Témoignage : comment l'arrêt de l'alcool a affecté ma vie sociale au travail

05 févr. 2019

3min

Témoignage : comment l'arrêt de l'alcool a affecté ma vie sociale au travail
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Dans chacun de nos billets d’humeur, nous donnons la parole à une personne, anonyme ou non, qui revient sans langue de bois sur une histoire marquante qu’elle a vécue au travail. Un témoignage subjectif dans lequel certains d’entre vous pourront se reconnaître et qui questionne la réalité du travail d’aujourd’hui.

Lorsque j’ai décidé de relever le défi du « Dry January », je pensais que ce pari serait surtout difficile à tenir le week-end. Je ne me doutais pas, en revanche, que cela allait peser dans mes relations professionnelles. Qui pense aux softs pour les pots ? Je n’oublierai certainement plus d’en ramener au moment de payer ma tournée.

Bonne année, bonne santé et à la vôtre ! Pour fêter les retrouvailles post-vacances de Noël au boulot, le boss commence par offrir sa bouteille. Trop sympa… mais mon dry january commence mal. J’ai décidé de relever ce défi du mois de janvier sans alcool, lancé par une association britannique pour prouver les bénéfices d’une diète sur la santé, et je maudis déjà ceux qui, de l’autre côté de la Manche, ont pour boisson phare le thé et non pas le vin. Je refuse poliment le verre de bonne année et me remplis un gobelet d’eau pour trinquer avec les collègues qui m’interrogent du regard : « T’es enceinte ? ». Etonnée de cette réaction, j’affirme que non et avoue presque honteusement ma première bonne résolution. Je n’assume pas… Peut-être parce qu’au fond de moi, je ne suis pas bien convaincue de l’intérêt de se passer d’alcool pendant un mois, mais le défi est intéressant. Mes collègues se moquent gentiment de moi en faisant cogner leurs verres contre mon gobelet en plastique : « Tu ne tiendras pas ! ». Ils venaient de me donner une bonne raison de maintenir le cap : prouver que je pouvais y arriver.

“T’es enceinte ?”. Etonnée de cette réaction, j’affirme que non et avoue presque honteusement ma première bonne résolution. Je n’assume pas…

La semaine s’écoula sans qu’une seule goutte d’alcool ne me passe sous les yeux, et le vendredi soir tant redouté arriva. « Tu viens boire un verre après le boulot ? Ou faut qu’on aille dans un bar à jus ? » Les blagues commençaient et n’étaient pas prêtes de s’arrêter. J’encaisse, bien décidée à prouver que je saurai m’amuser quand même : « Bien sûr que je viens ! ». Ils ont pris des pintes et moi un jus d’orange… Ils ont repris des pintes et moi un autre jus d’orange. « On change de bar ? ». Ils étaient chauds… mais pas moi. Personnellement, je me sentais fatiguée, un peu décalée et ne me voyais pas boire encore un autre jus. Honnêtement, la liste des softs est quand même très limitée dans les Pubs ! Il n’y a même pas de bière sans alcool… Malgré leurs invitations à rester, je suis rentrée chez moi. Ils sont partis enchainer les coups ailleurs.

Les jours qui suivirent, je n’étais plus très motivée par les afterworks. Résister aux délicieuses mousses fraiches dégoulinantes sous mes yeux devenait pesant… Je me mettais moi-même à l’écart de mes collègues et ne comprenais plus les blagues faisant référence à des moments partagés au bar. Cela commençait d’ailleurs à les saouler autant que moi : « Tu pourrais au moins venir pour faire le taxi ! ». Ce reproche me laissa un goût amer. Mes collègues m’en voulaient de zapper tant de moments de convivialité… Alors j’ai fait l’effort de les suivre davantage, même quand le cœur n’y était pas complètement. Je trouvais cela tellement ridicule de trinquer avec mon verre de limonade ! Et une fois qu’ils avaient trop d’alcool dans le sang, ils partaient dans des délires que je n’arrivais pas toujours à suivre. J’ai bien essayé de me déhancher sur des musiques ridicules, mais sans un seul micro-gramme, je n’ai pas tenu longtemps, tandis que mes collègues ont continué à faire la chenille et tourner les serviettes jusqu’au bout de la nuit. Un des moments parmi d’autres qui fait réaliser l’importance de l’alcool, en France du moins, dans les relations sociales, même au travail. Vivement que le mois se termine !

Je me mettais moi-même à l’écart de mes collègues et ne comprenais plus les blagues faisant référence à des moments partagés au bar.

La seule personne dont je me suis rapprochée grâce à cette expérience est une de mes collègues qui souffre d’alcoolisme. J’ai compris pourquoi elle était involontairement mise à l’écart… Forcément, elle non plus, n’est pas tentée par l’idée d’aller boire des coups après le boulot, si c’est pour saliver devant des apéritifs auxquels elle n’a pas le droit. Elle m’a confirmé ce que j’ai pu constater en quatre semaines d’abstinence : il est impossible de passer une semaine au boulot sans se voir proposer un verre d’alcool. Qu’il s’agisse d’un pot d’accueil ou de départ, d’un verre de vin le midi au resto avec un client ou d’un apéro le soir… Les moments de détente entre collègues se passent bien souvent au bar, et tant pis pour ceux qui ne voudraient pas suivre le mouvement. D’autre part, qui pense à ramener des softs lorsqu’il paye son pot ? Personnellement, je n’y ai jamais pensé… ayant juste en tête la liste des alcools autorisés sur le lieu de travail : bière, vin, cidre et poiré. Je me promets à l’avenir de toujours penser aux abstinents… D’ailleurs, ce soir, le stagiaire fait son pot de départ. C’est le dernier jour de mon Dry January. Je vais chercher une bouteille de Champomy© pour fêter ça !

À (ré)écouter : l’épisode À la ramasse de notre podcast Make my dignity great again.

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Photo by WTTJ

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