8 personnalités qui ont réussi sans le Graal du diplôme
07 mars 2019
7min
Journaliste indépendante.
Peut-on réussir sans diplôme, sans bagage technique et sans un large réseau d’anciens ? Il semble que oui, et on retrouve des traces de ces autodidactes en herbe dans tous les domaines de la vie économique. Ils sont, en effet, nombreux à avoir fait leurs preuves et touché les étoiles sans être passé par la voie classique, balisée et scolaire. Retour sur le parcours de huit d’entre eux.
Dans le monde de l’innovation
Du “bidouillage” dans un garage aux plus grandes institutions, il n’y a qu’un pas. Dans l’univers de la tech et de l’innovation, on peut faire ses preuves à travers un portfolio ou des réalisations personnelles. De nombreux développeurs ont d’ailleurs appris à coder en autonomie ou ont réalisé leurs premières expériences scientifiques dans leur grenier. Steve Jobs, Bill Gates ou encore André-Marie Ampère, les exemples de réussites ne manquent pas.
L’incontournable : Xavier Niel | Son secret : Essayer, échouer, recommencer
Le geek et bad-boy français n’a peur de rien, a tout osé et a su tirer des leçons de ses échecs. Xavier Niel a mis moins de 30 ans pour bâtir un empire et devenir l’un des entrepreneurs français les plus reconnus. Et contrairement aux grands patrons français, il n’a pas toujours évolué dans les hautes sphères : Xavier Niel a arrêté ses études à 19 ans pour se lancer dans un business qui rapporte, le Minitel rose. Il devient millionnaire à 24 ans alors qu’il vit encore chez ses parents. Il crée ensuite, entre autres, Free et l’Ecole 42.
« Les entrepreneurs n’ont pas tous un parcours parfait et linéaire. C’est ce qui vous renforce et vous fabrique. On n’est que l’accumulation de nos échecs. Sur la base de ces erreurs, vous êtes capables de créer. », explique Xavier Niel dans Le Parisien.
Le précurseur : Thomas Edison | Son secret : L’innovation comme leitmotiv
L’inventeur, entre autre, de l’ampoule électrique et du phonographe a déposé plus de 1000 brevets dans sa carrière. Et pourtant, il quitte très jeune le milieu scolaire, renvoyé par une institutrice qui le croit idiot. Véritable rat-de-bibliothèque, il apprend seul à travers les livres. Il fait ses premiers pas dans le monde du travail comme cireur de bottes, vendeur de journaux puis imprime son propre périodique qu’il vend dans les trains. Il va jusqu’à fabriquer un télégraphe qui lui permet d’obtenir des informations avant les autres gazettes locales et booster ses ventes. D’innovations en innovations, il construit un empire de la sciences et de la technologie et fonde ce qui deviendra General Electric, l’une des plus grandes entreprises mondiales.
Dans la jungle politique
S’il y a un monde dans lequel un diplôme (et une cravate) semble indispensable, c’est bien celui de la politique. Et pourtant ! Pierre Bérégovoy, ancien Premier ministre sous la présidence de François Mitterrand était titulaire d’un CAP d’ajusteur. Plus récemment, Christian Jacob est devenu Président de groupe à l’Assemblée nationale avec son BEP agricole et Jean Lassalle a quitté ses moutons pour se présenter aux présidentielles. Alors, la politique sans faire Science-Po + l’ENA, c’est vraiment possible ?
L’inattendu : Christian Estrosi | Son secret : Impossible n’est pas français
Actuel maire de Nice et ancien député, Christian Estrosi était loin d’être prédestiné à une carrière politique. Les études n’ont jamais été la passion de ce petit-fils de forain d’origine italienne : il rate son baccalauréat après être arrivé 15 minutes en retard à son épreuve de philosophie. La cause ? Il revenait d’une compétition de moto, à laquelle il venait de participer. C’est d’ailleurs pour son absence de diplôme et ses 4 titres de Champion de France de 750 cm3 que ses détracteurs le surnomment le “motodidacte”.
« Je courais en moto. Je n’ai pas le bac et j’ai été trois fois ministre. Donc vous êtes dans un pays où tout est possible, ayez ça en tête. Regardez-moi et dites-vous que ce qui est possible pour moi est possible pour vous. », raconte Christian Estrosi dans un discours à des jeunes en contrat de professionnalisation.
La plus déterminée : Marlène Schiappa | Son secret : Trouver le chemin détourné
Pas une semaine sans que l’on parle d’elle, Marlène Schiappa est devenue l’un des membres du gouvernement les plus visibles sur la place médiatique. Et pourtant, ses choix d’étude ne la pré-destinaient à rejoindre le monde politique. Loin de l’ENA ou de SciencesPo, elle prépare le concours de la gendarmerie à 17 ans mais ne s’y présente pas, puis étudie la géographie à la Sorbonne. Plus intéressée par l’écriture, elle s’inscrit en cours du soir dans une école de communication puis se fait repérer grâce à son blog Maman travaille. Depuis sa nomination, la secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes impose son style et apporte une vague de fraîcheur à cet univers très codifié.
« Petite, mon père avait collé une citation sur son ordinateur : “Il faut travailler et encore travailler”. », explique t-elle dans Le Figaro Madame.
Dans le monde du business
De grands entrepreneurs français sont la preuve vivante qu’un diplôme est loin d’être indispensable pour bâtir un empire commercial. Talent à l’état brut ou apprentissage “dans le dur”, certains ont quitté les bancs de l’école et créé leur empire : Yves Rocher, Martin Bouygues, François Pinault, Patrick Ricard, etc. Des personnalités qui ne laissent personne indifférent. Quelques exemples de grandes réussites :
Le plus collant : Jean-Claude Decaux | Son secret : Avoir du flair et savoir négocier
À 15 ans à peine, Jean-Claude Decaux recouvre les murs de sa ville de publicités pour faire la promotion du magasin de son père. Il atteint la majorité puis décide de monter sa propre entreprise en proposant aux villes d’installer des “aubettes” contre la gestion des emplacements d’affichages publicitaires. Ville après ville, il se déplace sur sa Vespa pour convaincre les municipalités. L’abribus est né. Dans les années qui suivent, il étend le concept à tous les mobiliers urbains et s’affiche également dans les transports : kiosques à journaux, bus et métro, conteneurs de verre… rien ne l’arrête. Quelques milliers d’employés plus tard, il occupe la première place mondiale sur le marché de la communication extérieure.
Le plus bricoleur : Jean-Claude Bourrelier | Son secret : Rester humble
Né dans une famille modeste et atteint de surdité dès le plus jeune âge, son père l’oriente vers un CAP de boulanger. Dès 14 ans, le voilà au milieu des fours et des baguettes de pain. La poussière de la farine accentuant son handicap, il se réoriente vers le métier de charcutier et devient apprenti. À 20 ans, il se fait opérer et retrouve une partie de son audition puis monte à Paris et réalise un nouveau virage professionnel : il devient vendeur dans le magasin de bricolage “Black & Decker”. Trop facile pour lui. Il décide alors d’ouvrir sa propre surface spécialisée, puis rachète à Bricorama une quinzaine de magasins pour faire de la marque un acteur incontournable du marché du bricolage.
« L’autodidacte, il va toujours un peu dans tous les sens. Il me manque des bases. C’est certain. Mais le vrai problème en France, c’est le milieu dont vous êtes issu. Si vous n’avez pas les bonnes entrées, vous restez sur le carreau ! À moins d’avoir beaucoup de chance, et de travailler, travailler, travailler… […] On ne peut pas fréquenter tous les milieux quand on n’en a pas les codes. Moi je fais attention à rester à ma place. » explique t-il en interview.
Et chez les artistes ?
La passion, à elle seule, est-elle suffisante pour devenir un professionnel du métier ? Fabrice Luchini est un ancien coiffeur, Vanessa Paradis abandonne le lycée à 17 ans, Alain Delon se fait renvoyer 6 fois avant de passer un CAP boucherie… Acteurs, réalisateurs, humoristes, cuisiniers ou encore peintres, de nombreux passionnés parviennent à faire de leur art un métier.
Le diamant brut : Gérard Depardieu | Son secret : Travailler son talent
Né dans une famille très modeste et livré à lui-même, Gérard Depardieu déserte très jeune les bancs de l’école. À 13 ans, il est quasi-analphabète et bègue. Un an plus tard, il est apprenti chez un imprimeur et fait des “extra” plus ou moins légaux pour survivre. Accompagnant un ami à Paris, il devient garde du corps et prostitué et, presque par hasard, finit par passer une audition : son talent brut surprend et lui permet de se faire remarquer. Il s’initie petit à petit aux subtilités de la langue française, à la beauté des œuvres classiques et corrige son élocution avec des spécialistes. À l’âge de 26 ans, il tourne dans son premier film, le public le découvre alors dans Les Valseuses de Bertrand Blier, c’est le début de la riche carrière qu’on lui connaît aujourd’hui.
La créative : Anne-Sophie Pic | Son secret : Rester sans tabou et sans chaînes
Anne-Sophie Pic est fille et petite-fille de cuisiniers. Et pourtant, elle choisit de poursuivre des études dans une école de commerce parisienne puis dans l’industrie du luxe. Mais le destin en décide autrement et elle fait le choix de retourner dans la restauration auprès de son père, qui décède quelques mois plus tard. À 23 ans, sans formation et dans un milieu principalement masculin, elle doit diriger un restaurant et faire ses preuves. Sept étoiles Michelin plus tard, c’est chose faite.
« À l’époque, je n’ai pas les outils techniques, mais j’ai développé un goût, un odorat, et j’ai en tête l’exemple de Michel Bras, autodidacte et triplement étoilé. Etre autodidacte, c’est aussi une liberté. Je n’avais pas de tabou, je n’étais pas formatée, j’étais curieuse. Et je le suis toujours, éternellement en construction, à me remettre en question, à m’épanouir dans la créativité. », raconte Anne-Sophie Pic dans Le Monde, en revenant sur ses premières années en cuisine.
Vierges de tout diplôme, ce sont des travailleurs acharnés, à l’écoute de leur intuition ou particulièrement audacieux. Dans un monde du travail qui bouge et qui évolue à vitesse grand V, le diplôme n’est plus le graal et le profil d’autodidacte est de plus en plus reconnu et adapté au monde de l’entreprise. Ces personnes au parcours atypique sont d’ailleurs saluées chaque année par les Victoires des Autodidactes, créées par le Harvard Business School Club de France et le groupe Mazars pour récompenser les self-made men français.
Et comme le disait Pierre Desproges, qui a lui-même raté son baccalauréat : « Les diplômes sont faits pour les gens qui n’ont pas de talent. Vous avez du talent ? Ne vous emmerdez pas à passer le bac. »
Photo by WTTJ
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