5 conseils pour mieux télétravailler

Jeudi, 15h. Vous venez de lancer une machine à laver entre 2 réunions, et votre chat s’est installé sur votre clavier d’ordinateur pendant que vous écriviez l’introductionghk de cet articleoifjfkjskztjfkjf. Il n’y a pas de doute, vous êtes bien en télétravail. En France, 56 % de la population travaille au moins 1 fois par semaine à distance, contre seulement 3 % en 2017. Merci qui ? Merci le Covid-19 (on s’en serait tout de même bien passé). Aujourd’hui, face à ce nouveau mode d’organisation laborale, les salariés doivent inventer de nouvelles façons de s’organiser. Les premiers mois, c’est cool, on peut travailler allongé sur le canapé, habillé en slip de bain hawaïen. Mais attention à ce que ces mauvaises habitudes ne s’installent pas dans le temps ! Nous avons donc demandé à Mireille Tritz Kayser, fondatrice de Coach’Mi et coach bien-être, de nous livrer ses cinq conseils pour télétravailler dans les meilleures conditions.

1. Pour télétravailler : gardez les bonnes habitudes

L’idée de mettre son réveil à 08h59 et de commencer sa journée en pyjama est tentante. Mais est-ce vraiment une bonne habitude pour s’organiser en télétravail ? « Le piège à éviter est d’être dans l’amalgame : je suis chez moi, donc je ne me prépare pas, et pourtant je commence une journée de travail. Mieux vaut se structurer, avoir une discipline », préconise Mireille Tritz Kayser. Le télétravail ne doit pas être un prétexte pour vous laisser aller comme vous le faisiez lors des vacances d’été chez vos grand-parents. Notre cerveau a besoin de routine pour rester dans le droit chemin : « Mettez-vous dans un contexte de travail : fixez-vous des horaires, préparez-vous dans la salle de bain comme si vous alliez au bureau, mangez dans un espace séparé… », ajoute la coach. Et si la routine, c’est pas trop votre truc, faites varier l’organisation de vos journées, tant qu’elles restent structurées !

Bref, fixez-vous votre propre cadre, car « la difficulté du télétravail, c’est d’arriver à se gérer soi-même », rappelle Mireille Tritz Kayser. Lorsqu’on bosse de chez soi, seuls face à l’ordinateur, on redevient des enfants tentés de manger tout le chocolat lorsque maman a le dos tourné ; si on dévore tout le paquet, on termine au lit avec le mal de ventre du siècle. L’auto-discipline n’est donc pas une contrainte mais un vecteur de positivité : « Il faut voir le télétravail comme une liberté et l’honorer comme tel », précise Mireille. Encadrer sa liberté, c’est mieux la savourer.

2. Honorez votre espace de travail

En télétravail, faire son lit c’est bien, arranger son bureau c’est mieux ! « Rangé, propre, décoré, aéré , fonctionnel » : tel est le secret pour l’aménagement de son bureau en télétravail, selon Mireille Tritz Kayser. « Même s’il n’est pas très grand, rendez votre bureau agréable et confortable », ajoute-t-elle. Vous pouvez par exemple passer un coup de chiffon tous les matins pour enlever la poussière, ou acheter un bouquet de fleurs que vous placez sur votre bureau : «Ce n’est pas grand chose mais cela vous met dans le bon contexte» , souligne la coach. Personnalisez votre environnement de travail avec des objets inspirants, des images, des plantes ou des éléments qui vous mettent de bonne humeur et vous motivent.

S’organiser en télétravail dépend donc de vos préférences personnelles. Car l’avantage, c’est que personne n’est là pour vous dire comment arranger votre espace de travail. Liberté totale ! Si votre kiff, c’est d’aligner vos 43 peluches Disney derrière votre écran, alors faites-le : « C’est une chance. Personne ne va venir vous voir pour vous dire que la couleur de votre bureau de respecte par la charte des locaux », note Mireille. Créez donc un espace à votre image, suffisamment attrayant pour entamer votre journée avec positivité, et suffisamment fonctionnel pour être plus efficace pendant que vous travaillez.

Portez une attention particulière à la lumière. L’éden du télétravailleur, c’est d’avoir un bureau positionné près d’une fenêtre recevant de la lumière naturelle. Si c’est le cas, jackpot. Pour votre confort oculaire, attention à ce que votre écran reçoive la lumière sur le côté (donc ni de devant, ni de derrière). Et lorsque le soleil ne daigne pas pénétrer jusqu’à chez vous, investissez dans un éclairage chaud, naturel et donc pas trop blanc, avec une température de couleur comprise entre 2700 et 3000 kelvins.

3. Sortez de votre caverne

Télétravail et lien social ne font pas toujours bon ménage. Lorsqu’on bosse de chez soi, et en particulier quand on est à 100 % en télétravail, il est important de ne pas s’isoler : « Il ne faut pas que le télétravail soit synonyme de déprime » prévient Mireille Tritz Kayser. Entretenez la flamme (amicale) avec vos collègues, vos amis, votre famille, vos voisins… Si certaines personnes le font naturellement, d’autres ont en revanche tendance à entrer dans un cycle routinier d’isolement, qui peut rapidement devenir problématique. Il faut donc être vigilant et faire l’effort d’aller vers l’autre lorsqu’on est en télétravail.

Tout le monde ne vit pas cet isolement de la même façon : « Le télétravail met en exergue la personnalité des gens. Certains sont très indépendants et vont adorer bosser de chez eux, tandis que d’autres ont besoin de parler et d’échanger, et vont donc plus mal le vivre », assure Mireille. Inutile, donc, de vous forcer à multiplier les interactions sociales si cela n’est pas dans votre nature. Tout est une question d’équilibre et de connaissance de soi.

Pour un freelance, le risque d’isolement est d’autant plus important qu’il n’a pas de collègue : « Il faut se créer des réseaux, par exemple en rejoignant un groupe de freelances qui exercent le même métier que le vôtre. On peut aussi se mettre en contact avec des personnes géographiquement proches, et organiser des rencontres régulières afin d’échanger sur différentes problématiques. Cela peut même prendre la forme d’un groupe d’entraide pour se soutenir », conseille Mireille Tritz Kayser. Pour cela, il est important d’organiser son rythme de travail de manière à s’aménager du temps qu’on consacrera spécialement à la sociabilisation. D’ailleurs, si vous avez besoin de vous retrouver dans un environnement plus vivant que votre salon, rien ne vous empêche d’aller travailler dans un café ou un espace de coworking quelques heures pour vous aérer si vous n’avez pas de réunion…

4. Restez pro en toute circonstance

Le télétravail a des airs de liberté : bien au chaud chez vous, personne n’est là pour vous demander pourquoi vous regardez des vidéos de chat sur votre téléphone depuis 35 minutes. Certes, cela a des avantages (ex : accroître sa connaissance de la race féline), mais la flexibilité offerte par le travail à distance ne doit pas nuire à votre professionnalisme. Le télétravail est basé sur une relation de confiance entre vous et votre employeur, alors n’en abusez pas. À terme, votre laisser-aller se fera forcément sentir sur votre productivité, mais il sera trop tard pour le regretter puisqu’on vous aura déjà imposé à retour définitif au bureau.

Outre l’importance de rester pro, soyez proactif en termes de communication. Vous pouvez pas exemple envoyer un message à votre équipe pour lui dire bonjour quand vous vous connectez le matin ou à les prévenir si vous devez vous absenter un moment, et pensez quand même à bureau quand il le faut (pour les réunions importantes, les tâches qui sont plus faciles à réaliser en présentiel, l’accueil de nouveaux collègues, etc.) Évitez aussi de vous retrouver dans un train sans réseau pendant vos heures de travail. Bref, faites preuve de bon sens. Car malheureusement, beaucoup d’entreprises entreprennent un retour en arrière quand au télétravail si le cadre n’est pas respecté, ce qui - rassurez-vous - n’est pas entièrement de votre faute, c’est simplement que les équipes RH ne fixent pas toujours les bonnes et les mauvaises pratiques à adopter pour télétravailler.

Néanmoins, ne basculez pas d’un extrême à l’autre. Si le télétravail brouille le cadre de la relation professionnelle traditionnelle, cela ne doit pas non plus se faire à votre désavantage. Envahis par les e-mails, messages instantanés et autres notifications pro qui déferlent à longueur de journée, répondre dans la seconde n’est ni possible, ni souhaitable. Dans ce contexte, attention à l’hyperconnectivité, qui peut rapidement vous mener à une surchage mentale. Soyez donc indulgent avec vous-même : c’est okay d’avoir des tâches en attente, c’est okay de ne plus ouvrir vos e-mails après 18h et c’est okay d’appliquer votre droit à la déconnexion. Cela ne fera pas de vous un mauvais employé ! Tout est dans le bon dosage.

5. Réservez une place à votre bien-être

Oh que c’est beau. On dirait presque le slogan publicitaire pour un hôtel spa sur la Côte d’Azur. Difficile d’être en désaccord avec ce mantra, vous en conviendrez. Seulement, l’appliquez-vous vraiment lorsque vous êtes en télétravail ? « En coaching individuel, je conseille toujours de mettre l’accent sur la gestion du temps en télétravail en s’octroyant chaque jour des moments de bien-être », prône Mireille Tritz Kayser. La technique, c’est de noter ses « rendez-vous bien-être » dans son agenda comme on le fait avec ses rendez-vous professionnels. Une sorte d’obligation à se faire plaisir, au moins 1 fois par jour : « Chaque jour, un mini-kiff ! », nous dit Mireille. Ainsi, en planifiant ces moments détente à l’avance, comme on le ferait pour une tâche professionnelle, on leur donne l’importance qu’ils méritent plutôt que de les considérer comme une distraction improductive. C’est ce que théorise Nir Eyal dans son livre, Indistractable, how to control your attention and choose your life. Selon lui, se balader pendant 30 minutes au milieu de sa journée de télétravail n’est plus une perte de temps à partir du moment où cette activité a été intégrée aux objectifs du jour. Selon cette approche, s’aménager du temps pour soi est donc une nécessité au même titre que les tâches à accomplir pour notre boulot.

Pas besoin d’aller jusqu’à se faire un restau ou un bain moussant aux chandelles tous les soirs ; en télétravail, les petits riens suffisent à garder la pêche : aller boire un coup avec un ami, regarder un épisode de Friends, prendre une douche en écoutant Patrick Sébastien à plein volume, sortir faire une ballade… « L’avantage en télétravail, c’est que vous pouvez le faire au moment où vous le souhaitez, le matin, à la pause du midi… », ajoute la coach.

Finalement, ces conseils pour bien télétravailler ont un intérêt commun : « L’objectif est de générer plus d’émotions positives. Moins de frustration, plus de satisfaction personnelle et d’estime de soi, et une meilleure qualité de présence », conclut Mireille Tritz Kayser. Et si le secret du travail à distance, c’était d’être plus proche de soi-même ?

Conseil final : mesurez votre chance

C’est un conseil qu’on ne s’attendrait pas forcément à retrouver dans un article consacré aux conseils pour télétravailler, et pourtant ! La gratitude a des effets positifs dans tous les aspects de notre vie, y compris dans le cadre du travail à distance : « Il est important de se rappeler que même si le télétravail s’est beaucoup développé ces dernières années, certains n’ont pas la chance de pouvoir en profiter, même s’ils le voudraient bien. C’est donc un privilège », remarque Mireille Tritz Kayser.

Le télétravail a de nombreux aspects positifs : un meilleur équilibre vie pro vie perso, un accès au frigo illimité, des nuits plus longues, pas besoin de se taper le récit interminable du séjour de Christine aux Seychelles, etc. Même les études le montrent. : le travail à distance est bénéfique d’un point de vue social, économique et professionnel. Savourez votre chance !

Article édité par Gabrielle Predko ; Photo de Thomas Decamps