La Slow Fashion : ralentir pour mieux réussir
21 juil. 2017
3min
SO
Journaliste - rédactrice
Pour Miuccia Prada, directrice artistique de Prada, « la mode est un langage de l’instant ».
Aujourd’hui travailler dans la mode, ce n’est plus seulement aimer la mode mais c’est d’abord et avant tout réfléchir à ce qu’elle représente. Exprimer une vision, un style mais surtout des valeurs : transparence, qualité, savoir-faire, innovation, autant de challenges qui donnent jour après jour un vrai sens à un secteur en pleine transformation.
Le marché de la mode dans sa globalité est en effet en train de connaître un vrai changement et ce qui n’était auparavant que de simples alternatives presque marginales deviennent à présent des tendances majeures de consommation.
Slow Fashion: décryptage d’une tendance
Slow Food, Slow Design, Slow Tourisme et maintenant Slow Fashion, la tendance « Slow » fait son apparition depuis plusieurs années dans tous les domaines de consommation. Economie de partage, développement durable et promotion des savoirs-faire locaux sont au centre de ce nouveau mouvement. Se débarrasser du superflu, se concentrer sur l’essentiel, être conscient de sa manière de consommer, autant de pratiques qui séduisent de plus en plus une génération submergée par l’abondance de choix et désireuse d’une consommation plus responsable.
Pour la mode, tout a commencé par la tendance « Less is more » (« moins, c’est mieux ») véritable mantra adopté par une majorité de fashionistas et faisant l’apologie de la simplicité et de la sobriété. Mais ce qui n’était au départ qu’une tendance parmi tant d’autres est en train de devenir un vrai credo pour bon nombre de créateurs, à l’image de la marque Loom (lancée par Merci Alfred) qui défend fermement l’idée du « Consommer moins mais mieux ».
La Slow Fashion (ou Slow Wear) condamne en effet la mode jetable et la surconsommation et prône au contraire le désormais célèbre « Buy less, Choose well, Make it last » (« Acheter moins, Choisir mieux, Faire durer ») de la créatrice britannique Vivienne Westwood.
Concrètement, ça veut dire quoi ?
Slow Fashion: une vraie opportunité pour des entrepreneurs engagés
Commencer par regarder les étiquettes de ce que l’on achète est déjà un premier pas : provenance, matières utilisées, finitions sont autant d’indices de la qualité d’un produit. Parfois difficiles à décrypter, toutes ces informations sont volontairement mises en avant par de plus en plus de marques engagées pour qui transparence et traçabilité sont des valeurs essentielles.
La marque Veja (baskets, sacs, accessoires) prône ces valeurs jusque dans son nom qui, en brésilien, signifie « regarde » et plus largement « regarde autour de toi, prends conscience des choses ». Veja s’efforce en effet depuis plusieurs années déjà de valoriser le travail d’artisans brésiliens grâce au commerce équitable. Chez Hast, non plus, on ne cache rien, mieux on expose fièrement tout ce qui participe à la création des chemises. Tissus, fournisseurs, façonniers et même coût de revient sont disponibles sur le site de la marque en toute transparence. « Tout est fait pour que nos clients comprennent parfaitement le prix et l’origine des produits qu’ils achètent » l’explique Samy Ziani, co-fondateur de la marque.
De nombreuses marques françaises font d’ailleurs le choix d’une production locale, à plus petite échelle, gage de qualité et alternative à la standardisation. Le «made in France » a le vent en poupe. Savoir-faire traditionnel et artisanat local sont aujourd’hui plébiscités pour redonner à la création française ses lettres de noblesse.
Comme dans la Slow Food, la Slow Fashion invite précisément à consommer local. Promouvoir les créateurs français est justement le quotidien du site l’Exception qui milite pour une mode tricolore durable en nous faisant prendre conscience qu’investir dans un vêtement de qualité qui dure a finalement le même coût qu’un produit de moindre qualité que l’on doit changer tous les ans. Outre-Atlantique, la campagne baptisée #30wears connaît d’ailleurs un succès phénoménal. Le concept ? « N’achetez que des pièces que vous vous engagez à porter au minimum trente fois et dont vous pouvez être certains de la qualité après trente lavages ».
Slow Fashion : une autre idée de consommer la mode
La Slow Fashion c’est aussi une autre manière de consommer la mode : faire soi-même, revendre, chiner, troquer ou même louer, autant de nouvelles façon d’assouvir sa passion. Economie collaborative, culture du « bon plan » et innovation ont permis à la mode de s’offrir un nouveau visage et à de nouveaux entrepreneurs d’émerger. Dans les incubateurs de startups mode fleurissent les projets liés à ces thématiques, comme par exemple Dresswing et Louis-Antoinette, chez Look Forward (incubateur de Showroomprive.com). Dressing, marketplace de location entre particuliers dédiée à la mode Luxe et aux Créateurs, permet par exemple de monétiser son dressing en louant des vêtements que l’on ne porte plus. Le site offre également la possibilité d’emprunter des pièces de créateurs pendant un certain temps pour un budget très raisonnable. Grâce à Louis-Antoinette au contraire, on apprend à créer soi-même ses vêtements grâce à la mise à disposition de patrons et de kits de couture. Le prêt-à-porter devient “à la demande” !
Innover pour trouver des alternatives aux circuits traditionnels. Prendre le temps de créer une mode « Cool and Good » en alliant style et respect (Twins for Peace). Le mouvement Slow Fashion est donc une invitation à se concentrer sur l’essentiel et à appréhender la mode différemment. Ralentir pour mieux réussir dans un marché en plein bouleversement, c’est l’ambition partagée aujourd’hui par de plus en plus d’entrepreneurs français passionnés et engagés. Envie de les aider dans cette mission ? N’attendez plus pour les rejoindre !
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Photo by WTTJ @Twins for Peace
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