6 phrases qui agacent votre boss (et comment les reformuler)
05 mars 2025
5min
Journaliste indépendante.
Dans le monde professionnel, les mots que l’on choisit peuvent faire toute la différence. Voici celles à éviter absolument et comment les reformuler intelligemment pour ne pas vous tirer une balle dans le pied.
Vous pensiez qu’il suffisait de bien faire votre travail pour être apprécié ? Mauvaise nouvelle : au bureau, la communication compte autant que les compétences. Parce qu’au-delà des mots, elle véhicule un état d’esprit : manque de flexibilité, résistance au changement, absence de prise d’initiative… Alors, oui, certaines phrases apparemment anodines peuvent transformer le manager le plus bienveillant en cocotte-minute. Mais si, au lieu de plomber l’ambiance avec des formulations maladroites, vous appreniez à dire les choses autrement ?
Gaël Chatelain-Berry – manager pendant vingt ans, conférencier, auteur et hôte du podcast Happy Work – décrypte ces faux-pas linguistiques qui hérissent les poils des managers et propose des alternatives constructives.
1. « C’est pas mon travail »
Ce que votre manager entend : « Cette entreprise pourrait brûler que ça ne me concernerait pas. »
La fiche de poste, un rempart sacré contre toute mission imprévue ? En théorie, oui. Au quotidien, c’est une carte à jouer à vos risques et périls. Car brandir cet argument dès qu’une tâche sort du cadre, c’est prendre le risque d’être perçu comme un expert en immobilisme. Si cela ne signifie pas qu’il faut tout accepter sans discussion, la manière dont on exprime une réserve est cruciale.
« Un manager attend de son équipe qu’elle contribue à l’avancement des projets, explique Gaël Chatelain-Berry, qu’elle vienne avec des solutions et pas uniquement des problèmes ».
Que dire à la place ? Si la mission évoquée implique une surcharge de travail, mieux vaut aborder le sujet intelligemment : « J’ai déjà une charge importante, si cette mission est prioritaire, que puis-je déléguer ? », suggère Gaël Chatelain-Berry, comme alternative constructive. Et si la mission ne correspond pas à votre poste, il peut être intéressant d’explorer les intentions de votre manager : *« Est-ce une direction que tu envisages pour moi ? Une évolution de carrière à explorer ? »,* propose l’expert. Loin d’être un simple refus, ces approches montrent une ouverture au dialogue et permettent de clarifier les attentes de chacun.
2. « Je ne sais pas »
Ce que votre manager entend : « Pas envie de me creuser la tête, pose ta question à quelqu’un d’autre. »
Cette petite phrase, si courante et innocente en apparence, peut donner des sueurs froides à un manager qui compte, légitimement, sur l’expertise de ses équipes. Un doigt d’honneur linguistique au goût amer du désengagement.
Que dire à la place ? Personne ne sait tout, et il est parfaitement normal de ne pas avoir toutes les réponses. « Cette expression n’est pas dramatique en soi, à condition qu’elle soit suivie d’une démarche proactive : “Je vais me renseigner et je te tiens au courant dans la semaine” », propose Gaël Chatelain-Berry. C’est une nuance subtile : au lieu de fermer la conversation, elle ouvre une porte. Et surtout, ne tombez pas dans l’excès inverse : prétendre savoir alors que ce n’est pas le cas. Comme le rappelle Gaël Chatelain-Berry : « Il vaut toujours mieux admettre une lacune et chercher à la combler, plutôt que de prétendre savoir et risquer de fournir une information erronée. »
3. « On a toujours fait comme ça »
Ce que votre manager entend : « J’ai signé pour la routine, pas pour l’évolution. »
Pourquoi faire mieux quand on peut faire pareil ? Au travail, refuser toute remise en question sous prétexte que « ça a toujours fonctionné ainsi » est le meilleur moyen de passer pour le gardien du temple du passé.
« Cette phrase dénote un manque total de remise en question, analyse Gaël Chatelain-Berry. Il est essentiel de se demander pourquoi on fait les choses d’une certaine manière et si cela reste efficace. Parfois, un process a une bonne raison d’exister, parfois, il s’agit simplement d’une habitude ancrée qu’on n’a jamais pris le temps de remettre en cause », rappelle-t-il.
Que dire à la place ? Alors au lieu de rejeter une nouveauté d’office, mieux vaut interroger son manager : « Pourquoi ce changement ? Quel en est l’objectif ? », suggère l’expert. Une simple question peut ainsi transformer une contrainte apparente en opportunité. Après tout, remettre en question une habitude n’implique pas forcément de tout révolutionner, mais au moins de s’assurer qu’elle a toujours du sens.
4. « C’est impossible »
Ce que votre manager entend : « J’ai déjà abandonné, pas la peine d’insister. »
Difficile ? Peut-être. Impossible ? Voilà une affirmation qui a de quoi irriter. Personne ne demande des miracles, mais il est toujours préférable d’explorer les options avant de déclarer forfait.
Que dire à la place ? « Peut-être que c’est effectivement impossible, mais encore faut-il pouvoir l’argumenter. Il faut explorer les options avant de conclure que ça ne marchera pas », souligne Gaël Chatelain-Berry. Alors à la place, et une fois de plus, mieux vaut ouvrir le dialogue : « Ça semble compliqué, mais comment pouvons-nous y arriver ? », propose l’expert. Cela montre une volonté de réfléchir aux solutions plutôt qu’un refus catégorique qui risque de braquer votre manager.
5. « Ce n’est pas juste »
Ce que votre manager entend : « J’exige qu’on rétablisse immédiatement l’équilibre cosmique en ma faveur. »
Rien de tel qu’un soupçon d’injustice pour faire grimper la frustration. Mais au lieu de se lamenter en pensant être la victime d’un véritable complot managérial, mieux vaut poser les bonnes questions. Finalement, une frustration est toujours légitime, mais (trop) souvent mal exprimée.
Que dire à la place ? « Lorsqu’un collaborateur dit “ce n’est pas juste”, cela reflète souvent un manque d’explication de la part du manager, analyse Gaël Chatelain-Berry. Mieux vaut reformuler en demandant des précisions : Peux-tu m’expliquer les critères de cette décision ? », suggère l’expert. Une discussion claire permet d’éviter bien des rancœurs.
6. « C’est pas ma faute »
Ce que votre manager entend : « Débrouille-toi avec ça, moi je ne veux pas m’en mêler. »
Quand un problème survient, la priorité d’un manager n’est pas de mener une enquête digne d’un polar, mais de trouver une solution. Une posture défensive peut rapidement irriter.
Que dire à la place ? « Quand un bon manager vient voir un collaborateur avec un problème, il ne s’intéresse pas tant à qui est responsable qu’à comment avancer », explique Gaël Chatelain-Berry. Bien sûr, si un manager débarque en hurlant des accusations, il est légitime de vouloir se défendre. Mais dans un échange normal, mieux vaut privilégier une approche constructive : « D’accord, et qu’est-ce qu’on peut faire pour arranger la situation ? » Une réaction qui prouve qu’on est orienté “solution” plutôt que “justification”.
Une responsabilité partagée
Si les mots employés par les salariés influencent la perception qu’un manager a d’eux, la communication est une responsabilité partagée. « À 99 %, c’est au manager d’instaurer un climat où chacun peut s’exprimer librement », insiste Gaël Chatelain-Berry. Car une équipe qui n’ose pas parler est souvent le reflet d’un management rigide ou distant.
Par ailleurs, « la manière dont on communique avec son manager est aussi, parfois, une question de génération », souligne l’expert. Les jeunes actifs d’aujourd’hui, plus confiants en leur place sur le marché du travail, osent davantage exprimer un désaccord ou un malaise. « À l’inverse, les générations précédentes ont longtemps évolué dans un contexte où le rapport de force était plus marqué : on leur répétait que s’ils n’étaient pas contents, dix personnes attendaient leur poste », rappelle l’expert.
Ce changement de mentalité est une opportunité pour les entreprises. « La libération de la parole est une avancée positive, et les jeunes générations poussent les managers à se remettre en question », observe Gaël Chatelain-Berry. Un dialogue plus équilibré, où chacun peut s’exprimer sans crainte, est bénéfique à la fois pour les salariés et pour la performance globale des équipes.
S’exprimer avec nuance ne signifie donc pas renoncer à ses convictions, mais apprendre à formuler ses remarques de manière plus constructive. « On a parfois l’impression qu’on n’a pas d’impact sur l’opinion que notre manager se fait de nous, alors qu’en réalité, on en a un énorme » conclut Gaël Chatelain-Berry. Ces ajustements dans la communication ne sont pas de simples détails : ils façonnent l’image qu’un salarié renvoie à son manager et influencent son évolution professionnelle. Ceux qui maîtrisent cet art auront toujours une longueur d’avance.
Article écrit par Marlène Moreira, édité par Aurélie Cerffond, photographie par Thomas Decamps
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