5 conseils pour passer un coup de gueule classe et efficace au travail
26 oct. 2021
4min
CR
Journaliste freelance
Au bureau, vous êtes complètement sous l’eau, l’organisation du projet sur lequel vous bossez est déplorable, la communication avec vos collègues laisse à désirer, et pour couronner le tout, votre manager vous annonce un changement de stratégie qui vous paraît tout à fait incohérent… Bref, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase déjà bien rempli ! Remonté comme une pendule, vous décidez de prendre le problème à bras le corps et d’exprimer votre mécontentement. Et vous avez raison ! Passer un coup de gueule peut être extrêmement vertueux mais pour en tirer parti, encore faut-il en maîtriser l’usage, sinon vous pourriez perdre en crédibilité, et votre message risque d’être ignoré. Pour faire entendre vos idées sans forcément vous transformer en Kim Jong-un ou mettre le feu à vos locaux, Emma Brannigan, coach personnelle, experte en gestion de conflits, nous livre ses conseils.
1. Évitez de réagir à chaud
Quand vous voyez rouge au bureau, il est parfaitement normal d’être traversé par de nombreux ressentis : colère, sentiment d’injustice, frustration… Mais il est essentiel de ne pas se laisser emporter par ce flot émotionnel, au risque de faire ressortir votre côté volcanique. « Laissez passer quelques heures et ne vous laissez pas aller à l’impulsivité, recommande Emma Brannigan. En réagissant sous le coup de l’émotion vous risquez d’aggraver le problème et de créer de nouvelles tensions. » En fait, cela détournera l’attention du réel problème et vous pourriez ne pas être pris au sérieux. On aura l’impression que vous vous emportez parce que vous l’aurez mal pris personnellement, et cela risquerait de discréditer vos arguments. « Allez souffler à l’extérieur, faites des exercices de respiration, et calmez-vous avant toute prise d’initiative » préconise la coach. Si vous le pouvez, laissez passer la nuit pour être sûr d’avoir pris suffisamment de recul sur la situation et proposez à votre manager de dédier un moment pour en discuter. Une fois devenu maître yogi, vous pourrez passer votre coup de gueule en toute sérénité. Le sang-froid est le maître mot.
2. Préparez votre discours
Comme pour toute prise de parole, plus votre discours sera préparé, plus vous aurez de chances de vous faire entendre. Notre coach professionnelle recommande de « bien avoir en tête tous les sujets que l’on souhaite aborder ». Effectivement, pour que l’interlocuteur comprenne notre point de vue « il faut que celui-ci soit exposé clairement, avec un objectif précis que l’on aura défini en amont » soutient-elle. Évidemment, il ne s’agit pas de préparer un powerpoint de 10 slides, mais bien de structurer sa pensée : qu’est-ce qui ne vous convient pas ? Pourquoi cela pourrait nuire à l’entreprise ou à votre équipe ? Privilégiez ainsi les arguments rationnels et pragmatiques. Vous êtes la bonne poire du service et avez hérité de ce dossier complexe un vendredi à 17h30 ? Exposez clairement vos griefs à vos collègues, dressez la liste des tâches et missions qui incombent à chacun, et rappelez-leur la notion de solidarité.
Et, petite astuce pour les plus timides « répétez votre discours oralement », souffle Emma Brannigan qui affirme que cette technique « permet de se sentir plus à l’aise, car plus on répète, plus le cerveau va enregistrer les informations, mieux vous arriverez à vous exprimer de façon fluide ».
3. Être ouvert à la discussion
Même si la moutarde vous monte au nez, vous ne partez pas en guerre. « Il faut bien comprendre que l’on est en désaccord, pas en conflit, explique Emma Brannigan. Envisagez cela comme une divergence d’avis, où le consensus est sûrement possible. Tout est dans la posture : restez positif, vous avez pour objectif de résoudre un problème, et de trouver un accord ». La colère est une bonne énergie si elle est canalisée et a vocation à faire bouger les lignes.
4. Equilibrez vos propos
Non, on ne “clash” pas son N+2. Nous ne sommes pas dans une émission de téléréalité mais bien au bureau. « Évitez d’être dans l’accusation et de trop pointer du doigt votre interlocuteur, qui risque de se brusquer », alerte notre coach. Dans l’agressivité, vous n’obtiendrez, en effet, pas de résultats (ou du moins, pas ceux escomptés) car votre discours sera inaudible… malgré les décibels ! En effet, si vous montez dans les tours, votre interlocuteur associera votre coup de gueule à une mauvaise gestion des émotions et vous attirerez plus l’attention sur votre colère exacerbée que sur le problème que vous souhaitez dénoncer.
Aussi, privilégiez l’emploi du “je”, plutôt que du “tu” ou “vous” : « je suis contrarié ». Cela vous permettra de partager vos émotions sans viser directement votre interlocuteur (même s’il est fautif), mais plutôt une situation. Enfin, « mettez en valeur vos points forts, mais acceptez également d’exposer vos possibles points d’amélioration », préconise Emma Brannigan, par exemple « je reconnais parfois manquer un peu de proactivité, mais … ». En bref : il faut vous affirmer dans le respect de l’autre en formulant des reproches de façon constructive.
5. Proposer des solutions
Et si vous déteniez déjà la clé du problème ? Vous avez identifié un dysfonctionnement, alors pourquoi ne pas suggérer des solutions ? Vous avez des délais impossibles à tenir ? Vous pouvez proposer d’accueillir un stagiaire au sein du service ou de déprioriser certaines tâches. Un problème de communication ? Suggérez de mettre en place une réunion d’équipe hebdomadaire. Exprimer un problème avec quelques options de solutions sera doublement bénéfique « vous serez acteur du changement et vous montrerez votre investissement au sein de l’entreprise », détaille l’experte.
Comme quoi un coup de gueule peut être une belle opération : l’occasion de créer un espace de travail plus équitable et serein mais aussi de désamorcer les conflits.
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Article édité par Gabrielle Predko ; Photos Thomas Decamps pour WTTJ
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