Reprendre ses études à 40 ans... c'est boostant !
19 mars 2019
7min
MP
Journaliste, pigiste et auteure
À l’approche de la quarantaine, Virginie a choisi de reprendre ses études pour évoluer dans son travail. Elle raconte avec enthousiasme comment ce retour sur les bancs de l’école a dynamisé et chamboulé sa vie professionnelle et personnelle.
J - 3 Se décider
Voilà… c’est décidé, je reprends mes études ! Après 13 ans dans la même enseigne, je m’en vais. C’est vrai que j’adorais ma vie professionnelle, mais comme mon poste a été remanié et qu’il ne correspondait plus à ma vision du marketing, j’ai profité du plan de départ volontaire pour rebondir. Je me suis dis : « plutôt que de subir la situation, vois-le comme l’opportunité de changer de vie ! »
J’avais deux options : trouver un travail ailleurs ou reprendre des études dans le cadre d’un congé de reclassement. Pendant un an, je conserverai une partie de mon salaire et serai accompagnée par un cabinet de conseil en mobilité. En parallèle, mon ancienne entreprise financera ma formation. Des conditions au top pour reprendre les études ! En fait, j’avais déjà songé à retourner à l’école, à une période de ma vie où je m’ennuyais dans mon travail, mais j’avais rapidement changé de poste. L’idée de refaire une formation était donc restée en stand by… jusqu’à aujourd’hui.
En revanche, avec mes trois enfants, ce n’est pas une décision à prendre à la légère. Ils ont 8, 5 et 3 ans et au sein de mon foyer, c’est moi qui ait le salaire le plus élevé. On a réfléchi ensemble, avec toute la famille. Mon chéri m’a dit : « vas-y, fonce ! » et mes enfants aussi m’ont soutenue : « Maman c’est super, tu vas faire comme nous ! Tu vas retourner à l’école ! » Il n’y a plus de raison d’hésiter.
Après 13 ans dans la même enseigne, je m’en vais. (…) J’ai profité du plan de départ volontaire pour rebondir.
J - 2 Faire le deuil de l’ancienne vie
Je me rends compte qu’il ne suffit pas de décider de reprendre des études pour être prête psychologiquement à le faire…ou en tout cas être prête à renoncer à sa vie actuelle. Dans mon entreprise, j’ai beaucoup d’avantages : un salaire intéressant, une posture de responsable avec des équipes… Si je choisissais de rester je garderais une situation confortable.
C’est dur de renoncer à ça mais je préfère quand même choisir le changement. Il faut donc que j’accepte de tout recommencer. Pas de repartir de zéro pour autant mais de recommencer tout un parcours, mettre mon ego de côté pour apprendre et avancer. Il faut que je fasse le deuil de l’ancienne vie pour aborder pleinement mes nouveaux projets. Voilà, je me sens déjà à nouveau actrice de ma vie professionnelle.
Il ne suffit pas de décider de reprendre des études pour être prête psychologiquement à le faire.
J - 1 Choisir sa formation
Je vois bien qu’aujourd’hui, avec l’évolution du numérique, envisager le marketing sans le digital n’est plus du tout envisageable. Je choisis donc de compléter mon Master 2 en marketing par un MBA (Master of Business Administration) en marketing digital. Cela me paraît essentiel pour évoluer dans ma profession. J’ai d’ailleurs trouvé l’école idéale, après quelques recherches sur Internet et des rencontres avec d’anciens élèves. C’est un institut qui propose une formule avec 6 mois de stage et 6 mois de cours. Me voilà inscrite… et très excitée à l’idée de commencer.
Je choisis de compléter mon Master par un MBA (…) Cela me paraît essentiel pour évoluer dans ma profession.
C’est la rentrée !
J’ai la petite boule au ventre… et plein de peurs qui tourbillonnent dans ma tête : « Suis-je encore en capacité d’apprendre ? De passer 8 heures par jour assise en cours ? Vais-je être plus âgée que les autres ? Comment vais-je être perçue ? »
Mais quand je découvre ma promo, je suis rassurée. Sur 40 personnes, plus de la moitié a déjà une expérience professionnelle… et je ne suis pas la plus vieille ! La tranche d’âge se situe entre 22 et 42 ans. Moi qui avait peur de n’être qu’avec des jeunes sortant de bac+4, je suis surprise car je ne m’attendais pas à ce que nous, qui reprenons des études, soyons si nombreux.
En revanche, cette première journée de cours a été plus difficile. Je crois que c’est le plus dur : remettre en route la machine scolaire. Rester assise et concentrée pendant toute une journée est éreintant quand on y revient ! En plus les chaises ne sont pas très confortables. Quand je pense que cela va durer six mois de 9h à 13h et de 14h à 17h ou 18h… Mais je vais m’habituer.
Suis-je encore en capacité d’apprendre ? De passer 8 heures par jour assise en cours ?
J + une semaine, s’organiser
J’avais presque oublié que, qui dit “école” dit “devoirs” et “examens”. Quand je rentre des cours, je m’occupe des enfants : on fait les devoirs (les leurs!), je les fais manger, je les couche et ensuite, vers 22h, je fais mes propres devoirs. Je travaille et révise aussi le week-end, entre les courses au marché, ma session running et deux sorties au parc avec les enfants. Je commence à prendre une petite routine et je n’ai pas l’impression de faire un retour en arrière. Les cours sont tellement différents de ce que j’ai connu plus jeune, que je les vois comme de nouvelles couches qui viennent se superposer à mes connaissances existantes. Il y a 20 ans, on n’échangeait pas forcément avec les profs après les cours… On ne se tutoyait pas non plus. D’ailleurs la plupart des enseignants sont plus jeunes que moi et ont déjà de grands parcours professionnels. Ça aussi, ça change.
Je travaille et révise aussi le week-end, entre les courses au marché, ma session running et deux sorties au parc avec les enfants.
J + un mois
Je me suis bien habituée au rythme des cours et de l’apprentissage, malgré le fait qu’il soit très intense et que je sois parfois fatiguée. Le plus compliqué, ce sont les concessions à faire entre ma vie d’étudiante, ma vie de famille et ma vie de femme. Je fais moins de sorties avec mes amis et mon chéri, mais je m’organise pour en faire toujours quelques unes. Par exemple, vendredi, c’est ciné en amoureux ! Je m’autorise un afterwork par mois et un « meet up » par semaine.
Si j’ai besoin d’être tranquille pour réviser, je reste à l’institut ou je vais chez ma mère. Elle aussi me soutient dans cette aventure. J’en ai bien besoin car les contrôles… c’est stressant et fatiguant. Cette nouvelle organisation, c’est sûr que ça bouleverse la vie de famille et la vie de couple, mais de toute façon, à 37 ans et avec 3 enfants, pour s’en sortir, il faut être organisée. C’est pour ça que c’est très important d’en parler avec ses proches avant de se lancer. Et comme on dit dans ma classe : « #mêmepaspeur. Le principal, c’est de faire ! »
Le plus compliqué, ce sont les concessions à faire entre ma vie d’étudiante, ma vie de famille et ma vie de femme.
J + 3 mois, trouver un stage
Plusieurs semaines de cours ont passé et il faut déjà songer à trouver un stage pour la deuxième partie de la formation. Et là une nouvelle peur surgit : être stagiaire à 40 ans… Dans mon ancienne entreprise, je n’ai jamais connu des stagiaires de plus de 24 ans ! Alors à mon âge… Je me dis que passer du statut de responsable à celui de stagiaire va me faire bizarre.
D’un autre côté, un « meet up » auquel j’ai participé dernièrement aurait tendance à me rassurer. J’ai participé à un « BOOST » de Welcome to The Jungle sur « décrocher son stage en start-up ». Je pensais d’ailleurs qu’il n’y aurait que des jeunes, et finalement j’ai rencontré des gens entre 30 et 40 ans qui ont osé posé LA question : « Est-ce que vous engagez des personnes de notre âge ? » La réponse était positive mais ce qui m’a surtout rassurée, c’est de savoir que je ne suis pas seule dans cette situation. Je suis en pleine recherche de stage et j’aimerais le faire soit en start-up soit dans une petite structure, donc je suis complètement disruptive avec mon profil venant d’une grand groupe. C’est l’année du changement !
Je me dis que passer du statut de responsable à celui de stagiaire va me faire bizarre.
J + cinq mois après… un coup de jeune
Je m’éclate dans cette formation. J’ai pris mon rythme et je savoure chaque nouvelle chose que j’apprends. Je rencontre plein de personnes de tous âges et d’univers différents, c’est très stimulant ! Mes proches me voient moins mais ils sont impressionnés par mon changement, mon nouvel état d’esprit… et même mon vocabulaire a changé en côtoyant l’environnement des start-up. Je me sens boostée et dans le mood. Quand mon fils de 8 ans m’a dit qu’il voulait être youtubeur, j’ai réalisé à quel point c’est important de suivre l’évolution des technologies pour les initier, de ne pas être à côté de la plaque. Cette nouvelle vie d’étudiante met un coup de jeune ! La première fois que j’ai utilisé un ordinateur, c’était à la fac… alors grâce à cette formation dans le digital je me sens à la page.
Mes proches me voient moins mais ils sont impressionnés par mon changement, mon nouvel état d’esprit.
J + 6 mois. Envisager le retour à la vie pro
Plus les cours avancent et plus je me dis que nous serons de plus en plus nombreux à reprendre des études dans notre vie car amenés à faire plusieurs métiers au cours d’une carrière. À l’institut de formation, on nous dit que 80% des emplois existants seront des métiers à réinventer d’ici 2030, car le digital va « disrupter » pas mal de fonctions. Ce que l’on apprend actuellement ne sera peut-être plus valable dans deux mois et il va falloir sans cesse s’adapter, passer de nouveaux diplômes et réapprendre encore. Cela demande de changer d’état d’esprit.
Finalement, reprendre les études n’a pas que changé ma vie professionnelle mais aussi ma vie personnelle. J’ai plus confiance en moi, je sais que je peux m’adapter et faire plein de choses nouvelles et insoupçonnables. Le champ des possibles est grand ouvert ! Quand on est dans une entreprise depuis plusieurs années, dans la routine, on oublie d’aller chercher cette stimulation liée à l’apprentissage. Reprendre les études, c’est sortir de sa zone de confort pour se dépasser. Tout cela fait qu’aujourd’hui, je suis hyper confiante quant à mon retour dans la vie active.
J’ai plus confiance en moi, je sais que je peux m’adapter et faire plein de choses nouvelles et insoupçonnables.
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