Réussir sa « digital detox », ou comment gagner en bien-être et productivité
12 mars 2018
5min
L’omniprésence des outils et canaux de communications (réseaux sociaux, messagerie personnelle ou professionnelle, notifications, etc.) est au coeur des réflexions ces dernières années. Les études et aveux de désamours autour de l’hyperconnexion pleuvent. Des anciens de Facebook et de Google ont récemment désavoué publiquement les réseaux sociaux. Par exemple, fin 2017, l’ancien vice-président de Facebook, Chamath Palihapitiya a assuré lors d’une conférence à l’université de Stanford avoir interdit à ses enfants d’utiliser le réseau social et a ajouté ensuite : « Je pense que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social » (The Verge-2017). Des aveux alarmistes qui montrent que certaines habitudes doivent changer.
Mais si la dépendance au digital met à mal la productivité, le bien-être et le lien social, celle-ci est malheureusement difficile à évaluer et à combattre. Qu’est-ce qu’une connexion raisonnable et équilibrée ? À quel moment devient-on “accro” au digital ? Et finalement, qui aujourd’hui peut vraiment se passer de ces outils si présents dans nos vies ?
Welcome to the Jungle dresse un état des lieux des conséquences de l’hyperconnexion et donne des conseils pour une consommation digitale équilibrée.
Une omniprésence du numérique dans nos vies
Le “blurring” : suppression de la frontière entre vie privée et vie professionnelle
Issu du verbe anglais “to blur” signifiant “brouiller”, ce mot décrit le phénomène qui envahit le monde du travail : la suppression de la limite entre sphère professionnelle et privée. Un phénomène qui bouleverse les modes de communication et d’organisation au travail.
Est-ce qu’un message reçu sur Slack (messagerie professionnelle, ndlr.) un dimanche nécessite une réponse immédiate ? Est-ce qu’un salarié peut ne pas répondre à un appel de son manager ? Des questions à débattre en entreprise dont l’importance n’est plus à prouver puisque le droit à la déconnexion est désormais mentionné dans le Code du Travail.
L’étude « Exhausted But Unable to Disconnect » sur le droit à la déconnexion, révèle l’impact néfaste de l’hyperconnexion sur l’état émotionnel des salariés ainsi que sur leur équilibre travail-famille, essentiel au bien-être de chacun. Les auteures de l’étude Liuba Belkin de l’Université Lehigh sont formelles : les employés sont « épuisés émotionnellement » par la nécessité constante de vérifier leurs mails en dehors des heures de travail.
Une tendance corroborée par l’étude de Randstad Workmonitor qui révèle que plus de 4 salariés français sur 10 (43 %) estiment qu’ils doivent être joignables par téléphone et mail pendant leurs congés. En moyenne, 49 % des salariés français estiment devoir être disponibles même à la maison. Une preuve que le droit à la déconnexion qui paraît simple sur le papier ne l’est pas forcément dans la réalité.
Droit à la déconnexion : que dit la loi ?
Un des objectifs de la loi Travail de 2016 est d’adapter le droit du travail à l’ère du digital. Les salariés doivent avoir la possibilité de ne pas se connecter aux outils numériques et de ne pas être contactés par leur employeur en dehors de leur temps de travail (congés payés, jours de RTT, week-end, soirées…). La loi ne prévoit pas une définition claire et précise du droit à la déconnexion. Mais depuis le 1er janvier 2017, elle oblige les entreprises de plus de 50 salariés à négocier avec les partenaires sociaux des « dispositifs de régulation de l’utilisation des outils numériques, en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congés, ainsi que de la vie personnelle et familiale ».
Des conséquences sur le travail et le bien-être
Le temps de travail parasité par les interactions permanentes
Internet est un outil de travail indispensable. Cependant, le temps passé sur les réseaux sociaux au travail est plus problématique. Pour certains métiers, c’est un outil à temps plein. Pour les autres, si un usage raisonnable est admis, nombre de comportements nuisent à la productivité.
Les réseaux sociaux accaparent une portion croissante de notre temps. Selon une étude publiée en 2017 par Rebootonline.com, au UK les employés passent environ trois heures par semaine de travail sur les réseaux sociaux. Ce qui conduit à une perte de productivité importante. De plus, une étude publiée dans l’American Journal of Preventive Medicine suggère que l’usage intensif des réseaux sociaux créé un sentiment d’isolement social et une forme de repli sur soi. La raison est simple : plus nous passons de temps sur les réseaux sociaux, moins nous en avons pour rencontrer des personnes dans la vie réelle.
Une fréquentation des réseaux sociaux accentuée par le “FOMO” (ou Fear Of Missing Out)
Le “FOMO” est une anxiété sociale caractérisée par la crainte constante de rater quelque chose (un événement, une soirée, ou toute autre occasion d’interagir socialement).
Cette angoisse est accentuée et nourrie par les réseaux sociaux. Facebook, Instagram, Twitter ou encore WhatsApp ont littéralement envahi les smartphones et nos vies. Or, ils réclament toute notre attention (Twitter tout ce qu’il se passe, ne rater aucunes notifications, répondre à tous ses messages…) et nous empêchant de nous concentrer de manière prolongée sur un projet. Au point que le 28 mars ait été déclaré Journée Mondiale sans Facebook.
Vous avez parfois l’impression d’entendre la sonnerie de votre portable alors qu’en fait il ne reçoit aucun signal… ? L’idée de manquer de réseau ou de batterie vous angoisse ? Vous ne pouvez pas vous passer de votre portable ? Vous êtes peut-être atteint de nomophobie ou l’angoisse d’être privé de son smartphone. Dans ce cas, la surutilisation du smartphone devient une forme de dépendance psychologique qui peut être très toxique au quotidien.
Comment entamer sa détox numérique ?
La technologie libère et facilite notre vie quotidienne, mais son utilisation abusive peut poser problème. C’est pourquoi il est important de discipliner son mode de consommation.
L’alternative au FOMO : le phénomène JOMO
En réaction au phénomène FOMO, s’est substituée la mouvance “JOMO” (ou Joy Of Missing Out) ou le plaisir de reprendre le pouvoir sur notre agenda et de choisir de faire des activités qui nous intéressent vraiment. Il s’agit d’adopter un mode de vie plus serein à contre-pied du “FOMO” : au lieu d’être connecté en permanence on apprend à poser son smartphone et à faire autre chose. Un phénomène qui gagne du terrain puisque certaines entreprises proposent à leurs employés des séances de yoga et de méditation mais aussi des « déjeuners méditatifs et silencieux » dans lesquels le portable est proscrit.
Lire aussi : Les bienfaits de la méditation au travail
Mettre en place quelques points de contrôle
- Désactivez les notifications de vos applications pour ne pas être sur-sollicités.
- Privilégiez une interface de smartphone simple et avec uniquement les applications essentielles pour ne pas être trop tenté.
- Instaurez des moments sans smartphone (à table, avec vos amis, avant une certaine heure ou après).
- Pour les plus accros certaines applications existent pour bloquer l’accès aux réseaux sociaux pendant des temps définis ou pour vous rapporter le temps passé sur les réseaux sociaux par jour (Forest app, Inthemoment, Offtime). L’idée est de vraiment prendre conscience du temps passé et de la valeur ajouté de cette utilisation ou non. Mais aussi d’apprendre à se focaliser sur une seule tâche et gagner en productivité, lors d’un important projet à gérer par exemple.
Adopter les week-end de digital detox
Débrancher et prendre le temps de vivre sont de bonnes habitudes à prendre au quotidien. Le Mindful Leadership Lab propose d’ailleurs des ateliers digital detox sur deux formats : la pause digital detox et la journée digital detox.
Pour les plus volontaires des week-end de digital detox existent aussi. L’agence Into The Tribe propose notamment aux entreprises des séminaires pour se mettre au vert pendant quelques jours. Au programme : activités, workshop, transport terrestre, team building… Au début du séjour l’agence installe une application qui bloque les fonctionnalités du smartphone, sauf les appels.
Certains hôtels et stations thermales proposent un véritable sevrage technologique en conservant les portables de leurs clients et en coupant toute connexion wifi.
Enfin, il suffit de partir en weekend dans des “zones blanches” c’est-à-dire des régions en France qui ne bénéficient d’aucune couverture réseau ou de simplement se fixer des règles pour couper son portable pendant la journée.
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