Quels sont les pays d'Europe qui offrent les meilleurs droits aux salariés ?
24 sept. 2018
6min
Après la vieillesse, la santé et la famille, l’emploi coûte près de 44,8 milliards d’euros. S’il est vrai que la France se montre pour le moins généreuse avec sa population, elle n’est pas un cas isolé. Congé maternité, congés payés, smic, retraite, formation, congé maladie, qualité de vie au travail… quels sont les bons et les mauvais élèves en Europe ?
Welcome to the Jungle dresse pour vous un état des lieux des droits des salariés en Europe.
L’Union européenne fixe des conditions minimales
Il n’existe pas de régime de sécurité sociale européen. Chaque État membre de l’Union européenne a maintenu son propre système national avec ses propres spécificités. La législation européenne se contente de coordonner ces systèmes nationaux pour sauvegarder la libre circulation et le libre-échange. Si aucune harmonisation n’est imposée, l’Europe fixe néanmoins, dans de nombreux domaines, des exigences minimales à respecter et s’engage à améliorer les conditions de travail sur son territoire. Du point de vu mondial, les systèmes européens de protection sociale ont bonne réputation et, certains, sont même pris pour modèles.
Si aucune harmonisation n’est imposée, l’Europe fixe néanmoins, dans de nombreux domaines, des exigences minimales à respecter et s’engage à améliorer les conditions de travail sur son territoire.
Droits sociaux : les bons et les mauvais élèves
Deux études récentes, menées par les cabinet Glassdoor et celle deDeloitte, ont comparé les régimes de sécurité sociale à travers l’Europe. Dans la majorité des pays européens l’ensemble des droits sociaux sont garantis, mais d’un pays à l’autre l’application de ces droits peut présenter de fortes disparités. Globalement, le Danemark, la France et l’Espagne sont remarqués comme étant les plus généreux, tandis qu’en Islande, au Royaume-Uni et en Suisse, les droits sont plus limités.
Dans la majorité des pays européens l’ensemble des droits sociaux sont garantis, mais d’un pays à l’autre l’application de ces droits peut présenter de fortes disparités.
Congé maternité
L’Union européenne garantit un congé maternité minimal de 14 semaines de congés. Mais l’indemnisation et la durée maximale de ce congé peuvent considérablement varier. Dans cette catégorie, le Royaume-Uni se montre généreux avec 52 semaines de congé dont 39 rémunérées à 90% du dernier salaire pendant les six premières semaines (puis plafonnées à 160 euros par semaine par la suite). Il est suivi par l’Irlande avec 42 semaines, dont 26 sont payées à un taux forfaitaire de 188€ par semaine. L’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, la France, l’Autriche et le Danemark offrent plus ou moins les 14 semaines statutaires indemnisées à 100%.
Congé paternité
Il n’est pas réglementé par l’Union européenne. On observe ainsi de fortes disparités entre les pays avec d’une part, la Finlande qui offre 45 jours de congé aux nouveaux pères, l’Espagne (15), la France (11) et 10 jours pour la Belgique, le Danemark, la Norvège, la Suède et le Royaume-Uni. D’autre part, les Pays-Bas et l’Italie qui ne prévoient que 2 jours et l’Autriche, l’Allemagne, l’Irlande et la Suisse, qui n’en offrent pas du tout.
Congé parental
L’Union européenne garantit à chaque parent le droit de prendre un congé pour s’occuper de ses enfants jusqu’à leur 8 ans pour un minimum de 4 mois. Cependant le montant versé durant ce congé n’est pas précisé. La France et l’Allemagne autorisent jusqu’à 156 semaines de congé, indemnisé 600€/mois pendant 6 mois ou pendant 3 ans si les parents ont plusieurs enfants. À l’inverse, la Suisse ne prévoit pas de congé parental et la Belgique, le Royaume-Uni et l’Irlande n’offrent que 17 semaines de congé qui ne sont pas toujours indemnisées.
Le montant versé durant le congé parental n’est pas précisé par l’Union européenne.
Congés payés
L’Union Européenne prévoit un droit aux congés payés minimum de 4 semaines par an, hors jours fériés. C’est en Suède, en France et au Danemark que les congés payés sont les plus généreux (5 semaines). Par ailleurs, le nombre de jours fériés varie d’un pays à un autre. Le calendrier espagnol est celui qui en compte le plus avec 14 jours fériés, suivi de l’Autriche (13), l’Italie (12), la Suède, la Finlande et la Grèce (11), la France (10), jusqu’à la Suisse qui n’en prévoit que 4.
Congé maladie
Les indemnités de congé maladie, qui ne sont pas réglementées, varient considérablement dans les pays d’Europe. Elles sont les plus importantes aux Pays-Bas, où les travailleurs peuvent être absents pendant 104 semaines (2 ans), tout en recevant 70% de leur salaire. Au contraire, des indemnités sont garanties seulement 28 semaines au Royaume-Uni (à environ 100 euros/semaine) et 26 semaines en France (à 50%).
Allocation de chômage
Au sein des pays européens, le montant des allocations chômage et la période couverte par ces aides peuvent varier. Elles sont globalement très généreuses en Europe. La palme revient au Danemark avec 90% du salaire jusqu’à 104 semaines, suivi de la Belgique avec 65% du salaire pendant les treize premières semaines. La France garantit 60% du salaire pendant 16 à 52 semaines. Les salariés les moins protégés sont ceux du Royaume-Uni et de l’Irlande, bénéficiant d’un forfait d’une centaine d’euros par semaine pendant environ 30 semaines.
Smic et inégalités salariales
Les inégalités salariales sont le principal problème auquel est confrontée l’Europe depuis la crise financière. Cet écart important est particulièrement visible au Portugal, en Roumanie et en Italie. Ainsi, dans seulement six pays d’Europe (France, Allemagne, Benelux et îles britanniques), le Smic mensuel dépasse 1 000 euros. C’est au Luxembourg qu’il est le plus élevé pour être fixé à 1 999€, et en Bulgarie où il est le plus bas à 235 €.
Inégalités homme/femme
Si ces inégalités tendent à se réduire en Europe, de fortes disparités subsistent. Le taux de femmes et d’hommes diplômés de l’enseignement supérieur en Europe est un indicateur pertinent. Selon une étude Eurostat de 2017, il est en moyenne de 29,9 % pour les femmes contre 25,9% pour les hommes, soit un écart de 4 %. Cette différence évolue sensiblement d’un pays à un autre : 11% en Bulgarie, 4,7% en France jusqu’à 2,1% au Luxembourg.
Retraite
La majorité des pays de l’UE ont relevé l’âge minimal de départ à la retraite à 65 ans. À l’heure actuelle seule la Lettonie reste en marge pour un âge minimum de 62 ans. Le montant brut mensuel de la pension de retraite s’étend d’un maximum de 7 991,36 euros au Luxembourg, à un minimum de 431,21 euros à Malte. L’Espagne, la Grèce, la Belgique et la Suisse versent à leurs citoyens une pension de près de 2 000 euros brut. En France, les allocations retraite s’élèvent à 833,20 euros brut par mois.
Le montant brut mensuel de la pension de retraite s’étend d’un maximum de 7 991,36 euros au Luxembourg, à un minimum de 431,21 euros à Malte.
Qualité de vie au travail
Selon une étude The Work Force View in Europe 2018, réalisée chaque année par ADP, près d’une personne interrogée sur cinq (18 %) affirme souffrir de stress tous les jours et trois sur dix (30 %) se sentent tellement stressées qu’elles envisagent de changer d’emploi. La palme du pays le plus stressé revient à la Pologne où plus d’un quart (27 %) des salariés affirment souffrir quotidiennement du stress, suivis de près par les français et les britanniques (20%). Les Pays-Bas sont les plus préservés, avec seulement un salarié sur dix (10 %). Pourtant, cette année, tous les pays de l’enquête connaissent une croissance économique et une baisse du chômage. Bonne nouvelle, sur l’ensemble du continent, 79 % des personnes interrogées se disent optimistes. Une fois encore les salariés néerlandais sont les plus optimistes (85%), tandis que les salariés français restent en dernière position (74 %).
Près d’une personne interrogée sur cinq (18 %) affirme souffrir de stress tous les jours et trois sur dix (30 %) se sentent tellement stressées qu’elles envisagent de changer d’emploi.
La France, championne de la dépense sociale
« La solidarité n’est pas un coût mais un investissement pour aboutir à une société plus résiliente » Louis Gallois, président du conseil de surveillance de PSA Groupe.
Selon une étude de la DREES sur le montant et la répartition des aides liées à la vieillesse et à la santé en France, publiée le 21 juin 2018, la France est championne d’Europe, et probablement du monde, des dépenses de prestations sociales. À titre indicatif, en 2016, la France a versé plus de 714 milliards d’euros de prestations sociales, soit 32,1 % du PIB, contre une moyenne de 27,5% pour les 28 pays de l’Union européenne. À la première place des dépenses figurent la santé et la vieillesse qui totalisent 81 % des dépenses de protection sociale, suivies des prestations familiales (8%) et de celles liées à l’emploi (6%). Selon un rapport publié en 2016 par le cabinet Glassdoor en partenariat avec l’OCDE, la France est le 2ème pays le plus généreux en termes d’avantages sociaux liés au travail (congés payés, congé maternité, paternité, parental, maladie, indemnités chômage), derrière le Danemark.
La France est championne d’Europe, et probablement du monde, des dépenses de prestations sociales.
Un modèle pour les pays d’Europe de l’Est et du Sud
Les droits sociaux en Europe ne sont pas les mêmes entre les 28 pays. Les systèmes les plus généreux se trouvent en Europe du Nord. À l’inverse, la différence entre les 20% les plus riches et les 20% les plus pauvres est la plus grande dans l’Europe méditerranéenne, tandis que les revenus les plus bas se trouvent en Europe de l’Est. Paradoxalement, c’est dans ces pays que les citoyens associent le plus l’Union européenne à l’idée de protection sociale. Selon le sondage Eurobaromètre, réalisé en avril 2018 auprès de 27 601 citoyens originaires des 28 pays européens, 60% des personnes interrogées estiment que l’adhésion de leur pays à l’UE est une bonne chose et 32% considèrent que le système de protection social doit être au cœur des prochaines élections (en mai 2019). Le “modèle social européen” est donc progressivement intégré par les 28 pays, et en pleine expansion.
Les systèmes les plus généreux se trouvent en Europe du Nord. À l’inverse, la différence entre les 20% les plus riches et les 20% les plus pauvres est la plus grande dans l’Europe méditerranéenne, tandis que les revenus les plus bas se trouvent en Europe de l’Est.
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