Peut-on toucher le chômage quand on est étudiant ?
11 déc. 2024
4min
Toucher le chômage lorsqu’on est étudiant, c’est possible ? Spoiler : oui, mais pas pour tout le monde. Entre les conditions d'éligibilité et les spécificités du statut étudiant, mieux vaut connaître les règles du jeu avant de se lancer. On vous explique tout.
Lorsqu’on est en études, il n’est pas rare de décrocher un petit boulot pour financer sa formation tout en payant son loyer. Début 2020 ils étaient 26% en France à occuper un poste (hors job d’été) d’après une étude INSEE. Pour la plupart, dans le cadre d’une formation (alternance, stage), mais pour 5% d’entre eux, à temps partiel dans des emplois comme serveurs, caissiers ou encore vendeurs. Selon l’OVE (Observatoire de la vie étudiante), en prenant en compte les jobs d’été, 44% des étudiants exercent une activité rémunérée en plus de leur cursus. Et pour 60% d’entre eux, ce n’est pas un choix mais une vraie nécessité pour financer leurs études. Alors quand cet emploi vient à manquer, c’est toute une organisation financière qui est remise en question.
Pour autant, ces activités, mêmes partielles, ouvrent-elles des droits au chômage ? En cas de perte de votre job étudiant, pouvez-vous vous tourner vers France Travail (ex Pôle Emploi) pour être accompagné ? À la fin de vos études, est-il possible de bénéficier d’une aide pour trouver votre premier emploi ? Le statut d’étudiant peut-il être rendu compatible avec celui de demandeur d’emploi ? Quelles conditions un étudiant doit-il remplir pour toucher une indemnisation chômage ? On vous explique tout !
1. Poursuivre ses études et toucher le chômage, c’est possible ?
De manière générale, la réponse est négative. Le principal obstacle réside dans l’incompatibilité entre l’assiduité nécessaire à la poursuite d’études et les exigences de France Travail : la recherche active d’emploi et la disponibilité immédiate pour occuper un poste. Difficile de convaincre un conseiller que vous êtes disponible quand vous devez assister à vos cours ! Le Code du Travail est lui aussi très clair sur ce point : un demandeur d’emploi doit être en recherche permanente et active.
Toutefois, certaines situations permettent d’envisager des exceptions. Les étudiants inscrits dans des formations avec une assiduité assouplie ou non obligatoire, et qui exerçaient une activité professionnelle occasionnelle ou réduite (comme un job étudiant ou un emploi saisonnier), peuvent parfois prétendre aux allocations chômage (l’ARE). Mais attention : le simple fait d’avoir cumulé activité professionnelle et études n’ouvre pas automatiquement ce droit.
2. Quelles conditions pour toucher le chômage en étant étudiant ?
Vous pensez faire partie des exceptions ? Voici tout ce qu’il faut savoir pour vérifier votre éligibilité :
Les conditions de base
Il faut impérativement être inscrit à France Travail et justifier d’une recherche active d’emploi. Il va sans dire qu’un emploi du temps étudiant trop chargé serait incompatible avec les exigences de France Travail.
Les conditions liées à votre formation
Vous devez respecter les conditions établies par l’université ou tout autre institut qui délivre la formation en matière d’assiduité, tant aux cours qu’aux examens. Ces exigences peuvent être différentes d’un établissement à l’autre.
Pour être éligible aux allocations chômage, il faut pour l’étudiant :
D’une part, que les études soient jugées compatibles avec l’exercice d’un emploi : cela veut dire que la formation suivie par l’étudiant ne doit pas excéder les 40h par semaine.
D’autre part, si une activité professionnelle est exercée en parallèle, celle-ci doit rester occasionnelle ou réduite.
Les conditions liées à votre parcours professionnel
Comme pour toute personne prétendant au chômage, pour être éligible à l’ARE, l’étudiant doit avoir cotisé suffisamment au cours de sa période d’activité professionnelle.
En 2024, il faut avoir précédemment travaillé 130 jours ou 910 heures, soit une durée de 6 mois pour être éligible à l’indemnisation chômage. Cette période peut être continue ou fractionnée entre plusieurs contrats.
Imaginons que votre job étudiant se termine le 31 janvier 2024. France Travail va examiner votre période d’activité du 31 janvier 2022 au 31 janvier 2024. Si vous avez cumulé 6 mois de travail sur cette période, même de façon discontinue (jobs d’été, travail le week-end…), vous remplissez la condition d’activité minimale. Vous pourrez donc toucher l’ARE à condition que les autres critères soient remplis.
NB : il n’est pas possible de cumuler les allocations chômage avec une bourse de l’enseignement supérieur sur critères sociaux. Le CROUS peut exiger le remboursement des sommes indûment perçues si cette règle n’est pas respectée.
3. À qui s’adresser pour toucher le chômage ?
C’est France Travail qui détermine l’éligibilité aux allocations. La démarche commence par une inscription sur francetravail.fr, la création de votre espace personnel et la prise de rendez-vous avec un conseiller. Ne tardez pas : vous avez 12 mois maximum après la fin de contrat de votre emploi pour vous inscrire.
Notre conseil : lors de vos échanges avec France Travail, privilégiez le terme « formation » plutôt que celui d’« études ». Cette nuance est importante car elle peut influencer la perception de votre dossier - France Travail étant plus familier avec le financement de formations que le paiement d’études. Par ailleurs, tentez d’obtenir une inscription en catégorie 4, qui dispense de l’obligation de disponibilité immédiate.
4. Solliciter l’aide de France Travail même si je ne suis pas éligible, est-ce utile ?
Même si vous n’êtes pas éligible à l’ARE, France Travail propose de nombreux services gratuits qui peuvent s’avérer précieux dans votre recherche d’emploi. L’organisme accompagne tous les demandeurs d’emploi, qu’ils soient allocataires ou non.
Vous pourrez ainsi bénéficier :
- D’ateliers pour la rédaction de CV et lettres de motivation
- D’entraînements aux entretiens d’embauche
- De conseils personnalisés pour identifier vos secteurs de recherche
Les jeunes de moins de 26 ans peuvent également profiter de l’Accompagnement Individualisé des Jeunes (AIJ), un dispositif de suivi intensif sur 6 mois principalement en entretien individuel. Une opportunité en or pour maximiser vos chances de décrocher un nouveau job compatible avec vos études.
À noter pour l’après-diplôme
Une fois votre diplôme en poche, France Travail propose un accompagnement spécifique pour les jeunes diplômés. Vous pouvez notamment bénéficier du Contrat d’Engagement Jeune (CEJ), un parcours entièrement personnalisé qui peut durer jusqu’à 12 mois. Au programme : accompagnement intensif avec un conseiller dédié, stages, formations qualifiantes et, dans certains cas, la mise à disposition d’une allocation pouvant aller jusqu’à 500 euros par mois.
Bon à savoir : si vous êtes titulaire d’un Bac+3 ou plus, l’APEC (Association Pour l’Emploi des Cadres) est également là pour vous aider, gratuitement. L’association propose des ateliers spécifiques pour les jeunes diplômés, un accès à des offres d’emploi ciblées et des événements de mise en relation avec des recruteurs.
L’avantage ? Vous pouvez combiner les services de France Travail et de l’APEC pour maximiser vos chances de trouver votre premier emploi.
Percevoir des indemnités chômage de la part de France Travail lorsqu’on est étudiant est donc complexe, mais pas impossible. Que vous soyez au début ou à la fin de vos études, cet organisme peut vous accompagner de différentes manières dans votre recherche d’un job étudiant ou de votre premier emploi post études !
Article écrit par Paula Dargaud, édité par Manuel Avenel, photographie par Thomas Decamps
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