Boost | 5 conseils pour décrocher un job à l'étranger
01 août 2018
8min
Le travail à l’international est un objectif de carrière de plus en plus recherché. Les Français seraient d’ailleurs entre 2 et 2,5 millions en 2018 à travailler à l’étranger. Les raisons de s’expatrier sont multiples, et trouver un job hors des frontières peut s’avérer difficile tant la concurrence est rude. Il y a un certain nombre d’informations à connaître pour bien cibler son projet et des soft skills à travailler pour se démarquer et mettre toutes les chances de son côté !
Nous avons décidé de nous pencher sur ce sujet mardi 3 juillet 2018, grâce aux retours d’expérience de deux expertes :
Cécile Pichon, Global Talent Acquisition Manager chez Kpler, une entreprise qui développe des solutions de data intelligence pour apporter de la transparence sur les marchés de l’énergie. Kpler a des bureaux en France mais aussi à Londres, aux Etats-Unis, à Dubaï et à Singapour. Cécile a donc l’habitude de recruter des profils internationaux sur ces marchés.
Alison Eastaway, Talent Manager chez Sqreen, une solution d’autoprotection d’applications à destination des développeurs. Alison est Australienne et s’est installée en France il y a 5 ans pour travailler dans les RH. C’était donc intéressant qu’elle puisse nous parler de son retour d’expérience quant à l’expatriation.
Cinq points essentiels à retenir de cet échange :
1. Pourquoi l’étranger ?
Partir travailler, et donc vivre à l’étranger, est une expérience qui peut vous être très utile : ouverture d’esprit, développement de compétences nouvelles, apprentissage d’autres façons de travailler… Autant d’acquis que vous pourrez valoriser à votre retour. Au delà du cadre professionnel, c’est une aventure qui va probablement vous en apprendre beaucoup sur vous même !
Cécile précise : « En partant en Erasmus, en stage, ou en obtenant un job dans un pays anglophone par exemple, vous démontrez un certain goût du risque : vous avez vu autre chose professionnellement parlant, et en plus vous maitrisez une deuxième langue ! Dans notre contexte de marché de plus en plus international, où beaucoup d’industries françaises vous demandent de parler anglais aujourd’hui, une expérience à l’étranger c’est un vrai plus sur votre CV. »
Si nombreux sont les Français frileux à l’idée de partir, de peur de ne pas bien savoir parler anglais, Alison rassure : « Arrêtez d’être critique sur votre niveau d’anglais et parlez ! Les français sont loin d’être mauvais en anglais mais ils ont peur et c’est ça qui les bloquent. C’est beaucoup plus facile de parler une langue étrangère une fois sur place. Dans la vie de tous les jours, en allant acheter son pain ou en discutant avec des amis, on apprend beaucoup plus vite qu’en cours d’anglais. »
2. Choisir le bon timing
« Il n’y a pas de bon moment pour partir. Le bon moment c’est quand vous le sentez, vous avez un projet défini et êtes prêt à sauter le pas. », affirme Cécile. Cependant il y a des périodes plus faciles que d’autres : en césure, à la fin de vos études ou d’un contrat, car vous ne lâchez pas un emploi, le risque est moins grand. Il faut également penser stratégique : si vous venez de finir vos études à l’étranger, c’est une bonne passerelle pour y trouver un emploi, car beaucoup de pays veulent capitaliser sur le savoir qu’ils vous ont transmis, et vous donneront donc plus facilement un visa de travail.
Quand on travaille dans une entreprise française qui a des bureaux à l’étranger, quel est le bon moment pour demander sa mutation ? Cela dépend beaucoup de la taille et du mode de fonctionnement de l’organisation. Cécile explicite : « Si vous ne demandez pas il ne se passera rien, personne ne peut deviner votre volonté de vous expatrier. Il faut le dire car en parlant vous ouvrez une porte, et s’il y a une opportunité, votre manager l’aura en tête. » Attention cependant à ne pas être trop insistant, surtout au début, ou l’on risquerait de penser que vous rejoignez l’entreprise dans le seul but de partir à l’international.
Réfléchissez bien à votre projet et à son utilité pour l’entreprise. Il faut que cela ait du sens pour l’employeur car il ne vous enverra pas à l’autre bout du monde pour vos beaux yeux ! Apporter des compétences précises sur un marché qui en a besoin, rester plus longtemps dans l’entreprise, participer à l’ouverture d’un nouveau pays car vous en maitrisez la langue… Autant de raisons qui peuvent donner du poids à votre requête. Cécile ajoute : « En tant que recruteur, quand vous avez un bon salarié et qu’il peut apporter quelque chose ailleurs, vous êtes ravi de le faire. Ça permet aussi d’envoyer une part de la culture d’entreprise en perfusion à l’étranger ! »
3. Se renseigner un maximum
Quelque soit votre projet, il faut se renseigner du mieux possible pour bien cibler votre destination, et voir si elle correspond à vos attentes. Pour cela, cherchez des informations sur le marché du travail du pays en question : est-ce que l’on recrute beaucoup dans cette zone géographique, et si oui, quels profils, quels métiers ? Il est important de connaître aussi la législation en termes de permis de travail (puisque, attention, en Europe nous sommes privilégiés mais ce n’est pas le cas partout). Pour cela Cécile recommande : « Ne négligez pas les organismes publics, chaque pays a son site public et la plupart du temps c’est une mine d’or d’informations. Pensez également aux communautés de Français sur place (facilement contactables par Facebook par exemple), c’est un énorme relai de renseignements, ces personnes sont passées par les mêmes galères que vous et saurons vous conseiller. »
Au delà du marché de l’emploi, informez-vous sur les conditions de travail du pays dans lequel vous souhaitez partir. Les horaires, le salaire, la manière de travailler sont des éléments qui peuvent faire pencher la balance. Aux Etats-Unis par exemple, l’assurance maladie coûte tellement cher qu’il faut impérativement la négocier dans son package d’entrée. Documentez-vous également sur la durée des congés payés, la rémunération du congé paternité ou maternité, et pourquoi pas sur le régime de retraite si vous souhaitez vous installer à (très) long terme.
De grandes différences culturelles peuvent exister entre la France et l’étranger, pour ne pas être surpris en arrivant, mieux vaut les connaître. Alison nous en expose quelques unes, propres au monde anglo-saxon. « La pause déjeuner n’existe pas en Australie, le cliché des anglophones qui mangent leur sandwich devant leur ordinateur, c’est vrai ! Nous sommes également très matinaux (et c’est la même chose pour les pays scandinaves), on travaille pour vivre et non l’inverse, donc l’efficacité est le maître mot au boulot. Par exemple, et contrairement à la France, ce n’est pas bien vu de rester tard au bureau ou de bosser le week-end. Cela signifie que tu as manqué d’efficacité. »
4. Quel pays, quel contrat ?
Dans les pays anglo-saxons, le marché de l’emploi est plus ouvert qu’en France : il est plus facile de trouver un job mais aussi plus simple pour votre employeur de vous mettre à la porte ! Globalement la différence entre CDI et CDD n’existe pas. Les prises de poste et licenciements/démissions sont flexibles d’un côté comme de l’autre, d’ailleurs le préavis de départ n’est généralement que de deux semaines. Cécile indique : « Pour les Anglo-Saxons, il n’y a pas de honte à saisir une opportunité et à bien gagner sa vie. Si vous allez voir votre boss en lui disant que vous avez trouvé mieux ailleurs, il n’y a pas de problème, alors qu’en France on a l’impression de tromper son patron ! ». Ne laissez pas de côté les PVT et VIE, ce sont des contrats facilités, mais attention il y a une limite d’âge (jusqu’à 35 ans pour les PVT selon les pays et 28 ans pour le VIE) pour partir.
Y a t-il des endroits où cela est plus facile de trouver un emploi ? Encore une fois, cela dépend de votre projet et votre profil ! Gardez bien en tête que quand vous partez hors Europe, votre entreprise devra vous sponsoriser. Les ¾ des pays du monde ne peuvent pas embaucher un étranger quand il n’y a pas d’accord avec son pays d’origine. Cécile complète : « Chaque pays a des normes différentes mais chaque entreprise qui souhaite embaucher un étranger doit prouver que ce profil apporte de la valeur : soit c’est qu’il y a un besoin particulier, soit c’est qu’on ne trouve pas ce genre de profil dans le pays en question. ». Pour cette raison, soyez stratégique. Allez là où vous allez pouvoir faire valoir vos compétences ! Au Canada par exemple, il y a une pénurie au niveau des professions médicales et paramédicales. Ils ont donc une immigration sélective sur ce genre de métiers.
Sur quelles plateformes trouver un job ? Cécile préconise AngelList pour les emplois en start-up mais rappelle que chaque marché est spécifique, à vous de vous renseigner donc. LinkedIn reste le réseau social le plus utilisé au monde et c’est valable partout, pour toute une génération et tout un style d’entreprise. Alison signale que certains sites ont le monopole. En Australie par exemple, la référence est SEEK pour tous les secteurs d’activité.
5. Valoriser sa candidature
Le monde anglophone et scandinave est beaucoup plus avancé sur des sujets comme la diversité, aussi ne mettez pas de photo sur votre CV, c’est une règle de base. Alison témoigne : « Ça ne nous aide pas d’avoir vu vos têtes avant de faire un CV screen, c’est quelque chose qui met le recruteur mal à l’aise. ». Cécile conseille également de bien se renseigner sur le nom des équivalences, un CV international n’est pas une simple traduction de votre curriculum français. Elle précise : « Vous avez fait HEC ? À l’étranger, presque personne ne sait ce que c’est, c’est plus intéressant de dire que vous avez fait un master’s degree en business administration avec une spécialité finance ou marketing. » N’hésitez pas à marketer vos stages et projets d’école : la réalité c’est que la plupart des stages sont de vrais jobs, on pourrait donc les appeler CDD ou part time. N’oubliez pas que dans les pays anglo-saxons la dynamique de marché est différente : on est moins attaché au parcours scolaire qu’à l’expérience. Mettez en avant vos petits boulots et vos engagements associatifs, cela montrera votre détermination et mettra en valeur vos softs skills.
Arrêtez de voir la lettre de motivation comme un exercice rhétorique, ce que les recruteurs veulent savoir c’est pourquoi vous postulez chez eux. Cécile recommande un petit exercice : « Imaginez que vous croisez le recruteur dans un ascenseur et que vous avez deux minutes pour lui pitcher votre candidature. Court et droit au but donc. » Expliquez pourquoi vous souhaitez travailler dans ce pays, donnez du contexte. Sur ce point, il faut trouver le juste équilibre : si vous pensez que des éléments de vie perso vont dans le sens de vos motivations (suivi de conjoint par exemple), allez-y. Soyez malin, si vous avez de la famille dans le pays visé, un pied à terre sur place, un visa, une double nationalité, précisez-le. Alison insiste :
« Si une situation perso rend les choses plus faciles administrativement parlant, j’ai envie de le savoir, ça va me permettre de mieux vendre cette personne à ma hiérarchie. »
Une fois votre candidature envoyée, il vous faudra passer le step de l’entretien. Sur ce point, les deux RH sont unanimes : apprenez à vous pitcher, c’est indispensable ! Cécile raconte : « Je reçois énormément de candidats internationaux qui prétendent être “le meilleur candidat pour ce poste”, vocabulaire qui a tendance à nous irriter en tant que français. Pourtant c’est juste une histoire d’approche ! » Si vous arrivez sur la pointe des pieds, vous n’allez pas montrer assez de motivation. Alison, qui a grandi en Australie, raconte : « À la maternelle on a quelque chose qui s’appelle “Show and tell” : tout petit, à ton anniversaire, tu vas devant la classe, et tu dois partager avec tout le monde tes activités préférées sous forme de pitch. En grandissant, chaque année, chaque semestre, tu as du “public speaking” à faire. Tout le système scolaire tourne autour du fait que tu dois défendre tes idées. »
Alors, prêt à partir vous expatrier ?
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