« Gérer », « créer », « aider », « assister »... Ces verbes à bannir de vos CV

Vous êtes à la recherche d’un emploi ? Vous souhaitez changer de job ? Avant de décrocher un entretien, il va vous falloir peaufiner votre candidature en gardant une règle d’or en tête : l’objectif d’un CV, c’est de sortir du lot. « Le recruteur ne cherche pas un clone mais une personnalité unique, quelqu’un qui suscite la curiosité, en lien avec ce qui est attendu pour le poste », explique le consultant carrière Jérôme Beaufils.

L’art de se mettre en avant

Le champ lexical d’un CV, c’est un peu comme les centres d’intérêts : trop souvent, on lit la même chose chez tous les candidats. « Être dynamique, organisé ou encore ponctuel, ce sont des qualités banales. C’est comme aimer le cinéma, la lecture ou les voyages… Si on ne détaille pas, on ne donne rien à son interlocuteur pour nous différencier, détaille Jérôme Beaufils. Les verbes que l’on choisit pour son CV doivent apporter de la clarté, de la précision et de l’originalité. “Gérer”, “faciliter” ou “créer” ne sont pas des termes problématiques en soi, mais ils sont répétitifs et surtout moins impactant. » Par exemple, les termes « aider » et « assister » sous-entendent que vous n’êtes pas seuls en scène, alors que pour séduire le recruteur, vous avez plutôt intérêt à souligner ce que vous avez vous-même accompli. Dans le cas présent, on opte donc pour « conduire une action », même si c’est avec l’aide de son manager. Le bon candidat, c’est celui qui dit « je ». Pas un « je » égocentrique, mais un « je » qui est là pour répondre aux besoins de l’entreprise.

Utiliser la langue française pour montrer son esprit d’initiative

Parmi les autres verbes à éviter : « assurer », « collaborer » ou encore « contribuer ». « Là encore, ce sont des termes trop indirects où on se cache derrière quelqu’un d’autre et où on ne met pas en valeur sa prise d’initiative, or c’est ce qui est attendu par l’entreprise », note le coach. Car comme le dit l’adage, on ne recrute pas des gens intelligents pour leur dire quoi faire, mais pour qu’ils nous disent quoi faire ! On privilégie des termes précis et imagés, par exemple « initier un projet », « valoriser », « stimuler » ou encore « résoudre », qui renvoient à l’un des soft skills les plus recherchés chez les candidats. Plutôt que « créer », on préfère « imaginer », qui souligne votre créativité. « Simplifier » est intéressant également, dans l’idée de fluidifier un processus et d’en faire mieux plutôt que plus. On pense aussi à « réussir », qui met en valeur sa capacité d’innovation ou encore « déployer », « générer »…

Des verbes pour valoriser des résultats

Être précis dans le champ lexical, c’est aussi dégager une impression de maîtrise et de réussite. « Je dis toujours qu’une entreprise qui recrute, c’est une entreprise qui a une épine dans le pied. Soit la croissance de cette dernière nécessite des forces vives rapidement, soit un départ impose un remplacement… Le job du candidat, c’est de prouver ses attributs positifs et ses compétences pour aider la structure à aller de l’avant, et cela passe bien sûr par le choix des mots », détaille Jérôme Beaufils. Il conseille notamment les termes « influencer » - qui montre son importance sur un projet, « inspirer » - qui donne du souffle et l’idée d’un esprit d’initiative, ou encore « orchestrer », « piloter » et « conduire » - des verbes qui soulignent qu’on prend la main et qu’on possède un leadership. « Ces mots forts et impactant permettent de sortir du lot et attirent l’œil », assure le coach emploi.

Les mots du savoir-être

Le savoir-faire, c’est une chose. Mais aujourd’hui, d’autres compétences sont de plus en plus recherchées par les recruteurs, dans le champ du savoir-être. « J’aime le verbe ‘humaniser’, dans un registre très différent. C’est un soft skills autour de l’humain qui peut vraiment faire la différence. Et on le sait : le développement du chiffre d’affaires passe aussi par le fait que les gens se sentent bien », sourit Jérôme Beaufils. Montrer votre personnalité passe donc aussi par les mots et quelqu’un qui sait « résoudre », « optimiser », « inventer » ou encore « inspirer », c’est une personne qui a coché beaucoup de cases… Mais votre job ne s’arrête pas là, car il s’agit ensuite de transformer l’essai et de préparer minutieusement votre entretien afin d’illustrer via votre discours les qualités que vous avez énoncées dans votre CV. « Si ces jolis mots ne sont que des paroles, alors cela aura seulement été un effet de teasing et le soufflé va retomber », met en garde le consultant carrière. Alors soyez original en restant honnête et gardez toujours en tête que la notion de différenciation, c’est l’essence du recrutement !

Daphnée Breytenbach