Les Chief Happiness Officers (CHO) : des créateurs de convivialité
25 janv. 2017
5min
CN
Fondatrice de Dea Dia
Le métier de Chief Happiness Officier a été inventé dans les années 2000 par Chade-Meng Tan, ingénieur chez Google devenu Jolly Good Fellow (Joyeux camarade), c’est-à-dire responsable du développement personnel dans l’entreprise. Depuis, ce nouveau métier s’est largement répandu mais il reste difficile à définir avec précision car il y a autant de profils de Chief Happiness Officers qu’il y a d’entreprises. Ce qui est sûr c’est qu’il est là pour développer la motivation des salariés en les rendant plus heureux de venir travailler. Non seulement parce qu’être heureux c’est mieux, mais aussi parce qu’un employé heureux, c’est un employé plus impliqué, plus efficace et donc plus productif.
Didier Perraudin, fondateur d’Uptoo (1er cabinet de recrutement français spécialisé sur les bons commerciaux), a placé la bienveillance au coeur du développement de son entreprise. Il l’a dotée de 2 Chief Happiness Officers, dont le but est d’oeuvrer à la convivialité en interne. Durant un mandat de 6 mois, ces 2 personnes remplissent cette fonction en plus de leur métier : un process original, qui fait ses preuves ! Nous avons rencontré Camille Rousselot, Ingénieure d’Affaires, et Claire Marchyllie, Consultante en Recrutement (mais aussi toutes deux CHO !), pour en savoir plus.
Chief Happiness Officer chez Uptoo, c’est donc une fonction et non un métier ?
Oui, c’est une fonction qu’on exerce en plus de notre métier et qui n’est pas rémunérée. En juin 2016, Uptoo a remporté la 8ème place du classement Best Workplace. Lors de la soirée de remise de prix, Didier a rencontré le PDG de BlaBlaCar qui lui a parlé de ce nouveau métier. Il a aussitôt décidé de le mettre en place dans l’entreprise. En voyant l’appel à candidatures, on s’est tout de suite reconnues ! On a alors décidé d’essayer et on a été élues pour un mandat de 6 mois !
Pourquoi 2 CHO ?
Car chez Uptoo, il y a 2 types de métiers, les consultants et les commerciaux, répartis sur 2 sites différents. Pour Didier, c’était important qu’il y ait 1 CHO par site de travail.
Pourquoi vous ?
Parce qu’on a toutes les qualités requises pour être CHO ! L’ouverture d’esprit, le dynamisme, l’envie de s’amuser, d’échanger et de partager, le fait qu’on n’ait pas peur de s’exposer (parfois on a proposé des choses qui ont fait des flops, mais c’est pas grave !)… en bref, des choses qui ne s’apprennent pas en école mais qu’on a en nous.
Quel est le rôle des CHO chez Uptoo ?
Nous sommes en charge de la convivialité dans l’entreprise à partir d’un budget et d’un cadre construits en concertation avec le Comité de Direction. Nous ne sommes pas responsables du bonheur des employés et n’intervenons pas au niveau individuel, ainsi le CHO n’est ni un Responsable RH ni un Responsable Comm’ interne, ni même un délégué du personnel : on est vraiment là pour créer du lien entre les gens, pour faire en sorte qu’ils soient heureux d’arriver le matin dans une boîte qu’ils aiment !
Il y a encore 3 ans, l’entreprise comptait une vingtaine d’employés, c’était une startup dans laquelle tout le monde se connaissait avec des pots organisés tous les jeudi et une ambiance géniale. Aujourd’hui, l’entreprise compte 80 collaborateurs. C’est compliqué de préserver la proximité et la convivialité avec une croissance si rapide car les liens se perdent. C’est pour ça qu’on est là.
Concrètement, être en charge de la convivialité, cela consiste en quoi ?
Au début, on a commencé par travailler sur les grands évènements qui ont ponctué notre mandat, comme le séminaire annuel au Club Med. Puis, au quotidien, on a cherché sans cesse des idées d’événements à organiser pour que le lien entre les gens ne soit jamais rompu tout en ne surchargeant pas leur emploi du temps ! On a organisé des olympiades, le yoga du rire, une soirée cinéma dans les locaux, on a participé à une course, on a lancé un loto de Noël pour que tout le monde reçoive un cadeau. On essaie d’inciter au maximum les gens à s’intéresser aux autres pour apprendre à les connaître ! Ça passe aussi par l’organisation de déjeuners hebdomadaires avec des tirages au sort pour que les gens qui ne se connaissent pas puissent passer du temps ensemble. On facilite l’intégration des nouveaux venus avec la mise en place d’un système de parrainage ou l’organisation d’escape games…
En fait, la clé pour être un bon CHO, c’est bien sûr d’être inventif mais c’est également d’être à l’écoute des employés et de ne pas se focaliser sur ses propres envies car le but c’est d’organiser des évènements fédérateurs qui ne mettront pas les gens mal à l’aise.
Finalement, on travaille mieux quand on est heureux ?
Bien sûr. Un employé heureux, c’est un employé à l’aise avec tout le monde, content d’arriver le matin, qu’on entend souvent rire mais c’est aussi un employé efficace, motivé et qui atteint ses objectifs. Chez Uptoo, on a des métiers très exigeants, on passe beaucoup de temps au travail, avec une forte implication intellectuelle et émotionnelle. C’est donc indispensable qu’il y ait une super ambiance, sinon on ne tiendrait pas. Et puis pour être capable de bien travailler ensemble, il faut bien se connaître et bien s’entendre.
D’ailleurs, la fonction de CHO se développe de plus en plus dans les entreprises, il y a une vraie demande dans ce sens. Des sociétés comme Facebook ou Google ont créé chez les jeunes l’envie d’un cadre de travail cool, dans lequel on se sent bien. C’est une attente de plus en plus forte et pour attirer les jeunes diplômés et les faire rester, ça devient indispensable. Quand les gens sont heureux, l’entreprise en profite forcément.
Et qu’est-ce qui rend un CHO heureux ?
L’excitation de préparer des surprises pour les autres en cachette, le fait de chercher sans cesse de nouvelles idées, de sentir l’impatience des gens. Voir que tout le monde passe un bon moment lors d’un évènement et que de vrais liens forts se créent. Et puis les merci de tout le monde, tellement agréables et gratifiants :)
Ce mandat de 6 mois s’achève aujourd’hui, quel bilan en tirer ?
C’était une expérience très enrichissante. Au début on ne pensait pas avoir autant de liberté. On a été surprises de voir la confiance que nous ont accordée Didier et les co-directeurs. Tout ce qu’on proposait était accueilli avec beaucoup de bienveillance et d’enthousiasme. Beaucoup de gratitude aussi !
À titre personnel, exercer cette fonction dans un contexte comme celui-là, dans une entreprise qui tente de nouvelles choses sans arrêt, avec un patron inspirant et des métiers passionnants, c’est extrêmement valorisant. Cela nous a vraiment permis de sortir du quotidien opérationnel pour réfléchir à des problématiques tout-à-fait différentes et souvent amusantes. On a aussi pu nouer des liens très forts avec nos collègues de travail et avoir une plus grande proximité avec les co-directeurs. C’est une expérience qu’on pourra valoriser professionnellement et qu’on recommande à tous !
Pour le moment, les CHO existent principalement dans les petites structures mais cela pourrait se développer partout ! Au coeur de la Silicon Valley, les entreprises expertes et précurseurs sur tous les sujets qui touchent à la culture interne l’ont bien compris : Google a ainsi créé le poste de Head of People Operations, quand Zappos a embauché un Culture Evangelist et Zynga un Chief People Officer. Vrai sujet RH pour une meilleure attraction des talents, notamment des jeunes, le bonheur au travail n’a pas fini de faire parler de lui !
Photo @ UPTOO
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