Nantes, la nouvelle Silicon Valley française ?
29 oct. 2017
6min
Chef de projet marketing freelance dans les secteurs mode et art de vivre
Avec Lille et Lyon, Nantes se classe dans le top 3 des écosystèmes les plus attractifs des villes de province françaises et a rejoint cette année le classement mondial des villes où il fait bon travailler dans une start-up, devant Shanghai, New-York ou Londres*.
Au large de Paris, sur la « Ouest Coast », Nantes surfe sur la vague du succès de l’écosystème numérique français. Labellisée métropole “French Tech” en 2014, la ville ne cesse d’attirer de nouvelles pousses entrepreneuriales : depuis 2009, plus de 22000 emplois ont été créés et près de 2000 entreprises tech ont choisi de s’y installer. L’année dernière, Rob Spiro, célèbre entrepreneur de la Silicon Valley, quittait San Francisco pour poser ses valises à Nantes et lancer un incubateur de start-up à dimension internationale.
Mais qu’y a-t-il donc dans l’air de Nantes qui plaît tant aux start-up ?
Pour tenter d’y répondre Welcome To The Jungle est allée à la rencontre de deux acteurs de la tech nantaise : Antoine Dumont, co-fondateur de Startup Palace, accompagnateur et accélérateur de start-up et Adrien Poggetti, directeur général de la Cantine, l’association dédiée aux acteurs du numérique à Nantes.
Nantes, ville propice à l’épanouissement des start-up
La qualité de vie
_ _« _À Nantes, le désir qui motive la ville est celui-ci : vivre une bonne vie. Vivre en harmonie avec la nature. Passer du temps avec sa famille, partager de bons repas, profiter de ses vacances. Être créatif, parce que c’est amusant et beau. C’est une ville avec de fortes valeurs humaines et environnementales. _»
Dans un post publié sur Linkedin, l’américain Rob Spiro évoque les raisons qui l’ont poussées à venir s’installer à Nantes. Souvent plébiscitée pour sa qualité de vie, la ville attire par son cadre idéal. Située à 45 minutes de la mer et à deux heures de Paris en TGV, elle vibre au rythme d’événements culturels majeurs et offre de nombreux espaces verts. Nantes arrive même en tête du classement des villes françaises où il fait bon travailler selon une étude de l’Express réalisée cette année.
Comme le souligne Adrien Poggetti, si la ville est aussi attractive pour les startuppers, c’est également pour des raisons économiques : le coût de la vie y est beaucoup plus abordable, les loyers moins chers et les salaires des developers moins élevés qu’à Paris notamment.
La bienveillance de l’écosystème nantais
Adrien Poggetti et Antoine Dumont s’accordent sur un point lorsqu’il s’agit de définir l’état d’esprit nantais vis-à-vis des nouveaux arrivants. « Bienveillance » et «ouverture » caractérisent l’accueil réservé aux porteurs de projets. « _L’écosystème est bienveillant. Les gens sont sympas, prêts à ouvrir leur carnet d’adresses _» souligne Adrien.
« _Je suis impressionné par le sens de l’ouverture et les prises de contact très simples. Des personnes qui arrivent de l’extérieur peuvent assez vite faire le tour de l’écosystème nantais. Non pas parce qu’il est petit, mais parce qu’il est ouvert._» poursuit Antoine.
La possibilité de se démarquer plus facilement qu’à Paris
Cet écosystème bouillonnant, dans une ville à échelle réduite permet également aux start-up de se démarquer plus facilement que dans la capitale : « La taille fait beaucoup. Il est plus facile de sortir du lot à Nantes qu’à Paris. Un certain nombre de start-up sont noyées dans la masse à Paris, donc aller en région permet d’être plus visible, plus attractif. _» _explique Antoine.
On pense notamment au succès de la start-up de création de faire-part Rosemood. Après des débuts parisiens, l’entreprise s’installe à Nantes, où elle trouve un terreau plus favorable à son développement, notamment pour l’ouverture d’un atelier de fabrication à seulement quelques minutes de de la ville. En quelques années, la start-up est passée de 15 à 90 employés !
Une ville qui se déploie autour de l’écosystème numérique
Nantes la flamboyante ne s’est pas construite en un jour et doit son épanouissement à un travail de longue haleine initié il y a plusieurs décennies par des entrepreneurs, et par une vraie volonté de la ville de s’imposer dans le paysage numérique français. « Il se passe un truc magique ici. Il y a un état d’esprit dans ce territoire qui est assez particulier et qui est plus ancien que la culture start-up. Depuis les années 80, des patrons d’entreprises se sont battus pour le TGV, un périph, un aéroport, etc…Le numérique n’est que le prolongement de ce qui a été initié par ces entrepreneurs.” souligne Antoine.
Les étapes clés de la Nantes Tech
2008 : Création de l’association Atlantic 2.0
Alors que les entreprises de la tech nantaise évoluent indépendamment les uns des autres, trois entrepreneurs décident de fédérer cet écosystème en créant l’association Atlantic 2.0.
2009 : 1ere édition du Web2Day organisé par Atlantic 2.0
LE festival de la tech et des start-up, qui a lieu une fois par an, s’est imposé depuis comme l’un des événements majeurs du numérique en France et en Europe.
2011: La Cantine voit le jour
L’association Atlantic 2.0 crée La Cantine, lieu de rencontres et point d’entrée de tous les acteurs du numérique nantais. À la fois incubateur, espace de coworking, acteur de l’Open Innovation et de l’événementiel dédié au numérique. Aujourd’hui Atlantic 2.0 est regroupé sous l’appellation La Cantine.
2014 : Nantes obtient le label French Tech
L’obtention du label French Tech donne un vrai coup d’accélérateur au déploiement de l’écosystème nantais. La ville et les élus s’engagent dans cette dynamique et développent de nombreuses structures d’accompagnement des start-up (Atlanpole, Nantes St Nazaire Développement…).
Depuis, les incubateurs et autres accélérateurs favorisant l’éclosion des jeunes pousses de la tech fleurissent un peu partout en ville (Startup Palace, ADN’Booster, 1Kubator…) et jusque dans les écoles puisqu’Audencia a créé son propre incubateur pour les éudiants et jeunes diplômés porteurs de projets.
La créativité, marque de fabrique des start-up nantaises
Lorsqu’on demande à Adrien et Antoine ce qui caractérise les start-up nantaises, un mot surgit tout naturellement : “créativité”.
En effet, l’écosystème nantais se distingue par une créativité intimement liée à la politique culturelle extrêmement valorisée de la ville. «Ici, on est souvent à la croisée des chemins entre création artistique et prouesse technique» commente Adrien.
À Nantes, l’art est partout. Le Voyage à Nantes, l’Ecole de Design, les Machines de l’Ile et leur éléphant gigantesque symbole de la ville, la compagnie Royal Deluxe, sont autant de marqueurs forts qui poussent les acteurs de la tech à dialoguer avec les artistes et designers.
Symbole de cette union, le Quartier de la Création en cours de développement sur l’Ile de Nantes, qui a pour vocation de réunir culture et innovation dans un même périmètre. Au coeur de cette zone, la Creative Factory, point de rencontre de ces deux univers, ou encore l’espace Stereolux, lieu hybride voué au soutien à la création des musiques actuelles et des arts numériques.
Nantes, locomotive d’une Silicon Valley française ?
Innovation, proximité de la mer, créativité, ambiance cool et décontractée…Nantes va-t-elle devenir la San Francisco française ? Si « Nantes se rêve en San Francisco » selon Antoine, la comparaison reste difficile. D’abord parce que la ville doit encore développer sa présence sur la scène internationale. Si les délégations de la Nantes Tech sont souvent parmi les plus importantes de la French Tech lors de déplacements à l’étranger, et bien que certaines start-up aient entamé un développement à l’international, la ville en est encore à ses balbutiements et reste méconnue de la plupart des étrangers. Un tournant se profile pourtant avec le lancement d’Imagination Machine, l’incubateur porté par Rob Spiro, ou l’initiative publique Nantes St-Nazaire Développement dédiée à imposer la métropole nantaise à l’international.
Par ailleurs, Nantes pourrait bien se démarquer en proposant un autre modèle, fidèle à son image et à son attitude « low profile » comme l’explique Rob Spiro : « _Je pense que Nantes est une ville formidable pour les start-up parce qu’elle est si normale - si vous concevez quelque chose qui fonctionne à Nantes, cela fonctionnera dans des centaines de villes partout dans le monde. La même chose n’est pas vraie pour San Francisco, Londres ou Paris. Oui, ce sont d’énormes marchés, mais ils sont trop uniques, des bulles sans visibilité sur la vie des personnes en dehors de la ville. _»
Les start-up locomotives de l’écosystème numérique nantais
iAdvize, la start-up qui a révolutionné la relation client
Lengow, qui facilite la gestion des flux de produits dans les différents comparateurs de prix, places de marché…
Akeneo qui propose aux site e-commerce un service de gestion et de valorisation de leurs produits.
Les coups de coeur d’Antoine (Startup Palace) - Ces start-up nantaises qui montent :
Skippair, la start-up qui rassemble des novices qui rêvent de prendre le large et des skippers qui rêvent de remplir leur bateau.
Captain Vet, le “Doctolib des vétérinaires”, co-fondé par trois entrepreneurs donc Nicolas Charbonneau, ancien lillois converti à l’écosystème nantais.
Kadran : Eliott Godet et Alexandre Hottiaux se sont lancés dans l’aventure entrepreneuriale juste après leur étude et proposent un système innovant de vente aux enchères de biens immobiliers.
Mr Suricate : Le nantais Fabien Van Herreweghe, et son associé Fabrice Beck proposent une plateforme web qui permet de tester son site Internet via des scénarios de navigation complets.
Pour les nantais et aspirants nantais (suite à la lecture de cet article !) ne manquez pas les offres d’emplois de Startup Palace.
* Nestpick, plateforme anglaise d’appartements meublés, qui classe 85 villes pour déterminer les plus accueillantes pour les dirigeants et les salariés d’une start-up.
Photo © Franck Tomps
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