59% des femmes pensent que la ménopause a des effets néfastes sur leur travail

05 déc. 2019

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59% des femmes pensent que la ménopause a des effets néfastes sur leur travail
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Bouffées de chaleur, fatigue, irritabilité, troubles du sommeil… sont quelques-uns des symptômes que connaissent les femmes pendant la ménopause. Mais s’ils sont connus pour l’impact qu’ils ont sur leur vie personnelle, on oublie trop facilement celui qu’ils peuvent avoir sur leur vie professionnelle. Et pour cause, une étude de CIPD révèle que durant la ménopause, 59% des femmes pensent que cette période de transition a des effets néfastes sur leur façon de travailler. Pourtant, perdue dans le grand sac des sujets tabous, la ménopause peine à animer les débats et les solutions concrètes proposées aux femmes sont rares pendant cette période inévitable de leur vie. Déchiffrage.

À la maison et au boulot, la ménopause rend le quotidien des femmes pénible

La ménopause est une période que chaque femme est amenée à rencontrer au cours de sa vie. Elle désigne la fin définitive des menstruations et donc de la capacité à avoir des enfants. Elle apparaît en général entre 45 et 55 ans mais peut arriver plus précocement. En plus de l’impact psychologique d’un tel changement (anxiété, blues voire dépression), les symptômes physiques qui l’accompagnent peuvent s’avérer très handicapants, d’autant plus qu’ils durent plusieurs années (7 ans en moyenne).

Ainsi, en entrant dans la période de ménopause, les femmes éprouvent plus de fatigue que d’habitude, souffrent d’insomnies et sont souvent prises de bouffées de chaleur. Par ailleurs, la ménopause augmente le risque d’apparition de certaines maladies comme l’ostéoporose ou des maladies cardiovasculaires.

Au boulot aussi les symptômes de la ménopause se font ressentir. Selon une étude de CIPD, entreprise britannique spécialisée dans les ressources humaines, 59% des femmes pensent que la ménopause a des effets néfastes sur leur façon de travailler. Et cette répercussion sur la vie professionnelle peut prendre plusieurs formes.

Probablement en raison de la fatigue ou de l’inconfort provoqué par les bouffées de chaleur à répétition, 65% des femmes interrogées déclarent avoir plus de mal à se concentrer qu’auparavant. Et pour 58%, c’est aussi le stress qui est exacerbé lors de la ménopause. C’est d’ailleurs sûrement pour cette raison, entre autres, que 52% des femmes sentent qu’elles ont moins de patience durant cette période lorsqu’elles échangent avec leurs clients et leurs collègues.

Une souffrance qui reste taboue, au même titre que les règles

Comme beaucoup de sujets liés à l’intimité de la femme, la ménopause est taboue dans de nombreux pays. La sociologue Cécile Charlat explique cela par le fait que la société associe la ménopause à une maladie liée à la vieillesse, qu’il faudrait “soigner”. Et le tabou est encore plus frappant au bureau, là où les rapports sont souvent plus distants et l’intimité de chacun plus protégée. Pourtant, si la ménopause rend le travail des femmes plus pénible, on s’attendrait à ce que la question soit prise en charge par les défenseurs de la santé au travail. Or en France, la question n’est pas du tout abordée pour le moment, ni par l’Institut santé et sécurité au travail (INRS) ni par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT).

En raison de la disparité des symptômes et de leur intensité variable d’une femme à l’autre, il est difficile d’établir des généralités sur la ménopause dans le monde professionnel. Ajoutez à cela le tabou mentionné plus tôt, et vous vous retrouvez avec un débat totalement gelé. Les solutions proposées par les entreprises et les institutions législatives sont pour l’instant inexistantes. D’ailleurs, même les associations et groupes de réflexions sur la ménopause français ne proposent aucun contenu lié à la gestion de celle-ci au travail.

Quelles solutions pour des bureaux plus adaptés aux aléas de la ménopause ?

En 2016, l’EMAS (European Menopause and Andropause Society) avait publié une liste de recommandations concernant les conditions de travail des femmes durant la ménopause. Les principales recommandations étaient :

  • Contrôler adéquatement la température des espaces de travail et donner un accès facile à de l’eau fraîche potable. Une température plus adaptée peut réduire considérablement les bouffées de chaleur que les femmes subissent durant la ménopause.
  • Autoriser des horaires de travail flexibles. Lorsque les insomnies ou la fatigue sont plus intenses, cela permettrait aux femmes de mieux organiser leurs journées de façon et d’adapter leur rythme de travail à leur situation.
  • Proposer un accès facile aux toilettes. Lors des premières années de la ménopause (périménopause), les menstruations sont déréglées et les saignements peuvent être abondants. Un bureau proche des toilettes facilite la vie des femmes durant la ménopause et leur permet de réduire le temps perdu.

Pour faciliter l’intégration de ces bonnes pratiques, il faudrait surtout davantage prendre conscience collectivement des effets de la ménopause sur les femmes au travail, c’est d’ailleurs une autre recommandation de l’EMAS qui préconise la libéralisation de la parole à ce sujet. Il faudrait pour cela que les femmes n’hésitent plus à en parler à leur manager lorsque la ménopause empiète sur leur travail mais aussi que les managers soient capables d’écouter avec bienveillance. Hélas, ce n’est pas encore gagné : si 30% des femmes, durant la ménopause, déclarent un arrêt maladie à cause de leurs symptômes, seulement un quart d’entre elles osent donner la vraie raison à leur supérieur.

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Photo d’illustration by WTTJ

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