L'absentéisme a coûté 108 milliards d'euros aux entreprises françaises
20 déc. 2018
3min
108 milliards, ce n’est pas le nombre de fois où vous avez cru que c’était le week-end alors qu’on était lundi. Non, 108 milliards c’est ce qu’a coûté aux entreprises l’absentéisme des salariés dans l’Hexagone en 2018. Ce chiffre qui est en hausse régulière correspond à 17,2 jours d’absence par an et par salarié. Pire, selon une étude publiée par l’Institut Sapiens, ce coût est l’équivalent du budget de l’Education Nationale qui part en fumée chaque année.
Qui sont ces absents ?
Nous sommes tous humains, et il nous arrive tous de tomber malades. Mais comment pouvons-nous arriver à un chiffre aussi important ? En fait, contrairement à ce qu’on pourrait croire, les causes inévitables d’absences (telles que les maladies, les accidents du travail, les congés maternités, etc.) ne comptent que pour un tiers dans cet absentéisme. Alors, la majorité des absents sont-ils simplement des salariés oisifs ou des fainéants ? Non, nous dit l’étude, ils feraient même figure d’exception dans le monde du travail. Les vrais “coupables” seraient les salariés qui s’absentent par « convenance » (c’est-à-dire qui laissent leur bureau vide pour des raisons psychologiques ou liées à la vie privée). Ils représenteraient d’ailleurs deux tiers des arrêts maladies.
Mais les absents ont-ils toujours tort ?
La question se pose : est-ce vraiment la faute des salariés ? Nous pourrions facilement blâmer nos petites peines de cœur, baisses de moral et autres problèmes d’ordre privé, pourtant, c’est bien connu, notre vie pro influe sur notre vie perso et réciproquement.D’après l’étude, 99% des absences dites « de convenance » s’expliquent par des conditions de travail dégradées, une organisation du travail défaillante et des défauts de management de proximité. Rien de tel qu’un mode de management qui ne fonctionne pas pour rompre la communication entre les collaborateurs… Une étude réalisée par le cabinet de ressources humaines ADP nous explique qu’un “mauvais management” passe dans 17% des cas par une inefficacité dans les processus mais pas seulement. Sont aussi mis en cause les lourdeurs administratives, et un nombre trop élevé de réunions (rappelons qu’un cadre passe en moyenne 24 jours par an en réunion).
Comment régler ce problème ?
Pour espérer faire reculer l’absentéisme, finalement, il nous suffirait d’abandonner nos modes de management horizontaux pour plus d’autonomie. Et cela passe notamment par plus de bienveillance et plus de communication en entreprise. Mais aussi, et en particulier pour éviter les situations de burn-out, par un meilleur respect de la loi sur la déconnexion, qui permet à chacun de trouver son bon équilibre vie pro/vie perso.
Les Pays-Bas, eux, ont tout compris, avec un taux d’absentéisme à 3,7% (4,7% en France), ils sont - avec l’Angleterre et l’Allemagne - l’un des pays Européens au taux d’absentéisme le plus faible. En même temps, les entreprises néerlandaises ont plutôt intérêt à motiver leurs collaborateurs puisque qu’elles doivent continuer à les rémunérer (à la hauteur de 100% de leur salaire la première année et de 70% la deuxième année) quand ces derniers sont en arrêt maladie. Côté salariés, une loi les oblige depuis 2004 à organiser une réunion à leur retour pour faire le point avec leur manager. Et le résultat de cette dernière est sans appel : le pays est passé de 200 000 cas annuels d’absences à 40 000. Alors, si les Pays-Bas l’ont fait, pourquoi pas nous ?
L’entreprise Pasquier : un exemple à suivre !
Célèbre pour ses brioches et ses viennoiseries industrielles, le groupe Pasquier est l’une des premières entreprises à avoir testé la méthode dite du « management socio-économique ». Concrètement, il s’agit de faire reculer l’absentéisme en boostant la motivation de ses salariés, avec des simples règles :
Faire en sorte que chaque site (usine, bureau, magasin, ou autre) soit spécialisé sur un métier, un produit ou un client, et reste à taille humaine afin d’éviter l’anonymat et les problèmes qui pourraient en découler.
Offrir aux salariés une réelle autonomie sur leur poste de travail pour qu’ils se forment en fonction de l’évolution de l’activité de leur site.
Cela paraît anodin, pourtant en dépoussiérant son organisation du travail, l’absentéisme chez Pasquier a baissé d’un tiers en trente ans. Et les gains de productivité ont été multipliés par sept.
Vous l’aurez compris, pour éviter aux entreprises un coût astronomique lié à l’absentéisme mais aussi pour un mieux-vivre général, un nouveau mode de travail et de management serait à (sérieusement) envisager en France.
« Le vrai patron est quelqu’un qui se mêle passionnément de votre travail, qui le fait avec vous, par vous.» - Jules Romains.
À méditer.
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