Changer de métier sans changer d'entreprise, c'est possible !
13 févr. 2018
6min
La vie professionnelle n’est pas un long fleuve tranquille et nos aspirations évoluent avec le temps et l’expérience. L’envie d’explorer un nouveau job est souvent synonyme de changement de tribu. Pourtant il est possible de franchir une nouvelle étape dans sa carrière sans changer d’entreprise grâce à la mobilité interne. Les RH valorisent de plus en plus ce changement pour faire évoluer les employés et garder les talents. Un système où chacun a à y gagner, à condition d’aborder le sujet avec rigueur et organisation. En 2016, 9 % des cadres ont d’ailleurs changé de poste au sein même de leur entreprise*.
Mais cette évolution requiert patience, persuasion et diplomatie et doit se faire dans les règles de l’art. Pour concrétiser votre envie de changement et vous lancer, Welcome to the Jungle a recueilli les avis de deux expertes : Ludivine Ferrand responsable RH chez Fives qui connaît très bien les problématiques de mobilité au sein d’un grand groupe et Elsa Groschaus qui a récemment enclenché un switch entre deux jobs chez Welcome to the Jungle !
1. Bien communiquer son envie d’évoluer en respectant les codes de l’entreprise
« C’était un désir de ma part dès le début et j’ai été transparente sur le sujet », Elsa Groschaus de Business Developer à Responsable Marketing B2B chez Welcome to the Jungle
Au sein de toute entreprise il y a des codes et la communication en est l’élément central. Il est important de parler de vos envies et des projets que vous aimeriez accomplir. À vous de trouver le meilleur moment pour parler à votre manager (point annuel, déjeuner informel…) et de communiquer vos attentes d’une manière positive. Cela permet d’anticiper les points bloquants (qui va vous remplacer ?) et les frustrations.
Pour Elsa, qui est passée du job de Business Developer à Responsable Marketing, l’envie de rejoindre le marketing a toujours été présente : « _C’était un désir de ma part dès le début et j’ai été transparente sur le sujet. J’avais fait du marketing auparavant et quand j’ai été recrutée il n’y avait pas de poste ouvert sur cette partie. J’aimais beaucoup la structure et le projet de Welcome to the Jungle, alors j’ai commencé comme Business Developer. _»
Ludivine responsable RH chez Fives, voit deux cas de figure possibles pour une évolution en interne : un changement de poste sur demande de l’employé ou un changement de poste proposé par la direction. « Il arrive que nous ayons l’idée de proposer un changement de poste à un collaborateur. Dans ce cas précis, nous parlons du poste à l’employé pour évaluer si celui-ci est partant. Si sa réponse est positive nous l’accompagnons dans sa prise de poste. »
2. Se renseigner sur la politique d’évolution en interne de votre entreprise
« L’évaluation et le recensement des savoir-faire techniques et managériaux, la détection de potentiels, le recueil des souhaits individuels sont une préoccupation constante », Ludivine Ferrand - Responsable RH chez Fives
Pour les structures plus importantes, n’hésitez pas à vous renseigner sur la politique de l’entreprise, il arrive souvent qu’un plan d’évaluation et de suivi des employés soit mis en place. Par exemple chez Fives, la GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) est un outil de pilotage pour la direction.
Ludivine Ferrand responsable RH chez Fives depuis deux ans explique que l’identification des compétences et leur développement, notamment par la formation, constituent un axe majeur de la politique RH. « _L’évaluation et le recensement des savoir-faire techniques et managériaux, la détection de potentiels, le recueil des souhaits individuels d’évolution et de formation sont en conséquence une préoccupation constante. Il a été décidé, il y a quelques années, d’accélérer le développement du dispositif d’évaluation des compétences, à travers notamment la mise en place du comité de gestion des carrières (CEDRE). C’est en partie lors de ces comités que la mobilité est au cœur des discussions. _»
3. Anticiper les compétences demandées par votre futur poste
« J’essaie de rencontrer des Directeurs Marketing afin de bénéficier de leur expérience », Elsa Groschaus
Avant de vous lancer dans ce changement, prenez du recul et effectuez un bilan personnel. Sur quels savoir-faire pouvez-vous vous appuyer ? Quels sont ceux qui vous manque ? Ces questions vous aideront à évaluer l’écart qui vous sépare de votre futur job. C’est donc le moment idéal pour entreprendre un bilan de compétences ou une formation.
Aujourd’hui de nombreux outils existent pour s’auto-former, Elsa par exemple a sa propre méthode : « J’essaie de rencontrer des Directeurs Marketing afin de bénéficier de leur expérience, leur retour, les outils qu’ils utilisent… Ce qui me manque encore c’est une culture tech. Je pense qu’aujourd’hui le marketing nécessite de bien connaître les technologies, d’avoir des bases en code… »
Dans certains cas, le métier présent et le métier futur sont proches et le switch s’enclenche facilement. C’est le cas pour Elsa, car les deux postes sont liés à la compréhension du client : « _En tant que Business Developer, j’ai rencontré des milliers de prospects, j’ai une connaissance profonde de leurs attentes, leurs enjeux et de ce qu’ils attendent de nous. Le marketing B2B c’est la continuité puisque le but, c’est la génération de lead et pour cela il faut savoir ce qui attire les clients. _»
Il est donc très important de se demander en quoi l’expertise acquise dans notre job actuel peut nous permettre d’être bon dans notre nouveau challenge.
Focus formation : le CPF
Le compte personnel de formation (CPF) vous permet d’acquérir des droits à la formation professionnelle. Ces droits sont inscrits dans un compte d’heures qui vous suit tout au long de votre vie professionnelle : vous pouvez décider de vous former régulièrement en les utilisant. La formation doit répondre à trois conditions : elle doit être qualifiante, certifiante et diplômante (ex : toefl). Le financement peut être pris en charge par l’OPCA (organismes chargés de collecter les fonds de la formation professionnelle continue et de financer la formation) et l’employé (ou l’employeur).
Voir aussi :
- Acquérir de nouvelles compétences : les 10 meilleurs sites d’autoformation
- Focus sur les MOOCs (Massive Online Open Courses) : l’essentiel à savoir
- Les meilleures formations pour apprendre à coder
4. Mettre en avant ses “soft skills”
« On attend plus d’un collaborateur qui fait déjà partie de la maison. Il faut qu’il sache être agile et rapidement opérationnel à son nouveau poste » Ludivine Ferrand
Votre valeur ne se résume pas qu’à votre CV ou à vos compétences technique pures, l’entreprise vous a recruté également pour votre personnalité, votre vision, vos qualités humaines. En particulier celles qui sont transposables sur votre futur poste. Votre curiosité, votre dynamisme, votre capacité d’apprentissage et votre flexibilité seront des atouts pour convaincre et rassurer vos managers sur le bénéfice de ce changement. La règle la plus importante : être reconnu comme compétent et performant dans votre job actuel. N’hésitez pas à lister vos projets réussis, vos résultats etc. Montrez votre implication sur le poste demandé, renseignez-vous sur le service, mettez en avant des projets communs sur lesquels vous auriez collaboré. Les managers sont plus exigeants lors d’une mutation en interne c%ar l’employé est supposé connaître déjà le business et se doit d’être opérationnel plus vite qu’une toute nouvelle recrue.
« Un employé qui veut réussir le nouveau challenge d’un changement de poste dans la même structure doit être capable de faire preuve d’une grande adaptabilité mais aussi d’une forte réactivité. En effet, on attend plus d’un collaborateur qui fait déjà partie de la maison. Il faut qu’il sache être agile et rapidement opérationnel à son nouveau poste. C’est là tout l’intérêt pour une entreprise de recruter en interne » explique Ludivine Ferrand.
À lire : Les soft skills les plus valorisées en entretien
5. Anticiper les difficultés opérationnelles du changement
« Il faut accepter de travailler plus et de sortir de sa zone de confort. Changer en interne ce n’est pas quelque chose de passif il faut être pro-actif ! », Elsa Groschaus
Comme lors d’un départ classique, votre évolution en interne laisse un poste vacant à recruter et votre manager peut être tenté de vous demander de soutenir une partie de vos anciennes missions le temps de la transition.
La prise d’initiative de votre part sera toujours vue d’un bon oeil car elle montre que vous n’attendez pas de manière passive d’accéder à vos nouvelles fonctions pour vous investir dans votre prochain poste. Elsa explique qu’elle a organisé son temps de manière à assurer son poste de Business Developer tout en se préparant à son nouveau poste : « _Je travaille 20% sur du marketing et 80% sur du business development. J’essaie de mettre en place les outils que je vais vouloir utiliser, faire un plan des actions que je veux mettre en place de manière à donner à mes managers une visibilité précise sur ce que je vais faire. Je fais des points hebdomadaires afin de montrer ma progression, cela permet d’enclencher le changement de la manière la plus souple possible. _»
Le point négatif de cette situation étant que la charge de travail supplémentaire peut être contraignante sur le long terme et vous empêcher de vous concentrer à 100% sur votre nouveau poste. Attention donc à bien établir le paramètre de vos activités et une durée de transition durant laquelle vous acceptez d’assurer provisoirement ce double poste.
Lancez-vous !
Gardez en tête qu’un recrutement est toujours difficile et qu’une tribu qui fonctionne et une tribu qui veille à l’épanouissement de ses membres. On ne vous reprochera jamais de vouloir évoluer au sein d’une entreprise car c’est bien une preuve que vous souhaitez rester dans l’aventure.
N’hésitez donc pas à suivre vos envies et vos projets. Non, ce n’est pas impossible de changer de job en interne mais cela vous demandera de la patience et de l’énergie, avec au bout du chemin une belle récompense !
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* Le Panorama de la mobilité des cadres publié début juin 2017 par l’Apec
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