader chez Malt, la start-up qui connecte freelances et entreprises, en tentant de trouver le match parfait pour chaque projet.
Le podcast de notre événement Boost, by Welcome to the Jungle
Souriez : les offres d’emploi repartent à la hausse !
Durant le confinement, la pandémie a bouleversé l’économie et le marché du travail — au grand dam des jeunes diplômés. Avec une chute spectaculaire de 53% entre février et mars 2020, les offres d’emploi repartent aujourd’hui à la hausse, à hauteur de 75% ces trois dernières semaines, selon une étude Randstad dévoilée mi-juillet. Pour autant, difficile d’établir des pronostics précis sur l’avenir salarial. Une chose est sûre : on ne part pas pessimiste. Chez Havas, Karine conseille de se renseigner sur les secteurs qui recrutent : « On le voit aujourd’hui, des offres d’emploi il y en a. Il ne faut pas généraliser ! » Face à une concurrence qui va être rude, la RH rappelle l’importance de se démarquer en étant proactifs et en misant sur une candidature efficace et soignée dans les moindres détails. Une candidature se prépare comme un concours, vous devez être le meilleur.
Bien définir son projet professionnel pour cadrer sa recherche d’emploi
Fixez-vous des objectifs pro à atteindre
L’erreur classique des profils juniors, c’est de ne pas être assez précis sur ce qu’ils veulent et d’arriver avec un projet encore en gestation. Pourtant, quand vous postulez pour un emploi, il est essentiel de montrer que vous n’êtes pas là par hasard. Comme l’indique Delphine : « le recruteur veut être face à des gens qui savent où ils vont. » Construire son projet professionnel nécessite de se demander où vous voulez être dans les prochaines années, et comment vous pouvez atteindre ce but.
« Le recruteur veut être face à des gens qui savent où ils vont. » Delphine Teil, Talent Acquisition Team Leader chez Malt
Pour cela, réfléchissez aux compétences que vous voulez acquérir, sans forcément chercher tout de suite le job parfait. « Demandez-vous ce que vous êtes prêt à entreprendre pour atteindre votre objectif de carrière, mais aussi ce vous n’avez pas du tout envie de faire ; cela vous permettra aussi d’éliminer des possibilités. » explique la recruteuse de chez Malt. Grâce à ces questionnements, vous cadrerez mieux votre recherche d’emploi, et votre futur recruteur sentira que vous êtes là parce que vous le voulez vraiment.
Faut-il miser à tout prix sur le CDI ?
Avec la crise, Karine redoute que les opportunités en CDI soient plus rares. Heureusement, la part des offres pour des contrats à durée déterminée (CDD) ou des missions d’intérim augmente fortement : elle se situe à 47 % entre le 29 juin et le 5 juillet, contre 30 % avant le confinement. Il existe d’autres alternatives : « Être flexible, c’est s’ouvrir des portes », clame Delphine. Aussi, on n’hésite pas à accepter un CDD ou un contrat en freelance ; cela permet de gagner de nouvelles compétences, d’entrer sur le marché de l’emploi et de construire son réseau.
Un CDD ou une mission en freelance vous permettra de sentir si vous êtes à l’aise dans la boîte, si elle vous correspond, et si vous vous voyez y grandir. « Le défi est avant tout de trouver un job dont les missions vous correspondent et dans lequel vous vous amusez », note Karine. La stabilité finira par venir.
« Le défi est avant tout de trouver un job dont les missions vous correspondent et dans lequel vous vous amusez » - Karine Baretteau, Responsable des Ressources Humaines chez Havas Sports & Entertainment.
En dernier recours, vous pouvez refaire un stage si votre secteur de prédilection est en difficulté. La formule bien que peu alléchante pour le jeune diplômé, permet néanmoins de remettre un pied dans la vie active. Si Karine n’aime pas en faire la promotion, elle reconnaît ses avantages : « Pour les sociétés, les stages sont les contrats les plus facilement activables et ceux qui ont été le moins gelés avec la crise. Il ne faut pas se dire que c’est réducteur, au contraire. » Si vous pouvez vous le permettre financièrement, ce sera l’occasion de prouver vos compétences et d’étoffer votre expérience. Et qui sait, de transformer l’essai…
Le réseau, meilleur allié du jeune diplômé
Quand on recherche un emploi, le réseau est probablement le premier élément à mobiliser pour s’orienter dans la jungle de l’emploi et pour dénicher des offres cachées. « Il permet d’accéder aux offres d’emploi que l’on ne diffuse pas en ligne. », explique Karine. Un étudiant fraîchement diplômé a forcément déjà fait deux ou trois stages ou alternances, et il y a rencontré des gens, à commencer par son tuteur. Pour la responsable RH, il est essentiel de maintenir ces relations, notamment via LinkedIn. Chez Havas, la RH explique recruter un nombre conséquent d’anciens stagiaires « Un tiers de nos effectifs était en stage chez nous. Ils ont été recrutés à l’issue de leur stage ou 6 mois à 1 an après. » Une donnée qui rappelle que toutes les offres ne sont pas en ligne et que rien ne vaut le réseautage.
Postuler intelligemment pour faire mouche
Multiplier ses chances par des candidatures “en masse” ? Mauvaise idée !
Une règle est à garder à l’esprit : on privilégie toujours la qualité à la quantité. Un avis que Delphine partage : « Pour moi, postuler massivement est le pire des conseils : c’est le moyen pour vous disperser, perdre du temps, et ne pas avoir de retours. » La recruteuse conseille de rester organisé et sélectif. « Vous pouvez cibler 10 ou 15 sociétés “coup de cœur “que vous allez apprendre à connaître, et vous allez adapter votre candidature, votre CV et votre approche pour ces sociétés-là. » Si vous n’obtenez aucune réponse, même après vos relances, vous pouvez recommencer l’exercice avec une nouvelle sélection d’entreprises. Pour ne pas vous mélanger les pinceaux dans vos candidatures, vous pouvez créer un outil de suivi sur un simple fichier Excel par exemple, y inscrivant le nom des sociétés et des personnes que vous avez contactées, la date de candidature, et la date à laquelle vous relancerez le recruteur.
« Ciblez 10 ou 15 sociétés “coup de cœur “ et adaptez votre candidature, votre CV et votre approche pour ces sociétés-là. » - Delphine Teil
Sortir du lot grâce à son CV
Faites ressortir les idées principales. « On regarde environ 400 CV pour un poste, donc on ne va passer pas plus d’une minute sur chacun, d’où l’importance de faire ressortir des mots-clés. » explique Karine. Pour une lecture fluide et rapide, optez pour des bullet points pour lister vos missions.
Soyez vous-même et ne vous inventez pas un bagage qui n’est pas le vôtre. Vous êtes jeune diplômé, et le recruteur en est bien conscient. « Il sait que vous n’avez pas 5 ans d’expérience derrière vous, donc pas la peine d’en faire des tonnes ! » conseille Karine. On reste transparent et on mise sur les soft skills, précieux alliés du jeune diplômé.
Il n’y a pas que le CV, votre profil LinkedIn aussi est à chouchouter. Profitez de la plateforme digitale pour étoffer le descriptif de votre parcours. Pour un profil complet et précis, inspirez-vous de vos mentors. N’hésitez pas à naviguer sur le profil de personnes aux expériences similaires, vous pourrez ainsi reprendre les bons mots-clés pour décrire vos missions et vos compétences en utilisant le jargon adapté.
La meilleure période pour postuler ?
Ce n’est pas parce qu’on est en période estivale qu’il faut se mettre en standby. « Si vous avez besoin de trouver un travail rapidement, commencez tout de suite car il y a tout un travail de préparation. », annonce Delphine. Vous pouvez contacter des personnes sur LinkedIn dès maintenant, puis éventuellement les relancer en septembre si vous n’avez pas obtenu de réponse.
« En été, s’il y a peut-être moins d’offres, il y a aussi moins de candidats qui vont postuler. Aussi, vous aurez peut-être moins de concurrents » suggère Karine.
« En été, s’il y a peut-être moins d’offres, il y a aussi moins de candidats qui vont postuler. Aussi, vous aurez peut-être moins de concurrents » - Karine Baretteau, Responsable des Ressources Humaines chez @Havas Sports & Entertainment.
L’activité reprend progressivement dans la plupart des secteurs, mais vous devrez peut-être faire preuve de patience avant de signer votre premier contrat. Et pour cause : certaines entreprises ont gelé leurs recrutements pour l’année 2020 et ne reprendront leur embauche que l’année prochaine. Les recruteurs vont anticiper dès la rentrée de septembre pour des postes début 2021. « Nous, par exemple, chez Malt, on sait qu’à partir de janvier de l’année prochaine, on va mettre les bouchées doubles côté recrutement, et dès septembre/octobre on va commencer nos recherches pour être sûrs qu’en janvier on ait la bonne personne.» On mise donc sur l’anticipation.
Faire la différence en entretien
L’art de bien parler de soi en entretien : « Ne déroulez pas votre CV ! »
En entretien, gare à l’erreur du débutant qui consiste à déballer vos expériences pêle-mêle. Un travers que Delphine repère fréquemment, au moment de se présenter : « Lorsqu’un candidat se lance en disant “Lors de mon dernier stage j’ai fait ça, à mon avant dernier stage j’ai fait ci…”, je suis obligée de le couper car ce n’est pas ce qu’on attend. » Le résultat est sans appel : votre présentation prend des allures de fourre-tout désorganisé.
Toujours dans l’idée d’arriver avec un discours efficace, la méthode de l’”elevator pitch” pourrait vous être utile pour vous présenter et donner envie au recruteur d’en savoir davantage sur votre profil. L’expression anglaise désigne un petit discours de présentation d’un projet à un prospect, ne dépassant pas le temps d’un trajet d’ascenseur. En moins d’une minute, vous devez capter son attention. Cela consiste à vous présenter en trois phrases et de manière percutante : « Dites qui vous êtes, ce que vous recherchez, et quand est-ce que vous êtes disponible. » suggère Karine. Cela permet d’accrocher directement la personne qui vous écoute ou vous lit.
Salaire : faut-il revoir ses prétentions salariales à la baisse avec la crise ?
Que les entreprises baissent leurs salaires d’entrée suite à la crise, c’est une possibilité que la responsable RH chez Havas n’envisage pas. « Et de toute façon, non, on ne se brade pas ! » Insiste Karine. Même si vous brûlez d’impatience de rentrer dans la vie active, n’acceptez pas tout et n’importe quoi. « Cela va jouer sur votre motivation si c’est vraiment trop en dessous de la moyenne, d’autant que vous allez devoir attendre un an avant de demander une augmentation… » ajoute-t-elle. Pour un jeune diplômé, il est difficile de répondre à la question “Combien je vaux ?” Karine souligne l’importance de connaître votre valeur sur le marché. « Soyez confiants par rapport à ce que vous annoncez. Quand on voit que vous n’êtes pas convaincus, on le sent, et je pense que ça dévalue la personne. » Vous trouverez de nombreux outils en ligne pour vous préparer à cette délicate question et vous aiguiller sur votre prétention salariale : n’hésitez pas à consulter le simulateur de salaire en start-up d’Ignition Program ou plus généralement les études sur les rémunérations comme celles du cabinet Hays.
Parler de la période du confinement sans rougir
Les périodes de creux ne doivent pas être taboues. Veillez à avoir préparé un discours bien ficelé concernant la période du confinement, au cas où la question viendrait sur la table. Prenez du recul pour voir ce que vous pouvez mettre en avant. Si vous en avez profité pour suivre une formation ou apprendre quelque chose, parlez-en. Même si cela n’a pas de lien direct avec votre projet professionnel, cela démontre votre curiosité et votre soif d’apprentissage. Idem pour le stage, pas question d’avoir honte s’il a été poursuivi à distance ou même s’il a été annulé : « Vous pouvez expliquer comment vous vous êtes organisé, parler de votre autonomie et de votre adaptation : ces aspects sont très recherchés sur le marché », appuie Karine. Et surtout on dédramatise : les recruteurs ne s’attendent pas forcément à ce que vous ayez fait des choses extraordinaires alors que le monde entier était à l’arrêt.
« Vous pouvez expliquer comment vous vous êtes organisé, parler de votre autonomie et de votre adaptation : ces aspects sont très recherchés sur le marché » - Karine Baretteau, Responsable des Ressources Humaines chez @Havas Sports & Entertainment.
On se rassure, il n’y aura pas de tri des CV au détriment des personnes diplômées en 2020. Les recruteurs en sont conscients : la situation est inédite tant pour les candidats que pour les entreprises et chacun sera jugé sur son potentiel. Faites le compte de tous les apprentissages que vous avez fait cette année. Vous êtes aujourd’hui plus résilient et vous avez gagné en combativité : ce sont ces forces que vous devez mettre en avant. Les obstacles sont formateurs et vous préparent aux difficultés de la vie en avant-première. Montrez que vous en avez envie et que rien ne va vous arrêter.
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