Trahis par le bouton mute : quand le monde découvrait Zoom (et le slip du boss)
20 déc. 2023
5min
Les réunions en vidéo font partie de notre quotidien professionnel. Nous avons appris à être hypervigilants, à éviter le faux pas, la boulette qui met tout le monde mal à l’aise. Mais l’époque où on essuyait les plâtres avec Zoom et compagnie ne remonte pas à si loin que ça. De la chérie qui débarque en mode « Tu fais quoi, chouchou ? » aux hontes fatales dans la salle de bain (ou pire, les toilettes), deux simples petits boutons ont causé des humiliations en rafales dans les rangs des salariés du monde entier. Dans certains cas, ces « incidents » ont même été enregistrés et, aux États-Unis par exemple, ils mirent un cran d’arrêt à la carrière d’un réalisateur hollywoodien et d’un journaliste TV.
Au bureau comme ailleurs, la tension monte parfois un peu vite. Un petit mute qu’on a oublié d’activer peut s’avérer très fâcheux, voire préjudiciable. Si (presque) tout le monde a pris l’habitude de tout vérifier deux fois et de penser discrétion avant tout, notre mémoire collective ne les oubliera pas, ces petites boulettes et gros dérapages des débuts de Zoom. Parce qu’il est bon de se rappeler que personne n’est parfait, nous avons recueilli des témoignages (anonymes, on peut le comprendre) de gros moments de gêne à l’écran.
Le grand classique : « Je pensais avoir coupé le son ! »
« C’est resté dans les annales : un collègue nous a lancé la vidéo d’un TED talk sur des techniques de relaxation. J’ai lâché “C’est vraiment débile”. Mon micro était ouvert. Quelqu’un d’autre l’a coupé pour moi. Ma boss ne m’a pas appelée, mais elle a demandé à mes collègues ce qui s’était passé. Ils ont été vraiment cool, ils ont essayé de me couvrir en inventant une histoire, disant que mon commentaire portait sur autre chose. Elle ne les a pas crus, mais elle a lâché l’affaire. Elle ne m’en a jamais reparlé. »
« J’ai roté. Fort. Je n’avais pas réalisé que le son était activé. Ça m’a mis en gros plan sur l’écran, comme si j’avais pris la parole… »
« Je parlais à mon chat pendant une réunion. L’un des participants m’a sauvée en coupant mon micro pendant que l’autre personne, celle qui avait vraiment la parole, continuait de parler. »
« J’avais allumé mon enceinte pour bosser en écoutant de la musique. Elle était sur mon plan de travail et j’ai lancé par accident la vidéo d’une race de chien sauvage qu’on croyait éteint, avec son cri de meute bien à lui. Tout le monde en a profité ! »
Et la variante : les gens qui ne savaient pas que leur caméra était allumée…
« Juste après le début du confinement, mon équipe a été rattachée à un nouveau service. Le deuxième jour d’intégration, on avait une formation en direct et en vidéo. L’une des filles de l’équipe a sorti un bang (avec du cannabis, donc) et a tiré une grosse taffe – heureusement, juste avant l’arrivée du formateur. Toute l’équipe s’est affolée et a prévenu que sa caméra était allumée. Elle a fermé son ordinateur direct, le temps de planquer son bang. Je ne sais même pas comment elle a fait pour garder son poste après ça. »
« J’ai allumé ma caméra par accident alors que j’étais en pleine séance de yoga… »
Une pensée pour les pauvres âmes qui ont pris leur ordi pour aller là où même le roi va tout seul
« Pendant le confinement, j’avais une médiation imposée par un tribunal, pour du recouvrement de créance. Le tribunal avait carrément une “salle d’attente” sur Zoom. Et il y avait un confrère, sur une autre affaire, qui n’arrêtait pas de s’agiter, de parler, donc l’écran était focalisé sur lui. Il a pris son téléphone pour aller se brosser les dents, puis il a coupé notre son au lieu de couper le sien… Je n’en pouvais plus de rire, jusqu’à ce qu’il aille aux toilettes et là… la totale. L’organisatrice de la réunion a fini par revenir et couper l’image. Mais le son me hante encore ! »
« Une amie m’a raconté que lors d’un call vidéo avec 150 autres personnes, une collègue est allée aux toilettes avec la caméra allumée. Combien de personnes l’ont vu ? On ne le saura jamais, mais au moins une personne a fait des blagues dessus après coup. »
Les témoignages qui suivent nous rappellent que vivre chez les parents permet d’économiser le loyer, mais peut nous coûter cher
- « Ma mère est rentrée dans ma chambre sans frapper et m’a demandé “Qu’est-ce que tu penses de ma tenue, mon bébé à sa maman ?” alors que j’étais en pleine réunion. »
- « Je vais faire court : mon père en maillot de bain. Version slip moulant. »
Ceux qui ont fait passer le fameux NSFW (not safe for work, alias le tag qui permet d’éviter de se faire griller au taf) au niveau supérieur
- « C’était pendant le confinement. Mon copain bossait, mais je ne le savais pas. Je suis rentrée dans la chambre d’amis toute nue alors qu’il était en plein call vidéo avec son responsable. Je n’avais pas de lunettes, donc je ne voyais pas son écran… Je suis arrivée derrière lui et je lui ai fait un bisou sur les cheveux. Il est devenu rouge cramoisi et m’a dit qu’il était en réunion et m’a demandé d’aller m’habiller. Je me suis cachée comme j’ai pu et suis partie en courant. Heureusement, on a pu en rire après ! »
- « À l’époque, je bossais dans le recrutement pour une boîte de la tech. Le candidat a rejoint la réunion avec un fond d’écran fort original : une femme nue. Je ne savais plus quoi dire. Il a quitté la réunion et s’est reconnecté deux minutes plus tard avec un fond d’écran un peu plus conventionnel, prétextant avoir eu des problèmes de connexion. »
- « Je me suis connecté à la réunion avec ma chemise bien plus déboutonnée que je ne le pensais… »
Et il y a ceux qui ont carrément lâché la rampe au moment du confinement
- « J’avais un échange de prévu avec un éditeur de New York. Il s’est connecté avec 20 minutes de retard et m’a dit qu’il me parlait de son lit, avec sa caméra éteinte. Il était clairement ivre, à 11h du matin, et m’a expliqué que le critère de recrutement numéro un dans le métier, c’était le physique, et que donc il pourrait certainement me trouver quelque chose. À la fin, il m’a gentiment conseillé de ne jamais, jamais monter seule en voiture avec un gars dont il a cité le nom, un grand nom dans l’édition, qui est mort depuis, et puis que sinon eh bien j’avais une belle carrière devant moi. »
- « À cette époque, les procès avaient lieu en ligne. Je suis rentré dans le bureau de ma consœur et me suis plantée, sans faire attention, entre elle et la caméra, en plein milieu d’une audience. »
- « On était en réunion d’équipe et ma boss était en télétravail. Pour une raison que j’ignore, elle avait décidé de prendre sa douche au beau milieu de la journée, et elle a fait toute la réunion avec une serviette autour de cheveux. Ah, elle a aussi demandé à son chat de venir nous dire bonjour, et on a eu droit au derrière du matou en gros plan pendant cinq bonnes minutes. »
- « En pleine réunion, la boss était en train de parler. Un collègue a voulu envoyer un message à un autre, mais au lieu de ça il l’a envoyé à tout le monde : “J’aimerais tellement qu’elle se la boucle. Punaise, je n’en peux plus de sa voix.” Elle lui a répondu à l’oral et en direct. On était tous hyper mal à l’aise et hilares en même temps. »
- « On était en grosse réunion avec tous les responsables de service. Et l’un d’eux s’est endormi en plein milieu. Il était assis, la tête en arrière, bouche ouverte et il ronflait. On lui posait des questions, mais il ne répondait pas, il pionçait bien. J’ai fait une capture d’écran (et on en rit encore). »
Article traduit par Sophie Lecoq ; Photo de Thomas Decamps
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