13% des jeunes sont exclus de la formation et de l'emploi. Qui sont-ils ?
13 févr. 2020
3min
Journaliste - Welcome to the Jungle
Ils ont entre 16 à 25 ans et ne sont ni en études, ni en emploi, ni en formation professionnelle. Rassemblés sous l’acronyme anglais NEET pour « Not in Education, Employment or Training » selon la définition d’Eurostat, ces jeunes étaient près d’un million en France en 2018, soit environ 13% de leur classe d’âge. S’ils sont moins souvent moins diplômés que la moyenne des jeunes et cumulent pour certains des difficultés personnelles et familiales, peut-on dire que ces jeunes se trouvent tous dans une situation difficile ? « Les profils de NEET sont très hétérogènes », juge l’institut statistique du Ministère du Travail (DARES), dans son étude « Les jeunes ni en études ni en formation : quels profils et quels parcours ? », publiée le 7 février. Welcome to the Jungle a voulu comprendre.
Cumul de difficultés, période de transition … des situations disparates
Si les NEET cumulent souvent les difficultés -près d’un sur deux a obtenu un niveau de diplôme inférieur au CAP ou au BEP, 19% sont nés à l’étranger, 25% vivent en quartier prioritaire, 34% sont reconnus comme étant handicapés ou ont fait la demande d’une reconnaissance de handicap et 25% d’entre eux ont au moins un parent chômeur -, les situations restent néanmoins très hétérogènes.
En effet, parmi ces jeunes sans emploi ni formation, près d’un sur deux vit en réalité une période de transition. Ils sont nombreux à avoir tout juste terminé leurs études et attendent des réponses pour des emplois. D’autres, souvent diplômés du baccalauréat recherchent une activité salariée temporaire avant de reprendre une formation ou de se réorienter. « Les jeunes NEET sortis récemment de l’enseignement supérieur avec un diplôme et ayant déjà travaillé passeront peu de temps dans cette catégorie, juge Quentin Francou de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep). Ces jeunes ont aussi des ressources financières 2,5 à 3 fois plus élevées que les autres NEET sans diplôme et n’ayant jamais exercé d’activité professionnelle. »
La garde d’enfant et les soucis de santé : des freins à l’insertion professionnelle
En 2018, un NEET sur deux était au chômage - les autres étant inactifs - et sont dans une démarche d’insertion professionnelle. Ils ont de bonnes chances de quitter la catégorie des NEET prochainement. En revanche, les 480 000 jeunes dits « inactifs » ont des profils plus préoccupants. S’ils sont 36% à souhaiter trouver un emploi (40% pour les hommes et 32% pour les femmes), il n’en reste pas moins que, parmi les jeunes NEET inactifs désireux de travailler, seul un sur huit recherche en réalité un emploi. Les raisons ? L’attente de résultats de démarches antérieures, la garde d’enfant(s) ou d’une personne dépendante, des problèmes de santé, la conviction de ne pas trouver de poste et donc que la recherche d’emploi est inutile, pour ne citer qu’elles.
Parmi les jeunes femmes NEET inactives, nombreuses sont celles avec des enfants à charge, ce qui entrave leur insertion : un tiers d’entre-elles disent ne pas rechercher un emploi pour cette raison, contre seulement 1% des hommes dans le même cas. De leur côté, les jeunes hommes NEET depuis plus d’un an ont plus souvent des soucis de santé : 19% d’entre eux souffrent d’une maladie chronique ou d’un problème de santé durable.
Une baisse de 6% des NEET en trois ans
963 000 NEET en France en 2018 : beaucoup diront qu’il s’agit d’un chiffre bien trop élevé. Pourtant, leur nombre baisse ces dernières années puisqu’ils étaient 1 025 000 en 2015, soit 6 % de plus qu’il y a deux ans. Selon la Dares, « certaines politiques d’insertion professionnelle destinées à ces jeunes ou encore l’amélioration de la situation sur le marché de l’emploi expliquent en partie cette tendance. »
Quentin Francou souligne malgré tout que « si le marché de l’emploi s’améliore en France, la situation reste toujours très défavorable pour les NEET sans diplôme. » Après la publication de cette étude, l’Injep (Institut National de la jeunesse et de l’éducation populaire) appelle ainsi le gouvernement à mieux prendre en compte les « spécificités de ces personnes » dans le ciblage des politiques jeunesse. Parce que l’exclusion est souvent un engrenage.
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Photo d’illustration by WTTJ
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