Juniors : 6 maladresses qui peuvent porter préjudice en entreprise
01 oct. 2020
9min
Journaliste indépendante.
Il y a des erreurs qui semblent évidentes : manquer de respect à un collègue, être en retard chez un client, envoyer des e-mails gratinés de fautes d’orthographe… Et il y a des maladresses qui le sont moins. Le monde du travail a ses codes, que le jeune stagiaire ou le jeune diplômé que vous êtes doivent apprendre sur le tas. Ils vous permettent de parler le même langage que l’entreprise et de réussir votre intégration. Florilège des erreurs encore trop courantes en entreprise et conseils d’un manager expérimenté pour les éviter.
Erreur n°1 : Ne pas demander de l’aide quand on est dépassé(e)
Premier de la classe, premier à rendre service… vos nouveaux collègues vous adorent et louent votre vivacité d’esprit. À tel point que l’on vous confie de plus en plus de dossiers, de plus en plus compliqués. C’est flatteur, mais vous commencez à entrevoir ce que signifie réellement l’expression préférée du travailleur français : “être sous l’eau”. « Tous les sujets de la boite me passionnaient. Comme je travaillais à cheval entre plusieurs équipes, je n’avais pas de manager « référent », partage Sofia. Personne n’avait une vue globale sur ma charge de travail. À force d’accepter plein de services et de projets par-ci par-là, j’ai commencé à être dépassée : à faire des erreurs, rendre des dossiers en retard, rater des réunions importantes… En voulant faire trop, je faisais mal. Je me suis faite recadrer assez sèchement. Ça m’apprendra à vouloir plaire à tout le monde. »
Pour Jonathan Gracieux, directeur senior chez Lecko, cabinet de conseil en transformation digitale, c’est l’erreur classique des stagiaires et jeunes diplômés… mais aussi courante pour des personnes plus expérimentées et en phase d’intégration dans une nouvelle entreprise. « Apprendre à gérer sa charge de travail et estimer le temps nécessaire à une nouvelle tâche est l’un des plus grands challenges pour une jeune recrue, car elle n’a pas d’échelle de mesure pour estimer ce qui l’attend. » Si c’est normalement au manager de s’assurer que son collaborateur a un niveau de travail raisonnable, force est de constater que ce n’est pas toujours le cas. Même si c’est difficile, il faut apprendre à dire « non ». Ou au moins « oui, mais plus tard ». « C’est normal pour vos collègues de vous demander un service ou de vous impliquer dans un projet, surtout si vous êtes bon. Mais personne ne vous en voudra de ne pas accepter, si vous expliquez très factuellement vos priorités du moment. Ou si vous discutez d’un délai cohérent pour répondre à une demande », conseille Jonathan. Et quand c’est possible, n’hésitez pas à faire des points réguliers sur votre travail avec votre manager, afin de lui donner une vue d’ensemble sur votre quotidien et de prioriser ce qui doit l’être. Après tout, c’est son rôle.
Erreur n°2 : Perdre du temps sur des détails
Lorsqu’on commence sa vie professionnelle, on veut toujours bien faire. On balaie chaque e-mail à plusieurs reprises pour s’assurer qu’il ne contient pas de fautes d’orthographe (même si on en laisse toujours passer une, la plus grosse de toutes généralement) et on répète ses slides avant de les présenter en réunion. Mais parfois, le perfectionnisme devient contre-productif. « Je travaillais en binôme avec un jeune consultant. Il était très appliqué dans son travail, mais que je le trouvais un peu lent, raconte Estelle. Un jour, j’ai pris un bureau derrière lui pour pouvoir observer son écran pendant qu’il travaillait. Il avait une tâche simple : revoir une présentation d’une dizaine de slides, dont le contenu était déjà quasiment terminé. Je l’ai littéralement vu passer 15 minutes à chercher l’image d’une horloge sur internet pour illustrer la slide “Planning”. Comme aucune ne lui plaisait, il l’a dessinée lui-même à l’aide de traits et de formes Powerpoint. J’ai cru que j’allais m’arracher les cheveux. »
« Je l’ai littéralement vu passer 15 minutes à chercher l’image d’une horloge sur internet pour illustrer la slide “Planning” de la présentation » Estelle
« Faux-défaut » préféré des étudiants et des jeunes diplômés dans leurs premiers entretiens de recrutement, le perfectionnisme se révèle parfois contre-productif en entreprise. « Dans beaucoup de secteurs, le travail est conditionné par une équation économique très simple : il y a un travail à produire, et un temps défini pour le faire. C’est une bonne chose de chercher à produire un résultat de qualité, mais il faut garder en tête que le mieux est l’ennemi du bien », partage Jonathan. Pour lui, se noyer dans les détails est parfois une façon de repousser une échéance, avec comme risque de se retrouver au pied du mur un jour ou l’autre. Son conseil ? Travailler, autant que possible, en mode entonnoir : se concentrer sur les 80% du travail puis se préoccuper des détails en dernier. « Lorsque l’on débute en entreprise, il peut être intéressant de faire un point avec son manager qui arbitrera ensuite sur ce qu’il est nécessaire, ou non, de peaufiner », ajoute-t-il.
Erreur n°3 : Se laisser aller sur les horaires
La pointeuse, c’est hasbeen. De plus en plus d’entreprises proposent donc aux salariés des plages horaires d’arrivée et de départ flexibles afin de les responsabiliser. Elles tendent à une « culture du résultat », qui lutterait contre le présentéisme. C’est le cas dans l’entreprise d’Adrien : « Je manage une équipe de développeurs. Fidèles à leur réputation, ils sont rarement au bureau à 8 h. Beaucoup préfèrent commencer tard, et finir tard. Mais un petit nouveau avait visiblement mal interprété cette flexibilité. Certes, il faisait bien ses heures… mais parfois au milieu de la nuit. Au-delà de l’aspect légal, une équipe c’est aussi des gens et des relations humaines, on ne peut pas se permettre de ne jamais croiser ses collègues sous prétexte que l’on est plus productif de minuit à 6 h du matin. »
« Il faisait bien ses heures… mais parfois au milieu de la nuit. Au-delà de l’aspect légal, une équipe c’est aussi des gens et des relations humaines » Adrien
La flexibilité des horaires est une composante qui fera de plus en plus partie du quotidien des collaborateurs, notamment depuis la crise du Covid-19 qui a bousculé nos modes d’organisation du travail. Pour Jonathan Gracieux, qui prône cette souplesse depuis une dizaine d’années, la trajectoire prise par les entreprises est positive. Cependant, elle ne doit pas faire oublier l’importance du travail en équipe : « Chacun a son rythme personnel, ses propres moments de productivité. Mais faire fi du groupe dénote une personnalité potentiellement individualiste. Ou en tout cas, c’est le signe d’un collaborateur qui ne se pose pas la question de l’impact de son travail sur un groupe. » Si Jonathan explique que c’est aux managers de fixer les limites de cette flexibilité pour qu’elle se passe au mieux, même une jeune recrue doit comprendre qu’elle fait partie d’un tout, et qu’elle doit aussi adapter son rythme à celui des autres. Les premières semaines en entreprise, mieux vaut donc être ponctuel et observer les habitudes de vos collègues. Si vous remarquez que l’entreprise est flexible, alors vous pourrez vous calquer sur vos collègues pour être plus libre en termes d’horaires.
Erreur n°4 : L’excès de confiance
Êtes-vous de celles et ceux qui veulent apprendre à un vieux singe à faire la grimace ? Chaque jeune professionnel essaie de faire ses preuves, certains le font avec plus ou moins de tact. C’est le cas d’Anna, lorsqu’elle signe son premier CDI. Après de nombreux stages dans des entreprises reconnues, elle cherche à mettre en avant ses compétences pour être respectée : « Je discutais de façon informelle avec une personne de la boîte quand j’ai commencé à lui donner mon avis et des conseils sur son travail… plus tard, j’ai appris qu’il était dans le milieu et qu’il avait des années d’expériences de plus que moi. Il n’a rien dit pour ne pas me mettre mal à l’aise, mais j’ai su par la suite qu’il m’avait étiquetée comme une pimbêche. Au fond, je voulais juste montrer que je n’étais pas une potiche… le résultat, c’est que j’ai laissé une mauvaise image de moi. »
En revenant sur la situation quelques années plus tard, Anna reconnaît qu’elle cachait son manque de confiance derrière une assurance factice. « Quand on commence sa vie professionnelle, il vaut mieux faire profil bas. Il est souvent contre-productif de se survendre. Car lorsque l’on fait un bon travail, cela finit de toute façon par se savoir. ». D’après elle, la jeunesse et le manque de maturité empêchent parfois de réaliser l’image que l’on renvoie. Elle conclut par un sage conseil : « Mieux ne pas être remarqué(e), qu’être remarqué(e) pour ses mauvais côtés ».
Erreur n°5 : Manquer de savoir-vivre
« On dit quoi au monsieur ? », vous répétaient vos parents. En entreprise, il reste peu probable que votre boss vous demande explicitement de prononcer le « mot magique » avant de vous accorder vos congés. Pourtant, la politesse et le savoir-vivre sont toujours aussi importants dans les rapports professionnels. Une évidence pour Stéphane… que ne partageait pas sa jeune recrue, pourtant brillante et sympathique. « Au début, j’étais ravi de partager un bureau à trois avec lui. Mais rapidement j’ai réalisé qu’il avait des habitudes insupportables. Il ne faisait rien de « répréhensible » à proprement parler, mais il y avait plein de petites choses qui nous irritaient : il mâchait du chewing-gum en permanence, mangeait des burgers avec du fromage très odorant à son bureau, il laissait traîner ses dossiers partout… Je pense qu’il vivait au bureau de la même façon que chez lui, avec ses colloc’. »
« Il mâchait du chewing-gum en permanence, mangeait des burgers avec du fromage très odorant à son bureau, il laissait traîner ses dossiers partout… »
« Les jeunes recrues pensent souvent avoir été recrutées pour leurs compétences, commence Jonathan. Mais ils oublient qu’on les a aussi choisis pour leur personnalité et leur savoir-être… ou en tout cas, ce que l’on en a perçu pendant l’entretien. » Mais alors, comment savoir si on a les bons codes ? « Il y a quelques indices qui ne trompent pas : se sentir peu intégré à l’équipe, entendre régulièrement des petites réflexions anodines comme “Tu sais que l’on a tous des casiers pour ranger nos dossiers ?” par exemple. » Quoi qu’il arrive, gardez en tête que l’environnement professionnel - et même celui qui semble le plus « détendu » - dispose de ses propres codes… la phase d’intégration est le meilleur moment pour les observer et les intégrer. En attendant, voici quelques règles de base à respecter avant de prendre vos aises : évitez de textoter quand votre boss vous briefe sur un sujet, prenez soin de vos affaires au travail, tenez-vous correctement à votre bureau, et évitez d’utiliser un langage trop familier, au moins au début ! Bref, comme quand vous étiez invité chez votre meilleur(e) ami(e) étant enfant.
Erreur n°6 : Se mettre une caisse en afterwork ou en séminaire
Après quelques années passées en école ou à l’Université, nul doute que vous ayez une très belle descente (« Celle-là, je n’aimerais pas la remonter à vélo », dirait votre oncle Jean-Claude). Pour autant, il n’est pas forcément avisé de faire partager ce talent à vos collègues. C’est une leçon qu’a appris, à ses dépens, le stagiaire de Paul : « C’était ses derniers jours de stage. Il s’est sans doute senti en confiance et a commencé à boire plus que de raison pendant notre séminaire annuel. Vers 20 h, il était sec. Il tenait à peine debout. Il s’est mis à être très vulgaire et a commencé à poser des questions malaisantes à tout le monde. Le lendemain, il est arrivé au bureau à 11 h et il ne se souvenait plus de rien. Dans un sens, heureusement pour lui. Mais malgré tout, et alors qu’il avait fait un très bon stage, il est parti en laissant une très mauvaise impression. »
« Il s’est mis à être très vulgaire et a commencé à poser des questions malaisantes à tout le monde. » Paul
Jonathan Gracieux - directeur senior chez Lecko, cabinet de conseil en transformation digitale - s’est retrouvé face à ces situations à plusieurs reprises : « Le verre de trop, cela peut arriver à tout le monde. Commencer à utiliser un vocabulaire trop familier, ou manquer ses engagements professionnels le lendemain, cela conduit naturellement à se poser des questions sur le collaborateur. Mais ce qui va faire la différence, c’est la façon dont la personne se gère sur le moment, puis gère la situation après coup. » Alors, si vous n’êtes pas parvenu à vous maîtriser hier soir, Jonathan recommande de prendre vos responsabilités et d’en discuter avec les personnes qui auraient pu être impactées par votre comportement. Souvenez-vous qu’il est très peu probable qu’un comportement inadapté ne soit pas remarqué par vos collègues. La plus grande erreur étant de chercher à noyer le poisson ou faire comme si de rien n’était.
Erreur bonus : Quand une « boulette » devient l’idée de l’année
Au travail, certains chanceux voient leur maladresse se transformer en coup de chance. C’est le cas de Clémence, suite à l’erreur de sa collègue : « Je devais écrire un article sur le RGPD sur le blog de l’entreprise, pour augmenter le trafic et vendre des formations. Je ne me suis pas rendue compte que j’avais inversé deux lettres dans le titre : j’ai écrit RPGD, au lieu de RGPD. Résultat : les internautes doivent souvent faire la même erreur… donc nous sommes passés premiers en référencement sur Google sur la « RPGD », soit de 30 visiteurs par jour à 2000 ! Et surtout, on a vendu plus de formations qu’avec toutes les actions marketing mises en place jusqu’ici. »
Tout grand patron ou manager que vous pouvez admirer a été à votre place. Et a fait ses propres erreurs. Le statut de jeune recrue rend les collaborateurs plus tolérants à votre égard. Qui sait, peut-être que le café que vous venez de renverser sur la chemise immaculée de votre Directeur Artistique va lui donner une idée créative pour une prochaine campagne ? Quoi qu’il arrive, soyez indulgent avec vous-même. « Personnes n’est parfait. Les jeunes recrues comme les collaborateurs les plus expérimentés. Tant que la personne cherche à progresser, à s’améliorer en tant que professionnel, on lui pardonnera ses maladresses », conclut Jonathan.
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