« En Août, je n'ai pas pris de vacances... mais c'était tout comme ! »

02 sept. 2024

3min

« En Août, je n'ai pas pris de vacances... mais c'était tout comme ! »
auteur.e
Camille Perdriaud

Journaliste chez Welcome to the Jungle

Pendant que les aoûtien.nes et juilletistes débattent sur quel est le meilleur moment pour prendre ses vacances, d'autres ont déjà trouvé la réponse : ne pas prendre de congés pendant l’été du tout ! D'après eux, travailler pendant la période estivale serait le parfait compromis pour éviter le surtourisme lié aux vacances scolaires tout en profitant de la baisse de productivité de l’entreprise pour se la couler douce. Entre effectifs réduits, peu de tâches à réaliser et personne pour surveiller, notre témoin est formelle : « Je ne suis pas en vacances, mais c’est tout comme ! »

Travailler tout l’été sans poser de congés n’a jamais été dans mes habitudes. Alors quand j’ai dû renoncer à prendre des vacances à cette période cette année (au profit d’un futur voyage hors saison à l’étranger), je dois avouer qu’au début j’ai pris peur. Je m’imaginais une scène de film apocalyptique : moi, seule survivante d’un bureau déserté, en train de déambuler tel un zombie dans l’open space, à la recherche de quelque chose à me mettre sous la dent. Et pour être honnête, on n’était pas loin de ce scénario au début. En tant que journaliste spécialiste des institutions et de la vie politique, les possibilités de sujets sont très réduites à cette période. Moi qui écrit habituellement un article par jour, je n’ai publié que trois articles en deux mois. De plus, la majorité de mes collègues étant plus occupés à se dorer la pilule au soleil qu’à répondre à mes mails, je n’arrive pas à prendre de l’avance sur mes sujets de la rentrée.

S’ennuyer ? Non merci.

Cette situation m’a d’abord frustrée, obligée d’aller au bureau alors que je n’ai rien à y faire… Mais au lieu de prendre ça comme une punition, j’y ai vite vu l’occasion de ralentir le rythme. Grosse bosseuse ou pas, lever un peu le pied ne me semble pas si horrible ! N’étant pas de nature rebelle, j’y suis allée graduellement, en commençant par m’octroyer de petites libertés : mes horaires se sont raccourcis petit à petit quand mes pauses se sont, elles, doucement allongées. Ainsi mon déjeuner peut s’étirer jusqu’à 15H et je ne lésine pas sur les pauses cafés avec les rares collègues présents.

L’occasion d’apprendre à connaître des personnes d’autres services que je salue à peine d’habitude. J’ai appelé ça « l’effet JO » : dès que les Jeux Olympiques ont commencé, j’ai ressenti une vraie vague fédératrice au bureau. Mon entreprise a fait installer un projecteur dans la cafétéria où étaient diffusées les épreuves en continu pendant la journée. On se retrouvait souvent pour regarder la compétition et soutenir les athlètes français.es. On s’est tous pris aux jeux, si bien que n’étant pourtant pas une fana de judo, je me suis surprise émue lorsque Clarisse Agbegnenou a remporté sa médaille de bronze. Une fois, on a même réuni l’ensemble du bureau (soit une petite vingtaine de personnes) pour déguster des glaces, à seize heures de l’après-midi devant le pentathlon moderne. Une ambiance bon enfant, si rare dans un contexte pro, que l’on a tous adoré !

L’euphorie de cet événement sportif m’a alors insufflé un nouvel élan de confiance dans ma rébellion. Inspirée par un collègue qui s’était mis en full télétravail pendant les JO - alors que ma boite nous l’avait formellement interdit -, j’ai à mon tour commencé à déserter le bureau. En prenant des jours pour « bosser à la maison », mon objectif était plutôt de ranger mon appartement, faire ma valise et prendre le train sur mes heures de travail pour pouvoir optimiser mes virées du week-end. J’ai d’abord rendu visite à ma mère, puis à ma sœur, puis comme « la montagne, ça vous gagne », j’ai prolongé mes séjours en télétravail pour en profiter un maximum. Pour être honnête, je mène des journées d’oisiveté où je prend plus de pauses que je ne travaille réellement. Si bien que moi aussi je pourrais utiliser sans complexe ces phrases clichés de vacanciers de retour : « Tu as vu ? J’ai ramené le soleil à Paris ! ».

On réitère dans 6 mois ?

Ne pas poser ses congés en été est un secret de salarié qu’on s’était bien gardé de me partager jusque-là. Il a fallu ce projet de voyage en Nouvelle-Zélande en début d’année prochaine pour que je le découvre par moi-même. Mais maintenant que je l’ai expérimenté, je vais complètement revoir ma façon de prendre des vacances pour les années à venir ! Même sans Jeux Olympiques pour se divertir, je sais désormais que rester au bureau à cette période permet tout de même de se reposer pour se sentir prêt.e à plonger dans le rush de la rentrée. Sans compter que, contrairement à mes autres collègues, je n’ai pas à attendre encore un an avant de reprendre de longues vacances ! J’ai un super voyage en ligne de mire, et cela m’aide beaucoup à ne pas déprimer à la fin de l’été ! Mon seul regret ? Je vais louper une grosse actualité politique pendant mon séjour. Et alors que j’aurais adoré couvrir cette actualité, je vais devoir déléguer le job à mes collègues… pas sûre que ça leur fasse plaisir que je ne sois pas partie cet été !

Article rédigé par Camille Perdriaud et édité par Aurélie Cerffond ; photo par Thomas Decamps.

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