Partir travailler à Rio de Janeiro
08 nov. 2018
7min
Freelance @ Communication numérique
Malgré la situation politique conflictuelle que connait le pays, vous souhaitez tout de même partir vivre au Brésil ? Nous saluons votre courage et voici donc nos conseils pour partir à Rio de Janeiro, la ville brésilienne la plus légendaire !
Le marché de l’emploi
Malgré une récente crise économique et un taux de chômage à 12%, les Brésiliens considèrent la ville de Rio de Janeiro comme une terre d’opportunités. Mais même si celle-ci est la ville la plus internationale du Brésil, surpassant, de loin, sa capitale Brasilia, parler Portugais est obligatoire pour obtenir un emploi qualifié.
Pour les salariés :
Attendez d’acquérir quelques années d’expérience, qui seront déterminantes pour l’obtention de votre visa de travail. De fait, les Brésiliens seront d’abord privilégiés, pour n’importe quel emploi. Le Brésil a aussi la réputation d’être le pays de la paperasserie, donc armez-vous de courage au moment de toutes vos procédures administratives. La solution la plus simple serait de rejoindre la filiale brésilienne de votre entreprise. Autrement, jetez un œil du côté des entreprises françaises déjà implantées sur place : la Chambre de Commerce France- Brésil s’est d’ailleurs installée à Rio de Janeiro il y a 100 ans ! En font partie EDF, Safran, Vinci ou encore L’Oréal.
Pour les entrepreneurs :
Vous avez bien de la chance, car la création du statut d’auto-entrepreneur a été nettement simplifiée il y a quelques années : alors que ça pouvait prendre jusqu’à cinq mois, aujourd’hui vous pouvez avoir votre micro-entreprise en cinq jours. Qualifié, en septembre dernier, de pays « le moins innovant du monde » par la BBC, tâchez de bien étudier le marché avant de vous lancer. Le pays n’a connu que deux licornes en 2017, soit des start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars, contre 137 aux États-Unis… Étonnant quand on sait que les Brésiliens ont plus qu’adopté la transition mobile : comptez 236 millions de lignes mobiles actives pour 210 millions d’habitants. Notons tout de même que la ville de Rio de Janeiro compte à elle-seule 132 start-upet a accueilli en mai 2018 rio.Futuro, une conférence phare de la transformation digitale et de l’innovation.
Les secteurs qui recrutent
- Les nouvelles technologies : jusqu’à 7 000 réaux brésiliens mensuels (soit 2 000 euros) pour un développeur web
- La communication : en moyenne,5 000 réaux par mois (1 430 euros) pour un emploi dans le marketing
- La finance : les marchés brésiliens étaient euphoriques après le premier tour, enthousiasme légèrement retombé après l’élection en bonne et dûe forme de Bolsonaro, dont le programme économique reste flou. À suivre…
- L’ingénierie (industrie pétrolière, agroalimentaire, chimie…) : des salaires mensuels qui peuvent monter jusqu’à 12 000 réaux (environ 3 435 euros)
- Le commerce : les commerciaux touchent entre 6 000 (1 700 euros) et 18 000 (environ 5 000 euros), en fonction de l’entreprise
- Le tourisme : en 2018, Rio de Janeiro attendait non moins d’1,5 millions de touristes pendant le Carnaval, et le pays a battu son record de fréquentation touristique en 2017, avec plus de 6 millions d’étrangers qui ont foulé ses terres.
La vie en entreprise
Légalement, vous pouvez travailler jusqu’à 44 heures par semaine. Cependant, il est admis que vous ferez des journées de 8 heures. Les heures supplémentaires sont censées être rémunérées, et même payées le double, mais c’est un peu comme partout : ce n’est pas forcément respecté par les entreprises, à vous d’aborder la question avant la signature de votre contrat. Gardez en tête que les Brésiliens sont très informels : « Beaucoup de conversations importantes se passent autour d’un café, d’une bière, d’un déjeuner ou même d’un dîner » explique Julien, qui a vécu au Brésil pendant 6 ans, au micro du podcast En Eclaireur. « Même en arrivant en retard au travail, ils vont passer 20 minutes à parler de tout sauf de travail » : il est donc important de savoir manier le bavardage social et les échanges de banalité, pour construire des relations de confiance avec vos collègues. En revanche, sachez respecter les limites : le respect de la hiérarchie est très important dans la culture brésilienne. De même, évitez les sujets qui fâchent - politique, religion… - sous peine de créer une certaine tension au sein de l’entreprise, qui peut vite devenir invivable.
Les plus
- La bonne humeur brésilienne n’est pas un mythe : « tu souris plus ici qu’à Paris, c’est sûr » confirme Julien
- Les churrascos, soit le barbecue à la brésilienne !
- Le carnaval, bien-sûr
- 30 jours de congés payés, auxquels il faut ajouter les 13 jours fériés !
- Il fait beau et chaud toute l’année : bonne mine garantie !
- Les plages mythiques de la ville : Ipanema, Copacabana…
- Le coût de la vie est 26% moins élevé à Rio qu’en France
Les moins
- Le Brésil est àla première place du classement des pays les plus dangereux. On ne le rappellera jamais assez : évitez les signes extérieurs de richesse, n’allez pas dans les quartiers considérés “dangereux”, et ne résistez pas si vous vous faites agresser.
- Le taux d’embouteillage de la ville est de 47% (en comparaison Marseille n’atteint “que” 40% et c’est la ville française la plus embouteillée)
- Les allocations chômages sont très basses : si vous gagnez plus de 485 euros par mois, vous toucherez à peine 330 euros mensuels
- L’IVG n’est possible que sous condition : viol, mise en danger de la mère, ou si le foetus souffre d’anencéphalie
- Le Brésil détient le triste record mondial du plus grand nombre de crimes contre les personnes LGBTQI+
Pour qui ?
Soleil et plage toute l’année, Christ de Corcovado et Carnaval endiablé, forêt de Tijuca et caïpirinha à 2 euros : que demander de plus ? De fait, Rio de Janeiro, surnommé la Cité Merveilleuse, rien que ça, semble être très proche du Paradis sur Terre. Les oiseaux de nuit y trouveront leur bonheur, tant les clubs de salsa abondent et attirent les danseurs jusqu’au bout de la nuit ! Les sportifs pourront jogger négligemment sur l’une des nombreuses plages légendaires qui entourent la ville, y surfer ou tâter du ballon au pays de Ronaldinho et Neymar. Vous ne pourrez pas non plus échapper à la gastronomie brésilienne, entre les guinguettes, les restaurants ou même les vendeurs ambulants : la nourriture est partout, tout le temps car au Brésil « on mange toute la journée ! », raconte Damien qui y a passé un semestre pendant ses études d’ingénieur, au journal L’Étudiant.
Mais attention, Rio est aussi une ville dangereuse, où prudence est mère de sûreté. Rangez votre iPhone au fond de votre sac, et ne vous promenez pas en favela inconnue. Il faudra aussi apprendre à être patient, notamment dans les embouteillages qui envahissent la ville aux heures de pointe. Mais vous vous rangerez rapidement à la mentalité brésilienne : quoi qu’il arrive, “tudo bem” !
Informations pratiques
Loyers
Il vous faut trouver un corrector fiable, soit un agent immobilier qui se chargera de vous trouver des options d’appartements. Pas de panique, certains parlent Français. Il vous faut prendre en compte que vous seul, locataire, paierez les frais d’agence. Pour un studio à Rio, en centre-ville, il faudra compter en moyenne 438 euros : ça peut paraître abordable mais ça reste plus que le salaire moyen brésilien (422 euros en 2018). Choisissez votre futur quartier avec soin, et écoutez les conseils des locaux, pour éviter toute situation délicate.
Santé
Le Brésil a mis en place un système de sécurité sociale publique, dont vous pouvez profiter si vous êtes salariés. Malheureusement, les hôpitaux et autres établissements publics, ne sont pas réputés pour leur efficacité. Et, évidemment, le système privé est lui particulièrement onéreux. Nous vous conseillons donc de prendre une mutuelle de votre côté, en cas de pépin.
Transports
Il existe bien un réseau de transports en commun : métro, bus, bateau. Celui-ci s’est particulièrement étendu à l’occasion des Jeux Olympiques, mais semble être toujours insuffisant : en heure de pointe, les wagons sont bondés, et certains quartiers restent mal desservis (cela étant aussi dû à la géographie de la ville, qui rend le développement d’un réseau de métro sous-terrain particulièrement difficile). Vous pouvez tout de même investir dans une carte de transport (4,30 réaux soit 1 euro), à recharger au fur et à mesure de vos trajets. Un trajet en métro vous coûtera la même somme, pour cumuler bus et métro, il vous faudra débourser 5,80 réaux (1,37 euros), pour cumuler métro et BRT (un bus spécial qui a une voie de circulation réservée), ce sera 6,50 (1,50 euros), pour métro et bateau (et oui, on peut prendre le bateau pour se rendre au travail !), ce sera 8,55 réaux (2 euros). Notez qu’en heures de pointe, certains wagons sont réservées aux femmes. Vous pouvez aussi prendre un pass à 10 réaux par mois (2,40 euros) pour profiter du système de location de vélo local, appeléBikerio : il y a officiellement 140 km de pistes cyclables à Rio, mais attention à vous, les automobilistes pouvant avoir une conduite un peu sportive.
Internet et téléphonie mobile
Vous devrez débourser environ 29 euros mensuels pour une box ADSL. Pour votre téléphone portable, vous trouverez des offres diverses et variées, entre cartes pré-payées et forfaits au mois. Faites votre benchmark auprès des différents opérateurs (TIM, Claro ou Brasil Telecom) pour souscrire à l’option qui vous convient le mieux.
Informations Visa
Le Brésil proposent plusieurs types de visa pour les étrangers, à vous de voir lequel correspond le mieux à votre situation.
- Permis temporaire V : si vous êtes transféré dans une filiale brésilienne de votre entreprise ou si vous justifiez de compétences particulièrement recherchées ;
- Permis temporaire V technique : si vous devez effectuer une mission courte au Brésil, le visant vous accordant maximum 90 jours sur le territoire ;
- Visa d’affaire Vitem II : il ne vous accorde aussi que 90 jours, mais il est extensible, au cas par cas, jusqu’à 5 ans. On vous demandera une lettre justificative de votre entreprise ;
- Le PVT : depuis le 1er mars 2018, les Français sont éligibles au Permis Vacances Travail au Brésil. Quelques conditions à remplir tout de même : vous devez avoir entre 18 et 30 ans, avoir 2 500 euros d’économie sur votre compte et souscrire à une assurance maladie.
Pour obtenir un titre de séjour permanent, vous devez répondre à au moins l’un de ces critères :
- Vous marier avec un.e citoyen.ne brésilien.ne
- Avoir un enfant d’origine brésilienne
- Devenir un investisseur indépendant
- Être un chercheur spécialisé
- Être le directeur, manageur ou le gestionnaire d’une entreprise ou d’une start-up
Rendez vous sur le site de l’ambassade brésilienne pour en savoir plus.
En arrivant sur place, vous devez demander votre CPF, soit votre numéro de sécurité sociale. Il est obligatoire pour ouvrir un compte en banque, une ligne téléphonique, mais aussi parfois pour faire des achats et pour obtenir des réductions ! Rendez vous dans une agence de la Banco do Brasil, avec votre passeport et 5,50 réaux (1,30 euros). Vous devez aussi vous enregistrer auprès de la police fédérale brésilienne. Vous devrez donc payer deux taxes, la taxe de registre d’étranger (106,45 réaux, ou 25 euros) et la taxe de carte d’étranger (204, 77 réaux ou 48,50 euros). Vous devez d’abord vous acquitter du règlement des taxes en vous inscrivant sur le site de la Police fédérale, puis en vous rendant dans une banque. Puis prenez rendez-vous au siège de la Police fédérale (c’est obligatoire), et prévoyez quand même une bonne demi-journée devant vous. Vous devrez ramener le formulaire de demande de RNE (d’enregistrement) dûment rempli, les récépissés de paiements des deux taxes, un justificatif de domicile, votre passeport, deux photos d’identité sur fond blanc, des copies de chacune des pages de votre passeport mais aussi et attention, votre carte d’entrée sur le territoire, soit le papier qu’on vous demande de remplir dans l’avion. Bon courage !
Et voilà ! Il n’y plus qu’à embarquer dans le premier avion direction Rio de Janeiro, et à vous la belle vie sous les cocotiers. On est déjà jaloux.
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