Tout ce que vous devez savoir sur les cryptomonnaies
08 févr. 2018
5min
KE
CTO - directeur technique
Ces derniers temps, il est difficile de passer à côté du phénomène des cryptomonnaies et notamment du Bitcoin, la plus connue d’entre elles. L’engouement est en effet sans précédent pour cette monnaie dont l’émergence date pourtant de 2009. De Warren Buffet à Nabila Benattia, tout le monde a plus ou moins son avis sur cet investissement, parfois encensé, parfois diabolisé. Mais que signifie vraiment ce phénomène des cryptomonnaies ? Quelle sont les différentes monnaies en circulation ? À quoi servent-elles ? Nous décryptons pour vous ce phénomène afin d’y voir plus clair sur les enjeux à venir.
Début de l’histoire…
Satoshi Nakamoto, ce nom ne vous dit peut-être rien. En réalité, il s’agit d’un pseudonyme choisi par la personne (ou le groupe de personnes ?) qui a posé, en 2008, les fondations du futur Bitcoin. En publiant en ligne un document PDF (version française) de moins de dix pages qui explique le fonctionnement du Bitcoin, Satoshi Nakamoto a créé une véritable révolution dans l’univers de la monnaie. Pour résumer son innovation de manière simplifiée, il est possible de dire que Satoshi Nakamoto a voulu inventer une nouvelle façon d’échanger de l’argent en tenant une sorte de grand livre de comptes numérique, qu’on appelle la blockchain, dont la fonction est de retracer l’ensemble des échanges entre les détenteurs de Bitcoin. Un code, nommé hach, permet de vérifier de manière assez simple qu’aucune transaction n’a été ajoutée ou modifiée par un utilisateur.
L’objectif initial
Quel était l’objectif initial de Satoshi Nakamoto ? En créant cette monnaie virtuelle, l’inventeur du bitcoin a voulu penser une monnaie décentralisée qui s’oppose en tous points aux monnaies actuelles centralisées par des grandes banques. Le but des cryptomonnaies est de diminuer le pouvoir attribué à un intermédiaire dont le rôle est de valider une transaction. Ainsi, l’ensemble du Bitcoin fonctionne selon le principe du Peer-to-Peer (comme lorsque l’on télécharge des torrents par exemple) qui permet un échange de fichiers directement entre ordinateurs personnels. En faisant tourner son ordinateur sur un logiciel nommé Bitcoin Core, il est possible d’ajouter son ordinateur au réseau et de garantir l’intégrité du Bitcoin en vérifiant constamment l’historique grâce aux fonctions de hash. C’est ici le rôle des mineurs, qui, à l’image de la ruée vers l’or, essaye de trouver des nouvelles combinaisons de chiffres permettant d’ajouter des blocs à la blockchain et de garantir la viabilité des informations. La récompense pour ces mineurs est une somme de Bitcoins en fonction de la transaction cryptée.
Grâce à cette répartition du contrôle entre les mains de l’ensemble des mineurs du réseau, la cryptomonnaie permet d’éviter une situation qui confère un trop grand pouvoir à l’intermédiaire (l’établissement bancaire). L’avantage est donc multiple :
- Augmenter la sécurité du système entier par un contrôle permanent des transactions
- Diminuer les frais de transactions, notamment sur des virements internationaux
- Sécuriser les processus de création monétaire par un protocole
Quelles sont aujourd’hui les différentes cryptomonnaies qui existent ?
Aujourd’hui, plusieurs cryptomonnaies existent sur le marché. Certaines sont plus développées que d’autres. Si le Bitcoin est la plus célèbre, l’Ethereum est également une monnaie qui a su se développer grâce à une technologie très performante. Il est également possible de citer des monnaies comme le Litecoin, version améliorée du Bitcoin, le Monero qui est une monnaie fondée sur la confidentialité ou encore le Ripple qui est une cryptomonnaie qui réussit à s’intégrer dans le système bancaire en permettant à des serveurs privés de valider les transactions. Cette monnaie qui a réussi une performance de 36018% sur l’année 2017 a pour but de rendre les échanges bancaires plus rapides, faciles et moins onéreux.
Les échanges sont-ils risqués ?
L’intermédiation partagée
Dans une monnaie classique, la banque joue le rôle d’intermédiaire et sécurise un vendeur sur la réelle possession d’argent de l’acheteur. Dans le cadre des cryptomonnaies, ces dernières fonctionnent selon un mode communautaire et majoritaire et, lors d’une transaction, il faut à minima que plus de 50% des ordinateurs du réseau valident le code source. Ainsi, pour pouvoir falsifier des opérations financières, il faudrait alors contrôler plus de 50% de la puissance de cryptage du réseau, ce qui est très compliqué et qui, le cas échéant, serait su par la communauté et causerait la disparition de la cryptomonnaie concernée.
Le pouvoir des clés de sécurité
Pour valider les transactions, une signature via le système de la cryptographie asymétrique permet à chacun de pouvoir effectivement assurer à la communauté qu’il est bien l’auteur de la transaction. Grâce à ce système de double vérification (publique et privée), la falsification des transactions est quasiment impossible. Chaque détenteur de cryptomonnaie possède donc des codes ou des clés publiques et privées. Les clés privées doivent impérativement être conservées et non divulguées car elles permettent à elles-seules, les différents transferts d’argent.
Quelles sont les limites des cryptomonnaies ?
Perdre ses clés est fortement déconseillé
La première des limites à mettre en avant sur les cryptomonnaies est celle relative à la possession de clés de sécurité qui permettent pour chacun de sécuriser l’ensemble de ses transactions. Très pratiques, ces clés sont en revanche l’unique moyen de dépenser la cryptomonnaie que l’on possède. Ainsi, si un utilisateur vient à perdre sa clé privée ou si un virus réussit à dérober ces codes, l’impact financier pourrait être important pour un utilisateur.
Le système pourrait être sous-tension un jour de Black Friday
Par ailleurs, les transactions mettent un certain temps à être vérifiées par les mineurs. Ainsi, le débit actuel des transactions est de l’ordre de 7 transactions par secondes là où celui du réseau VISA par exemple est capable de monter jusqu’à 20 000 transactions par seconde.
Un système énergivore
Une des critiques la plus partagée, et contre laquelle il est difficile d’aller, est celle relative à la consommation énergétique de l’ensemble de la cryptomonnaie. L’ensemble des ordinateurs qui tournent pour sécuriser les différentes transactions doit en effet être alimenté par une grande quantité d’électricité, sans compter celle nécessaire à refroidir les salles entières de cryptage. Pour évaluer avec précision ce point, il serait intéressant de réussir à comparer, à volumes de transactions équivalentes, la consommation énergétique du système actuel centralisé autour d’établissements bancaires et celle d’une cryptomonnaie.
Des cours difficiles à anticiper
Enfin, une des limites importantes des cryptomonnaies reste leur volatilité. En effet, le nombre d’utilisateurs restant encore relativement restreint, le cours d’une crypto-monnaie peut présenter de très fortes variations de cours en fonction de la confiance des détenteurs de cette monnaie et de l’appétence de nouveaux détenteurs. À titre d’exemple, le cours du Bitcoin est passé sur les 4 derniers mois de 2017 de 5 000$ par Bitcoin à plus de 16 000$ en décembre 2017.
Quelle évolution pour demain ?
Les possibles impacts sur le marché financier
Pour l’instant, le secteur financier dans son ensemble est encore en veille sur le sujet des cryptomonnaies. Si l’impact du mécanisme blockchain commence à résonner au sein des différentes institutions financières, rares sont celles aujourd’hui qui imaginent une révolution à court terme du modèle financier.
En revanche, quelques initiatives témoignent de l’intérêt du secteur financier pour ces nouvelles monnaies. Le Crédit Agricole va par exemple tester la monnaie Ripple pendant six mois pour le versement des salaires de clients français travaillant en Suisse. Par ailleurs, sans doute alertée par les performances extraordinaires réalisées sur le trading des cryptomonnaies, Goldman Sachs a clairement indiqué vouloir prendre en compte ces actifs dans leur gestion financière.
Le danger de la centralisation d’une monnaie décentralisée
De nombreuses questions existent et mettent en suspens le développement de ces monnaies alternatives. Parmi les questions les plus importantes, une est centrale : le fondement même des cryptomonnaies consistant à conserver l’ensemble des transactions, le processus de minage des transactions devient de plus en plus complexe. Ainsi, cette monnaie par essence décentralisée risque de se centraliser par la concentration des mineurs qui doivent dès aujourd’hui développer une puissance informatique très importante pour sécuriser les transactions.
Certes il est toujours possible de changer de monnaie pour redémocratiser le minage, cependant, à l’usage, cette façon de fonctionner risque d’être problématique pour l’usager.
La réaction politique mondiale
Par ailleurs, l’enjeu autour de la monnaie est évidemment politique. De par leur conception, les cryptomonnaies échappent à toute sorte de contrôle des Etats qui n’ont plus de référents identifiés comme les établissements bancaires pour gérer la création et la circulation monétaire. Jusqu’où les cryptomonnaies peuvent-elles s’affranchir des Etats ? C’est la question centrale à laquelle personne n’a aujourd’hui réellement de réponse.
Réduire la facture énergétique
Enfin, avec l’augmentation des écritures liées aux transactions, la question de l’énergie consommée et des espaces de stockage dédiés va vite devenir centrale pour ces monnaies. Faute d’y répondre, les modèles économiques des mineurs par exemple risquent de rapidement devenir compliqués avec un risque d’entrave du développement.
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Photo by WTTJ @La Maison du Bitcoin
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