Compétences vertes : l’atout clé pour booster votre employabilité

25 févr. 2025

7min

Compétences vertes : l’atout clé pour booster votre employabilité
auteur.econtributeur.e

D'après le Global Green Skill Report de LinkedIn paru fin 2024, la demande croissante en « compétences vertes » offre un avantage concurrentiel aux profils maîtrisant ces savoir-faire sur le marché du travail. Mais que recouvrent exactement ces compétences et en quoi peuvent-elles booster votre carrière ?


L’ONU définit les compétences vertes comme étant « l’ensemble des connaissances techniques, des expertises et aptitudes qui permettent d’utiliser efficacement les technologies et processus verts dans le cadre de leur métier [et] faciliter la prise de décisions écologiquement durables au travail ». Et ce, quelle que soit la profession que l’on exerce. Ainsi, le terme ne doit pas être confondu ou assimilé de trop près aux métiers verts, qui désignent les activités directement en lien avec la transition écologique. En effet, si les métiers verts, comme conseiller en rénovation énergétique ou directeur de la RSE, impliquent forcément d’avoir des compétences vertes, celles-ci peuvent être mobilisées dans n’importe quel job. Ainsi, que vous soyez responsable des achats ou chef de projet événementiel, il existe toujours des moyens de rendre votre activité professionnelle plus écologique, notamment en adaptant certains process de travail ou en allégeant l’empreinte carbone liée aux transports de matériel ou encore en sourçant différemment vos fournisseurs, etc.

Concrètement, les compétences vertes désignent donc votre capacité à amener votre métier vers plus de durabilité, en adoptant des comportements et/ou en lançant des actions qui le rendront plus respectueux de l’environnement et des enjeux sociétaux.

En voici quelques exemples concrets :

1. Des compétences qui relèvent d’une expertise technique environnementale :

  • Gestion et traitement des déchets
  • Maîtrise des énergies renouvelables
  • Expertise en efficacité énergétique
  • Connaissances en économie circulaire
  • Compétences en éco-conception

2. Des compétences en gestion durable :

  • Analyse du cycle de vie des produits
  • Calcul et réduction de l’empreinte carbone
  • Gestion environnementale (normes ISO 14001)
  • Achats responsables
  • Reporting RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises)

3. Des compétences réglementaires :

  • Connaissance des normes environnementales
  • Maîtrise des certifications écologiques
  • Conformité environnementale
  • Droit de l’environnement

4. Des compétences transversales vertes :

  • Sensibilisation environnementale
  • Management de projets durables
  • Communication environnementale
  • Conduite du changement écologique
  • Innovation durable

5. Des compétences numériques vertes :

  • Green IT
  • Optimisation énergétique des systèmes d’information
  • Développement d’applications éco-responsables
  • Gestion des données environnementales

6. Des compétences en construction durable :

  • Connaissance des matériaux écologiques
  • Maîtrise des normes HQE (Haute Qualité Environnementale)
  • Rénovation énergétique
  • Construction bioclimatique, etc.

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Les entreprises de plus en plus en demande

Dans son dernier rapport annuel sur les compétences vertes, LinkedIn constate que celles-ci sont demandées dans 7,7 % des offres d’emploi postées sur son réseau à l’échelle internationale. Qu’il s’agisse d’offres de métiers verts ou d’autres plus classiques, cela représente une augmentation de 11,6 % par rapport à 2023. En France, plus d’une offre sur 10 est concernée, bien que la progression ait été moins forte qu’au niveau mondial ces dernières années (+15 % sur trois ans).

Toujours selon ce même rapport, certains secteurs d’utilité publique français sont particulièrement demandeurs, comme l’eau, le gaz et l’électricité, qui comptent 30 % d’offres d’emploi requérant des compétences environnementales. Le BTP et l’industrie manufacturière affichant également des pourcentages intéressants à hauteur de 23 % et 22 % de postes à pourvoir. Cette tendance n’est pas surprenante : les secteurs de l’énergie et de la construction - principaux émetteurs de gaz à effet de serre mondiaux - sont naturellement en première ligne face aux enjeux climatiques. L’industrie manufacturière n’est pas en reste : soumises à des obligations de reporting extra-financier, les entreprises surveillent désormais l’empreinte environnementale de leurs fournisseurs. Ces derniers, soucieux de préserver leur clientèle, s’engagent progressivement dans une démarche plus responsable.

C’est d’ailleurs ce devoir de transparence sur l’impact sociétal et environnemental des entreprises qui est à la base de la hausse des besoins en talents verts. C’est aussi une prise de conscience générale de la nécessité de renforcer la durabilité de son activité pour pérenniser son entreprise, dans un contexte de changement climatique et d’épuisement des ressources. Pour Catherine Brennan, Directrice Générale de Birdeo, un cabinet de recrutement spécialisé sur les métiers de la RSE, « les entreprises ont réalisé que pour se transformer, la volonté d’une personne tout en haut ou d’une équipe réduite ne suffit pas. Il faut que la recherche et la conduite du changement se fassent à tous les étages. » Ce qui expliquerait, pour elle, le développement des métiers « à double casquette », non liés directement aux questions de RSE mais forcés d’en intégrer des notions pour réduire l’empreinte carbone de leur entreprise.

Vers une pénurie de talents verts ?

Le rapport met également en lumière l’écart inquiétant qui se creuse entre l’offre et la demande. En effet, alors que les attentes des entreprises concernant les compétences vertes de leurs employés augmentent d’année en année, le développement du réservoir de talents verts, lui, ne suit pas la cadence. En effet, selon les projections de l’étude, les trajectoires actuelles de l’offre et la demande sur le marché de l’emploi, nous conduiraient vers une situation où un métier sur 5 manquerait de « talents verts » en 2030, un sur deux en 2050. Face à cette tension croissante, le monde professionnel s’apprête à livrer une véritable bataille pour attirer les profils dotés d’une sensibilité environnementale. Dans ce contexte, enrichir son parcours de compétences vertes apparaît comme un atout stratégique pour se démarquer.

Les données du rapport de LinkedIn sont sans appel : les professionnels maîtrisant les enjeux environnementaux ont déjà une longueur d’avance sur le marché de l’emploi. Les candidats avec des compétences vertes ont ainsi 54,6 % plus de chances de trouver un emploi que leurs homologues. Une tendance dans le recrutement que confirme Catherine Brennan : « J’ai eu des retours de RH m’assurant qu’à compétence égale, ce sont les profils verts qui ont plus de chances d’être choisis, précise-t-elle. C’est-à-dire qu’entre deux Responsables des achats aux qualifications et expériences similaires, celui des deux qui sera le plus à même de transformer son poste de façon durable marquera plus de points aux yeux du recruteur. » Anna Speck, CEO d’un autre cabinet de recrutement, Hanto, nuance un peu plus cette impression. « C’est plus vrai pour certains secteurs que pour d’autres. Dans l’énergie, par exemple, c’est indéniable. Mais dans les secteurs comme la finance ou les assurances, je n’ai pas le sentiment que cela ait un impact sur les recrutements. Mais peut-être que cela évoluera. »

Sur un CV, les compétences vertes seraient donc un peu comme des bonus, capables de faire la différence lorsque ça se joue à rien entre deux candidats. Mais peut-on imaginer que dans le futur elles deviennent des atouts, pesant encore plus que certaines compétences propres au métier ? « Je ne pense pas qu’on en arrivera là, coupe court Catherine Brennan. Quand on cherche un Responsable marketing, on veut qu’il soit bon en marketing avant tout. Les compétences vertes ne peuvent peser qu’à compétence égale ou équivalente. Mais j’aime penser que dans quelques années un candidat sans quelques notions de base sera comme un candidat ne sachant pas se servir d’un ordinateur ou d’une boîte mail. » Un requis plutôt qu’un atout en somme, qui nécessite de se mettre à la page.

Êtes-vous un talent vert ?

Pour tous ceux qui n’exercent pas déjà un métier vert, une question se pose : comment identifier ces compétences dans son parcours ou comment réussir à les développer ? « Cela arrive assez souvent qu’au premier abord on se croit dépourvu de compétences vertes, mais qu’en creusant un peu on arrive à en débusquer certaines, affirme Catherine Brennan. Souvenez-vous : vous avez peut-être suivi une formation interne sur le traitement des déchets, la mobilité douce ou l’utilisation responsable d’Internet, participé de près ou de loin à une initiative engagée pour l’environnement, ajusté des process pour réduire la consommation de votre poste, etc. Avez-vous assisté à une conférence sur l’environnement ? Lu des articles scientifiques ? Êtes-vous engagé dans une association ? » L’expérimentée dirigeante suggère de repenser à chacune de ses missions et actions par le prisme de la durabilité, y compris en dehors du travail, pour identifier les bases de ces potentielles compétences vertes acquises au cours de votre carrière.

Et si vous souhaitez développer ce type de compétences, plusieurs voies existent. « De plus en plus de formations initiales ou continues intègrent les questions environnementales dans leurs cursus. Il y a énormément de ressources disponibles, des livres, des vidéos, des documentaires, des travaux scientifiques. C’est suffisant pour engranger de la culture générale sur le sujet, ce qui est le premier pas essentiel, estime Catherine Brennan. L’environnement, la biodiversité, l’énergie, sont des sujets vastes qu’on ne peut maîtriser qu’en se plongeant vraiment dedans. »

Vous devrez être capable de connaître les termes, les enjeux, les grandes théories, les opinions et les défis environnementaux. Pour cela, la maîtrise de l’anglais est un vrai plus, puisque beaucoup de ressources sont disponibles uniquement en version anglophone. Dans un second temps, il vous faut réussir à faire le lien avec votre propre métier ou secteur. À ce stade, c’est votre soif de changement et votre curiosité qui joueront en votre faveur. « Chaque métier a ses spécificités, les solutions ne seront pas les mêmes selon que vous soyez dans le luxe, l’industrie ou l’événementiel. Renseignez-vous sur le fonctionnement de chaque département de votre entreprise, sur la stratégie RSE en place. Échangez avec vos collègues, avec vos pairs, et même vos concurrents pour savoir ce qui se fait ailleurs et repérer les grands chantiers. »

Des soft skills à la base des green skills ?

Bien sûr, c’est une démarche qui demande un certain engagement et des soft skills particulières, ce qui est peut-être même plus important que les connaissances techniques, selon notre experte. « Parmi les profils souhaitant faire bouger les lignes pour plus de durabilité, on remarque souvent les mêmes compétences douces. Ce sont généralement des gens avec une grande curiosité qui est nécessaire pour aller chercher des informations et se former ; ils aiment aussi le travail collaboratif, ce qui est une force car le changement ne se provoque pas en restant seul derrière son ordinateur ; enfin, ils sont bons communicants et ont des capacités de leadership d’influence, c’est-à-dire qu’ils savent faire preuve d’arguments et de pédagogie pour convaincre leurs collègues et leurs supérieurs. » Si vous vous reconnaissez dans cette description, vous avez peut-être le bon profil pour devenir un acteur du changement et retenir l’attention des recruteurs.

L’essor des compétences environnementales dessine une tendance prometteuse, tant pour les carrières professionnelles que pour l’avenir de notre planète. Les entreprises, tous secteurs confondus, manifestent un appétit croissant pour ces expertises vertes, une dynamique qui devrait s’amplifier dans les années à venir. Toutefois, une question cruciale se pose : cette montée en compétences suffira-t-elle à permettre au monde économique d’assumer pleinement son rôle dans le combat contre le changement climatique ? Pour Catherine Brennan, du cabinet Birdeo, l’espoir est à trouver du côté des employés : « Vous seriez surpris du nombre de personnes qui remettent en question leur façon de travailler et qui souhaitent bifurquer vers des métiers plus verts ou verdir les leurs. C’est en très grosse augmentation depuis la crise sanitaire. » Alors que ce soit pour vous, pour votre carrière ou pour l’environnement, tout porte à croire que les compétences vertes seront de plus en plus indispensables sur votre CV.

Article écrit par Alexandre Nessler, édité par Aurélie Cerffond, photographie par Thomas Decamps