Près d’un salarié sur quatre s’autocensure au travail

06 juil. 2020

2min

Près d’un salarié sur quatre s’autocensure au travail
auteur.e
Romane Ganneval

Journaliste - Welcome to the Jungle

L’inhibition dans le monde professionnel ne concerne pas seulement les femmes mais tout le monde, relève une étude du cabinet de conseil AlterNego, spécialiste de la médiation en entreprise. Si les femmes restent tout de même en tête avec 40% des salariées qui la pratiquent, les hommes ne sont pas en reste puisqu’ils sont 35% à volontairement cacher une ambition, une pensée au travail. À l’échelle d’une entreprise, c’est 38% des salariés, soit près d’un sur quatre, qui seraient concernés ce phénomène.

Mais pourquoi se censure-t-on ? D’abord, rappelons la définition de l’autocensure au travail : communément, celle-ci est définie comme un comportement qui empêche de faire ou de dire quelque chose parce que nous ressentons un sentiment d’imposture ou d’infériorité au regard des attentes d’un rôle, d’un poste ou d’un niveau de rémunération. Et contrairement à ce que beaucoup pourraient penser ce ne sont pas les critères socio-démographiques (genre, âge, origine) qui sont déterminants lorsqu’on évoque l’autocensure au travail, mais bien la position hiérarchique des salariés, soulignent 75% des répondants. Ainsi, sur les salariés qui disent pratiquer l’autocensure, six sur dix se justifient en expliquant que leur « demande ne sera pas entendue » par leur manageur, mais aussi par peur de ne pas être « soutenu dans leur démarche. »

Outre la position hiérarchique, qui selon l’étude, nous pousse à pratiquer l’autocensure, il ne faut pas oublier de prendre en compte d’autres facteurs qui l’encouragent. Souvent, il s’agit de la culture d’entreprise, du manque de confiance en soi, mais aussi le sexisme ambiant. De ce fait, les femmes déclarent davantage que les hommes s’autocensurer sur le critère du genre lorsqu’elles travaillent dans un environnement exclusivement masculin. Et concernant les différences de perception femmes/hommes, les écarts sont importants : dans toutes les situations, les femmes déclarent s’autocensurer davantage que les hommes, et particulièrement sur la question de la négociation de la rémunération (1,9 point d’écart). Selon les auteurs de l’enquête, « ce décalage peut s’expliquer par le fait que compte tenu des dynamiques de plafond de verre, les N+1 sont majoritairement des hommes. » Il y a aussi une différence nette entre femmes et hommes sur la question de l’aménagement du temps de travail. « Les femmes veulent à tout prix ne pas confirmer le stéréotype selon lequel elles ont plus de contraintes familiales et domestiques que les hommes. Ainsi, dans la sphère professionnelle, elles oseraient moins demander un temps partiel, du travail, des horaires de réunion qui permettent de concilier vie pro - vie perso pour manquer des opportunités de carrière », peut-on lire dans l’enquête.

Alors pour agir efficacement contre l’autocensure en entreprise, le cabinet AlterNego estime qu’il « faut accompagner les femmes et les hommes qui en sont victimes par la montée en compétence. Mais aussi créer les conditions d’un management ouvert, qui autorise la contradiction, les débats et l’innovation dans l’entreprise. Et d’arrêter de dire aux femmes de continuer à s’autocensurer faute de confiance en elle !  » 

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Photo d’illustration by WTTJ

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