Les galères pro en 2020 : 8 profils de loose rencontrés cette année
28 déc. 2020
6min
Journaliste - Welcome to the Jungle
Covid-19, confinement, droit de retrait, gestes barrières, cas contact, distanciation sociale, cluster, quatorzaine, asymptomatique, animal crossing, super contaminateur… voilà très brièvement ce que nous allons retenir de l’année qui vient de s’écouler. Des mots savants qui sont venus enrichir notre vocabulaire ; disons que c’est une façon positive de voir les choses. Plus sérieusement, si 2020 restera pour la majorité d’entre nous dans le top 3 des pires années de leur vie, certains ont atteint des sommets notamment dans la sphère professionnelle. Pour fêter dignement la fin de l’année et pourquoi pas la fin de nos souffrances, nous avons tenté de définir 8 profils de galères (à peine caricaturées) au travail en 2020, à décliner au féminin et au masculin. Comme dirait l’adage : mieux vaut en rire qu’en pleurer !
1. Celui qui jonglait entre enfants et visio
Quand on lui a annoncé que l’école et la crèche allaient fermer pendant le premier confinement, il l’a pris comme un joyeux défi pédagogique. Il a élaboré un calendrier précis avec cours aux enfants dès 9 heures chaque matin et interdiction de s’approcher des écrans. Quel plaisir de profiter de ces instants précieux auprès de sa marmaille adorée ! Sauf que… le programme a explosé en trois jours. Les bondissements de chimpanzé du petit et la crise existentielle de l’ado l’ont conduit à opérer un savant repli stratégique avec deux heures d’écran autorisées par demi-journée. Pendant que les enfants faisaient grandir leur savoir en autonomie sur youtube, il a pu télétravailler même s’il a fallu couper micro et caméra pendant les réunions en visio. Depuis la réouverture des écoles, il a développé une nouvelle forme de fascination pour les professeurs des enfants. Son plus grand cauchemar ? La fermeture de la classe d’un de ses enfants à cause d’un cas de Covid. Ça fait quand même huit fois que Lucie est cas contact !
2. Celle qui était hypocondriaque
Bien avant la crise, à la saison des gastros et de la grippe, elle se baladait déjà avec une gourde de gel hydroalcoolique dans la besace et tirait sur son pull pour éviter de toucher les poignées de porte et les boutons d’ascenseur au bureau. Quand l’épidémie de coronavirus a frappé la France, elle a fait de la tachycardie et a bassiné son manager pour travailler chez elle avant tout le monde. Elle a même hésité à faire valoir son droit de retrait. Les transports ? Des nids à virus. Ses collègues ? Des potentiels assassins. En trois semaines, elle a eu l’impression d’attraper trois fois le Covid, mais aussi une petite peste bubonique, le choléra et même une sclérose en plaques. Quand le confinement a été annoncé, elle a soupiré de soulagement. Pendant deux mois, elle n’est pas sortie de chez elle et a pris des bains de gel hydroalcoolique deux fois par jour. Quand son entreprise l’a forcée à revenir au bureau après le 11 mai, son cœur s’est arrêté. Équipée de gants, d’un masque FFP2 et de lunettes de protection, elle a péniblement réussi à franchir le seuil de l’entreprise. Quelle épreuve que de traverser les espaces de repos où ses collègues s’enfilent des cafés en répandant leurs germes. C’était Koh Lanta chez les microbes. Le pire dans tout ça ? S’asseoir à côté de Julien, le blagueur de l’open space qui a décidé de porter le masque sous le menton. Elle a fait un malaise vagal 15 minutes après son arrivée. Plus tard, son médecin a appelé son manager pour qu’elle reste en télétravail jusqu’à la fin de l’épidémie.
3. Celui qui a eu un petit problème avec l’alcool
Il a profité du premier confinement pour mener un vrai travail d’introspection et trouver un sens à sa vie. Pour nourrir ses réflexions, il a organisé plusieurs apéros-zoom, parfois tout seul et sans zoom. D’abord un par semaine, puis un par jour, et puis finalement, il s’est contenté de boire quand ça lui chantait. Ses dossiers n’ont pas vraiment avancé, mais il est devenu très intime avec son caviste. Lequel envisage d’ailleurs de s’acheter une résidence secondaire dans le sud-ouest. Et puis, pendant une réunion en visio, entre deux verres de blanc, il est apparu torse nu affublé d’un bob Ricard et a chanté l’Internationale en langue des signes, ce qui surpris les clients américains, mais aussi son patron. Son licenciement ne l’a pas touché puisqu’il avait de toute façon décidé de changer de vie en ouvrant un bar. Hélas, le deuxième confinement lui a coupé les jambes. Du coup, il boit pour oublier qu’il ne sert pas à boire.
4. Celle qui était au chômage partiel
Elle travaille dans le secteur de la culture, de l’événementiel, de la restauration, de la communication… et a été mise au chômage partiel dès le premier confinement. Au début, elle s’est dit : « Chouette, je vais pouvoir profiter de ce temps pour réfléchir au sens de mon travail, mais aussi prendre soin de moi. » Elle a pensé prêter main-forte à une association, s’est essayée au bricolage, puis à la couture. Résultat ? Au bout de deux mois, elle a fait une miche de pain trop cuite et deux nouvelles croûtes encombrent son salon. Mais surtout, en plus de ne pas avoir une activité considérée comme essentielle au pays, elle s’ennuie à mourir. Six mois plus tard, elle n’a vraiment plus envie de faire du pain, ni de peindre. Elle veut juste travailler. Elle a tout de même accepté de se mettre aux fourneaux pour le repas de Noël, à une condition : que personne ne prononce le mot TRAVAIL.
5. Celui qui venait de terminer ses études
Dans sa tête, il avait un plan de carrière tout tracé. Après son master de sociologie option langues, il devait passer plusieurs mois en Espagne pour comprendre les différences culturelles entre les habitants de Barcelone et de Madrid (notamment en ce qui concerne l’apéro), avant de poursuivre ses brillants travaux dans un laboratoire de recherche européen. Mais comme pour ses camarades de promos, son stage de fin d’études a été annulé et il a dû revoir ses plans. Il a tout de même fini par récolter des données via des sites obscurs et bouclé son mémoire dans les temps, sans faire de terrain. Compréhensifs, ses profs lui ont même donné une mention : “bonne chance pour la suite” ! Depuis, il écume les sites d’emploi avec comme mot-clé “manutention”, “graphiste”, “clown professionnel”. Parfois, il pense à se lancer dans un nouveau master. Mais surtout, en attendant que l’horizon s’éclaircisse, il est retourné vivre chez sa mère… C’est sûr, 2021 ne pourra pas être pire.
6. Celle qui était au bout du rouleau
L’avantage avec le télétravail, c’est qu’elle n’a plus eu de temps à perdre avec les transports, les pauses déjeuner et même la douche. Une chance pour elle qui travaille dans un groupe qui produit du gel hydroalcoolique et qui s’est vu submergée de boulot pendant les deux mois du premier confinement. Parce que oui, ça s’organise l’acheminement ! Même si son teint a depuis viré grisâtre et que sa myopie en a pris un coup, elle est heureuse d’avoir explosé son record personnel du nombre d’heures assise à son bureau sans bouger : 13 ! Après cinq jours de vacances où elle n’a fait que dormir, elle a préparé la rentrée des enfants. Le jour J, elle les a déposés à 8h30 à la pharmacie, a laissé ses dossiers importants à l’école avant de gagner son entreprise à cloche-pied en distribuant des masques aux passants. Effrayé par son état psychologique, son manager lui a demandé de rentrer chez elle.
7. Celui qui était allergique au télétravail
Il a besoin d’un cadre, de rituels, sinon il tombe. Quand son manager lui a annoncé qu’il devait passer en télétravail pendant le confinement, son visage s’est fissuré. Au début, il a essayé de prendre sur lui en reproduisant la routine du bureau dans son appartement avec des petits coins dédiés dans son salon : un pour la pause-café, un autre pour les repas, un dernier pour le travail. Mais au bout de trois semaines, il a perdu pied. Il a commencé par se laver un jour sur deux, puis est apparu en réunion en survêtement, pas rasé, avant de disparaître des radars. Il est réapparu après le déconfinement avec une bonne mine. Il a expliqué qu’il avait tenu le coup en s’infiltrant chaque nuit au bureau, juste pour s’imprégner de l’ambiance près des photocopieuses. Depuis le second confinement, il est prioritaire pour rester au bureau. Mais ça a aussi ses limites : il en est à son huitième test PCR.
8. Celle qui avait chaque jour une nouvelle envie de reconversion
En règle générale, elle est toujours en quête de nouveaux challenges. Après avoir déjà tout plaqué pour racheter des parts dans une entreprise qui louait des trottinettes électriques (qui ont fini au fond du Canal Saint-Martin) en 2018, puis dans la vente de vapoteuses écologiques l’an dernier, elle pensait se reconvertir dans le CBD. Le confinement a changé ses plans. Elle a d’abord voulu ouvrir une chaîne de boulangerie qui apporte le pain à domicile, puis lancer une marque de masques design, mais à la lecture des messages désespérés de ses amis sur les réseaux sociaux, elle a finalement opté pour le coaching et le développement personnel. Depuis, elle recommande à ses clients d’utiliser des filtres personnalisés pour ne pas déprimer en regardant leur propre visage défait sur Zoom. Et songe à se réorienter vers la chirurgie esthétique.
Bonus : Celui qui était le patient zéro de son entreprise
D’habitude il a du flair, mais à la réflexion, cette idée de voyage commercial en Chine au début de l’année 2020 n’était pas si bonne. Après la quarantaine de rigueur, il a mangé tout seul à la cantine pendant deux semaines. Tout le monde l’évitait (il n’y avait pas encore de masques ni de tests). Sauf le patron qui a tenu à tout prix à lui faire la bise pour montrer l’exemple aux salariés. Bel exemple : dix jours d’incubation et trois semaines de fièvre plus tard, l’entreprise a dû fermer ses portes. Son patron va mieux. Mais il est mortifié et espère vraiment retrouver son flair et son odorat en 2021.
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Photo d’illustration by WTTJ
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