De fil en aiguilles, comment devient-on styliste ? | Marie-Camille Balzac Paris
22 juil. 2017
4min
EL
Connaissez-vous vraiment le métier de styliste ? Marie-Camille Goutteratel, styliste pour la marque de vêtements parisienne Balzac, a des journées bien remplies : au téléphone avec l’usine de fabrication le matin, au salon Première Vision le midi, travaillant ses moodboards l’après-midi, au cinéma pour s’inspirer le soir…
Plongée au cœur d’un métier aux multiples facettes, et d’un parcours construit de fil en aiguilles au sein d’une startup parisienne pas comme les autres !
Vocation et formation
Petite, Marie-Camille a toujours su qu’elle voulait évoluer dans la mode – depuis ses huit ans, très exactement. « Mon père travaille dans le textile, donc j’ai très tôt touché au tissu » raconte-t-elle. « J’allais au salon Première Vision avec lui. Mes cahiers au lycée étaient remplis de croquis de mode. » Après un bac général, elle intègre ESMOD Lyon en 2009 : « C’était une petite école à l’époque, avec seulement 150 élèves. » Elle y passe trois ans, et se spécialise en mode femme lors de sa dernière année de formation.
Si sa licence la forme en stylisme-modélisme – la création pure de vêtements –, ses stages lui font découvrir l’univers de la mode dans toute sa pluralité. Après un passage au studio de la marque parisienne Maison Kitsuné, Marie-Camille intègre la rédaction du magazine Grazia en tant qu’assistante styliste. « Je ne connaissais pas du tout l’univers de la presse ! J’ai découvert qu’il y a en réalité beaucoup de métiers différents dans la mode. » Après un temps chez la marque RAD et au sein d’un bureau de presse, le côté création lui manque. Elle postule chez Balzac Paris via une annonce repérée sur Facebook : « J’aimais beaucoup leurs t-shirts littéraires. J’ai intégré l’équipe en janvier 2014, on n’était que 4 à l’époque ! Comme c’est un site, j’ai découvert tout l’univers de la vente en ligne ainsi que l’envers du décor d’un site, comment gérer le back office par exemple. ». Un travail… à 360° !
La vie chez Balzac Paris
Dès son arrivée, la styliste a pu profiter de tous les avantages d’une startup. Balzac Paris est une entreprise à taille humaine, avec une dizaine d’employés. « Comme on est en open space, tout le monde échange entre eux, et on est amené à faire plein de choses différentes au cours de la journée. On voit tout ce qui se passe dans les pôles ! _» Elle intervient parfois aux côtés du service clients, par exemple : « _Les clientes posent des questions sur les tailles ou le réassort, et on doit y répondre directement ».
Fondée en 2011 par Charles, Victorien et Chrysoline, la marque Balzac Parisa commencé par ne proposer que des nœuds papillons, pour ensuite s’élargir au prêt-à-porter. La marque existe uniquement en e-shop, offrant un réassort mensuel de pièces sur leur site. « Ce que j’ai appris à l’école m’a beaucoup servi chez Balzac Paris, » se rappelle Marie-Camille. « Je suis arrivée en tant que styliste modéliste : je faisais toute seule non seulement le stylisme et le modélisme, mais aussi la production, les fiches techniques, le patronage… » Un planning très chargé, qui s’est allégé au fur et à mesure que l’équipe s’est étoffée : « Maintenant, on a une modéliste et une personne en charge de la production, donc je ne fais plus que du stylisme pur. »
Le processus de création d’un vêtement
ChezBalzac Paris, tous les prototypes sont créés depuis leur studio parisien. Ce qui donne des journées assez intenses ! Tous les jours, Marie-Camille est en contact avec l’usine qui fabrique les modèles au Portugal. Il est très important pour la marque de fabriquer en Europe, car la qualité est bien supérieure. Depuis son arrivée il y a deux ans, Marie-Camille estime avoir travaillé sur environ 300 modèles, « tout ce qui est proposé sur le site, sauf les chaussures et accessoires. ». Parmi ses modèles préférés : la chemise Lola, la blouse Joséphine et la veste Ernest.
On compte différentes étapes dans la création d’un vêtement :
- La recherche d’inspirations : « Avec Chrysoline, créatrice de la marque, on met en place des moodboard avec des photos Pinterest, Instagram, ou des photos des nos copines. » Où trouvent-elles l’inspiration ? « Dans la rue !, » sourit Marie-Camille. « Je prends des photos discrètement de filles que je croise et que je trouve stylées. » La styliste, dont la mère est une grande cinéphile, va également au cinéma deux fois par semaine. « Parmi les films que j’ai vus récemment, j’ai été très inspirée par les costumes du film Planétarium avec Natalie Portman. Les tenues sont géniales. »
- La recherche de matières : « On va chercher nos matières au salon Première Vision par exemple, ou on cherche dans notre base de données de tissus. Chez Balzac, on a aussi une graphiste qui développe nos propres imprimés. »
- Les croquis, dont se charge Marie-Camille seule.
- La production : « Ma collègue Clara, en charge de la production, commande la matière pour que l’on puisse élaborer le prototype de la pièce dessinée. »
- Le travail de la toile : « On passe du dessin à la toile, pour travailler directement le tissu. On vérifie que ça tombe bien. Si oui, on envoie le prototype et les fiches techniques à notre usine au Portugal, qui réalise ensuite le modèle. » Combien de temps peut s’écouler entre la première et la dernière étape du processus? « Ça dépend » tempère Marie-Camille. « Ça peut aller de quelques semaines à plusieurs mois. Parfois on ne trouve pas la matière tout de suite et ça ralentit le processus. »
Des conseils aux futurs stylistes ?
Si l’école de mode est un passage fondamental pour apprendre les bases de la création, Marie-Camille insiste lourdement sur l’importance des différents stages. « Je conseille de vraiment bien choisir ses stages. Il faut avoir une vision globale de tout ce qui est en rapport avec la mode. Il y a plein de métiers ! » Et surtout de bien choisir le domaine dans lequel on souhaite se spécialiser : si on rêve de créer le vestiaire masculin parfait, autant se tourner vers une marque qui fait de l’homme. Mais si vous ne savez pas encore quel domaine vous attire le plus, pas de panique ! « J’ai un peu tout testé avant de revenir à mon premier amour, la création, » se souvient Marie-Camille. « Mais je ne regrette pas d’avoir vu plusieurs pôles – au contraire, c’est ce qui fait ma force ! »
Enfin, ne jamais abandonner: « La mode est un métier de persévérance! Il faut rester curieux, et ouvert à toutes les possibilités de métier. Et toujours faire des petits projets personnels à côté, professionnellement ou pour vos amis – cela vous permet d’avoir des choses à montrer ! »
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