Est-ce que postuler ou se laisser chasser, c'est tromper ?
11 juin 2018
4min
Elle vous a fait les yeux doux, vous l’avez charmée en retour puis vous vous êtes engagé en contrat à durée indéterminée. Votre entreprise et vous, c’est une belle histoire d’amour qui dure depuis quelques mois ou quelques années. Mais voilà… la curiosité vous guette et, sans chercher à être infidèle, vous commencez à regarder ailleurs. Est-ce que c’est mal ? Quelles sont les limites à ne pas franchir ?
Welcome to the Jungle vous aide à flirter avec une nouvelle tribu, dans les règles de l’art, sans (trop) tromper la vôtre et surtout sans vous faire démasquer.
Plus d’une personne sur deux est infidèle
D’après un sondage des Editions Tissot, 51% des Français seraient prêts à changer d’entreprise et 3 sur 4 pensent qu’il est plus facile de rester fidèle dans une relation amoureuse que dans sa relation à l’entreprise.
Les Français seraient-ils un peu volages ? Cette même étude revient sur les raisons qui poussent un collaborateur à changer d’entreprise. En tête de celles-ci :
- obtenir une augmentation (53%),
- obtenir un meilleur poste (35%),
- un déclic ou une opportunité (33%).
Mais même fidèle, est-ce que regarder ailleurs c’est tromper ?
Il est commun et naturel de regarder si l’herbe est plus verte dans l’entreprise d’à côté. Que vous soyez dans une période de doute sur votre poste actuel ou simplement curieux de ce qui se fait ailleurs, être ouvert à de nouvelles opportunités est aussi une manière de sortir de votre zone de confort pour progresser. Mais soyez conscient que c’est aussi, bien souvent, un moyen de se rassurer avant de se lancer plus « officiellement » dans une recherche. Une belle manière de s’en sortir l’ego intact si une opportunité ne se concrétise pas.
Mais attention, vous jouez avec le feu.
Postuler ou se laisser chasser, c’est accepter de découvrir une opportunité que vous ne pourrez pas laisser passer. Marie, responsable marketing, nous raconte son expérience : « Mon entreprise m’a proposé un nouveau poste en région parisienne, que j’ai rapidement accepté. Quelques mois plus tard et par curiosité, j’ai accepté un entretien informel avec un recruteur afin de m’assurer que le salaire qu’on m’avait proposé était cohérent avec le marché. J’ai rapidement découvert que mon salaire était correct… mais que je pourrais avoir encore mieux ailleurs. Difficile de m’enlever ça de la tête par la suite. J’ai tenu trois mois de plus dans mon entreprise avant de me mettre en recherche, ouverte cette fois, d’un nouveau poste. » Soyez conscient que si vous regardez ailleurs, vous acceptez de quitter votre entreprise actuelle.
Infidélité : les cas de figure les plus courants
Pourquoi commence t-on à regarder ailleurs, alors qu’on ne souhaite pas partir pour autant ?
Pour avoir une meilleure idée de sa valeur sur le marché
Comme Marie, que vous soyez en poste depuis longtemps ou que vous ayez développé de nouvelles compétences à valoriser, il peut être intéressant de voir ce qu’on propose ailleurs pour connaître votre valeur sur le marché du travail.
Pour se challenger
Après quelques années d’expérience, vous vous demandez si vous pourriez obtenir ce poste de “responsable” ou “directeur” qui vous semblait encore inaccessible il y a peu ? Parfois, postuler est simplement un moyen rapide de vérifier la crédibilité de votre profil.
Pour faire bouger les choses dans son entreprise actuelle
La menace d’un départ est parfois, malheureusement, la seule solution pour obtenir ce que vous demandez dans votre entreprise actuelle. « Je demandais une promotion, en vain, depuis près d’un an. Quand je suis arrivée avec une offre de la concurrence, mon employeur s’est aligné le jour même », nous explique Matthieu, consultant en organisation.
Voir comment ça se passe ailleurs
« J’ai beaucoup de chance car j’adore ma boîte et j’adore ce que je fais. Mais quand j’ai un coup de mou, il m’arrive d’accepter un rendez-vous téléphonique avec un recruteur, ou parfois simplement d’échanger avec des amis… pour me rendre compte que je suis bien mieux où je suis ! », nous raconte Pierre, développeur dans une start-up. Un moyen de s’assurer que l’herbe est bien plus verte où on est ? Pourquoi pas.
« J’adore ma boîte et j’adore ce que je fais. Mais quand j’ai un coup de mou, il m’arrive d’accepter un rendez-vous téléphonique avec un recruteur, ou parfois simplement d’échanger avec des amis… pour me rendre compte que je suis bien mieux où je suis ! » Pierre, développeur
Comment le faire correctement ?
Si rien ne vous empêche de regarder ailleurs, vous avez tout intérêt à le faire dans les règles de l’art afin de ne pas générer un conflit avec votre employeur.
En dehors de vos heures de travail
Légalement, pendant son temps de travail, un salarié est censé travailler pour l’entreprise et non à des fins personnelles. Vous n’êtes donc pas censé postuler ou répondre à des demandes de recruteur à l’aide des outils mis à disposition par votre employeur (tablette, smartphone, ordinateur…). Il existe cependant une petite tolérance de 10 minutes par jours. Seules les personnes en situation de démission ou de licenciement peuvent, si leur convention collective le permet, consacrer du temps (souvent deux heures) à la recherche pendant la journée. Que vous soyez curieux ou que vous ayez simplement envie de vous challenger, faites cela tôt le matin ou tard le soir.
Sollicitez votre réseau avec prudence
L’entreprise est un petit monde, alors misez sur vos contacts de longue date, avec qui vous avez des relations solides et qui comprendront votre démarche sans vous mettre en porte-à-faux vis-à-vis de votre employeur. Et évitez d’en parler à vos collègues, car une gaffe est vite arrivée.
Soyez passif
Mais surtout, si vous souhaitez rester discret, utilisez des méthodes dites “passives”. Faites en sorte de rendrevotre profil attractifpour que les recruteurs viennent à vous, plutôt que l’inverse : mettez à jour votre poste sur LinkedIn, vos coordonnées dans l’annuaire de votre école, publiez ou relayez des articles de votre secteur d’activité ou participez à des salons. Alice, chargée de projet marketing, partage avec nous sa méthode : « Que je sois en recherche active, à l’écoute d’opportunités ou carrément en poste, je continue à être active sur mes réseaux sociaux professionnels. Ainsi ça ne paraît pas “louche” le jour où je recherche activement un poste, et je continue à recevoir quelques sollicitations régulièrement. »
La limite à ne pas franchir ?
Publier son CV en ligne. Au contraire des méthodes “passives” - qui sont autant un signal pour les recruteurs qu’un simple moyen d’être actif dans votre secteur - vous indiquez clairement à votre réseau que vous cherchez à partir. Cela risque d’être très mal perçu de la part de vos collègues… comme de vos supérieurs. Au minimum et quand c’est possible, cochez les options qui permettent de rendre votre CV visible uniquement des chasseurs de têtes. Mais dans tous les cas, souvenez-vous que vous prenez un risque.
Alors, postuler ou se laisser chasser, c’est tromper ? Pas vraiment. C’est parfois une démarche nécessaire pour connaître sa valeur sur le marché, se challenger ou se re-motiver… mais rappelez-vous qu’il y’a rarement flirt sans danger. Et attendez d’avoir une confirmation officielle (promesse d’embauche) pour quitter votre poste actuel et restez professionnel jusqu’au bout avec votre équipe.
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