L’art d’être indulgent avec soi-même : 5 clés pour se voir avec douceur
21 mars 2025
4min
Si on a tendance à relativiser les erreurs des collègues qu’on apprécie pour les rassurer, on campe bien souvent la position inverse lorsque l’erreur vient de nous. Ruminations, auto-flagellation, remise en question… Et si, pour le bien de tous, on apprenait à être plus indulgent envers nous-mêmes au travail ?
Cela peut être une présentation pas franchement réussie (pour ne pas dire ratée), un entretien d’embauche où l’on a fait chou blanc ou une mission mal exécutée. Dans l’absolu, rien de gravissime. En tous cas, rien qui ne justifie de se refaire le film en boucle au point de se créer des nœuds dans la poitrine ou d’en faire des insomnies. Douloureux en plus d’être contre-productif, le dénigrement de soi à la moindre erreur est souvent le signe que l’on associe sa valeur individuelle à ses performances : si l’on rate, on est nul. Mais à part nourrir un mal-être, ces petites voix intérieures viennent rarement améliorer une situation mal embarquée.
La bienveillance que nous ressentons pour autrui, en revanche, pourrait nous être bénéfique si l’on apprenait à la diriger vers nous-même. Selon une étude menée par l’université d’Austin au Texas, les individus qui éprouvent de la compassion envers eux-mêmes seraient plus aptes à « voir l’échec comme une opportunité d’apprentissage et de se concentrer sur l’accomplissement des tâches à accomplir ». Au travail comme ailleurs, pour l’intime comme pour le collectif, nous avons donc tout à gagner à être davantage dans la douceur et la compassion envers nous-même : « Si nous étions dans un rapport plus détendus avec nous-mêmes, nous serions moins sur la défensive ou dans l’hypervigilance. Nous serions davantage en mesure de prendre des décisions, et in fine, plus efficaces et productifs. Si chacun est plus à l’aise avec lui-même, nos rapports dans le collectif en bénéficient directement », expose Chloé Sargis, coach de vie spécialisée dans l’intelligence émotionnelle. Il faut toutefois bien différencier la compassion de la complaisance, alerte la spécialiste : « Être indulgent avec soi ne remet pas en question notre niveau d’exigence. L’intérêt d’être doux avec soi n’est pas de se contenter de résultats qui ne nous satisferaient pas, mais plutôt de nous donner l’énergie, la puissance et la force nécessaire de les atteindre à terme en se donnant de l’élan au lieu de se « casser ». Alors déposez les armes : on vous explique comment vous traiter gentiment et aborder vos erreurs de manière plus détendue.
## 1. Utilisez votre empathie
Pour travailler sur votre tendance à vous auto-flageller, encore faut-il identifier ces moments de torture intérieure. Quand une erreur ne cesse de vous préoccuper, utilisez votre empathie et projetez votre situation sur une personne que vous aimez. « L’empathie est un moyen de prendre conscience de l’histoire que l’on est en train de se raconter : on peut ainsi distinguer ce que l’on ferait intuitivement pour un·e autre pour commencer à l’appliquer sur soi. Par exemple, quand on a commis une erreur ou une maladresse, la dernière chose à faire est de dire des choses qui blessent », explique la coach. Est-ce que vous saperiez le moral d’un collègue en l’enfonçant devant son erreur ? Lui chuchoteriez-vous toutes les cinq minutes qu’il est nul et qu’il a vraiment tout foiré ? Il devient tout d’un coup plus facile de réaliser la violence des mots que l’on prononce à notre encontre .
2. Faites-vous plaisir
Reconnaissez l’inconfort qui vous gagne et acceptez de traverser ces émotions négatives, sans en rajouter une couche. Au lieu de vous couvrir d’insultes mentalement, essayez plutôt de vous rassurer : « Dans ces moments-là, il faut réussir à se faire du bien et à être doux envers soi. Ça peut paraître surprenant, parce qu’on ne nous a pas appris à nous récompenser dans l’échec », détaille Chloé Sargis. Encore une fois, visualisez une personne à qui vous tenez : vous ne voudriez pas alourdir son fardeau mais la réconforter, lui changer les idées. Même chose pour vous : commencez par choisir un environnement calme et serein dans lequel vous vous sentez bien, offrez-vous un plaisir réconfortant pour prendre le temps de vous remettre de vos émotions.
3. Arrêtez l’auto-flagellation
À chaque bourde, les mêmes pensées vous reviennent en tête aussi vite qu’un boomerang : « Je suis nul », « Je n’y arriverai jamais »… Peu constructifs, ces propos tirent des conclusions erronées et participent à saper l’estime de soi. « Les mots ont un pouvoir, ils sont très importants. Il y a des choses à s’interdire, dont tout ce qui relève de l’extrême et qui inclut les mots : jamais, toujours, nul, zéro », explique la spécialiste de l’intelligence émotionnelle. Les insultes sont évidemment à bannir, tout comme les affirmations fermes et définitives, qui sont des croyances limitantes et ferment la porte à une réflexion élaborée et constructive.
4. Posez-vous les bonnes questions
Peu importe la nature de votre erreur, prenez du recul sur la situation pour l’observer dans son ensemble. Puisque l’on ne peut pas changer le passé, autant éviter que cela ne se reproduise à l’avenir. Pourquoi avez-vous fait cette erreur ? De quoi avez-vous besoin pour que ça ne se reproduise plus ? « Le bon réflexe est de regarder ce qui s’est passé en se posant des questions ouvertes. Ainsi, on pourra comprendre pourquoi les choses ne se sont pas déroulées comme prévu et identifier les points d’amélioration. Après ça, le sujet est clos, les ruminations n’apportent rien ».
5. Travaillez votre estime de soi
« L’auto-dénigrement consiste à généraliser une erreur avec l’entièreté de la personne que l’on est. Il ne faut pas tomber dans ce piège, mais bien dissocier cet événement de notre personne » détaille la coach. Éviter cet amalgame revient dès lors à entamer un travail sur soi, pour revoir les fondations du système de valeur qui est le vôtre. « Si on est certain de sa valeur et que celle-ci est dissociée de nos performances, alors on est capable d’accepter l’erreur de manière constructive, c’est-à-dire comme faisant partie du processus d’apprentissage. Ça ne veut pas dire que cette erreur devient « moins grave », mais plutôt que l’on adopte un raisonnement adéquat. C’est par exemple se demander : « Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? » poursuit Chloé Sargis. Bien sûr, redorer son estime de soi est un travail qui s’inscrit dans une temporalité plus longue, et qui peut être réalisé en psychothérapie ou en coaching.
Enfin, gardez à l’esprit que les performances varient selon plusieurs facteurs : l’état émotionnel, la forme physique, les préoccupations, le contexte politique… Quelle que ce soit l‘erreur commise, elle n’est assurément pas la dernière de votre carrière : autant apprendre à négocier ces moments avec plus de clémence à votre égard.
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