« Ça n'a pas matché avec ma nouvelle boîte, j'ai rebondi »
06 juin 2019
5min
Communications & content manager
Je suis entré dans une boîte pour les mauvaises raisons. Je m’en suis vite rendu compte, et cette expérience professionnelle n’a pas duré. Voici comment cela s’est passé et les apprentissages que j’en ai tiré.
Changer d’entreprise est un jeu d’équilibriste : on sait ce qu’on quitte mais pas ce qu’on trouvera.
Je m’appelle Alban et je suis commercial. À l’été 2017, j’étais dans une boîte qui commercialise une solution qui permet d’envoyer de la donnée structurée entre fournisseurs et distributeurs dans le retail. J’avais fait le tour de mon poste et du produit. Alors, je relançais gentiment mon réseau pour en changer.
J’avais 30 ans et donc un peu de bouteille. En entretien, cela ne se passait pas mal : j’ai assez rapidement eu quelques offres en main.
Dans le cadre de ces rencontres avec plusieurs entreprises, j’ai rencontré plusieurs fois les équipes d’une même boîte. Le package et le job étaient intéressants, et ça avait fitté avec les futurs collègues. J’ai fait connaissance avec les commerciaux et la patronne. Ça s’annonçait plutôt bien. L’entreprise avait le vent en poupe : une belle levée de fonds en perspective, une équipe de 3 personnes en sales avec beaucoup de projets à développer… L’un des commerciaux était là depuis 2 ans, l’autre venait d’être recruté, jusque là rien d’anormal. Et surtout, j’avais été introduit par une personne de confiance pour ce poste, donc si on me le recommandait, c’était bon signe. Bref, tous les signaux étaient au vert.
J’avais été introduit par une personne de confiance pour ce poste, donc si on me le recommandait, c’était bon signe. Bref, tous les signaux étaient au vert.
Pourtant, parfois, au cours d’un processus de recrutement, tu sens un truc qui coince. Dans ce cas, j’avais communiqué l’envie de manager des gens, de prendre des responsabilités, mais mes interlocuteurs étaient restés flous sur le sujet. Je rentrais comme “bizdev”, mais avec des “possibilités d’évolution”. En fait, on ne me proposait pas à l’instant T ce que j’envisageais pour ma carrière professionnelle.
Et c’est justement cela qui a dégénéré. Dès mon arrivée, les responsables m’ont finalement demandé de prendre le lead sur l’équipe sales. La patronne m’a inscrit à des cours en management pour que je puisse devenir responsable. En tout, j’ai eu trois jours de formation. Mais je n’avais pas été présenté à l’équipe en tant que manager et je n’avais donc pas la légitimité pour diriger des gens au même niveau que moi. Assez vite, mon manager m’a reproché d’être individualiste dans mon approche commerciale — alors que c’était délicat pour moi de structurer les résultats de l’équipe quand j’étais au même niveau que les deux autres sales sur le papier.
Je n’avais pas été présenté à l’équipe en tant que manager, et je n’avais donc pas la légitimité pour diriger des gens au même niveau que moi.
Cela ne pouvait pas fonctionner car le périmètre de mon poste n’avait pas été assez bien défini. Pour ma part, en acceptant ce poste, je faisais un compromis sur mon envie d’évolution : mauvaise idée. Eux ne m’ont pas dit ce qu’ils attendaient de moi assez directement à l’entretien d’embauche et surtout ne m’ont pas laissé le temps de monter en compétences sur les nouvelles missions qui m’incombaient. Car on ne devient pas manager en un jour.
Ça s’est fini brutalement. À la fin du point chiffres d’un certain lundi matin à peine deux mois après mon entrée dans la boîte, la fondatrice m’a expliqué que l’essai était terminé. J’étais scotché, parce qu’elle avait pris la décision unilatéralement, sans qu’on en discute vraiment au préalable. Peut-être qu’en parler aurait pu faire redresser la barre. Mais bon, c’était fait.
Deux mois après mon entrée dans la boîte, la fondatrice m’a expliqué que l’essai était terminé. J’étais scotché, parce qu’elle avait pris la décision unilatéralement.
Je ne sais pas s’il y a une bonne ou une mauvaise façon de virer quelqu’un, mais quand ça arrive, ça fait un choc. Et pourtant, paradoxalement, ça s’est bien passé.
Je dis paradoxalement, parce que c’était tout de même une situation désagréable. J’avais quitté mon ancien employeur pour cette nouvelle boîte et du jour au lendemain, je me retrouvais sans rien. Il faut recontextualiser cette faille dans un parcours entre guillemets “sans fautes” : cela faisait 10 ans que je bossais en enchaînant les expériences de manière fluide. Là, je me retrouvais sans aucun accès à Pôle emploi, car j’avais démissionné quelques jours trop tôt de la boîte précédente. Malgré l’aide de ma copine, j’avais une contrainte financière, et tant mieux, parce que cela m’a forcé à être dans l’action.
J’ai pris du recul. Je me remets souvent en question, et là, j’ai décidé d’être philosophe. Si ça ne s’est pas fait, c’est que ça ne devait pas se faire. Il y avait eu pas mal de choses sur lesquelles je ne pouvais pas agir, une communication assez mauvaise, et je n’avais pas non plus de machine à remonter le temps… Alors, quand tu n’as pas le choix, tu avances.
Si ça ne s’est pas fait, c’est que ça ne devait pas se faire.
C’était avant les fêtes. J’ai pris du temps pour souffler. J’ai posé à plat ce que j’allais faire et j’ai élaboré mon plan d’action. En janvier, je m’y suis remis : je me levais pour faire du sport à 6h, et je postulais. J’ai eu assez vite trois-quatre propositions en mains, en sales, dans le même écosystème mais dans des boîtes très différentes.
Je savais que je voulais rejoindre une entreprise pour le fit et les missions. J’ai choisi l’entreprise où je bosse aujourd’hui, parce que le poste était intéressant et que j’y serais l’autonome. J’avais perçu à tous les étages (N+1, 2, 3), une bienveillance que je n’avais pas rencontrée auparavant. Et le package fixe + atteinte sur objectifs était ambitieux.
Si je regarde en arrière, je me dis qu’il y a plein de “mauvaises raisons” de rejoindre une boîte. Venir pour un ami, par exemple et risquer de miner ta relation et perdre le job. Venir pour le titre ou le salaire sans avoir de fit avec l’équipe, c’est dangereux aussi. Ou accepter un poste de sales en sachant pertinemment que les objectifs sont impossibles à atteindre : l’expérience s’arrêtera vite.
Donc, pour limiter les risques d’aller droit dans le mur, c’est important de s’imposer des critères. De se lister ce dont on a envie et pas envie. Hiérarchiser ces éléments et ne pas faire de gros compromis sur les points les plus importants. C’est aussi très utile de compléter le processus où tu rencontres les RH puis le DG : rencontrer des anciens de la boîte, prendre la température auprès de salariés actuels. Cela n’empêche pas un coup de pas-de-bol, mais cela réduit quand même les chances de catastrophes.
Il y a plein de “mauvaises raisons” de rejoindre une boîte (…) Pour limiter les risques d’aller droit dans le mur, c’est important de s’imposer des critères. De se lister ce dont on a envie et pas envie.
Et si, malgré tout cela, un rouage s’enraye dans une prochaine aventure, j’en parlerai aussi le plus tôt possible pour dénouer la situation. Le poste ne convient pas ? Les objectifs sont irréalistes ? Le fit avec l’équipe ne se fait pas ? J’ai vu maintes fois que parler désamorce les tensions… Et dans le cas contraire, personne n’a rien à gagner à s’entêter sur une greffe qui ne prend pas. Je préfère l’idée d’en rester là rapidement pour pouvoir rebondir.
Personne n’a rien à gagner à s’entêter sur une greffe qui ne prend pas. Je préfère l’idée d’en rester là rapidement pour pouvoir rebondir.
Aujourd’hui, j’aime mon poste et mon entreprise. Mettre fin à cette expérience professionnelle a été bénéfique. Comme j’avais analysé et digéré la situation, j’ai pu en parler sereinement en entretien : j’aime dire que c’est une rencontre qui n’a pas eu lieu. En France, l’échec est plutôt stigmatisé, mais comme j’ai réussi à rebondir, que j’ai appris de cette expérience et que j’ai gardé des bonnes relations avec mes collègues d’alors, je suis sorti plutôt serein.
Cet épisode fait partie intégrante de ma vie professionnelle. Mais je suis convaincu qu’il aurait pu arriver à n’importe qui : quand on change de poste, il y a une part d’inconnu et de risque… Et c’est aussi ce qui fait la joie d’entamer une nouvelle aventure et qui nous rend fébriles à cette idée.
Cet épisode fait partie intégrante de ma vie professionnelle. Mais je suis convaincu qu’il aurait pu arriver à n’importe qui : quand on change de poste, il y a une part d’inconnu et de risque
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